« Tous ont le visage bouffi, l’œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse : en un mot, un vrai visage de mulâtre. J’étais tenté de l’attribuer au climat, lorsque, ayant été visité le Sphinx, son aspect me donna le mot de l’énigme. En voyant cette tête caractérisée de Nègre dans tous ses traits, je me rappelai le passage remarquable d’Hérodote, où il dit : pour moi, j’estime que les Colches sont une colonie des Égyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus : c’est-à-dire que les anciens Égyptiens étaient de vrais Nègres de l’espèce de tous les naturels d’Afrique ; et dès lors, on explique comment leur sang, allié depuis plusieurs siècles à celui des Romains et des Grecs, a dû perdre l’intensité de sa première couleur, en conservant cependant l’empreinte de son moule originel.
On peut même donner à cette observation une étendue très générale et poser en principe que la physionomie est une sorte de monument propre, en bien des cas, à contester ou éclaircir les témoignages de l’histoire sur les origines des peuples (…) »
Voyage en Syrie et en Égypte, par M.C.F. Volney, Paris, 1787, Tome I, p. 74 à 77.