docteur Manuel et mister Valls
Manuel Valls veut "purement et simplement" supprimer le 49.3, qu'il a pourtant utilisé six fois à Matignon. Pour le candidat, le changement, c'est maintenant.
En écoutant parler Manuel Valls depuis qu'il est candidat à la primaire de la gauche, on peut se demander s'il s'agit bien de l'homme qui fut ministre de l'Intérieur puis Premier ministre sous la présidence de François Hollande. Les changements de position sont fréquents en politique. Mais ceux de Manuel Valls sont tellement spectaculaires qu'on peut se demander s'il n'a pas avalé une potion l'ayant transformé en son double, comme le docteur Jekyll dans le célèbre roman de Robert Louis Stevenson.
Rembobinons la cassette du quinquennat : depuis son entrée au gouvernement, Valls s'est construit un personnage de dur. Il répétait en boucle les mots « fermeté » et « autorité ». Il était prêt à déchirer la majorité pour faire passer la loi travail, la déchéance de nationalité, expulser une collégienne, Léonarda Dibrani, ou faire passer la loi Macron en utilisant l'article 49.3, auquel il a eu recours six fois.
« J'en ai assez de ces discours qui nous divisent »
Un renoncement présidentiel et une candidature plus tard, il a subitement changé son positionnement. Alors qu'Emmanuel Macron décolle et que sa campagne patine, Valls a fait disparaître son personnage autoritaire et droit dans ses bottes. Un personnage qu'il n'estime pas assez attractif pour les électeurs de gauche qui voteront à la primaire. Valls, qui a une licence d'histoire, sait que la gauche n'a jamais gagné une présidentielle en étant dispersée. Il l'a dit dans son discours de candidature à Évry : sa candidature est celle « de la conciliation, de la réconciliation ». « J'en ai assez de ces discours qui nous divisent, qui stigmatisent, là, nos compatriotes musulmans, là, les réfugiés fuyant la guerre », déclarait-il, comme s'il parlait à son ancienne personnalité.
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