Le professeur s'explique : « J'ai senti que ça dérapait »
Que s'est-il passé ce fameux 29 janvier dans la salle de classe ?
Le 26, dans le cadre de mon cours d'histoire-géo, j'évoque la fin des Trente Glorieuses causée par la hausse du prix du pétrole, consécutive à la victoire d'Israël dans la guerre du Kippour. Cela a duré trois minutes.
C'est à ce moment-là que votre élève a protesté ?
Non, elle s'est présentée le 29 avec ce tee-shirt et je lui ai demandé de le cacher en lui expliquant que c'était interdit par le règlement. Elle refuse, s'obstine, me répond puis ramasse ses affaires. Je la préviens des conséquences de son geste et lui dis que je ferai un rapport. Elle a quitté la salle de cours.
Quelle a été la réaction des autres élèves ?
Les clashs en cours, cela arrive. Dans le cas présent, c'est un problème d'indiscipline classique. Les élèves ont posé des questions. Je leur ai expliqué que la liberté d'expression était nécessairement réduite au sein d'un établissement. J'ai dit également que le problème palestinien était une cause bien trop grave pour être défendue par des « charlots », des personnes qui ne maîtrisent pas tous les enjeux de ce conflit. Cette parenthèse (l'incident et le dialogue) a duré dix minutes.
Zeyneb vous reproche d'avoir tenu des propos pro-israéaliens dans vos cours...
C'est faux. Je n'ai jamais tenu de tels propos. Dix jours après, elle a été convoquée avec ses parents par la direction. Ce jour-là, elle est venue avec sa mère et un membre du collectif pro-palestinien. J'ai senti que ça dérapait. J'étais en colère et en même temps abasourdi par ces reproches que l'on me faisait. Je m'efforce d'être le plus carré possible dans mes cours, dans le respect de la neutralité politique, idéologique et religieuse. Le collectif a publié un message le lundi sur Internet et tout s'est emballé.
Vous avez rencontré aujourd'hui l'inspectrice d'académie. Comment s'est passée cette entrevue ?
Très bien. J'ai l'impression que l'on me soutient.
Que ressent-on quand on est au cur d'une telle polémique ?
C'est une polémique qui dépasse les frontières. J'ai lu dans la presse et sur Internet des choses fausses. C'était toujours le même son de cloche, celui du collectif. C'est choquant : pour moi, ce problème d'indiscipline doit rester au sein de l'établissement. Tout le monde est venu mettre son nez dans mon travail et raconter n'importe quoi. C'est inadmissible.
Je suis inquiet des conséquences d'une telle affaire. Que se passera-t-il le jour de la rentrée ?
http://www.leprogres.fr/fr/region/l...ur-s-explique-J-ai-senti-que-ca-derapait.html