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Je t'aime, avec ton oeil candide
je t'aime, avec ton oeil candide et ton air mâle,
Ton fichu de siamoise et ton cou brun de hâle,
Avec ton rire et ta gaîté,
Entre la Liberté, reine aux fières prunelles,
Et la Fraternité, doux ange ouvrant ses ailes,
Ma paysanne Egalité !
HUGO
 
Être aimé
Écoute-moi. Voici la chose nécessaire :
Être aimé. Hors de là rien n'existe, entends-tu ?
Être aimé, c'est l'honneur, le devoir, la vertu,
C'est Dieu, c'est le démon, c'est tout. J'aime, et l'on m'aime.
Cela dit, tout est dit. Pour que je sois moi-même,
Fier, content, respirant l'air libre à pleins poumons,
Il faut que j'aie une ombre et qu'elle dise : Aimons !
Il faut que de mon âme une autre âme se double,
Il faut que, si je suis absent, quelqu'un se trouble,
Et, me cherchant des yeux, murmure : Où donc est-il ?
Si personne ne dit cela, je sens l'exil,
L'anathème et l'hiver sur moi, je suis terrible,
Je suis maudit. Le grain que rejette le crible,
C'est l'homme sans foyer, sans but, épars au vent.
Ah ! celui qui n'est pas aimé, n'est pas vivant.
Quoi, nul ne vous choisit ! Quoi, rien ne vous préfère !
A quoi bon l'univers ? l'âme qu'on a, qu'en faire ?
Que faire d'un regard dont personne ne veut ?
La vie attend l'amour, le fil cherche le noeud.
Flotter au hasard ? Non ! Le frisson vous pénètre ;
L'avenir s'ouvre ainsi qu'une pâle fenêtre ;
Où mettra-t-on sa vie et son rêve ? On se croit
Orphelin ; l'azur semble ironique, on a froid ;
Quoi ! ne plaire à personne au monde ! rien n'apaise
Cette honte sinistre ; on languit, l'heure pèse,
Demain, qu'on sent venir triste, attriste aujourd'hui,
Que faire ? où fuir ? On est seul dans l'immense ennui.
Une maîtresse, c'est quelqu'un dont on est maître ;
Ayons cela. Soyons aimé, non par un être
Grand et puissant, déesse ou dieu. Ceci n'est pas
La question. Aimons ! Cela suffit. Mes pas
Cessent d'être perdus si quelqu'un les regarde.
Ah ! vil monde, passants vagues, foule hagarde,
Sombre table de jeu, caverne sans rayons !
Qu'est-ce que je viens faire à ce tripot, voyons ?
J'y bâille. Si de moi personne ne s'occupe,
Le sort est un escroc, et je suis une dupe.
J'aspire à me brûler la cervelle. Ah ! quel deuil !
Quoi rien ! pas un soupir pour vous, pas un coup d'oeil !
Que le fuseau des jours lentement se dévide !
Hélas ! comme le coeur est lourd quand il est vide !
Comment porter ce poids énorme, le néant ?
L'existence est un trou de ténèbres, béant ;
Vous vous sentez tomber dans ce gouffre. Ah ! quand Dante
Livre à l'affreuse bise implacable et grondante
Françoise échevelée, un baiser éternel
La console, et l'enfer alors devient le ciel.
Mais quoi ! je vais, je viens, j'entre, je sors, je passe,
Je meurs, sans faire rien remuer dans l'espace !
N'avoir pas un atome à soi dans l'infini !
Qu'est-ce donc que j'ai fait ? De quoi suis-je puni ?
Je ris, nul ne sourit ; je souffre, nul ne pleure.
Cette chauve-souris de son aile m'effleure,
L'indifférence, blême habitante du soir.
Être aimé ! sous ce ciel bleu - moins souvent que noir -
Je ne sais que cela qui vaille un peu la peine
De mêler son visage à la laideur humaine,
Et de vivre. Ah ! pour ceux dont le coeur bat, pour ceux
Qui sentent un regard quelconque aller vers eux,
Pour ceux-là seulement, Dieu vit, et le jour brille !
Qu'on soit aimé d'un gueux, d'un voleur, d'une fille,
D'un forçat jaune et vert sur l'épaule imprimé,
Qu'on soit aimé d'un chien, pourvu qu'on soit aimé !

14 mars 1874 VICTOR HUGO
 
Déesse aux yeux d'azur, aux épaules d'albâtre,
Belle muse païenne au sourire adoré,
Viens, laisse-moi presser de ma lèvre idolâtre
Ton front qui resplendit sous un pampre doré.

Vois-tu ce vert sentier qui mène à la colline ?
Là, je t'embrasserai sous le clair firmament,
Et de la tiède nuit la lueur argentine
Sur tes contours divins flottera mollement.
MUSSET
 
O ciel ! je vous revois, madame,
De tous les amours de mon âme
Vous le plus tendre et le premier.
Vous souvient-il de notre histoire ?
Moi, j'en ai gardé la mémoire :
C'était, je crois, l'été dernier.

Ah ! marquise, quand on y pense,
Ce temps qu'en folie on dépense,
Comme il nous échappe et nous fuit !
Sais-tu bien, ma vieille maîtresse,
Qu'à l'hiver, sans qu'il y paraisse,
J'aurai vingt ans, et toi dix-huit ?

Eh bien ! m'amour, sans flatterie,
Si ma rose est un peu pâlie,
Elle a conservé sa beauté.
Enfant ! jamais tête espagnole
Ne fut si belle, ni si folle.
Te souviens-tu de cet été ?

De nos soirs, de notre querelle ?
Tu me donnas, je me rappelle,
Ton collier d'or pour m'apaiser,
Et pendant trois nuits, que je meure,
Je m'éveillai tous les quarts d'heure,
Pour le voir et pour le baiser.

Et ta duègne, ô duègne damnée !
Et la diabolique journée
Où tu pensas faire mourir,
O ma perle d'Andalousie,
Ton vieux mari de jalousie,
Et ton jeune amant de plaisir !

Ah ! prenez-y garde, marquise,
Cet amour-là, quoi qu'on en dise,
Se retrouvera quelque jour.
Quand un coeur vous a contenue,
Juana, la place est devenue
Trop vaste pour un autre amour.

Mais que dis-je ? ainsi va le monde.
Comment lutterais-je avec l'onde
Dont les flots ne reculent pas ?
Ferme tes yeux, tes bras, ton âme ;
Adieu, ma vie, adieu, madame,
Ainsi va le monde ici-bas.

Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l'hirondelle,
Et la vie et les jours perdus ;
Tout s'en va comme la fumée,
L'espérance et la renommée,
Et moi qui vous ai tant aimée,
Et toi qui ne t'en souviens plus !
MUSSET
 
Avez-vous vu, dans Barcelone,
Une Andalouse au sein bruni ?
Pâle comme un beau soir d'automne !
C'est ma maîtresse, ma lionne!
La marquesa d'Amaëgui !

J'ai fait bien des chansons pour elle,
Je me suis battu bien souvent.
Bien souvent j'ai fait sentinelle,
Pour voir le coin de sa prunelle,
Quand son rideau tremblait au vent.

Elle est à moi, moi seul au monde.
Ses grands sourcils noirs sont à moi,
Son corps souple et sa jambe ronde,
Sa chevelure qui l'inonde,
Plus longue qu'un manteau de roi !

C'est à moi son beau col qui penche
Quand elle dort dans son boudoir,
Et sa basquina sur sa hanche,
Son bras dans sa mitaine blanche,
Son pied dans son brodequin noir !

Vrai Dieu ! Lorsque son oeil pétille
Sous la frange de ses réseaux,
Rien que pour toucher sa mantille,
De par tous les saints de Castille,
On se ferait rompre les os.

Qu'elle est superbe en son désordre,
Quand elle tombe, les seins nus,
Qu'on la voit, béante, se tordre
Dans un baiser de rage, et mordre
En criant des mots inconnus !

Et qu'elle est folle dans sa joie,
Lorsqu'elle chante le matin,
Lorsqu'en tirant son bas de soie,
Elle fait, sur son flanc qui ploie,
Craquer son corset de satin !

Allons, mon page, en embuscades !
Allons ! la belle nuit d'été !
Je veux ce soir des sérénades
A faire damner les alcades
De Tolose au Guadalété
MUSSET
 
Quand la lune blanche
S'accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l'horizon bouge
Le soir,

Fol alors qui livre
A la nuit son livre
Savant,
Son pied aux collines,
Et ses mandolines
Au vent ;

Fol qui dit un conte,
Car minuit qui compte
Le temps,
Passe avec le prince
Des sabbats qui grince
Des dents.

L'amant qui compare
Quelque beauté rare
Au jour,
Tire une ballade
De son coeur malade
D'amour.

Mais voici dans l'ombre
Qu'une ronde sombre
Se fait,
L'enfer autour danse,
Tous dans un silence
Parfait.

Tout pendu de Grève,
Tout Juif mort soulève
Son front,
Tous noyés des havres
Pressent leurs cadavres
En rond.

Et les âmes feues
Joignent leurs mains bleues
Sans os ;
Lui tranquille chante
D'une voix touchante
Ses maux.

Mais lorsque sa harpe,
Où flotte une écharpe,
Se tait,
Il veut fuir... La danse
L'entoure en silence
Parfait.

Le cercle l'embrasse,
Son pied s'entrelace
Aux morts,
Sa tête se brise
Sur la terre grise !
Alors

La ronde contente,
En ris éclatante,
Le prend ;
Tout mort sans rancune
Trouve au clair de lune
Son rang.

Car la lune blanche
S'accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l'horizon bouge
Le soir.
MUSSET
 
Elle a mis, depuis que je l'aime
(Bien longtemps, peut-être toujours),
Bien des robes, jamais la même ;
Palmire a dû compter les jours.

Mais, quand vous êtes revenue,
Votre bras léger sur le mien,
Il faisait, dans cette avenue,
Un froid de loup, un temps de chien.

Vous m'aimiez un peu, mon bel ange,
Et, tandis que vous bavardiez,
Dans cette pluie et cette fange
Se mouillaient vos chers petits pieds.

Songeait-elle, ta jambe fine,
Quand tu parlais de nos amours,
Qu'elle allait porter sous l'hermine
Le satin, l'or et le velours ?

Si jamais mon coeur désavoue
Ce qu'il sentit en ce moment,
Puisse à mon front sauter la boue
Où tu marchais si bravement !
MUSSET
 
Elle était belle, si la Nuit
Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit,
Immobile peut être belle.

Elle était bonne, s'il suffit
Qu'en passant la main s'ouvre et donne,
Sans que Dieu n'ait rien vu, rien dit,
Si l'or sans pitié fait l'aumône.

Elle pensait, si le vain bruit
D'une voix douce et cadencée,
Comme le ruisseau qui gémit
Peut faire croire à la pensée.

Elle priait, si deux beaux yeux,
Tantôt s'attachant à la terre,
Tantôt se levant vers les cieux,
Peuvent s'appeler la Prière.

Elle aurait souri, si la fleur
Qui ne s'est point épanouie
Pouvait s'ouvrir à la fraîcheur
Du vent qui passe et qui l'oublie.

Elle aurait pleuré si sa main,
Sur son coeur froidement posée,
Eût jamais, dans l'argile humain,
Senti la céleste rosée.

Elle aurait aimé, si l'orgueil
Pareil à la lampe inutile
Qu'on allume près d'un cercueil,
N'eût veillé sur son coeur stérile.

Elle est morte, et n'a point vécu.
Elle faisait semblant de vivre.
De ses mains est tombé le livre
Dans lequel elle n'a rien lu.
MUSSET
 
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.

Seul, assis à la grève,
Le grand lion soulève,
Sur l'horizon serein,
Son pied d'airain.

Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons
Couchés en ronds,

Dorment sur l'eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,
Leurs pavillons.

La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.

Ainsi, la dame abbesse
De Sainte-Croix rabaisse
Sa cape aux larges plis
Sur son surplis.

Et les palais antiques,
Et les graves portiques,
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,

Et les ponts, et les rues,
Et les mornes statues,
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,

Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.

Ah ! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.

Pour le bal qu'on prépare,
Plus d'une qui se pare,
Met devant son miroir
Le masque noir.

Sur sa couche embaumée,
La Vanina pâmée
Presse encor son amant,
En s'endormant ;

Et Narcissa, la folle,
Au fond de sa gondole,
S'oublie en un festin
Jusqu'au matin.

Et qui, dans l'Italie,
N'a son grain de folie ?
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?

Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.

Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés...
Ou pardonnés.

Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes,
Qu'à nos yeux a coûté
La volupté !
MUSSET
 
J'espérais bien pleurer, mais je croyais souffrir
En osant te revoir, place à jamais sacrée,
O la plus chère tombe et la plus ignorée
Où dorme un souvenir !

Que redoutiez-vous donc de cette solitude,
Et pourquoi, mes amis, me preniez-vous la main,
Alors qu'une si douce et si vieille habitude
Me montrait ce chemin ?

Les voilà, ces coteaux, ces bruyères fleuries,
Et ces pas argentins sur le sable muet,
Ces sentiers amoureux, remplis de causeries,
Où son bras m'enlaçait.

Les voilà, ces sapins à la sombre verdure,
Cette gorge profonde aux nonchalants détours,
Ces sauvages amis, dont l'antique murmure
A bercé mes beaux jours.
MUSSET

Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse,
Comme un essaim d'oiseaux, chante au bruit de mes pas.
Lieux charmants, beau désert où passa ma maîtresse,
Ne m'attendiez-vous pas ?

Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
Ces larmes que soulève un coeur encor blessé !
Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières
Ce voile du passé !

Je ne viens point jeter un regret inutile
Dans l'écho de ces bois témoins de mon bonheur.
Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,
Et fier aussi mon coeur.

Que celui-là se livre à des plaintes amères,
Qui s'agenouille et prie au tombeau d'un ami.
Tout respire en ces lieux ; les fleurs des cimetières
Ne poussent point ici.

Voyez ! la lune monte à travers ces ombrages.
Ton regard tremble encor, belle reine des nuits ;
Mais du sombre horizon déjà tu te dégages,
Et tu t'épanouis.

Ainsi de cette terre, humide encor de pluie,
Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour :
Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie
Sort mon ancien amour.

Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie ?
Tout ce qui m'a fait vieux est bien loin maintenant ;
Et rien qu'en regardant cette vallée amie
Je redeviens enfant.

O puissance du temps ! ô légères années !
Vous emportez nos pleurs, nos cris et nos regrets ;
Mais la pitié vous prend, et sur nos fleurs fanées
Vous ne marchez jamais.

Tout mon coeur te bénit, bonté consolatrice !
Je n'aurais jamais cru que l'on pût tant souffrir
D'une telle blessure, et que sa cicatrice
Fût si douce à sentir.

Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées,
Des vulgaires douleurs linceul accoutumé,
Que viennent étaler sur leurs amours passées
Ceux qui n'ont point aimé !

Dante, pourquoi dis-tu qu'il n'est pire misère
Qu'un souvenir heureux dans les jours de douleur ?
Quel chagrin t'a dicté cette parole amère,
Cette offense au malheur ?

En est-il donc moins vrai que la lumière existe,
Et faut-il l'oublier du moment qu'il fait nuit ?
Est-ce bien toi, grande âme immortellement triste,
Est-ce toi qui l'as dit ?

Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m'éclaire,
Ce blasphème vanté ne vient pas de ton coeur.
Un souvenir heureux est peut-être sur terre
Plus vrai que le bonheur.

Eh quoi ! l'infortuné qui trouve une étincelle
Dans la cendre brûlante où dorment ses ennuis,
Qui saisit cette flamme et qui fixe sur elle
Ses regards éblouis ;

Dans ce passé perdu quand son âme se noie,
Sur ce miroir brisé lorsqu'il rêve en pleurant,
Tu lui dis qu'il se trompe, et que sa faible joie
N'est qu'un affreux tourment !

Et c'est à ta Françoise, à ton ange de gloire,
Que tu pouvais donner ces mots à prononcer,
Elle qui s'interrompt, pour conter son histoire,
D'un éternel baiser !

Qu'est-ce donc, juste Dieu, que la pensée humaine,
Et qui pourra jamais aimer la vérité,
S'il n'est joie ou douleur si juste et si certaine
Dont quelqu'un n'ait douté ?

Comment vivez-vous donc, étranges créatures ?
Vous riez, vous chantez, vous marchez à grands pas ;
Le ciel et sa beauté, le monde et ses souillures
Ne vous dérangent pas ;

Mais, lorsque par hasard le destin vous ramène
Vers quelque monument d'un amour oublié,
Ce caillou vous arrête, et cela vous fait peine
Qu'il vous heurte le pied.

Et vous criez alors que la vie est un songe ;
Vous vous tordez les bras comme en vous réveillant,
Et vous trouvez fâcheux qu'un si joyeux mensonge
Ne dure qu'un instant.

Malheureux ! cet instant où votre âme engourdie
A secoué les fers qu'elle traîne ici-bas,
Ce fugitif instant fut toute votre vie ;
Ne le regrettez pas !

Regrettez la torpeur qui vous cloue à la terre,
Vos agitations dans la fange et le sang,
Vos nuits sans espérance et vos jours sans lumière :
C'est là qu'est le néant !

Mais que vous revient-il de vos froides doctrines ?
Que demandent au ciel ces regrets inconstants
Que vous allez semant sur vos propres ruines,
A chaque pas du Temps ?

Oui, sans doute, tout meurt ; ce monde est un grand rêve,
Et le peu de bonheur qui nous vient en chemin,
Nous n'avons pas plus tôt ce roseau dans la main,
Que le vent nous l'enlève.

Oui, les premiers baisers, oui, les premiers serments
Que deux êtres mortels échangèrent sur terre,
Ce fut au pied d'un arbre effeuillé par les vents,
Sur un roc en poussière.

Ils prirent à témoin de leur joie éphémère
Un ciel toujours voilé qui change à tout moment,
Et des astres sans nom que leur propre lumière
Dévore incessamment.

Tout mourait autour d'eux, l'oiseau dans le feuillage,
La fleur entre leurs mains, l'insecte sous leurs pieds,
La source desséchée où vacillait l'image
De leurs traits oubliés ;

Et sur tous ces débris joignant leurs mains d'argile,
Etourdis des éclairs d'un instant de plaisir,
Ils croyaient échapper à cet être immobile

Qui regarde mourir !
Insensés ! dit le sage. Heureux dit le poète.
Et quels tristes amours as-tu donc dans le coeur,
Si le bruit du torrent te trouble et t'inquiète,
Si le vent te fait peur?

J'ai vu sous le soleil tomber bien d'autres choses
Que les feuilles des bois et l'écume des eaux,
Bien d'autres s'en aller que le parfum des roses
Et le chant des oiseaux.

Mes yeux ont contemplé des objets plus funèbres
Que Juliette morte au fond de son tombeau,
Plus affreux que le toast à l'ange des ténèbres
Porté par Roméo.

J'ai vu ma seule amie, à jamais la plus chère,
Devenue elle-même un sépulcre blanchi,
Une tombe vivante où flottait la poussière
De notre mort chéri,

De notre pauvre amour, que, dans la nuit profonde,
Nous avions sur nos coeurs si doucement bercé !
C'était plus qu'une vie, hélas ! c'était un monde
Qui s'était effacé !

Oui, jeune et belle encor, plus belle, osait-on dire,
Je l'ai vue, et ses yeux brillaient comme autrefois.
Ses lèvres s'entr'ouvraient, et c'était un sourire,
Et c'était une voix ;

Mais non plus cette voix, non plus ce doux langage,
Ces regards adorés dans les miens confondus ;
Mon coeur, encor plein d'elle, errait sur son visage,
Et ne la trouvait plus.

Et pourtant j'aurais pu marcher alors vers elle,
Entourer de mes bras ce sein vide et glacé,
Et j'aurais pu crier : " Qu'as-tu fait, infidèle,
Qu'as-tu fait du passé? "

Mais non : il me semblait qu'une femme inconnue
Avait pris par hasard cette voix et ces yeux ;
Et je laissai passer cette froide statue
En regardant les cieux.

Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misère
Que ce riant adieu d'un être inanimé.
Eh bien ! qu'importe encore ? O nature! ô ma mère !
En ai-je moins aimé?

La foudre maintenant peut tomber sur ma tête :
Jamais ce souvenir ne peut m'être arraché !
Comme le matelot brisé par la tempête,
Je m'y tiens attaché.

Je ne veux rien savoir, ni si les champs fleurissent;
Ni ce qu'il adviendra du simulacre humain,
Ni si ces vastes cieux éclaireront demain
Ce qu'ils ensevelissent.

Je me dis seulement : " À cette heure, en ce lieu,
Un jour, je fus aimé, j'aimais, elle était belle. "
J'enfouis ce trésor dans mon âme immortelle,
Et je l'emporte à Dieu !
 
Rappelle-toi, quand l'Aurore craintive
Ouvre au Soleil son palais enchanté ;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
Passe en rêvant sous son voile argenté ;
A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite,
Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite,
Ecoute au fond des bois
Murmurer une voix :
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, lorsque les destinées
M'auront de toi pour jamais séparé,
Quand le chagrin, l'exil et les années
Auront flétri ce coeur désespéré ;
Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême !
L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime.
Tant que mon coeur battra,
Toujours il te dira
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours dormira ;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement s'ouvrira.
Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle
Reviendra près de toi comme une soeur fidèle.
Ecoute, dans la nuit,
Une voix qui gémit :
Rappelle-toi.
MUSSET
 
"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine."

Joachim Du Bellay, Les Regrets, XXXI
 
Victor Hugo

"J'entendis une voix qui venait de l'étoile
Et qui disait : - Je suis l'astre qui vient d'abord.
Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort.


J'ai lui sur le Sinaï, j'ai lui sur le Taygète ;

Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette,

Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.

Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.



Ô nations ! je suis la Poésie ardente.

J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante.

Le lion Océan est amoureux de moi.

J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !



Penseurs, esprits ! montez sur la tour, sentinelles !

Paupières, ouvrez-vous ! allumez-vous, prunelles !

Terre, émeus le sillon ; vie, éveille le bruit ;

Debout, vous qui dormez ; car celui qui me suit,



Car celui qui m'envoie en avant la première,

C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !"



Victor Hugo
Les châtiments, Livre VI « La stabilité est assurée », XV, 1853.


 
Mes prières

De l’aurore à la nuit
Mon âme s’épanouit
Cinq prières suffisent
A dissiper mes hantises

Chaque jour chaque nuit
Avant que mon âme s’enfuit
Je psalmodie et je me dévoue à Dieu
En des prières au rythme silencieux

Ô mon Dieu qui entend mes prières
Eclaire mon chemin de rayons de lumière
Aide-moi à découvrir les grands mystères
Du livre Sacré entre mes mains entrouvert

Quand vient la mort et que je me repose
Quant il ne reste que les vers que je compose
Aide-moi à me décider et bien réagir
A citer ton Nom au dernier soupir…
Amen

Berraha El Houssine (Lhoud-Maroc 10-3-2013)
 
Et ne restreignez pas la poésie au seul langage.
La poésie est présente dans la musique, dans la photographie, voire dans l’art culinaire ; partout où il s’agit de percer l’opacité des choses pour en faire jaillir l’essence à nos yeux.
Partout où ce qui est en jeu c’est la révélation du monde.
La poésie est présente dans les objets ou les actions les plus quotidiens mais elle ne doit jamais, jamais, être ordinaire.
Écrivez un poème sur la couleur du ciel, sur le sourire d’une fille si ça vous chante, mais qu’on sente dans vos vers le jour de la Création, du Jugement dernier et de l’éternité.
Tout m’est bon pour peu qu’il lève un coin de voile sur le ciel et nous procure un frisson d’immortalité.

Le cercle des poètes disparus:cool:
 
On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que ça fait joli.
Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de la race humaine ; et que cette même race foisonne de passions.
La médecine, la loi, le commerce et l’industrie sont de nobles occupations, et nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais la poésie, la beauté et la dépassement de soi, l’amour ..

Le cercle des poètes disparus
 
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »

Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de « Ronsard » ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom, de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os ;
Par les ombres Myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour, et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard
 
Aprés quelques instants de sommeil, de plaisir
Le réveil sonne, brise à peine, le temps de saisir
A quoi bon courir après, sans une mise au point
Comme un idéal vide, à remplir et à être rejoint

Le désir a ouvert ici grand sa gueule et rugit
En mâchoire et sous sa pression le sang gît
Replonge dans sa torpeur ralentissant le pas
Repu comme repas, une fois oui et l'autre pas.


Jallal-a-bad
 
J'ai perdu mon temps, dans tous mes mots il y a ce soupir du vide
J'ai brassé du vent, et pas une goute de pluie dans mon attente timide
J'attends et j'attends, a quoi bon espérer connaitre madame personne
elle me regarde et s'adresse à tous sauf à ma petite personne

Un fantome elle a fait de moi, et j'ai encore plus peur de l'automne qui arrive
Elle est l'amour pour ses enfants, moi de mes parents sur cette entre deux rives
Moi et ma pierre, je lui ai tout donné mais elle a préféré s'en amusé
Je ne supporte plus mon vide, dans tout ce qu'elle m'a laissé espéré

Qu'elle vive avec avec son temps et qu'elle me laisse mon printemps
Son feu plutot que de me réchauffer vient me bruler, et je n'ai plus le temps
Elle ne reconnait pas mon sang et voulait mes cendres comme en emporte le vent
Seule venir parler et dire des mots pour moi, n'est ce pas important ?

j'ai fait le pas cent fois et ne reviendra plus, il n'y aura pas de prochaine fois
Ma pauvre imagination apres laquelle tu attends, finira dans un feu de joie
Il a fini par couler et fondre comme la glace et n'attend plus que toi
Je reprends mes marques sur mon cadran puisqu'ici il n'y a que moi

Comme un tic sans ton tac je préfère encore ma vie en vrac
Je n'entend pas et n'attend plus, et toujours rien dans mon sac
J'ai essayé de remonter ma tocante et tu la prise pour la brocante
Depuis midi jusqu'à minuit j'ai arrêté de compter, sur toi, nonchalante.


Jallal-a-bad
 
A Laure

Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée,
Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ?
Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ?
Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots et ces cris ?

Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses,
Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment
Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses
Comme un unique amant ;

Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes,
Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur,
Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes,
Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur :

Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie,
Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie
Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas,
Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?

Alfred de Musset
 
Dernière édition:
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo.
 
Tristesse blanche

Et nos coeurs sont profonds et vides comme un gouffre,
Ma chère, allons-nous en, tu souffres et je souffre.
Fuyons vers le castel de nos Idéals blancs
Oui, fuyons la Matière aux yeux ensorcelants.

Aux plages de Thulé, vers l’île des Mensonges,
Sur la nef des vingt ans fuyons comme des songes.
Il est un pays d’or plein de lieds et d’oiseaux,
Nous dormirons tous deux aux frais lits des roseaux.

Nous nous reposerons des intimes désastres,
Dans des rythmes de flûte, à la valse des astres.
Fuyons vers le château de nos Idéals blancs,

Oh ! fuyons la Matière aux yeux ensorcelants.
Veux-tu mourir, dis-moi ? Tu souffres et je souffre,
Et nos coeurs sont profonds et vides comme un gouffre.

Émile NELLIGAN
 
Avance !

Avance âme-sœur dans l’espoir,
Avance avec ton cœur dans la prière,
Avance même si les tourments sont noirs,
Avance au-delà du tunnel, vers la lumière.

Sois juste envers ton âme, arrête les souffrances,
Autour de toi, il y a encore de l’espérance.
Apprends à saisir la main de la bienveillance
Chemine avec ton destin dans la clémence.

Tes mains défuntes libérées, tu es née,
Avec des écritures sur le front dessinées.
Le vent chargé d’exils obscurs,
Dressera la colère tornade de tes murs.

Le jour sera bleu comme dans la légende,
Tes blessures fermées, tu aimeras le monde,
Ton étoile se dressera nue sur l’horizon,
Soulèvera la terre au jour aimant…

Ali ElBougrini
Australie : le 8 May 2015
 
وهذا الشتاء كما قد ترى * عسوف علي قبيح الاثر

يغادي بصر من العاصفا * ت أو دمق مثل وخز الابر
وسكان دارك ممن أعو * ل يلقين من برده كل شر

فهذي تحن وهذي تئن * وادمع هاتيك تجري درر
إذا ما تململن تحت الظلام * تعللن منك بحسن النظر

ولاحظن ربعك كالممحلي‍ * ن شاموا البروق رجاء المطر
يؤملن عودي بما ينتظرن * كما يرتجى آئب من سفر

فانعم بانجاز ما قد وعدت * فما غيرك اليوم من ينتظر
وعش لي وبعدي فانت الحيا * ة والسمع من جسدي والبصر
 
Mal être

Ce soir ma vie me fait mal
Tristesse tu t'empares de mon coeur
La joie fuit ma tête en pleure
Un voile recouvre ma vie si pâle

Solitude dans le vide de mes nuits
Criant ma peine par des larmes silencieuses
Défiant la haine des heures pernicieuses
Chercher en vain une issue à l'ennui

Souvenirs d'un corps allongé prêt du mien
D'une chaleur, dans les moments d'angoisse
Des mots de réconfort à la pieuse paroisse
Présence d'un être offrant sa main en lien

Seule dans le soir avec une musique nostalgique
Rythmant mon chagrin sur la page blanche
Ecrire un passé ,s'accrocher à la branche
Coucher ses rancoeurs comme un remède magique

Dans le silence de ma vie, vivre d'espoir
Lumière dans les mots , récit en prélude
Comprendre ses erreurs,contrer la lassitude
Accepter la réalité que demain sera noir
 
L'homme est brumeux, le monde est noir, le ciel est sombre ;
Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre ;
Et nous, pâles, nous contemplons.
Nous contemplons l'obscur, l'inconnu, l'invisible.
Nous sondons le réel, l'idéal, le possible,
L'être, spectre toujours présent.
Nous regardons trembler l'ombre indéterminée.
Nous sommes accoudés sur notre destinée,
L'œil fixe et l'esprit frémissant.
Nous épions des bruits dans ces vides funèbres ;
Nous écoutons le souffle, errant dans les ténèbres,
Dont frissonne l'obscurité....

Victor Hugo.
 
Mon âme cherche en vain des mots pour se répandre,
Elle voudrait créer une langue de feu
Pour crier de bonheur vers la nature et Dieu.
– Dis-moi, repris-je, ami, par quelles influences,
Mon âme au même instant pensait ce que tu penses,
Je sentais dans mon cœur, au rayon de ce jour,
Des élans de désirs, des étreintes d'amour
Capables d'embrasser Dieu, le temps et l'espace...

Lamartine
 
Le programme en quelques siècles....

On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.

On supprimera l'Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.

On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.

On supprimera l'Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.

On supprimera l'Esprit de Vérité
Au nom de l'Esprit critique,
Puis on supprimera l'esprit critique.

On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots

On supprimera le Sublime
Au nom de l'Art,
Puis on supprimera l'art.

On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.

On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.

On supprimera le Prophète
Au nom du poète,
Puis on supprimera le poète.

On supprimera les Hommes du Feu
Au nom des Eclairés
Puis on supprimera les éclairés.

On supprimera l'Esprit,
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.


Au nom de rien on supprimera l'Homme ;
On supprimera le nom de l'Homme ;
Il n'y aura plus de nom;


NOUS Y SOMMES.

Armand Robin - poème indésirable....
 
Mère du prisonnier, que la pluie te soit douce !
A ton coeur défendant, le sort du prisonnier !
Mère du prisonnier que la pluie te soit douce !
Lui ne sait plus : où le voyage, où le foyer ?
Mère du prisonnier, que la pluie te soit douce !
Qui recevra l'heureux message de rançon ?
Mère du prisonnier, mère morte, qui donc
Arrangera cheveux et boucles sur mon front ?
Ton fils est loin, au bout des mers et de la terre :
Qui va le secourir l'aider d'une prière ?
D'un paisible sommeil il se croirait coupable,
visité d'un bonheur, il serait misérable
rien qu'à t'imaginer, repue d'adversité,
De deuil, sans compagnon, sans fils à tes côtés.
Au pays où je fus aimé, j'ai dit adieu,
Mais là-bas veilleront tous les anges des cieux.
Ah! Te pleure chacun de ces jours où, patiente
Tu jeunais sans repos sous l'ardeur de midi !
Te pleure chaque instant où, priant dans la nuit,
Tu attendais, debout, l'aurore flamboyante !
Te pleurent tous ceux-là devant qui l'on fuyait,
Persécutés, exclus : toi, tu les accueillais.
Te pleurent tous ceux-là, les pauvres, les perdus,
Epuisés jusqu'aux os : tu les a secourus
O mère, ce fut trop de chagrins, tour à tour,
Qui passèrent sur toi sans l'espoir d'un recours.
O mère, ce fut trop de secrets enfermés
Dans ton coeur, secrets morts et muets à jamais
O mère, trop souvent ces mots :"C'est pour demain,
Demain il sera là..." et toujours aussi loin.
Qui recevra ma plainte ? A qui ouvrir son coeur
Lorsque le coeur se serre et ploie sous ses malheurs ?
Qui me protègera, quelle femme en prière ?
Quel visage dira, lumineux :"Je t'éclaire"?
Quel voie dira non au destin qui m'emporte ?
De ce noir horizon qui m'ouvrira les portes ?
Seul baume à ton départ : le temps se raccourcit
L'autre monde, où tu es, appelle. Nous voici !

Abû Firâs Al Hamdânî
 
Tu sais maman…


Tu sais maman,
Je t’ai vu porter mes cris
Mes douleurs et mes ennuis
Je t’ai vu porter mon enfance
Mon avenir et ma chance
Je t’ai vu plaisante
Pour cacher ton chagrin
Je t’ai vu frétillante
Pour assurer mon chemin !

Tu sais maman,
Je t’ai vu porter ma folie
En me disant toujours Oui
Je t’ai vu cacher les larmes
Avec la bonté de ton âme
Je t’ai vu porter ma jeunesse
Avec amour et tendresse
Je t’ai vu cette unique mère,
Que Dieu m’a offert…

Poème écrit par le poète Mr BOUSSELHAM JAMAL
 

Pièces jointes

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Salam alaykoum warahmatou'Allah wabarakatouhou

"
Tu sais maman,
Je t’ai vu porter ma folie
En me disant toujours Oui
Je t’ai vu cacher les larmes
Avec la bonté de ton âme
Je t’ai vu porter ma jeunesse
Avec amour et tendresse"

ALLAH YA ALLAH YA ALLAH

ALLAH AKBAR ALLAH AKBAR

pour cette mère qui porte l'univers je dis bien l'univers






















Tu sais maman…
Tu sais maman,
Je t’ai vu porter ma folie
En me disant toujours Oui
Je t’ai vu cacher les larmes
Avec la bonté de ton âme
Je t’ai vu porter ma jeunesse
Avec amour et tendresse
Je t’ai vu cette unique mère,
Que Dieu m’a offert…

Tu sais maman,
Je t’ai vu porter mes cris
Mes douleurs et mes ennuis
Je t’ai vu porter mon enfance
Mon avenir et ma chance
Je t’ai vu plaisante
Pour cacher ton chagrin
Je t’ai vu frétillante
Pour assurer mon chemin !

Tu sais maman,
Je t’ai vu porter ma folie
En me disant toujours Oui
Je t’ai vu cacher les larmes
Avec la bonté de ton âme
Je t’ai vu porter ma jeunesse
Avec amour et tendresse
Je t’ai vu cette unique mère,
Que Dieu m’a offert…

Poème écrit par le poète Mr BOUSSELHAM JAMAL
 
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