part 2
qu'elles fréquentent dans des lieux publics, sans qu'il n'y ait de toucher. Samira, notre voilée, est pour la protection de la vie privée. Sur ses relations amoureuses, elle ne s'attarde pas trop, sauf pour dire qu'avant le mariage, elle a rencontré beaucoup d'hommes qui ne voulaient pas que du halal, mais qu'elle n'a jamais été tentée par la zina. Elle est aujourd'hui mariée, a deux enfants, le prototype de la bonne musulmane qui vit sa vie contemporaine avec un Coran de poche et Kinet Lehlal comme boussole.
L'art du foulard
Zineb, 25 ans, étudiante à la fac, affiche un sourire jusqu'aux oreilles, couvertes par un foulard rose bonbon très tendance, effiloché en bas et un tantinet transparent, juste assez pour deviner son balayage blond. Un rose assorti à sa ceinture, à ses talons, et au fil qui pendouille à son téléphone. Amours voilées lui a plu, même si la fin du film est triste pour Batoul, meskina". Zineb est contente de ne pas être venue avec son copain. Ça l'aurait mise mal à l'aise. Peut-être parce que certaines scènes lui ont rappelé des bisous échangés dans l'angoisse de se faire surprendre. Pour les étreintes, Zineb libère une ou deux après-midi, quand elle peut, et part avec son amoureux squatter les apparts d'amis bienveillants. Mais attention, la jeune femme est vierge et tient à son bout de chair. Pas d'attouchements sous la ceinture, ou alors juste men fouk seroual, comme elle nous lexplique. Par contre, elle enlève son voile dans l'intimité, et trouve ça normal.
Pour le sexologue Aboubakr Harakat, Zineb ferait partie de celles qui mettent du vin dans leur eau, acceptant quelques baisers et caresses, ou se donnent à leur petit ami, poids de la culpabilité compris. Elles se sentent fautives d'avoir transgressé les règles qu'elles se sont fixées, considèrent qu'elles ont succombé à Satan, qu'elles ont commis l'un des plus gros péchés capitaux, la zina. Le degré de culpabilité, comme les écarts que les filles voilées s'octroient, dépend du degré d'endoctrinement de chacune. Il y a culpabilité même quand l'infraction est minime. Certaines culpabilisent à cause de leurs pensées, même si elles ne passent jamais à l'acte, poursuit Aboubakr Harakat. C'est totalement absurde de penser que les rapports hommes/femmes n'existent pas chez les filles voilées. Que je porte le voile ne veut pas dire que je laisserai ma famille décider de mon sort conjugal, je préfère trouver mon mari toute seule, confie Zineb, heureuse de voir sur grand écran un destin qui ressemble un peu au sien, une grossesse et quelques relations sexuelles en moins.
Les fantasmes du macho moyen
Le mythe maroco-urbain veut que la fille voilée soit plus chaude que les autres. Un préjugé aussi parlant que celui des arabes voleurs. Dans la bande à Saïd, potes triviaux aux rires gras, les arguments fusent de tous les côtés. Chacun connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a essayé une mohtajiba, et elles sont bien plus insatiables que les filles normales. Filles normales, cest lexpression utilisée pour parler d'une fille non voilée dans la sphère machiste de ces Oulad Derb. Elles sont plus frustrées que les autres, elles en veulent plus, surtout quand elles sont vierges, lance Larbi, T-shirt moulant, gomina et pectoraux en avant. Elles savent bien que les gars de notre genre ne sont pas tombés de la dernière pluie, alors elles prennent du plaisir et se cassent, en attendant de trouver un brave type à qui elles feront raw daw, qu'elles vont entuber, quoi, comme dans la chanson. Ça fait ricaner ses potes, qui se tapent dans les mains comme après une bonne vieille blague. Chacun y va de son mot en trop, de
qu'elles fréquentent dans des lieux publics, sans qu'il n'y ait de toucher. Samira, notre voilée, est pour la protection de la vie privée. Sur ses relations amoureuses, elle ne s'attarde pas trop, sauf pour dire qu'avant le mariage, elle a rencontré beaucoup d'hommes qui ne voulaient pas que du halal, mais qu'elle n'a jamais été tentée par la zina. Elle est aujourd'hui mariée, a deux enfants, le prototype de la bonne musulmane qui vit sa vie contemporaine avec un Coran de poche et Kinet Lehlal comme boussole.
L'art du foulard
Zineb, 25 ans, étudiante à la fac, affiche un sourire jusqu'aux oreilles, couvertes par un foulard rose bonbon très tendance, effiloché en bas et un tantinet transparent, juste assez pour deviner son balayage blond. Un rose assorti à sa ceinture, à ses talons, et au fil qui pendouille à son téléphone. Amours voilées lui a plu, même si la fin du film est triste pour Batoul, meskina". Zineb est contente de ne pas être venue avec son copain. Ça l'aurait mise mal à l'aise. Peut-être parce que certaines scènes lui ont rappelé des bisous échangés dans l'angoisse de se faire surprendre. Pour les étreintes, Zineb libère une ou deux après-midi, quand elle peut, et part avec son amoureux squatter les apparts d'amis bienveillants. Mais attention, la jeune femme est vierge et tient à son bout de chair. Pas d'attouchements sous la ceinture, ou alors juste men fouk seroual, comme elle nous lexplique. Par contre, elle enlève son voile dans l'intimité, et trouve ça normal.
Pour le sexologue Aboubakr Harakat, Zineb ferait partie de celles qui mettent du vin dans leur eau, acceptant quelques baisers et caresses, ou se donnent à leur petit ami, poids de la culpabilité compris. Elles se sentent fautives d'avoir transgressé les règles qu'elles se sont fixées, considèrent qu'elles ont succombé à Satan, qu'elles ont commis l'un des plus gros péchés capitaux, la zina. Le degré de culpabilité, comme les écarts que les filles voilées s'octroient, dépend du degré d'endoctrinement de chacune. Il y a culpabilité même quand l'infraction est minime. Certaines culpabilisent à cause de leurs pensées, même si elles ne passent jamais à l'acte, poursuit Aboubakr Harakat. C'est totalement absurde de penser que les rapports hommes/femmes n'existent pas chez les filles voilées. Que je porte le voile ne veut pas dire que je laisserai ma famille décider de mon sort conjugal, je préfère trouver mon mari toute seule, confie Zineb, heureuse de voir sur grand écran un destin qui ressemble un peu au sien, une grossesse et quelques relations sexuelles en moins.
Les fantasmes du macho moyen
Le mythe maroco-urbain veut que la fille voilée soit plus chaude que les autres. Un préjugé aussi parlant que celui des arabes voleurs. Dans la bande à Saïd, potes triviaux aux rires gras, les arguments fusent de tous les côtés. Chacun connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a essayé une mohtajiba, et elles sont bien plus insatiables que les filles normales. Filles normales, cest lexpression utilisée pour parler d'une fille non voilée dans la sphère machiste de ces Oulad Derb. Elles sont plus frustrées que les autres, elles en veulent plus, surtout quand elles sont vierges, lance Larbi, T-shirt moulant, gomina et pectoraux en avant. Elles savent bien que les gars de notre genre ne sont pas tombés de la dernière pluie, alors elles prennent du plaisir et se cassent, en attendant de trouver un brave type à qui elles feront raw daw, qu'elles vont entuber, quoi, comme dans la chanson. Ça fait ricaner ses potes, qui se tapent dans les mains comme après une bonne vieille blague. Chacun y va de son mot en trop, de