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Le vrai du faux. La moitié des personnes interpellées à Paris, Lyon et Marseille sont-elles des étrangers ?
Le vrai du faux. La moitié des personnes interpellées à Paris, Lyon et Marseille sont-elles des étrangers ?
Le président du parti Les Républicains Eric Ciotti a fait le lien entre immigration et délinquance, pendant le 8h30 de franceinfo mercredi 14 juin. Mais il s'appuie sur des chiffres qui posent question et doivent être pris avec beaucoup de prudence.
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Chiffres à relativiser
Cependant, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes parce qu'ils ne donnent pas une vision exhaustive de la délinquance. D'abord, Gérald Darmanin disait aussi que beaucoup de délinquants étrangers étaient des multirécidivistes, certaines personnes ont donc pu être interpellées plusieurs fois pendant la même période et être comptées plusieurs fois par les autorités, ce qui fausse les pourcentages donnés.
De la même façon, il est possible que plusieurs personnes aient été interpellées pour les mêmes faits, les chiffres des interpellés ne correspondent donc pas forcément aux chiffres des délits et des crimes. A l'inverse, toutes les infractions ne donnent pas lieu à des interpellations.
Mais surtout, comme le dit Eric Ciotti, ces chiffres ne parlent que des personnes "mises en cause", qui n'ont pas été condamnées – soit parce qu'elles attendent leur procès, soit parce qu'elles n'ont pas été poursuivies – donc, potentiellement, dans ces 40% ou 50% d'étrangers parmi les personnes interpellées, il y a des dizaines d'innocents. Et de fait, la part des étrangers parmi les condamnés est largement inférieure. Selon le ministère de la Justice, en 2022, les étrangers ne représentaient que 16% des condamnés.
Délinquance liée à la pauvreté
Il est aussi important de donner un éclairage sur ce qui est reproché à ces étrangers condamnés. Selon l'Observatoire international des prisons, 99,6% des condamnations d'étrangers concernaient des délits, et non des crimes. Selon l'Insee, en 2019, les étrangers sont surtout mis en cause pour des atteintes économiques et financières, comme le travail clandestin, la contrefaçon, et pour des vols.
Une délinquance "typique des milieux populaires", selon l'Institut convergences migrations qui dépend du CNRS, liée au manque d'argent et de moyens plutôt qu'à la nationalité. C'est aussi la délinquance la plus visible et la plus réprimée.
Plusieurs études montrent par ailleurs que les étrangers sont d'une part davantage contrôlés par les forces de l'ordre, et d'autre part plus sévèrement condamnés par la justice. Selon l'Insee, 31% des condamnés étrangers font de la prison ferme, contre 22% des condamnés français.