Violences policières : après les rappels à l’ordre du gouvernement, une nouvelle enquête judiciaire
L'homme, couché sur le ventre et déjà menotté, crie de douleur quand le policier lui appuie son genou sur le bras.
Alors que l’exécutif a infléchi son discours sur les violences policières, une nouvelle enquête a été ouverte dimanche après la diffusion de vidéos montrant un manifestant frappé au sol par un policier la veille
« On ne fait pas de croche-pied à l’éthique », avait déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lundi
lors de ses vœux à la police nationale. Malgré les appels à l’"exemplarité", des vidéos montraient
un homme au visage ensanglanté se faire frapper au sol par un policier lors de son interpellation durant la manifestation des gilets jaunes samedi. Une enquête judiciaire a été ouverte dimanche après la diffusion de ces vidéos, selon le parquet de Paris.
Signe que le message du président
Emmanuel Macron appelant mardi à « aucune complaisance » devant des « comportements pas acceptables », a été entendu, il a fallu moins de 24 heures pour qu’une enquête administrative soit ouverte.
Une enquête confiée à l’IGPN
Concomitamment dimanche, le parquet de Paris et la préfecture de police ont annoncé, le premier une enquête pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » confiée à l
'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et la seconde une enquête administrative diligentée par le service d’évaluation et de contrôle.
La diffusion des vidéos d’un manifestant au visage ensanglanté, au sol, couché sur le dos, menottes aux mains, frappé à coups de poing par un policier a vite ému au-delà des réseaux sociaux. La scène s’est déroulée samedi à Paris lors de la manifestation des gilets jaunes. Sur un autre angle, filmé par l’AFPTV autour de 14h30, l’homme, couché sur le ventre et déjà menotté, crie de douleur quand le policier lui appuie son genou sur le bras.
L’exécutif bannit le terme « violences policières »
La mort le 3 janvier à Paris d’un livreur lors d’un contrôle routier houleux, après une immobilisation au sol, puis l’image d’un croche-pied d’un policier à une jeune femme à Toulouse, et celle d’un
tir de LBD à bout portant à Paris avaient relancé les critiques sur les violences policières qui émaillent depuis plus d’un an les manifestations de gilets jaunes.
L’exécutif, qui continue de bannir de son vocabulaire le terme « violences policières », a décidé de s’attaquer au sujet et de réagir plus vite. Mais entre sanctionner immédiatement tout dérapage et ne pas stigmatiser les forces de l’ordre éreintées par des mois de maintien de l’ordre, l’exercice est compliqué.
« Je refuse que l’on jette l’opprobre sur nos policiers »
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a défendu dimanche sur BFM l’action du gouvernement et des autorités policières et judiciaires : « Il y a beaucoup de saisines, beaucoup d’enquêtes qui sont en cours actuellement, de transmissions au parquet qui ont été réalisées. »
À Paris, au moins trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour des violences policières commises le 9 janvier lors de la manifestation contre la réforme des retraites. Fin octobre, le ministère de l’Intérieur recensait 313 enquêtes judiciaires pour des violences policières présumées lors des manifestations de gilets jaunes confiées à l’IGPN.