Poésie et érotisme

Comme un cri

Comme un cri. C'est tout contre ta peau que je veux voyager
Sur les vagues houles du creux de tes reins nus
C'est les mots de ta bouche que je veux croquer
Jusqu'au bout de nos nuits encore et tant et plus


C'est tes cheveux que je veux sentir s'envoler
D'entre mes mains fébriles de leurs caresses
Aux élans de nos corps d'un désir affamés
Câlines redécouvertes de tes fesses


C'est de ta chaleur amoureuse que je veux
Réchauffer le froid des absences éperdues
Au velours de tes cuisses caresser les voeux
Des rencontres nouvelles des temps revenus


De ton ventre chaud je veux goûter les sources
Du plaisir aux fontaines de nectar de vie
Des lèvres sublimes lointaines ressources
Inondées de leur miel mot secret comme un cri


De ta bouche de tes dents à mordre les plis
Du désir de s'aimer j'entends sourdre les flots
De paroles avides de leurs mille envies
De jouir du bonheur d'être aimé à nouveau.


Jean-Claude Brinette
 
Je me demandais s'il y avait une poésie arabe érotique .

Il y'en a tellement qu'il y'a des écoles ...

Un maître de la Jahiliya, Umru Al Qayss, auteur de la fameuse Mou'aLaaqa.

Je te poste ici un de ces poèmes erotico sensuels...

سموت إليها بعد ما نام أهلها

سمو حباب الماء حالا على حال
فقالت سباك الله إنك فاضحي

ألست ترى السمار والناس أحوال
فقلت يمين الله أبرح قاعدا

ولو قطعوا رأسي لديك وأوصالي
حلفت لها بالله حلفة فاجر

لناموا فما إن من حديث ولا صال
فلما تنازعنا الحديث وأسمحت

هصرت بغصن ذي شماريخ ميال
وصرنا إلى الحسنى ورق كلامنا

ورضت فذلت صعبة أي إذلال
فأصبحت معشوقا وأصبح بعلها

عليه القتام سيء الظن والبال
يغط غطيط البكر شد خناقه

ليقتلني والمرء ليس بقتال
أيقتلني والمشرفي مضاجعي

ومسنونة زرق كأنياب أغوال
وليس بذي رمح فيطعنني به

وليس بذي سيف وليس بنبال
أيقتلني وقد شغفت فؤادها

كما شغف المهنوءة الرجل الطالي
وقد علمت سلمى وإن كان بعلها

بأن الفتى يهذي وليس بفعال
وماذا عليه أن ذكرت أوانسا

كغزلان رمل في محاريب أقيال
 
Le souvenir unique
(extrait)

...A l'instant où mes yeux se fermeront pour toujours, c'est ton nom que je prononcerai et celui du jardin abandonné qui fut, pour nous, pendant deux nuits, le plus magnifique des palais.

Les bosquets du Paradis ne me feront pas oublier, pauvres arbres du jardin d'Aziza, que j'ai goûté, sous vos branches, des délices qui m'arrachaient des larmes ! Les tapis des pelouses sacrés seront moins veloutés que ton gazon pelé sur lequel nous nous sommes étendus, jardin d'Aziza, et le gazouillement de la fontaine Tasnim* sera moins mélodieux que la source qui jaillisait de tes rocailles !

Maintenant que je suis loin, ma bien-aimé, vas-tu t'asseoir encore dans le jardin abandonné ? Cèdes-tu à la douceur d'aller rêver à mon amour, et à ma tristesse, si tu la devines ?

Un soir, comme si j'étais là, mets-toi nue, joyeusement, sous les arbres du jardin d'Aziza.

Le jardin des caresses, oeuvre du X ème siècle traduit de l'arabe par Franz Toussaint (1881-1955)
 
Même réf' que le précédent...

Les seins, les yeux et la chevelure


Plus blancs et plus gonflés de trésors que les tentes d'un émir, tes seins, ma bien-aimée, sont les tentes de mon amour.

Lorsque je cache, à midi, mon visage dans ta chevelure et que je cherche ton regard, tes yeux sont les deux étoiles qui illuminent ma nuit embaumée.

Si un jour j'apprends qu'un autre a dormi dans ta chevelure et que tes yeux ont éclairé le visage de ce Maudit, je ne saisirai pas mon poignard, je n'achèterai pas du poison, mais je sifflerai mes lévriers.

J'irai capturer une gazelle, que je parerai de tes colliers et que je lâcherai vers un abîme.
 
Adieu


Connais-tu cet endroit unique, désert ravagé,
que le temps a voulu effacer pour l'éternité?
Le siècle dure use sans fin la nouveauté du neuf;
il abandonne, à chaque étape, un reste de foyer.
Trois pierres noires, là...c'est tout...un lieu de campement...
mais l'hippodrome d'Al-Walid a sombré tout entier,
sauf quelques piquets de tente enfoncés au ras du sol;
tout a disparu, éparpillé par les accès brusques de fièvre.
ô Mayya! Tes lèvres par un orfèvre ciselées,
après le sommeil, et ton corps, tendre rameau brisé!
Je revois les deux prunelles, un cou gracile et blanc;
je revois les flancs alanguis où affleure le sang,
uniques, affolant la poursuite au mépris des gazelles...
nous tuant sans pitié sous le blâme et la réprimande.
Elle a vu ma pâleur, elle a vu mes rides multiples,
après les injures du temps et du siècle superbe,
dépouillant tout mon corps de sa frondaison de jeunesse;
feuilles mortes, quand on agite un rameau nu, qui tombent...
ou plutôt j'ai rompu l'étreinte, acceptant le refus,
et la soeur des Banou-Labîd en a été surprise.
Tant, qu'elle m'a fui et qu'elle a fui mon frère Mas'oud.
Elle vit deux hommes prêts pour un voyage lointain,
qui prenaient pour vêtements les ténèbres de la nuit,
traînant loin sur le sable deux longues robes ouatées.

Dhou'l Roummah
 
Arrêtons-nous et pleurons au souvenir d'un être aimé
Et d'un campement,aux confins de la dune,
entre Dakhoul et Hawmal.

D’elles , s’exhalait le musc comme la brise
du matin chargée d’un parfum d’œillet.

L’amour , alors, fit jaillir des larmes qui coulèrent
sur ma gorge jusqu’à mouiller mon baudrier.

Quels jours délicieux j’ai passés avec elles.
Ah ! cette journée à Darat Jouljoul,

Où j’ai sacrifié aux jeunes filles ma monture.C’était merveille de les voir se disputer l’honneur de porter ma selle.

Elles se lançaient de l’une à l’autre, des carrés de viande rôtie et des lambeaux de graisse semblables à des franges de soie finement tressée…

C’était le jour où m’étant glissé dans le palanquin d’Onaiza,
Elle avait crié : »malheur à toi ! tu me forces à aller à pied ! »

Tandis qu’elle suppliait, notre poids avait fait pencher sa litière :« tu blesses le dos de mon chameau , Imrou Oul Qais descend ! »

Et je lui disais : « lâche-lui la bride……
Laisse-moi cueillir et cueillir encore des baisers. »

A combien de futures mères , la nuit, j’ai rendu visite , et que de femmes j’ai distraites de leur nourrisson au cou orné d’amulettes !

Quand il pleurait , elles lui offraient , pour l’allaiter , le haut de leur corps, tandis que sous moi s’abandonnait le reste.

Imrou’l Qays
 
Imrou’l Qays :

Imrou'l Qays a vécu de 500 à 540 environ. C'est à la fois un grand poète arabe, que l'on dit avoir inventé le Qasideh, et le fils de Houjr el-Kindi, dernier roi du royaume de Kinda.
Il compose des poèmes dès son plus jeune âge, mais le ton de ses textes irrite son père, qui le chasse. Durant cet exil, son père est assassiné par les Beni Asad. Imrou'l Qays parvient à le venger, mais doit se réfugier chez le chef de la tribu des Iyyad. Commence alors une vide d'errance et de mendicité, qui lui vaut le surnom d'El Malik ed-Dillil (« Le roi toujours errant »).

Il séjourne aussi à Byzance, auprès de Justinien le Grand, sûrement dans le but d'obtenir un soutien pour restaurer le royaume. Mais, arrivé à Anqara, il meurt d'une espèce de variole ; il aurait été empoisonné par une tunique de laine tissée d'or envoyée par Justinien, soit parce que sa fille était tombée amoureuse du poète, soit parce que l'empereur redoutait une traitrise après avoir accordé son aide.
 
Le poète Umar b. Abî Rabî’a (644/711) puise aux lèvres de l’aimée « un nectar si doux ou miel et glace se mêlent » volontiers…

Heureuses rencontres


As-tu reconnu d’une douce haleine,
Un vestige encore, à Na’f, aujourd’hui ?
Le vent va et vient, et des vies enfuies
Il ne reste qu’une trace à peine.
La bise violente emporte à l’entour
La masse et l’écho des nuages noirs.
Revenu là-bas, j’ai bien cru revoir
Sur ces traces d’hier un ancien amour.
Devant ces lieux montaient à ma mémoire
Des souvenirs qui jamais ne mourront.
Au midi d’al-Khayf, ô l’apparition,
Quand tu vins, ce jour, aux feux de ta gloire !
Ö bouche, ô fraîcheur qui m’offrit le charme
De perles en rang, ô parfait collier !
Elle s’écria (et ses yeux noyés
Laissaient ruisseler des torrents de larmes) :
« Je m’adresse à vous, Pléiades ! Malheur !
Va –t’il refuser et se dérober ?
Faites- lui savoir où est mon cœur,
Et si de sa foi il n’a pas dévié,
Qu’il me réponde : ou puis-je le revoir
Sans redouter les méchants à l’affût ?
Que ce soit à l’heure, ou, la nuit venue,
Juste à son milieu, il fait le plus noir. »
Je la vis surgir, avec deux amies,
Antilopes en marche sous la dune.
Elle était l’astre éclatant, pleine lune
Qui vient effacer l’étoile éblouie.
Je leur ai dit : « Soyez les bienvenues !
Je vous attendais et suis tout à vous. »
Je pris à sa lèvre un nectar si doux
Qu’un vin précieux pour un peu j’aurais cru,
Où miel et glace ensemble se mêlaient,
Revigorant le cœur le plus meurtri.
Puis j’ôtai sa robe et je découvris
Une blancheur gracile, et qui tremblait.
Toute la nuit, le plaisir fut à nous,
Jusqu’à la brusque attaque de l’aurore.
J’ai dit : « Le veilleur a crié ! Debout !
Voyez la lueur du jour près d’éclore ! »
Elle est partie, menée avec douceur,
Gazelle à la voix tendre, aux tendres yeux.
Moi, je venais de combler tous mes vœux :
J’avais fait rencontre avec le bonheur.
 
Le délice des coeurs

...Lorsqu'il sut que Séducteur avait épanché sa liqueur en moi, me laissant presque évanoui de plaisir, lorsqu'il vit l'instrument se retirer tel un poignard arqué, ou tel un jeune arbre à la tête épanouie, toujours aussi vigoureux encore tout gonflé de sève, bien raide, bien dressé, brillant comme un sabre au clair, luisant comme l'étoile, la tête merveilleusement large et délicieusement arrondie, il ne put se tenir d'avancer la main vers un si bel objet et se mit aussitôt à quatre pattes...

Les délices des coeurs, ou, Ce que l'on ne trouve en aucun livre: Amazon.fr: Ahmad al-Tîfâchî, René R Khawam: Livres
 
Surtout ne pas oublier Hâfez Shirazi...un poème en ghazal...la portée érotique de la chevelure dans le monde arabo-persan



L'odeur des cheveux


Je suis enivré sans arrêt

par le parfum de tes cheveux.

Je suis détruit, à chaque instant,

par tes magiques, traîtres yeux.

Après d'aussi longue patience,

mon Dieu ! verrai-je enfin la nuit

Où j'allumerai ma chandelle

dans l'arcade de tes sourcils ?

Ma clairvoyance est une ardoise

que je chéris matin et soir,

Car elle est comme le miroir

qui reflète ta mouche hindoue.

Si tu veux embellir ce monde

pour autant que l'éternité,

Dis au vent d'écarter ton voile

de ta face, pour un instant.

Si tu veux abolir la loi

qui rend ce monde périssable,

Crève l'écran de tes cheveux :

il s'en répandra mille vies.

Le vent et moi sommes deux gueux,

des vagabonds, des inutiles.

Nous sommes enivrés tous deux

par ton parfum et par tes yeux.
 
Seule dans ses draps,
Joue sur son violoncelle
Un doigt de diva.

Le vent dans sa jupe
Dentelle et peau découvertes
Un papillon passe.

Mes mains sur ses hanches
Femme mûre sous mes lèvres
Ambroisie poirée.

François d'Alayrac



Un Haïku est un petit poème d'origine japonaise en 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes, forme dérivée du Tanka qui lui est en 5 vers de 7 et 7 syllabes. A l'origine, ces poèmes évoquent une image en rapport avec la nature, font allusion à une saison.
 
Parfums dans la nuit
Odeurs de tes mouvements
La lune en dedans

*

Au coin de la « Main »
Elle se masse les hanches -
C'est sur mon chemin.

*

Table des délices :
Souvenir des vagues lentes
Au creux de tes reins.

*

L’effeuillage lent
A commencé, ici, là
Sous un soleil frais

*

Suivre leur rythme
Et mouvements balancés :
Matinale vision.

*

Nuits collés serrés,
C’est l’étreinte éternité.
Printemps répété.

*

Dans sa robe rose et blanche,
Elle se déhanche.
Quel régal des yeux !


Patrick Simon
 
Voilà qu'un lit complice accueille les amants
Ma muse, n'entre point dans cette chambre close.
Sans toi, seuls, ils sauront inventer mille mots,
et sa main gauche à lui ne sera pas oisive
Au lit, ses doigts sauront s'occuper aux endroits
où l'Amour, en secret, aime tremper son dard.
Hector si valeureux, bon ailleurs qu'aux combats

ainsi pour commencer besognait Andromaque
Et de même faisait Achille à sa captive,
las de ses ennemis, sur sa couche alangui.
Tu les laissais sur toi se poser, Briséis,
1 ces mains toujours trempées du sang des Phrygiens.
A moins que ton plaisir ne fût, belle jouisseuse,
que viennent sur ton corps ces mains d'homme vainqueur ?
Crois-moi : ne hâte point les plaisirs de Vénus,
mais tarde, et, peu à peu, diffères-en le charme.
Cet endroit où la femme aime qu'on la caresse,

tu l'as trouvé? Caresse, et n'aie pas de pudeur!
Tu verras dans ses yeux trembler comme un éclair,
un reflet du soleil sur l'onde transparente ;
Ensuite elle gémit, puis murmure d'amour,
geint doucement et dit les mots que veut ce jeu.
Mais ne va pas alors, déployant trop ta voile,
laisser l'amante là, ni lui courir après :
Ensemble vers le but hâtez-vous — plein plaisir,
si elle et lui, vaincus, gisent en même temps.
Telle est la marche à suivre, à loisir, librement,
sans hâter ce larcin d'amour par quelque crainte,
Si tarder est peu sûr, alors, rame à pleins bras,
donne de l'éperon, fonce à bride abattue 1.

L'Art d'aimer, II, 703 sqq.

Ovide (43 AV. J.C. - vers 18 APR J.C.)
 
Lorsqu'en songes obscurs
Marilou se résorbe
Que son coma l'absorbe
En des rêves absurdes
Sa pupille s'absente
Et son iris absinthe
Subrepticement se teinte
De plaisirs en attente
Perdue dans son exil
Physique et cérébral
Un à un elle exhale
Des soupirs fébriles
Parfumés au menthol
Ma débile mentale
Fais tinter le métal
De son zip et Narcisse
Elle pousse le vice
Dans la nuit bleue lavasse
De sa paire de Levi's
Arrivée au pubis
De son sexe corail
Ecartant la corolle
Prise au bord du calice
De vertigo Alice
S'enfonce jusqu'à l'os
Au pays des malices
De Lewis Caroll.

Serge Gainsbourg
 
Première soirée
Rimbaud (1870)

« - Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

- Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, - mouche au rosier

- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
- La première audace permise,
Le rire feignait de punir !

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c'est encor mieux !...

Monsieur, j'ai deux mots à te dire... »
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...

- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
 
Erotisme biblique

Le cantique des cantiques

Qu'il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour vaut mieux que le vin,
Tes parfums ont une odeur suave;
Ton nom est un parfum qui se répand;
C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.
Entraîne-moi après toi!
Nous courrons!
Le roi m'introduit dans ses appartements...
Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi;
Nous célébrerons ton amour plus que le vin.
C'est avec raison que l'on t'aime.
Je suis bronzée, mais je suis belle, filles de Jérusalem, …


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Sur ma couche, pendant les nuits,
J'ai cherché celui que mon cœur aime;
Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé...
Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville,
Dans les rues et sur les places;
Je chercherai celui que mon cœur aime...
Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé.
Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée:
Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?
A peine les avais-je passés,
Que j'ai trouvé celui que mon cœur aime;
Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché
Jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère,
Dans la chambre de celle qui m'a conçue.
 
Incantation

Ne bouge pas ! Je vois ! ou plutôt j'entrevois,
Dans l’ombre qui s'épand sous ta jupe en ogive,
Le mystère imprécis de tes cuisses en croix
Dont le charme répond à mon expectative ;

Parmi la lingerie, impalpable tissu,
Plus léger qu'un feston de reine de légende,
Le duvet de ta peau se montre à ton insu
Et ta toison secrète est là, comme une offrande.

Reste ! ne bouge pas ! je discerne, à présent,
Le contour incarnat du calice indécent
Que mon regard voudrait butiner à distance.

Statue indoue, au galbe immarescible et pur,
Je prosterne mon front dans ta magnifiscence
Et j'invoque à mi-voix ton sexe clair-obscur.

Maurice Dekobra
(Luxures - 1928 )
 
Enervements

Corps à corps... Nos désirs brûlent, nos bouches s'offrent,
Mais nous ne voulons pas sentir toute la joie.

Seins contre seins à travers les étoffes,
Viens ! Gardons entre nous ces laines et ces soies.

Tes yeux fuient mon regard ; la tête se dérobe ;
Nos mains rôdent le long des robes.

Respirons de tout près l'âme de ce baiser
Que nous ne voulons pas, ce soir, réaliser.

Sens-tu comme nos genoux tremblent ?
Ah ! ce désir des hanches amoureuses !

Ah ! céder !... Défaillir ensemble !... Mourir !... Prendre !...
- Cherchons nos doigts ; tâchons d'unir nos paumes creuses.

Des profondeurs, en nous, grandissent, inconnues :
Etreignons-nous au moins de toutes nos mains nues.

Ma bouche sent déjà la forme de ta bouche :
Mais nous reculons avant qu'elles se touchent,

Pour que nos sens cabrés souffrent l'ardente joie
De s'être, en sanglotant, arrachés de leur proie !


Lucie Delarue-Mardru
 
Demain

Vous m’amusez par des caresses,
Vous promettez incessamment,
Et vous reculez le moment
Qui doit accomplir vos promesses.
DEMAIN, dites-vous tous les jours.
L’impatience me dévore ;
L’heure qu’attendent les Amours
Sonne enfin, prêt de vous j’accours ;
DEMAIN, répétez-vous encore,
Rendez grâce au dieu bienfaisant
Qui vous donna jusqu’à présent
L’art d’être tous les jours nouvelle ;
Mais le Temps, du bout de son aile,
Touchera vos traits en passant ;
Dès DEMAIN vous serez moins belle,
Et moi peut-être moins pressant.

Evariste de Parny
 
Ouvre

Ouvre les yeux, réveille-toi ;
Ouvre l'oreille, ouvre ta porte :
C'est l'amour qui sonne et c'est moi
Qui te l'apporte.

Ouvre la fenêtre à tes seins ;
Ouvre ton corsage de soie ;
Ouvre ta robe sur tes reins ;
Ouvre qu'on voie !

Ouvre à mon cœur ton cœur trop plein :
J'irai le boire sur ta bouche !
Ouvre ta chemise de lin :
Ouvre qu'on touche !

Ouvre les plis de tes rideaux :
Ouvre ton lit que je t'y traîne :
Il va s'échauffer sous ton dos.
Ouvre l'arène.

Ouvre tes bras pour m'enlacer ;
Ouvre tes seins que je m'y pose ;
Ouvre aux fureurs de mon baiser
Ta lèvre rose !

Ouvre tes jambes, prends mes flancs
Dans ces rondeurs blanches et lisses ;
Ouvre tes genoux temblants...
Ouvre tes cuisses !

Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir :
Dans les chauds trésors de ton ventre
J'inonderai sans me tarir
L'abîme où j'entre.

de Chambley (Haraucourt)
 
Tu étais là

Tu étais là. Si, si, tu étais là. Il faisait froid, et tu m’as réchauffé dans tes bras. Ce n’était pas un rêve, mais des moments réels. Nous étions dans une chambre où il n’y avait que moi et toi.

Je t’ai dit ces mots à l'oreille : « J'adore ta beauté qui m'émerveille. J’admire tes mots qui me gratouillent, et ton joli sourire qui me chatouille. Je ne peux plus me passer de toi. Tu es devenue ma source de joie. Ton amour est plus fort que moi. Ton amour est ma passion et ma foi. Je ne peux pas t’oublier. Ton absence me fait flipper. Il me faudrait un lavage de cerveau pour pouvoir revivre et repartir à zéro ».

Je sens ton souffle tout près de ma bouche. Je n'y tiens plus, il faut que je te touche. Je veux te lécher tes lèvres langoureusement. Je veux qu’on passe des moments d’émerveillement. J'ai une envie folle de t'embrasser. J’ai une envie folle de te caresser. Je veux te sentir, te serrer, te goûter. Je veux me jouir de l’exquise de ta beauté.

Mes mains caressent ton doux visage. Pardonne-moi chérie ! Je ne peux plus rester sage. Mes doigts effleurent ton cou, tes épaules. Mon état d’âme s’agite doucettement et s’affole. Je caresse ta joue en te regardant fixement. Mon visage s’approche du tien pianissimo. Graduellement, s’accroissent mes chaleurs. Graduellement, je passe à la vitesse supérieure.

Ton odeur éblouit mes profondeurs. Tes beaux yeux chavirent mon cœur. Pardonne-moi chérie ! Je ne peux plus me contenir. Je ne plus capter le frein de mes ardeurs. Sur ta bouche, je pose mes lèvres sentant en moi monter la fièvre. Ma langue autour de la tienne s'enroule, et nos corps sur le lit s’écroulent.

Alors que tu m'embrasses de façon si tendre qui devient si fort, mes doigts nous dévoilent et s’envolent dans ton corps. Découvrant la beauté de tes cheveux, ton ventre et tes seins, et atterrissant à la fin dans le paradis de ton vagin. Ma bouche effleure le chemin par mes doigts couvert. Mes lèvres se régalent de la savoure de ton corps découvert. Je mets ma tête entre tes cuisses ouvertes. Je plante ma langue et lèche ta vulve qui tremblote.

Tes doigts dans mes cheveux m'incitent à faire mieux. Mes suçages s’animent et te transportent aux cieux. Tu pousses des petits cris et ta respiration s’accélère. Tu fais des secousses comme des tremblements de terre. Alors que ma langue suce ton clitoris, te servant d'une main, tu as titillé mon pénis. Mon corps brûlant s’enflamme, s’explose. J’enfonce mon sexe dans le tien pour un plus d’extase.

Ivresse de l'âme. Overdose de jouissance. Nos corps sont en effervescence. Nos sexes s’unissent en puissance. Nos chairs se soudent, nos sueurs se mélangent, et nos sexes se resserrent. Je me sens aux nuages, je me sens qu’il n’y a que moi et toi dans cet univers. Mon âme tremble et s’agite sous l’effet des délices de tes jardins du désir en espérant qu’il dure le plus longuement possible ce moment de plaisir.

L'auteur peut être tout sauf moi... je n'écris pas ça moi :-D
 
Aimons, foutons, ce sont plaisirs
Qu'il ne faut pas que l'on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l'âme a de plus rare.
D'un vit, d'un *** et de deux cœurs,
Naît un accord plein de douceurs,
Que les dévots blâment sans cause.
Amarillis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose
Foutre sans aimer ce n'est rien.

La Fontaine
 
Aimons, foutons, ce sont plaisirs
Qu'il ne faut pas que l'on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l'âme a de plus rare.
D'un vit, d'un *** et de deux cœurs,
Naît un accord plein de douceurs,
Que les dévots blâment sans cause.
Amarillis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose
Foutre sans aimer ce n'est rien.

La Fontaine

chaaaaaaaaaaaaaaaud :eek:
 
LA SOLITAIRE

Dans le fauteuil bleu, large comme un lit,
Aux bras enlaçants comme une caresse,
Elle est toute nue et toute en ivresse,
Devant la candeur du miroir poli.
Un signe coquet qui semble un grain d'orge,
Tressaille et tressaute en brusques élans,
Entre ses deux seins gonflés et brûlants,
Ses cheveux défaits roulent sur sa gorge.
Le cou renversé, le flanc qui se tord,
Les jarrets tendus, ses cuisses ouvertes,
Tout son corps se cambre, et ses doigts alertes
Fouillent l'ombre rose où frise de l'or !
Vite ! vite ! et toujours plus vite !
Sa main s'accélère et son bras frémit ;
Ses yeux tournoyants sont clos à demi
Et son ventre blanc s'élève et palpite !
Vite ! encor plus vite ! un rauque soupir !
Un sourire étrange ! Elle a rendu l'âme...
Et sa main s'arrête, et sa chair se pâme;
Son souffle pressé paraît s'assoupir...
Plus rien ! Le silence ! Elle est toute pâle !...
Soudain, le désir la reprend, la tient.
Sa hanche se crispe et sa main... revient.
Vite ! vite ! vite ! et vite !... Elle râle !
Le soir tombe ; et tout d'ombre se remplit.
On ne perçoit plus que des profils vagues...
A peine peut-être un reflet de bagues
Éperdument tremble au miroir poli!...

Louis MARSOLLEAU, 1920
 
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