Position de l’Islam sur la greffe/don d’organes
« Dans l’Islam, il y a deux points de vue qui divergent sur la question : la premier autorise la greffe d’organes car d’une part, celle-ci n’a pas de conséquences néfastes sur la santé du donneur et d’autre part, elle permet de sauver la vie d’une autre personne ; le second prohibe le don d’organes car l’être humain n’est pas ‘propriétaire’ de ses organes. C’est Allah qui l’est. Il n’a donc pas le droit de les donner » nous explique le jurisconsulte, Saïd Kamali.
Cela dit, que la chose soit halal ou haram, M. Kamali ne pense pas qu’il faille chercher dans l’Islam les raisons de la si faible prévalence du nombre de donneurs d’organes au Maroc. Seulement 4 marocains sur 10 millions se déclarent en effet prêt à donner leurs organes après leur décès. A titre de comparaison, ils sont 16 en Tunisie et 400 en France – sur 10 millions d’habitants – à être prêts à consentir à ce ‘sacrifice posthume’. Pour le jurisconsulte, si les donneurs ne sont pas légions au Maroc, c’est tout simplement parce que le « sujet n’est pas encore à la une ».
Plusieurs obstacles
Il faut dire que depuis 1990, seulement 300 greffes rénales ont été réalisées au Maroc; un chiffre dérisoire au regard du nombre de personnes en attente d’une greffe rénale dans le royaume. Pour le Professeur Amal Bourquia, plusieurs raisons expliquent cette situation, à commencer par le manque de moyens « Peu de fonds sont débloqués pour la greffe rénale», déplore la néphrologue et présidente de l’association « Reins », qui a mené l’étude ci-discutée. Et d'ajouter « Il faut aussi relever que l’accès à la greffe est limité par une couverture sociale qui reste insuffisante » (cité par aujourdhui.ma). Le « consentement explicite » constitue également un troisième écueil auquel se heurtent les rares chirurgiens marocains à pratiquer la transplantation rénale. En effet, si au moment du décès, un prélèvement d’organes est envisagé mais que l’équipe médicale n’a pas eu directement connaissance de la volonté du défunt, elle doit alors consulter ses proches. Or, ces derniers, qui sont dans un état de choc, s'opposent souvent catégoriquement au prélèvement.
Pour remédier à l’ensemble de ces problèmes, de l’ignorance « inacceptable » des médecins aux appréhensions infondées de la société civile, le Pr. Bourquia appelle à l’ouverture d’un débat national impliquant l'ensemble des acteurs concernés. En même temps, avec 11.000 patients actuellement sous dialyse, et 3500 nouveaux cas déclarés chaque année, peut-être serait-il temps que le Maroc et la société marocaine se penchent sur ce sujet qui, tôt ou tard, peut toucher n'importe lequel d'entre nous.
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