Dioxyde de titane et cancer
En 2006 le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le dioxyde de titane (TiO₂) comme
cancérogène possible pour l’homme (Groupe 2B) et ce, toutes tailles confondues : l’échelle nanométrique est donc concernée mais pas plus ni moins que le TiO2 non nanométrique. Les études considérées pour cette classification portaient sur le TiO₂ sous forme de poudre avec la présomption de risques par inhalation qui concernent d’abord les travailleurs potentiellement exposés.
Poumon
Des études sur les effets toxicologiques à long-terme montrent une toxicité pulmonaire chez le rat, associant une inflammation pulmonaire chronique, une diminution des mécanismes de défense (antioxydants), une altération des cellules, une prolifération cellulaire et une fibrose.
Les données actuellement disponibles, telles qu’analysées par l’Anses
(Anses, 2019), démontrent que le TiO2 peut entraîner des tumeurs malignes chez le rat après une exposition par inhalation. Un niveau de preuve suffisant permet de considérer le TiO2 comme cancérogène avéré chez l’animal au vu des données expérimentales. Chez l’Homme, le caractère cancérogène reste débattu du fait de limites méthodologiques des études épidémiologiques disponibles.
Peau
Pour les produits cosmétiques de protection solaire la peau reste la voie d’exposition majoritaire. En absence de ces informations, il convient de recommander de ne pas utiliser sur une peau lésée les produits cosmétiques contenant les nanomatériaux de TiO2.
Pour tous ces produits cosmétiques, l’utilisation de « sprays » aérosol est courante et il convient donc de considérer la voie aérienne comme une voie d’exposition possible.
L’ANSM recommande également de ne pas utiliser les produits contenant ces nanomatériaux en « sprays » aérosol ou en poudre sur le visage mais également quand les produits précités sont utilisés dans des locaux fermés.
Colon
En septembre 2016, l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avait conclu que les expositions actuelles des consommateurs à l’
additif E171 via l’alimentation ne constituaient pas un risque sanitaire. Toutefois, elle indiquait la nécessité d’études complémentaires, pour définir une dose journalière admissible (dose pour laquelle le consommateur n’encourt aucun risque pour sa santé).
En 2017, une équipe de recherche française a mené des études in vivo chez le rat, afin d’évaluer l’absorption gastro-intestinale et l’impact possible de l’additif E171 contenant une fraction nanométrique de dioxyde de titane par rapport à du TiO2 nanoparticulaires purs
(Bettini, 2017).
Cette étude menée par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) a mis en évidence que l’exposition chronique de rats à l’additif E 171 par voie orale serait susceptible d’entraîner des lésions colorectales précancéreuses. Dans son avis en 2017, l’Anses souligne que, si les résultats présentés dans la publication ne permettent pas, à ce stade, de remettre en cause l’évaluation du E171 menée par l’EFSA, elle met en évidence des effets qui n’avaient pas été identifiés auparavant, notamment des effets promoteurs potentiels de la cancérogenèse.
En 2018, trois publications de Proquin et al.
(Proquin, 2018) ont été rédigées à partir des résultats issus d’une étude in vivo qui s’est intéressée à l’analyse transcriptomique du côlon distal de souris après administration répétée de E171. Les auteurs concluent que le E171 agit sur le côlon par différents mécanismes (réponse immune, inflammation, récepteurs olfactifs et aux protéines G, cycle cellulaire, réparation de l’ADN, métabolisme, récepteurs à la sérotonine, gènes liés au cancer). Certains de ces mécanismes pourraient expliquer comment le E171 pourrait agir sur le développement de cancer colorectal. Les éléments rapportés dans les études de Proquin et al. corroborent les questionnements du E171 soulevés par l’Anses
(Anses, 2017) lors de son analyse de l’étude de Bettini et al., notamment autour des effets promoteurs
(Bettini, 2017).