Le Symorgh
Dans son « colloque des oiseaux« , Farid al-Din Attar, nous conte la parabole du Symorgh, itinéraire de l’homme vers Dieu. Le symorgh, c’est l’oiseau-Roi-soleil, symbole de Dieu.
Cent mille oiseaux se rassemblent pour aller à sa recherche… Certains attachés par leur idolâtrie -le fait d’aimer comme tout ce qui n’est pas le tout- s’y dérobent et s’excusent. Le rossignol sera retenu par l’amour de la rose ; le paon, par les beautés de la terre ; le canard, par son eau, etc… L’initiatrice, la Huppe (qui dans le Coran emmène la reine de Saba à Salomon), fait ressouvenir aux autres que l’amour aime les choses difficiles ; ils éprouvèrent alors le désir d’entreprendre le voyage, le coeur soulevé par la pensée inassouvie du Symorgh.
La route est longue et dure, semée d’embûches, de chutes, de traversées du désert…
A travers mille épreuves, après avoir franchi les sept vallées du désir, de la recherche, de l’amour, de la connaissance, du détachement, de l’unité de l’extase, de l’extinction du moi, trente seulement arrivent au terme de leur pérégrination ; ils parviennent à la septième vallée dans un total dénuement : sans plumes, nus, le cœur brisé, brûlés de corps et d’âme, devenus comme du charbon en poussière.
C’est alors qu’ayant tout donné, toutes choses leur furent rendues. Ils furent admis à contempler la face du Roi. Et voici qu’il leur dévoila le secret de la pluralité et de l’unité des êtres : dans le reflet de leurs propres visages, ces trente oiseaux contemplèrent la face du Symorgh (signifie 30 oiseaux en persan), eux tous ne faisant qu’un, transfigurés par le renoncement à eux-mêmes et à toutes choses. Le Symorgh leur dit :
« Le Soleil de ma majesté est un miroir. Celui qui vient s’y voit tout entier….Quoique vous soyez profondément changés, vous vous voyez vous-mêmes tels que vous étiez déjà…Lorsque vous avez franchi les vallées du chemin redoutable, lorsque vous avez souffert et combattu pour vous dépouiller de vous-mêmes et atteindre la plénitude, vous n’avez agi que par mon action. Anéantissez-vous donc en moi glorieusement et délicieusement, afin que vous vous retrouviez vous-mêmes en moi…«
Attar conclut :
« Les oiseaux s’anéantirent à la fin pour toujours dans le Symorgh : l’ombre se perdit dans le soleil, et voilà tout«
C’est l’accomplissement du Message de l’Islam sur l’Un dans le multiple et le multiple dans l’Un, sur le dépouillement individuel dans la résurrection de la vie éternelle.