K-Maroc
K-Maroc
Une guerre de religion en Syrie
par Rachid Barbouch,
08.03.12
Il y a des moments où il faut arrêter de se voiler la face. Ce qui se passe en Syrie est une guerre de religion qui ne dit pas son nom. Bachar Al-Assad fait partie de la minorité alaouite d'obédience chiite qui forme le clan au pouvoir en Syrie. Et cette minorité n'a jamais cessé de provoquer le courroux des sunnites.
Entre chiites et sunnites, c'est une vieille histoire de conflits religieux. Leurs mésententes dépassent parfois les limites du bon sens au point d'aboutir parfois à la violence. Rappelez-vous qu'il en fut ainsi globalement de la guerre Irak-Iran (sur fond de problèmes de limites frontalières), mais aussi du massacre par Hafed Al-Assad d'à peu près 20 000 musulmans sunnites.
La cohabitation entre ces deux tendances de l'Islam n'a pas toujours été facile par le passé et l'est encore moins de nos jours. À Bahreïn, c'est presque le même problème qu'en Syrie, sauf que cette fois-ci, ce sont les chiites majoritaires qui cherchent à renverser le monarque qui fait partie de la minorité sunnite.
Bizarrement, tout le monde a fermé les yeux sur ce qui s'est passé à Bahreïn où la répression a été d'une férocité inouïe. Même la très controversée chaîne d'Al Jazeera (propriété du Qatar) a soigneusement évité d'en parler. Le Qatar ainsi que l'Arabie Saoudite (deux pays sunnites) ont tous les deux envoyé des militaires et des policiers pour réprimer dans le sang les manifestations.
Le régime syrien est connu pour être un allié stratégique de l'Iran (pays par ailleurs très majoritairement chiite) et du Hezbollah. Et c'est une donnée qui ne plaide guère au niveau international en faveur de ce régime pourtant officiellement laïc et protecteur des minorités druzes, chrétiennes et jusqu'à il y a quelques mois des sunnites.
Un conflit généralisé entre les sunnites et les chiites n'est plus qu'une crainte : c'est une réalité qu'on constate d'ailleurs encore en Irak où à chaque fois les sunnites visent par des attentats à la bombe les chiites (et vice versa).
La situation explosive en Syrie fait craindre ainsi pour de nombreux observateurs une amplification des attentats en Irak. Le chef du Hezbollah a laissé entendre ces derniers jours que si les sunnites viennent à renverser le régime syrien, des fleuves de sang couleraient en Irak.
Existe-t-il donc une possibilité de dialogue pour éviter une effusion inutile de sang entre les frères ennemis ? Oui, mais il faut qu'il y ait une volonté internationale pour régler ce problème dans le calme. Or beaucoup de puissances ont intérêt à ce que l'allié de l'Iran soit anéanti ou tout au moins fortement affaibli.
http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2012/03/08/une-guerre-de-religion-en-syrie_1654486_3232.html
par Rachid Barbouch,
08.03.12
Il y a des moments où il faut arrêter de se voiler la face. Ce qui se passe en Syrie est une guerre de religion qui ne dit pas son nom. Bachar Al-Assad fait partie de la minorité alaouite d'obédience chiite qui forme le clan au pouvoir en Syrie. Et cette minorité n'a jamais cessé de provoquer le courroux des sunnites.
Entre chiites et sunnites, c'est une vieille histoire de conflits religieux. Leurs mésententes dépassent parfois les limites du bon sens au point d'aboutir parfois à la violence. Rappelez-vous qu'il en fut ainsi globalement de la guerre Irak-Iran (sur fond de problèmes de limites frontalières), mais aussi du massacre par Hafed Al-Assad d'à peu près 20 000 musulmans sunnites.
La cohabitation entre ces deux tendances de l'Islam n'a pas toujours été facile par le passé et l'est encore moins de nos jours. À Bahreïn, c'est presque le même problème qu'en Syrie, sauf que cette fois-ci, ce sont les chiites majoritaires qui cherchent à renverser le monarque qui fait partie de la minorité sunnite.
Bizarrement, tout le monde a fermé les yeux sur ce qui s'est passé à Bahreïn où la répression a été d'une férocité inouïe. Même la très controversée chaîne d'Al Jazeera (propriété du Qatar) a soigneusement évité d'en parler. Le Qatar ainsi que l'Arabie Saoudite (deux pays sunnites) ont tous les deux envoyé des militaires et des policiers pour réprimer dans le sang les manifestations.
Le régime syrien est connu pour être un allié stratégique de l'Iran (pays par ailleurs très majoritairement chiite) et du Hezbollah. Et c'est une donnée qui ne plaide guère au niveau international en faveur de ce régime pourtant officiellement laïc et protecteur des minorités druzes, chrétiennes et jusqu'à il y a quelques mois des sunnites.
Un conflit généralisé entre les sunnites et les chiites n'est plus qu'une crainte : c'est une réalité qu'on constate d'ailleurs encore en Irak où à chaque fois les sunnites visent par des attentats à la bombe les chiites (et vice versa).
La situation explosive en Syrie fait craindre ainsi pour de nombreux observateurs une amplification des attentats en Irak. Le chef du Hezbollah a laissé entendre ces derniers jours que si les sunnites viennent à renverser le régime syrien, des fleuves de sang couleraient en Irak.
Existe-t-il donc une possibilité de dialogue pour éviter une effusion inutile de sang entre les frères ennemis ? Oui, mais il faut qu'il y ait une volonté internationale pour régler ce problème dans le calme. Or beaucoup de puissances ont intérêt à ce que l'allié de l'Iran soit anéanti ou tout au moins fortement affaibli.
http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2012/03/08/une-guerre-de-religion-en-syrie_1654486_3232.html