«Demandes plus que particulières»
Outre son rôle dans ce dossier,
Libération est en mesure de révéler une autre affaire embarrassante pour l’avocat et le parti d’extrême droite. En 2019 à Bruxelles, un différend oppose Dubois à un couple de restaurateurs originaire du sud de la France, dont l’établissement accueille régulièrement les députés européens à l’heure du déjeuner, notamment beaucoup d’élus RN. Jusqu’au jour où le propriétaire assène un violent coup de poing à Dubois, qui venait d’entrer. L’incident est vite connu de tous, car d’autres assistants parlementaires ont mené leur enquête : on se refile sous le manteau un échange de mails accablants pour ce père marié de sept enfants. Celui-ci y présente des excuses à la restauratrice, Samantha, au sujet de son fils Giovanni (1), âgé de 17 ans. Dans ce message, Dubois parle de
«quiproquo», en évoquant une
«belle soirée» passée au restaurant avec Giovanni, à qui il aurait tenu des propos
«mêlant humour un peu provocateur sur le ton sérieux, comme [il] l’aime, et qui parfois [lui] joue des tours». Samantha mettra près d’un mois à lui répondre :
«Aucun quiproquo il n’y a, [mon fils] était loin d’imaginer qu’il se retrouverait seul avec toi dans le cadre d’un dîner qui perdurera anormalement. Repas qui, au fur et à mesure de son déroulement, déviera dans des confidences que tu lui feras, où tu mêleras des propositions professionnelles et tes envies d’intimité avec des demandes suggérées puis assumées plus que particulières et indécentes.»
L’échange est d’autant plus incriminant pour Ghislain Dubois qu’un autre élément circule au sein du parti d’extrême droite. Il s’agit d’un enregistrement, dans lequel le jeune Giovanni discute avec une assistante parlementaire de Marine Le Pen, Audrey D., en pleine investigation sur la cause de l’empoignade entre son père et Dubois. On y entend la stupéfaction d’un jeune homme étranger aux intrigues internes du RN devant l’attitude du cadre d’un mouvement qu’il jugeait jusque-là
«normal». Giovanni y raconte la fameuse
«soirée au restaurant» en tête-à-tête avec l’avocat belge, quelques jours avant le coup de poing. L’adolescent et Ghislain Dubois se retrouvent ce jour-là
«vers 19 heures, 20 heures», selon le témoignage du premier, place du Luxembourg, à Bruxelles, pour un verre qui se transforme en dîner, jusqu’à une heure du matin. Giovanni, qui plus tard se lancera dans des études de droit, est venu rencontrer l’assistant parlementaire de Jean-François Jalkh pour causer boulot. Dubois lui a promis un stage et propose de l’emmener à Strasbourg pour une visite du Parlement.