Poèmes à partager

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La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.

- Paul Eluard -
 
La nuit plus que le jour aurait-elle des charmes
Honte à ceux qu'un ciel pur ne fait pas soupirer
Honte à ceux qu'un enfant tout à coup ne désarme
Honte à ceux qui n'ont pas de larmes
Pour un chant dans la rue une fleur dans les prés.

- Aragon -
 
«Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me traîner dans la boue
Mais comme la poussière, je m’élève pourtant,

Mon insolence vous met-elle en colère?
Pourquoi vous drapez-vous de tristesse
De me voir marcher comme si j’avais des puits
De pétrole pompant dans ma salle à manger?

Comme de simples lunes et de simples soleils,
Avec la certitude des marées
Comme de simples espoirs jaillissants,
Je m’élève pourtant.

Voulez-vous me voir brisée?
La tête et les yeux baissés?
Les épaules tombantes comme des larmes.
Affaiblie par mes pleurs émouvants.

Es-ce mon dédain qui vous blesse?
Ne prenez-vous pas affreusement mal
De me voir rire comme si j’avais des mines
d’or creusant dans mon potager?

Vous pouvez m’abattre de vos paroles,
Me découper avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais comme l’air, je m’élève pourtant.

Ma sensualité vous met-elle en colère?
Cela vous surprend-il vraiment
De me voir danser comme si j’avais des
Diamants, à la jointure de mes cuisses?

Hors des cabanes honteuses de l’histoire, je m’élève
Surgissant d’un passé enraciné de douleur, je m’élève
Je suis un océan noir, bondissant et large,
Jaillissant et gonflant je tiens dans la marée.
En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur, je m’élève
Vers une aube merveilleusement claire, je m’élève
Emportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés,
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave.
Je m’élève
Je m’élève
Je m’élève
»

«Pourtant je m'élève» - Maya Angelou, poétesse, écrivaine, actrice et militante afro-américaine
 
"Tu peux m'ôter le pain,
m'ôter l'air, si tu veux :
ne m'ôte pas ton rire.
Ne m'ôte pas la rose,
le fer que tu égrènes
ni l'eau qui brusquement
éclate dans ta joie
ni la vague d'argent
qui déferle de toi.
De ma lutte si dure
je rentre les yeux las
quelquefois d'avoir vu
la terre qui ne change
mais, dès le seuil, ton rire
monte au ciel, me cherchant
et ouvrant pour moi toutes
les portes de la vie.
À l'heure la plus sombre
égrène, mon amour,
ton rire, et si tu vois
mon sang tacher soudain
les pierres de la rue,
ris : aussitôt ton rire
se fera pour mes mains
fraîche lame d'épée.
Dans l'automne marin
fais que ton rire dresse
sa cascade d'écume,
et au printemps, amour,
que ton rire soit comme
la fleur que j'attendais,
la fleur guède, la rose
de mon pays sonore.
Moque-toi de la nuit,
du jour et de la lune,
moque-toi de ces rues
divagantes de l’île,
moque-toi de cet homme
amoureux maladroit,
mais lorsque j’ouvre, moi,
les yeux ou les referme,
lorsque mes pas s’en vont,
lorsque mes pas s’en viennent,
refuse-moi le pain,
l’air, l’aube, le printemps,
mais ton rire jamais
car alors j’en mourrais"

Les Vers du Capitaine
Pablo Neruda
 
Le visa de Hicham el Jakh

Je vous glorifie en votre nom Dieu !
Et aucun excepté vous je ne craindrai
Je sais que j’ai un destin que je retrouverai
Et qu’ils m’ont appris, dès mon enfance
Qu’être arabe serait mon honneur, mon toupet et mon adresse
Dans nos écoles nous répétions sans cesse ces chants :
"Tous les pays arabes sont mes nations et tous les arabes sont mes frères "

Nous dessinions l’homme arabe svelte sa tète haute et fière...
Avec son buste, il bloque le vent grondant de peur d’être pris dans son pardessus
Nous étions juste des enfants émus par nos sentiments
Nous songions à ces histoires qui contaient nos anciennes victoires
Et que notre pays s’étendait de l’extrême à l’extrême
Et que nos guerres étaient pour libérer la mosquée Al Aqsa
Et que notre ennemi était l’éternel Sion ; un diable avec une queue
Et que les armés de notre pays avaient un effet tel le torrent.

Je prendrai la mer quand je serais grand
J’aborderai les plages d’Al Bahrayn en Lybie
Je cueillerai les dattes de Bagdad en Série
Je passerai de La Mauritanie au Soudan
Je voyagerai à travers Mogadishu au Liban
Et je gardais en secret mes chants dans mon cœur dans ma conscience
"Tous les pays arabes sont mes nations et tous les arabes sont mes frères "

Et quand j’ai grandi, je n’ai pas eu mon fascicule de navigateur et je n’ai pas pu naviguer
Un passeport non franchi dans un guichet m’a retenu et je n’ai pas pu passer
J’ai grandi mais l’enfant en moi n’a pas grandi
Notre enfance nous mène la vie dure
Des concepts dont vous nous avez appris les principes, vous ! Dirigeants de notre nation!

suite :

http://www.dafatiri.com/vb/showthread.php?t=406123
 
Regardez-les

Regardez-les, ces hommes et ces femmes
qui marchent dans la nuit.
Ils avancent en colonne, sur une route
qui leur esquinte la vie.
Ils ont le dos vouté par la peur d’être pris
Et dans leur tête,
Toujours,
Le brouhaha des pays incendiés.
Ils n’ont pas mis encore assez de distance
entre eux et la terreur.
Ils entendent encore les coups frappés
à leur porte,
Se souviennent des sursauts dans la nuit.
Regardez-les.
Colonne fragile d’hommes et de femmes
Qui avancent aux aguets,
Ils savent que tout est danger.
Les minutes passent mais les routes
sont longues.
Les heures sont des jours et les jours
des semaines.
Les rapaces les épient, nombreux.
Et leur tombent dessus,
Aux carrefours.
Ils les dépouillent de leurs nippes,
Leur soutirent leurs derniers billets.
Ils leur disent : « Encore »,
Et ils donnent encore.
Ils leur disent : « Plus ! »,
Et ils lèvent les yeux ne sachant plus
que donner.
Misère et guenilles,
Enfants accrochés au bras qui refusent
de parler,
Vieux parents ralentissant l’allure,
Qui laissent traîner derrière eux les mots
d’une langue qu’ils seront contraints d’oublier.
Ils avancent,
Malgré tout,
Persévèrent
Parce qu’ils sont têtus.
Et un jour enfin,
Dans une gare,
Sur une grève,
Au bord d’une de nos routes,
Ils apparaissent.
Honte à ceux qui ne voient que guenilles.
Regardez bien.
Ils portent la lumière
De ceux qui luttent pour leur vie.
Et les dieux (s’il en existe encore)
Les habitent.
Alors dans la nuit,
D’un coup, il apparaît que nous avons
de la chance si c’est vers nous
qu’ils avancent.
La colonne s’approche,
Et ce qu’elle désigne en silence,
C’est l’endroit où la vie vaut d’être vécue.
Il y a des mots que nous apprendrons
de leur bouche,
Des joies que nous trouverons
dans leurs yeux.
Regardez-les,
Ils ne nous prennent rien.
Lorsqu’ils ouvrent les mains,
Ce n’est pas pour supplier,
C’est pour nous offrir
Le rêve d’Europe
Que nous avons oublié.

Laurent Gaudé
 
"Lorsque Abd-el-Kader dans sa geôle
Vit entrer l’homme aux yeux étroits
Que l’histoire appelle – ce drôle, –
Et Troplong – Napoléon trois ; –

Qu’il vit venir, de sa croisée,
Suivi du troupeau qui le sert,
L’homme louche de l’Elysée, –
Lui, l’homme fauve du désert ;

Lui, le sultan né sous les palmes,
Le compagnon des lions roux,
Le hadji farouche aux yeux calmes,
L’émir pensif, féroce et doux,

Lui, sombre et fatal personnage
Qui, spectre pâle au blanc burnous,
Bondissait, ivre de carnage,
Puis tombait dans l’ombre à genoux ;

Qui, de sa tente ouvrant les toiles,
Et priant au bord du chemin,
Tranquille, montrait aux étoiles
Ses mains teintes de sang humain ;

Qui donnait à boire aux épées,
Et qui, rêveur mystérieux,
Assis sur des têtes coupées,
Contemplait la beauté des cieux ;

Voyant ce regard fourbe et traître,
Ce front bas, de honte obscurci,
Lui, le beau soldat, le beau prêtre,
Il dit : quel est cet homme-ci ? (...)"

(Orientale - III. La Famille est restaurée - Les Châtiments - Victor Hugo)
 
Le meilleur moment des amours
N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. »
Il est dans le silence même
À demi rompu tous les jours ;

Il est dans les intelligences
Promptes et furtives des cœurs ;
Il est dans les feintes rigueurs
Et les secrètes indulgences ;

Il est dans le frisson du bras
Où se pose la main qui tremble,
Dans la page qu’on tourne ensemble
Et que pourtant on ne lit pas.

Heure unique où la bouche close
Par sa pudeur seule en dit tant ;
Où le cœur s’ouvre en éclatant
Tout bas, comme un bouton de rose ;

Où le parfum seul des cheveux
Parait une faveur conquise !
Heure de la tendresse exquise
Où les respects sont des aveux.

René-François Sully
 
« O toi, de qui j’ai multiplié la joie,
Viens et réjouis-toi avec moi,
Rends-moi la joie que je t’ai donnée !
Depuis longtemps, depuis si longtemps
Nous étions dans le champ de l’ombre !
Mais voici que l’astre vient de naitre,
Déjà se répand sa lumière,
La lumière de la pleine lune ! »

Invitation à la joie –Jean El Mouhoub Amrouche
 
Taqbaylith

A taqbaylith, montagnarde tu es,
Entourée de plantes de toute beauté
Au village, tout le monde te connaît
Car de l'eau à la fontaine, tu en as cherchée ...

Sur le chemin, tu es pieds nues
En route vers l'olivier et le figuier
Dont la récolte est tant appréciée.

A taqbaylith, belle que tu es,
Avec ta robe et tes bijoux tu laisses bouche bée
Lors des fêtes, quand tu te mets à danser,
Avec ta fouta rouge dorée
Tu laisses tout le monde étonné
Le mot perdrix te sied
Car tu es charme et beauté

lu sur fb
 
N’ABANDONNE JAMAIS

Quand les choses vont vraiment mal, comme
elles savent si bien le faire quelques fois.
Quand la route sur laquelle tu chemines
Péniblement semble s’achever au sommet d’une colline.
Quand les fonds sont bas et que les dettes culminent.
Tu voudrais sourire et tu dois pousser des soupirs.
Quand le souci te pousse dans la déprime.
Repose-toi si tu veux, mais n’abandonne pas.
La vie est si étrange avec ses revers et ses
Détours comme chacun de nous a pu
L’apprendre un jour
Et beaucoup qui ont été abattus par un échec
Auraient pu réussir s’ils avaient persévéré.
N’abandonne pas, même si tout te semble aller
Lentement car un souffle peut apporter la réussite.
Le succès n’est que le revers de l’échec, et tu ne
Peux jamais savoir à quelle distance se trouve
Le but qui te semble lointain.
Aussi, continue ta lutte au plus fort du combat,
Car c’est quand tout te semble perdu
Que tu ne dois pas abandonner

Mouloud Mammeri
 
Le hibou et l’hirondelle

- Moi, dit le hibou
à l’hirondelle,
J’ai un beau jabot,
des gants élégants.
Je suis un monsieur
tout à fait sérieux.
Je suis important.

- Moi, dit l’hirondelle
qui file à tire-d’aile
(tu ne la vois pas,
elle est sur le toit)
je vole et je vais
là où il me plaît.
Je suis bien contente
et c’est beaucoup mieux.
 
La chanson d’après-midi

Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n'est pas celui d'un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,

Je t'adore ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.

Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes;
Ta tête a les attitudes
De l'énigme et du secret.

Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d'un encensoir;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.

Ah! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse,
Qui fait revivre les morts!

Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses

Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le b a i s e r;

Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon
cœur
Ton œil doux comme la lune.

Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,

Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur!
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie.

Charles Baudelaire
 
Je suis revenu et peu ou pas de changements .
Dois-je recomencer pour de nouveau ésperer .
Esperer quoi , pour qui .
Prendre la vie comme elle vient , spontanée , surprenante .
Vouloir ou pouvoir .
Patienter ou trop vouloir .
Je ne sais pas , je ne sais plus .
Et après , serai-je en paix intérieure .

Un jour de mars
 
Le serpent qui danse

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, ou rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids ou se mêle
L'or avec le fer.

 te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant.

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles dans mon cœur !


C. Baudelaire

 
الشاعر: أحمد مطر
أنا السببْ
في كل ما جرى لكم
... يا أيها العربْ
سلبتُكم أنهارَكم
والتينَ والزيتونَ والعنبْ
أنا الذي اغتصبتُ أرضَكم
وعِرضَكم، وكلَّ غالٍ عندكم
أنا الذي طردتُكم
من هضْبة الجولان والجليلِ والنقبْ
والقدسُ في ضياعها،
كنتُ أنا السببْ
نعم أنا.. أنا السببْ
أنا الذي لمَّا أتيتُ؛ المسجدُ الأقصى ذهبْ
أنا الذي أمرتُ جيشي في الحروب كلها
بالانسحاب فانسحبْ
أنا الذي هزمتُكم
أنا الذي شردتُكم
وبعتكم في السوق مثل عيدان القصبْ
أنا الذي كنتُ أقول للذي
يفتح منكم فمَهُ:
(Shut up)
 
Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :

Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.

Alfred de Musset
 
En ces temps de debats démocratiques :

Démocratie
"Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
"Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
"Aux pays poivrés et détrempés ! - au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
"Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route !"

Arthur Rimbaud
 
Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
Qui bannit peu à peu l'éclair de ma paupière,
Adieu; je vais jouir d'une douce lumière,
Attendant que ce corps s'anime de réveil.

Ami, ne pleure plus, ton amour non pareil
Recevra sa couronne au bout de la carrière :
Ainsi passait ma belle, et sa douce manière
Arrêtait de pitié la course du soleil.

Hélas ! à son partir l'Amour partit du monde,
La clarté chut du ciel et se noya dans l'onde,
La mort depuis ce jour est le miel de mon cœur :

Il ne m'est plus resté qu'une langueur extrême,
Qui me fait méconnaître un chacun et moi-même,
Et le ciel s'embellit de mon long crève-cœur.

Abraham de Vermeil
 
" J'ai des rides.

Je me suis regardée dans le miroir et j'ai découvert que j'avais beaucoup de rides autour des yeux, de la bouche, du front.
J'ai des rides parce que j'ai eu des amis, et on a ri, on a ri souvent, jusqu'aux larmes, et puis j'ai rencontré l'amour, qui m'a fait essorer les yeux de joie....
J'ai des rides parce que j'ai eu des enfants, et je me suis inquiétée pour eux dès la conception, j'ai souri à toutes leurs nouvelles découvertes et j'ai passé des nuits à les attendre.

Et puis j'ai pleuré.
J'ai pleuré pour les personnes que j'ai aimées et qui sont parties, pour un peu de temps ou pour toujours, ou sans savoir pourquoi.
J'ai veillé aussi, j'ai passé des heures sans sommeil pour des beaux projets pourtant pas toujours aboutis , pour la fièvre des enfants, pour lire un livre,
j'ai veillé aussi pour me lover dans des bras aimants.
J'ai vu des endroits magnifiques, de nouveaux endroits qui ont eu tous mes sourires et mes étonnements, , et j'ai revu également d'anciens endroits qui m'ont fait pleurer.

Dans chaque sillon sur mon visage, sur mon corps, se cache mon histoire, les émotions que j'ai vécues et ma beauté plus intime, ..... et si je devais enlever tout ceci .... je m'effacerais moi-même.
Chaque ride est une anecdote de ma vie, un battement de coeur, c'est l'album photo de mes souvenirs les plus importants."

- Marinella Canu -170151
 

Pièces jointes

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O toi être étonnant
Comme un jouet d'enfant
Je me considère comme homme civilisé
Parce que je suis ton Amant,

Et je considère mes vers comme historiques
Parce qu'ils sont tes contemporains.

Toute époque avant tes yeux
Ne peut être qu'hypothétique,
Toute époque après tes yeux
N'est que déchirement ;

Ne demande donc pas pourquoi
Je suis avec toi :

Je veux sortir de mon sous-développement
Pour vivre l'ère de l'Eau,

Je veux fuir la République de la Soif
Pour pénétrer dans celle du Magnolia,

Je veux quitter mon état de Bédouin
Pour m'asseoir à l'ombre des arbres,

Je veux me laver dans l'eau des Sources
Et apprendre les noms des Fleurs.

Je veux que tu m'enseignes
La lecture et l'écriture
Car l'écriture sur ton corps
Est le début de la connaissance :
S'y engager de la connaissance :
S'y engager est s'engager
Sur la voie de la civilisation.

Ton corps n'est pas ennemi de la Culture,
Mais la culture même.

Celui qui ne sait pas faire la lecture
De l'Alphabet de ton corps
Restera analphabète sa vie durant

Nizar Kabbani
 
Parfum d'ici...

On rêve certains jours d'atteindre l'horizon
D'aller toucher du doigt l'autre bout de la terre
On voudrait constamment sortir de l'ordinaire
Découvrir le premier l'introuvable saison

On parle de palmiers quand brûle le tison
On pêche dans la mer dédaignant la rivière
On envie un palais boudant une chaumière
Doucement nos espoirs submergent la raison

Nous quêtons une vie encore plus éclatante
Exigeant chaque instant une perle brillante
En oubliant le sens de la simplicité

Ici-bas le bonheur n'a plus aucun visage
Les quatre saisons sont un magique voyage
Mais qui donc sait saisir cette opportunité

On demande beaucoup au fil de l'existence
Nous plaçons quelquefois trop haut notre exigence
Et perdons le parfum de la sérénité

Patrice Pialat
 
LE SILENCE

Le silence attend. Le silence, la plus fidèle chose qui m’ait enlacée dans la vie.

Plus grand que moi, au fur et à mesure de ma croissance, il croissait, lui aussi, semblait toujours vouloir m’écouter ; nous nous taisions ensemble, et je me retrouvais toujours la même entre ses bras, sans stature, sans âge, créée par le silence même, peut-être par un sien désir immuable, ou peut-être non encore née, larve qu’il protégeait.

Une fois encore, je suis seule, je suis loin, et autour de moi tout se tait.

Loin est qui m’aime, qui peut-être, cette nuit, est sur le point de disparaître et me bénit, ayant cru en moi. Loin, ceux que j’ai fait souffrir et ceux qui m’ont fait souffrir, ceux qui voudraient m’oublier et ne savent pas qu’ils ne m’ont pas encore connue. Et il y a des coins où je ne suis pas attendue, et où sont et palpitent d’autres tourbillons de lumière et d’ombre. Le silence les encercle en vain.

Sur les eaux tranquilles, là-bas à travers les joncs, les étoiles reposent.

Pourquoi dois-je te céder, ô mon fidèle ?

Toi qui, de mes inutiles questions si répétées à travers mes sanglots, faisais dans mon cœur d’inattendus frissons de mélodie, quand je regardais fixement jusqu’à la torture des formes dociles et inconscientes d’elles-mêmes, quelque tison se consumant, quelque branche secouée par le vent, un bout de mur blanc ou une allégorie de voiles, ailes sur la mer…

Je suis seule, nul souffle que le mien n’agite la flamme de cette petite lampe.

Dehors, dans l’obscurité, quelque chose s’efface, meurt petit à petit.

Également éloignées de moi la mort et la vie, si enfin je parle.

Mais comme si cette heure, toutefois, était ma dernière heure.

Comme si je ne devais jamais plus me retrouver neuve sous la caresse de l’air.

C’est notre heure, ô mon fidèle, heure immobile, comme les eaux, là-bas, à travers les joncs où les étoiles reposent.

Sibilla Aleramo
 
" La nuit peut bien tomber sur la ville endormie ,
et en tempête, emporter les toits,
les arbres et les enseignes mortes,
je ne céderai pas comme ceux qui,
voyant venir la fin de la partie,
s'effacent et consentent à mourir
avant que le joueur baisse le pouce.
J'ai une carte secrète
qui me souffle sous les côtes un air si vif
que je vole et que la terre en tremble,
précipitant la nuit dans la nuit,
Et hier dans ses décombres.
J'aime, et le jour est nouveau."


Guy Goffette
 
Lune

J’ai prêté attention, lune, à tes confidences,
En mon nocturne pas, partageant ma conscience
Entre un œil et une âme aux sens en résonance.
En chacun de tes traits d’innovante beauté,
Une histoire illustrée m’était, au soir, contée ;
L’ouïe et la vue semblaient rechercher l’équité.
O toi qui mon regard inonde de clarté,
Pare l’oreille aussi de l’intime aparté !
Si tu donnais parole à ton astre superbe,
Tu jouirais des dons des vertus et du verbe.
Mais si tu ne dis mot, par ta vue m’est assez
De prêches édifiants à mon cœur adressés
À travers les leçons de nos années passées.
Tu vogues tantôt pleine et tantôt altérée ;
Tu t’élèves et retombes en l’espace éthéré.
À ton image l’homme entretient l’inconstance :
Il s’éveille parfois interpellé et pense ;
Il oublie Dieu souvent, puis en a souvenance.
Alors, si les sanglots sont le lot de mon âme,
Il arriva que pleure avant moi Abraham.
Eh ! Il se peut ma foi, que des plus sourdes pierres
Jaillisse l’eau soudain, quand les maux trop les serrent !

Ibn Khaffâja (Poésie andalouse)
 
Rudyard Kipling (1865-1936), écrivain britannique rendu célèbre par son Livre de la jungle (1894), fut également un des plus fervents défenseurs de la colonisation. Dans son poème " Le fardeau de l'homme blanc", Kipling reprend l'idée répandue que les indigènes n'ont pas de civilisation et qu'on ne peut les considérer comme des hommes évolués ; selon lui, l'homme blanc a le devoir et la charge de les civiliser en s'exposant à de nombreux périls (le fardeau).

"O Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Envoie au loin ta plus forte race,
Jette tes fils dans l'exil
Pour servir les besoins de tes captifs;

Pour - lourdement équipé - veiller
Sur les races sauvages et agitées,
Sur vos peuples récemment conquis,
Mi-diables, mi-enfants.

O Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Non pas quelque oeuvre royale,
Mais un travail de serf, de tâcheron,
Un labeur commun et banal.

les ports où nul ne t'invite,
La route où nul ne t'assiste,
Va, construis-les avec ta vie,
Marque-les de tes morts !

O Blanc, reprends ton lourd fardeau;
Tes récompenses sont dérisoires :
Le blâme de celui qui veut ton cadeau,
La haine de ceux-là que tu surveilles.

La foule des grondements funèbres
Que tu guides vers la lumière :
"Pourquoi dissiper nos ténèbres,
Nous offrir la liberté ?"."

Rudyard KIPLING The White Man's Burden, Poème, 1899
 
La tristesse de la violette....

Les multitudes qui travaillent
Ne rêvent pas à la mort du papillon
Ni aux tristesses des violettes
Ni au voile qui scintille
Sous la lumière de la lune verte des nuits d’été
Ni aux amours du fou avec son fantôme
Les multitudes qui travaillent
Qui se dépouillent
Qui se déchirent
Les multitudes qui fabriquent le bateau du rêveur
Les multitudes qui tissent les mouchoirs des amants
Les multitudes qui pleurent
Qui chantent qui souffrent
Tout autour de la terre
Dans les usines de fer, au fond des mines
Qui mâchent le soleil des morts certaines
Rient parfois aux éclats
Tombent amoureuses
Mais pas comme le fou d’un fantôme
Sous la lumière de la lune verte des nuits d’été
Les multitudes qui pleurent
Qui chantent, qui souffrent
Sous le soleil de la nuit
Rêvent de leur pain quotidien

Abdelwahab El-Bayati
 
Nous ne boirons pas dans le même verre
Ni l’eau ni le vin doux,
Nous ne nous embrasserons pas à l’aube,
Et le soir nous ne regarderons pas à la fenêtre.
Tu respires par le soleil, moi par la lune,
Mais nous vivons par le même amour.

Avec moi j’ai toujours mon fidèle et tendre ami,
Et toi ta joyeuse compagne,
Mais je comprends l’effroi de tes yeux gris,
Car c’est toi l’auteur de mon mal.
Que nos brèves rencontres restent rares.
Notre paix nous est ainsi gardée.

Dans mes vers, seule ta voix chante,
Dans tes vers souffle mon haleine.
Oh, c’est un feu de bois que n’ose
Toucher ni l’oubli ni la peur…
Et si tu savais comme j’aime en cet instant
Tes lèvres sèches couleur de rose



Anna AKHMATOVA
 
Anna AKHMATOVA – Une Vie, une Œuvre : 1889-1966 (France Culture, 1990)


 
Hommage a Massoud La Résistance
Nicole BARRIERE - 2002


De grands fauves masqués ont surgi
Dans la belle vallée
Voici que le grand lion saigne sur la falaise
La brume de septembre s'est changée en fournaise
Elle enflamme les pierres jusque dans la rivière
Les compagnons sont là pour le dernier combat
Les salves et les larmes se mêlent à la foudre
Voici que le grand lion repose sur la grève
L'attente de septembre s'est changée en eau sombre
Les compagnons sont là pour le dernier adieu
Ils se souviennent tous :
Les feux sur la montagne,
La marche hantée de songes
Et le temps d'un poème à l'eau d'une fontaine.
Ils se souviennent tous
Du visage de paix
Planant sur le Panshir
De la lumière versée à la prière du soir
De la hâte des roses à l'angle du matin

Massoud, la Résistance
Avec sa majuscule
Vêtue d'humble et de boue.
Porteur de source humaine
Et d'Etre enflammé
Dans le profond du ciel
S'achève ta paupière
Et ton sourire frémit au creux de ta vallée.

Massoud l'Afghan
Le puits de la tristesse
S'attache à mon poème
Et imprime la fleur du plus ancien message :
La rose de la Vie arrachée par la traîtrise du vent





Extrait d'une interview de Massoud à un journaliste polonais...


«Nous sommes le seul pays au monde contre lequel deux empires, britannique et russe, se sont cassé les dents au cours du vingtième siècle. Nous avons apporté la liberté à beaucoup de peuples. Mais nous-mêmes payons un prix très élevé pour cela. Au cours des vingt dernières années, un dixième du peuple afghan est mort et un cinquième a dû se réfugier dans les Etats voisins. Notre pays a été totalement réduit en miettes. J'en porte en partie la responsabilité puisque je participe à cette guerre. Mais il faut se rappeler que c'est une guerre pour la liberté. Et je suis fier d'avoir pu consacrer ma vie à cette cause.»
 
Je pars dans le vent...

Je pars dans le vent probablement vers le néant.


Mais si ce néant s'avérait être un trésor, je me battrais contre les puissances des ténèbres pour faire entendre ma voix enrichie de cette expérience nouvelle, pour vous dire la promesse que j'aurais arrachée au silence.
Afin que vous sachiez que mon coeur est devenu plus riche, mon âme plus universelle.
Que vous sachiez qu'après il y a quelque chose, autre chose.
Autre chose qui ne peut être que Dieu, qui est en réalité Vous.
L'homme matériel que nous sommes ne peut l'imaginer, et encore moins l'appréhender.
Mais je me battrai.


Je n'ai pas peur de mourir. C'est le destin de tout ce qui vit, et qui ne vit que parce que la mort en marque la fin.


Mais ce qui me navre ; ô combien ! c'est de m'arrêter d'aimer.
L'important n'est pas tant d'être aimé, d'avoir Dieu dans son coeur, mais d'être dans le coeur de Dieu.
Ainsi l'amour n'est-il plus un sentiment ponctuel, égocentrique, mais universel. Il englobe tout autour de soi et, plus que tout autre sentiment, apporte la plénitude, le calme, la joie, le bonheur, la compréhension et la tolérance, mais aussi l'enthousiasme, la rage de vivre.


Paul-Emile Victor (1907-1995), 1993 publié par Colette Victor, Le coeur d'un couple, Ed. R. Laffont
 

Al Khansa " Combien de déserts" - VII siècle



(extrait)

"Combien de déserts aussi dangereux
Que le mords d'une monture rebelle,
Où les cavaliers passent sans s'arrêter

As-tu traversés, juché
Sur une chamelle rapide qui ressemblait,
La selle ôtée, à un chameau indocile.

Il la réprimandait
Quand elle commettait une faute envers lui
Et parfois la frappait
Même si elle n'en avait point commis.

Elle se mit à le craindre
Tout au fond d'elle-même,
Ne connaissant de lui ni guerre, ni trève,

Tu volais avec elle jusqu'au moment
Où, sa soif redoublant, il plut aux gens
De faire halte pour se désaltérer.

Alors tu t'arrêtais
Près d'un arbre ombreux, peu fréquenté,
Aux pieds fourchus et aux tendres rameaux.

Il y suspendait son sabre et son manteau ;
Les cavaliers le suivant faisaient comme lui.
Il s'abandonnait à un court sommeil
Puis s'élançait sur sa monture
Pour se couvrir de gloire et de butin.

Celle-ci s'en allait rivaliser
Avec un noble coursier
Descendant d'A'waj qui, la bride abattue,
La devançait de son large poitrail."
 
Un petit garçon demande à sa mère "Pourquoi pleures-tu ?" "Parce que je suis une femme" lui répond-elle. "Je ne comprends pas" dit-il.
Sa mère l'étreint et lui dit "Et jamais tu ne réussiras". Plus tard, le petit garçon demanda à son père "Pourquoi maman pleure-t-elle sans raison ?"
"Je ne comprends pas ! Toutes les femmes pleurent sans raison" fut tout ce que son père put lui dire.
Le petit garçon grandit et devint un homme, toujours se demandant pourquoi les femmes pleurent aussi facilement. Finalement, il demanda à Dieu; "Seigneur, pourquoi les femmes pleurent-elles aussi facilement ?"
Dieu répondit: "Quand j'ai fait la femme, elle devait être spéciale. J'ai fait ses épaules assez fortes pour porter le poids du monde et assez douces pour être confortables. Je lui ai donné une force intérieure pour endurer les naissances et le rejet qui viennent souvent des enfants.
Je lui ai donné la force pour lui permettre de continuer quand tout le monde abandonne et prendre soin de sa famille en dépit de la maladie et de la fatigue, sans se plaindre.
Je lui ai donné la sensibilité pour aimer ses enfants d'un amour inconditionnel, même quand ces derniers l'ont blessée durement. "Je lui ai donné la force de supporter son mari dans ses défauts et je l'ai fait d'une de ses côtes pour protéger son coeur.
Je lui ai donné la sagesse de savoir qu'un bon époux ne blesse jamais sa femme, mais quelques fois teste sa force et sa détermination de demeurer à ses côtés sans faiblir.
Et finalement, je lui ai donné une larme à verser. Cela est exclusivement à son usage personnel quand elle le juge bon. C'est souvent par ses larmes que tu vois passer son coeur.
Tu vois : La beauté d'une femme n'est pas dans les vêtements qu'elle porte, ni dans le visage qu'elle montre ou dans la façon de se peigner les cheveux."
"La beauté d'une femme doit être dans ses yeux, parce que c'est la porte d'entrée de son coeur - la place où l'amour réside.

Toutes les Femmes sont Belles.
 
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