Description du croyant (Al Hasan Al Basrî)
Al Imâm Abul Faraj Ibn Al Jawzî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) rapporta que le Shaykh Salamah Ibn 'Âmir (qu'Allâh l'agrée) a dit :
« Nous fîmes la prière du vendredi avec Al Hasan Al Basrî (qu'Allâh l'agrée) et lorsque nous terminâmes, nous nous regroupâmes autour de lui ; il se mit alors à pleurer d'une manière intense, on lui demanda : « Que t'arrive-t-il ? qu'Allâh te fasse miséricorde ! Alors que durant ton sommeil le Paradis t'a été annoncé ? »
Ses pleurs devinrent plus intenses et il dit :
« Et comment ne pleurerais-je pas alors que si l'un des compagnons du Prophète, qu'Allâh prie sur lui et le salue, entrait par cette porte de la mosquée, il ne reconnaîtrait que la direction vers laquelle [on se tourne pour prier]. »
Puis il ajouta :
« Loin s'en faut ! Les souhaits ont fait périr les gens, ont donné des propos sans actes, une connaissance sans patience et une foi sans certitude ; pourquoi vois-je des hommes et ne vois-je pas d'esprit, et entends-je des bruits légers et ne vois-je ni monture ni compagnon ? Par Allâh ! Les gens sont entrés puis sont sortis, ils ont su et ils ont blâmé, ils ont interdit puis ils ont rendu licite. Certes, la religion de l'un d'entre vous est [semblable à un ] brin de paille sur sa langue, si on lui demandait : Crois-tu au Jour de la rétribution ? Il répondrait ; Oui ! Par le Maître du Jour de la rétribution ! Il ment.
Certes, parmi les comportements du croyant, il doit avoir une force dans la religion, une fermeté accompagnée d'une douceur, une foi accompagnée d'une conviction, une science accompagnée d'une indulgence, une indulgence accompagnée d'une science, une intelligence accompagnée d'une douceur, une belle apparence tout en étant pauvre, une richesse accompagnée d'une modération, des dépenses accompagnées d'une sollicitude, une miséricorde envers celui qui est essoufflé, l'acquittement des droits [d'autrui], une rectitude accompagnée d'une équité ; il n'est pas injuste envers celui qu'il hait, il ne commet pas de péchés afin d'aider celui qu'il aime, il ne calomnie pas, il ne fait pas de clins d'œil, il ne dénigre pas, il ne tient pas de propos futiles, il ne se divertit pas et il ne s'amuse pas, il ne sème pas la discorde, il ne convoite pas ce qui ne lui appartient pas, il ne nie pas les droits qui sont à sa charge, il ne dépasse pas la limite dans les quantités, il ne se réjouit pas de la turpitude dont est atteint autrui et il n'éprouve pas de plaisir lorsqu'un malheur atteint autrui.
Le croyant fait preuve de recueillement dans sa prière, il s'empresse de s'acquitter de l'aumône légale. Ses propos sont une guérison, sa patience est une piété, son silence est une réflexion, son regard est une leçon. Il fréquente les savants afin d'apprendre, il se tait lorsqu'il est avec eux, afin d'être sain et sauf. Il parle afin de rapporter un butin, s'il se comporte bien, il se réjouit, et s'il se comporte mal, il demande pardon [à Allâh].
Si on lui fait des reproches, il cherche à contenter, si on se moque de lui, il fait preuve d'indulgence, s'il subit une injustice, il patiente, si on l'opprime, il s'éloigne, il ne cherche de protection qu'auprès d'Allâh, il ne demande l'aide que d'Allâh. Il est posé lorsqu'il est en public, il est très reconnaissant lorsqu'il est seul, il est satisfait de ce qu'il possède, il loue Allâh pour l'aisance. C'est un patient lors des malheurs, le désespoir ne l'atteint pas et il n'est pas vaincu par l'avarice. S'il s'assoit avec ceux qui font du vacarme, on l'inscrit parmi ceux qui invoquent [Allâh], et s'il s'assoit avec ceux qui invoquent [Allâh], on l'inscrit parmi les insouciants.
Le croyant a un visage souriant, un bon comportement, il est bienfaisant et généreux, il est clément et entretient ses liens de parenté ; on coupe les liens de parenté avec lui et lui, il les entretient, on lui fait du mal et il supporte, on l'humilie et il honore, il est un grand patient lors des malheurs et il supporte les différents préjudices ; la vie terrestre n'a aucune valeur pour lui, c'est pour cela qu'il n'y construit pas de demeure et qu'il n'y change pas de vêtements, il a une bonne confiance [en Allâh] et il ne pense pas du mal d'Allâh.
Le croyant est paisible, tendre, pieux, pur, vertueux, satisfait, il ne se fait pas piquer deux fois par un même terrier, il est pâle, il a les cheveux ébouriffés, il convoite peu, il est intelligent en ce qui concerne sa religion, et il est niais en ce qui concerne sa vie terrestre.
Le croyant est très respectueux, généreux avec son voisin, il obéit au Tout-Puissant, il fuit les châtiments de l'Enfer, son âme témoigne de la science d'Allâh, ses membres invoquent Allâh, sa main est tendue vers le bien, il se fatigue à faire son examen de conscience et les gens sont à l'abri de lui.
Le croyant est franc s'il promet, il agrée rapidement, il est loin de la colère, il apprend si on l'instruit, il comprend si on lui explique ; celui qui le prend pour ami est à l'abri, celui qui le fréquente y gagne, il a la raison complète, il œuvre beaucoup, il a peu d'espoir, il a un bon comportement, il dissimule sa colère. »
Puis il pleura et fit pleurer. »
Source : Adâb Ush Shaykh Al Hasan Ibn Abil Hasan Al Basrî de l'Imâm Abul Faraj Ibn Al Jawzî (qu'Allâh lui fasse miséricorde).