Les Russes sentent les premiers effets des sanctions occidentales
Dans l'attente d'une crise qui s'annonce majeure, la baisse du pouvoir d'achat, la contraction de certains secteurs et l'accélération de l'inflation commencent à peser sur le quotidien des Russes.
Chute des ventes d'automobiles, indicateurs économiques en berne, défauts de paiement… De nombreux indicateurs et signaux sont au rouge en Russie : par ricochet, les mesures occidentales contre Moscou ont bel et bien commencé à frapper l'économie du pays désormais le plus sanctionné au monde.
« La situation actuelle pourrait sans aucun doute être qualifiée
de la plus difficile depuis trois décennies », a ouvertement reconnu ce jeudi le Premier ministre, Mikhaïl Michoustine, à la Douma, chambre basse du Parlement russe. Devant les députés, il a promis plus de 1.000 milliards de roubles pour soutenir les entreprises et assurer le versement d'aides sociales.
Les ventes de voitures neuves se sont effondrées en mars, chutant de plus de 60 % sur un an. Cela confirme que les sanctions ont d'ores et déjà indirectement touché le pouvoir d'achat des Russes. Dans le secteur des services,
l'indice PMI est passé à 38, en dessous du seuil de 50 annonçant la contraction de l'activité du secteur.
Défauts bancaires et inflation en hausse
Sovcombank est par ailleurs devenue la première banque russe à reconnaître qu'elle ne pourra pas effecteur un remboursement : un paiement d'intérêts de 12 millions de dollars sur des obligations en devises étrangères. Ces risques de défaut bancaire et ces premiers effondrements sectoriels pourraient être autant de signes avant-coureurs d'une conjoncture en berne, les sanctions ayant des effets généraux sur le niveau de vie, les investissements et la croissance.
Dans les rues de Moscou et des villes de province, c'est l'inflation qui, de plus en plus visible, inquiète avant tout la population. La hausse annuelle des prix s'est accélérée à près de 17 % au 1er avril, niveau le plus élevé depuis mars 2015 et loin de la promesse du Kremlin de la juguler à 4 %. Ce chiffre officiel est une chose. La réalité dans les magasins en est une autre.
« Des hausses entre 10 % et 30 % sur la plupart des biens de consommation ! Voire plus », témoigne parmi d'autres Viktor, consommateur rencontré cette semaine à Saransk, ville moyenne à quelque 500 km au sud-est de Moscou. La société de consommation se maintient mais les nuages s'accumulent. « Ce n'est que le début… », entend-on dans les rues en régions et dans la capitale alors que, même parmi les voix officielles, les experts prédisent une grave crise. Elle ne pourrait atteindre pleinement l'économie réelle que cet été ou cet automne.
Dans l'attente d'une crise qui s'annonce majeure, la baisse du pouvoir d'achat, la contraction de certains secteurs et l'accélération de l'inflation commencent à peser sur le quotidien des Russes.
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