Michel Barnier à Matignon : le Modem et «l’aile gauche» de la macronie sont «en colère»
«DLC», comme «date limite de consommation», expression utilisée jeudi 5 août dans l’après-midi par le député MoDem Richard Ramos pour prédire l’obsolescence programmée de Michel Barnier à Matignon. Car si la composante droitière (et majoritaire) de la macronie est ra-vie de cette nomination, les bayrouistes (qui font de plus en plus office d’«aile gauche») apprécient très peu de voir leur ennemi juré qu’est la droite LR prendre les manettes, avec la bénédiction du RN qui plus est.
Sur France Info donc, Ramos développait : «Sur les produits alimentaires, dans les supermarchés, il y a une DLC, la date limite de consommation. Alors M. Barnier, si je le comparais à un yaourt, sa DLC va passer la motion de censure immédiate, grâce au RN. Mais sa fin de vie, sa DLC politique, ça sera le budget. J’ai été dans les premiers à dire “la dissolution avant l’été”, on avait souri. Je vois que la DLC jusqu’au budget, vous souriez, eh bah vous verrez que sa durée de vie, ce sera le budget.» Une menace loin d’être anodine tant, par le passé, le MoDem a su se montrer très contrariant pour la macronie lors des débats budgétaires…
«L’aile gauche» veut «juger sur pièces»
Même tonalité du côté de leurs petits copains de «l’aile gauche» d’EPR (ex-Renaissance). «Cette nomination me déçoit et me questionne» : c’est ainsi qu’a réagi Stella Dupont, apparentée au groupe EPR et rare membre restante de cette frange minoritaire du camp présidentiel, à la nomination de Barnier. En Commun, le petit parti qui veut représenter ce bord, a fustigé le choix présidentiel : «Expérimenté, Barnier l’est, et très droitier aussi. Quelle prise en compte des préoccupations écologiques, sociales, démocratiques ?» s’interroge le mouvement qui attend toutefois de voir pour «juger sur pièces».
Un LR à Matignon, ça ne passe pas non plus pour Sacha Houlié, ex-président de la commission des Lois et toujours membre de Renaissance même s’il siège en non-inscrit au Palais Bourbon. «Incompréhension après la nomination d’un Premier ministre issu de LR !» a-t-il déploré, ajoutant : «Ce parti a perdu les européennes, perdu les législatives, reculé en sièges et sauvé beaucoup de députés à la seule faveur du front républicain. Si Barnier applique une politique de coupes dans les services publics, refuse la justice fiscale ou entend imposer les mesures régaliennes des LR, il n’aura pas mon soutien. Pire encore si, comme je le lis, cette nomination se justifie par la stabilité d’un gouvernement suspendu à la bienveillance du RN.»