Salam,
L'apostasie a déjà fait l'objet de nombreux débats sur ce forum.
Religieusement, d'abord: les quatre écoles majeures de jurisprudence islamique estiment que la peine de mort pour l'apostasie est applicable. Leur source n'en est pas le Coran mais un hadith rapporté par Ibn`Abbâs qui aurait entendu le Prophète dire : « Quiconque change sa religion, tuez-le. »(rapportés par al-Boukhari).
Historiquement, à présent, l'acceptation de l'apostasie est née de ce qu'on a nommé en Islam un "consensus tacite", suite à la guerre menée part Abu Bakr au lendemain de la mort du Prophète contre les tribus qui avaient renoncé à l'Islam. Bien que ce fait ne soit pas légitimé dans le Coran, les premiers musulmans n'y ont pas opposé de contestation, attribuant au combat du premier calife un agrément tacite qui a été considéré dans la théologie comme une voie acceptable d'aval.
Moralement, enfin, il est clair que l'apostasie est contraire au verset "pas de contrainte en matière de religion", et moralement inacceptable. Pour en comprendre la manifestation historique, il faut se rappeler qu'à l'époque du Prophète, l'islamicité était le constituant de l'appartenance à la communauté naissante, le ciment de l'identité de celle-ci dans un contexte historique de défense face à une environnement hostile. Toute renonciation à cette appartenance religieuse équivalait à une renonciation à l'appartenance à la communauté, et, de ce fait, assimilée à un passage à l'ennemi, à une désertion. Laquelle était punie de mort selon les rites de l'époque.
Aujourd'hui, bien entendu, la situation n'est plus la même et les circonstances qui ont prévalu à l'application de cette sentence ont totalement disparu. Il est clair que l'esprit du Coran ne plaide pas pour la mise à mort de l'apostat. A nouveau, il s'agit de distinguer les circonstances historiques et leur influence sur la règle d'époque, pour ne pas tomber dans le piège d'un mimétisme aveugle qui ôterait à la raison le droit de comprendre l'historicité des pratiques.