Wassila Bourguiba (وسيلة بورقيبة
, née Wassila Ben Ammar en 1912 à Béja et décédée le 22 juin 1999 à La Marsa, est la deuxième épouse du président tunisien Habib Bourguiba et la première dame de ce pays de 1962 à 1986. Elle est alors connue sous le nom de Majda (Vénérable)[1].
Habib Bourguiba épouse Wassila le 12 avril 1962[1], un an après avoir divorcé de Moufida Bourguiba le 21 juillet 1961[2]. Bourguiba la rencontre le 12 avril 1943 alors qu'elle est venue le féliciter de sa libération après cinq ans de détention[1]. Puisqu'elle est issue d'une famille de la bourgeoisie tunisoise[1] qui compte des hommes aussi influents que riches[3], certains ministres tunisois voient dans ce mariage la possibilité de détacher Bourguiba des ministres originaires du Sahel tunisien dont Ahmed Ben Salah. Par ailleurs, le fils de Bourguiba aurait témoigné d'une certaine animosité vis-à-vis de sa belle-mère[2].
Wassila devient peu à peu très influente dans les affaires du palais présidentiel de Carthage même si Bourguiba la tient en apparence à l'écart des affaires politiques[1]. Pour l'ancien ministre Tahar Belkhodja, elle est celle « chez qui faisaient antichambre les premiers ministres et tous les collaborateurs du président »[1]. Elle sera aussi le principal artisan de l'installation à Tunis du quartier général de l'Organisation de libération de la Palestine, et de son chef Yasser Arafat, après leur évacuation de Beyrouth en 1982[4]. Bourguiba, vieillissant et malade, lui remet de plus en plus de responsabilités dans les affaires de l'État. Wassila est alors omniprésente puisqu'elle est « branchée en permanence sur les conversations téléphoniques »[5].
Habib Bourguiba annonce le divorce par un simple communiqué, le 11 août 1986[6], alors que son épouse se soigne depuis plusieurs mois aux États-Unis. Elle s'installe par la suite à Paris. Au lendemain de la destitution de son ex-mari, la presse tunisienne annonce qu'elle avait adressé au nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali un message « exprimant sa confiance en la nouvelle direction politique » et « sa satisfaction pour les égards rendus à l'ancien président ». Après deux ans et demi d'absence, elle regagne définitivement la Tunisie en juillet 1988[7].
Contrairement à la première épouse du président, elle n'est pas inhumée dans le mausolée Bourguiba à Monastir[8].