Le Pakistan dément fermement être impliqué dans les attaques de Bombay
il y a 6 min
Le ministre pakistanais de la Défense a "fermement affirmé" jeudi à l'AFP que le Pakistan n'était impliqué en aucune manière dans les attaques de Bombay, après qu'un responsable de l'armée indienne eut assuré que les assaillants venaient de ce pays.
Nous sommes tout à fait affirmatifs: le Pakistan n'est pas impliqué", a déclaré le ministre, Ahmed Mukhtar, dans un entretien téléphonique.
Les auteurs des attaques coordonnées menées depuis mercredi soir dans la capitale économique de l'Inde, et qui ont fait au moins 125 morts, "sont originaires de l'autre côté de la frontière et peut-être de Faridkot, au Pakistan", a affirmé un peu plus tôt à la presse à Bombay le général R.K. Hooda, qui conduit l'opération armée contre les islamistes retranchés dans deux hôtels de luxe.
Le Premier ministre indien Manmohan Singh avait affirmé auparavant que les attaques coordonnées de mercredi soir avaient été menées par un groupe basé "en dehors" de l'Inde, invoquant des Etats "voisins".
"Par le passé, ils (les responsables indiens) avaient déjà réagi de la sorte lors de précédentes attaques, mais il a été ensuite prouvé qu'ils avaient tort", a estimé le ministre pakistanais de la Défense.
"Notre expérience du passé nous enseigne que l'on devrait se garder de tirer des conclusions hâtives", avait auparavant déclaré le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, depuis l'Inde, où il se trouve pour des pourparlers de paix entre les deux puissances nucléaires de l'Asie du Sud, qui se sont affrontées dans trois guerres depuis leur création en 1947.
Il répondait à M. Singh, lequel venait de promettre publiquement que son pays ne tolérerait plus que des Etats "voisins" permettent l'utilisation de leurs territoires pour des attaques en Inde.
Le Pakistan est fréquemment accusé par son rival d'être toujours derrière les attentats perpétrés sur son sol, ou au moins de soutenir les groupes qui les commettent.
En retour, Islamabad dénonce régulièrement des tentatives de déstabilisation de la part de son puissant voisin.
Depuis 2004, l'Inde et le Pakistan sont engagés dans un laborieux processus de paix.
"Nous devons rester calmes, sereins et nous soutenir mutuellement", avait ajouté M. Qureshi, invoquant une menace terroriste "globale" qui doit être affrontée "collectivement".
Jeudi également, un porte-parole du Lashkar-i-Tayyiba, l'un des groupes armés islamistes basés au Pakistan et luttant contre la présence indienne au Cachemire, a affirmé à l'AFP que son mouvement n'était pas impliqué dans les attaques coordonnées de Bombay.
Ces attaques ont été presque aussitôt revendiquées par un groupe islamiste jusqu'alors inconnu, les Moujahidine du Deccan, du nom d'une région indienne.
Jeudi, un haut responsable des services de renseignement russes a également affirmé que certains des assaillants de Bombay étaient liés à Al-Qaïda, évoquant le Lashkar-i-Tayyiba, qui leur aurait fourni un entraînement dans des camps à la frontière entre le Pakistan et l'Inde.
Le réseau d'Oussama Ben Laden, grâce à l'aide des talibans pakistanais, a reconstitué ses forces dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, où l'armée pakistanaise les combat.
En représailles, le Pakistan est lui-même en proie, depuis juillet 2007, à une vague sans précédent d'attentats, qui ont fait plus de 1.400 morts en 16 mois, et perpétrés par les talibans pakistanais proches d'Al-Qaïda.
"Dans notre pays aussi, de tels drames surviennent, et nous sommes engagés dans la guerre contre le terrorisme", a rappelé le ministre pakistanais Ahmed Mukhtar