Dans le récit de sa vocation, Paul affirme son indépendance
La défense de Paul commence par un récit de sa vocation, et ce récit diffère notablement de ceux qu’en fait Luc en Ac 9, 12 et 26. Selon Luc, la conversion et l’entrée de Paul dans l’Eglise étaient passés par une série de médiations : le parrainage d’Ananie, un baptême-illumination, une nourriture d’action de grâce (en fait les sacrements de l’initiation chrétienne).
Paul au contraire affirme avec force que sa vocation lui est venue de Dieu seul, qui l’a appelé de façon fulgurante comme les prophètes Isaïe et Jérémie : ‘Dieu m’a mis à part dès le sein maternel et m’a appelé par sa grâce. Il a daigné révéler en moi son Fils pour que je l’annonce aux païens’ (Gal 1,16).
Pour Paul, la révélation reçue a donc été un évènement tout intérieur, survenu sans intermédiaire humain. Après avoir affirmé qu’il est ‘apôtre non de la part des hommes, ni par l’intermédiaire d’un homme (Gal 1,1),’ il narre plus loin sur le ton de la provocation sa conduite après sa conversion : ‘Sans me réclamer d’autorité humaine, sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m’en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas’ (Gal 1,17).
Autrement dit, il revendique son indépendance par rapport tant aux disciples de Jésus qu’aux responsables de Jérusalem issus de la famille de Jésus : Dieu choisit qui Il veut et se révèle à qui Il veut. Pourtant Paul a ressenti la nécessité d’aller rencontrer Pierre à Jérusalem (il lui a fallu tout de même du temps…) : ‘Trois ans plus tard, je suis monté à Jérusalem pour faire enquête auprès de Céphas, et je suis resté auprès de lui quinze jours. Je n’ai pas vu d’autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur’ (Gal 1, 18-19). On ne saura jamais ce que se sont dit alors les deux grandes figures du premier christianisme, mais l’on retiendra que, sans que l’échange ait eu aucun caractère officiel, Paul a fini par réaliser qu’il ne pouvait rien fonder sans se rattacher à ceux qui avaient connu Jésus Christ selon la chair.