CHAPITRE SUR LA BATAILLE DU CHAMEAU
Ils sont sortis traînant l'épouse du Prophète (Il s'agit de la Mère des fidèles Aïcha, épouse du Prophète qui était tabou pour tout homme) comme une esclave qu'on vient d'acheter, la dirigeant vers Bassorah:
Ils ont gardé leurs femmes en leurs demeures et ont mis dehors celle qui ne devait jamais se montrer au public. Ils l'ont regardée eux et bien d'autres.
Il n'y avait pas parmi eux un seul homme qui ne m'ait juré obéissance et qui n'ait salué ma désignation, librement et sans y être obligé.
Ils se sont attaqués à mes agents à Bassorah et à d'autres habitants et se sont accaparés du trésor public des musulmans. Ils ont fait mourir lentement une partie des musulmans et en ont tué une autre par perfidie.
Par Dieu, s'ils n'avaient tué qu'un seul musulman par préméditation, sans qu'un crime lui soit reproché, alors l'effusion du sang de toute leur armée aurait été licite. Cela parce qu'ils auraient assisté au crime sans pour autant protester ni l'empêcher par leurs paroles et leurs actes.
Que le nombre de musulmans qu'ils ont tués soit donc estimé au nombre des hommes qu'ils y ont engagés!
Source : Nahjoul Balàghà de 'Ali ibn Abi Talib (rda)
MDRRR quel histoire!!
La bataille du chameau
Lorsqu'il est informé de cela, Ali (radhia Allâhou anhou) ordonne à ses troupes de l'accompagner pour intercepter Aïcha (radhia Allâhou anhâ) et son groupe : Son intention n'est pas de se battre : Il désire la réconciliation; cependant, si son groupe est attaqué, il se défendra.[1]
Parmi les grands Compagnons (radhia Allâhou anhoum) qui sont encore en vie (ceux qui ont participé à la bataille de Badr), très peu acceptent de le suivre. Les habitants de Médine aussi, pour la majeure partie d'entre eux, ne désirent pas partir. Le fils de Ali (radhia Allâhou anhou), Hassan (radhia Allâhou anhou), mais aussi Ouqbah ibnou Âmir (radhia Allâhou anhou) et Abdoullâh ibnou salâm (radhia Allâhou anhou) viennent à la rencontre du Calife et insistent auprès de lui pour qu'il ne quitte pas Médine et qu'il change d'intention. Mais il n'accepte pas de le faire, et, finalement, à la fin du mois de Rabî oul Âkhar de l'an 36, il se dirige vers l'Irak.
De son côté, Aïcha (radhia Allâhou anhâ), à un moment donné, pense à délaisser son action et à retourner à Médine; mais on arrive à la convaincre de ne pas le faire. [2] Finalement, elle et ceux qui l'accompagnent arrivent à Bassora, où des combats les opposent aux forces du gouverneur de la ville, Outhmân ibnou Houneïf (radhia Allâhou anhou). Ils sortent victorieux de la confrontation et s'emparent alors des biens se trouvant dans le bayt oul mâl (Trésor Public) de la ville. Après quoi, Aïcha (radhia Allâhou anhâ) s'adresse aux habitants de Yamâma et de Koûfa pour leur demander de venir la rejoindre afin de la porter assistance. [3]
Arrivé proximité de Koûfa, Ali (radhia Allâhou anhou) apprend ce qui s'est passé à Bassorah : Il demande à Abou Moussa (radhia Allâhou anhou), qui est à la tête de la région, de lui porter assistance; mais celui-ci refuse de s'impliquer et il donc choisit de rester à l'écart de ce qu'il considère être une fitnah (épreuve), au sujet de laquelle le Prophète Mouhammad (sallallâhou 'alayhi wa sallam) a indiqué que les meilleurs étaient ceux qui s'en tenaient le plus éloigné [4]
Ali (radhia Allâhou anhou) envoie alors Hassan (radhia Allâhou anhou) et Ammâr ibnou Yâssir (radhia Allâhou anhou) pour mobiliser les gens de la ville et leur demander de le rejoindre. La population répond en masse : Plusieurs milliers personnes rejoignent les rangs de Ali . [5]
Les deux groupes se retrouvent ainsi face à face et des discussions sont entamées entre eux : Leurs opinions finissent par converger et un accord pacifique est sur le point d'être conclu, étant donné que, de chaque côté, les responsables ne désirent que la réconciliation. [6]
Cependant, cette situation n'arrange pas les affaires de certains : Ceux qui avaient complotés contre Outhmân (radhia Allâhou anhou) et portaient ainsi une part de responsabilité dans son assassinat se rendent compte que, si une réconciliation intervient, Ali (radhia Allâhou anhou) va rapidement essayer de retrouver les coupables de ce crime odieux pour leur faire payer leur geste. Ils se concertent alors pour trouver un moyen de faire échouer l'effort de conciliation : Finalement, ils décident de lancer une attaque de nuit contre le camps de Aïcha (radhia Allâhou anhâ). Ces derniers répliquent pour se défendre; Ali (radhia Allâhou anhou) et les siens (ignorant la manuvre perfide des insurgés), se croyant à leur tour attaqués, se lancent dans la bataille
Et c'est ainsi que, au cours du mois de Djoumâda Al Oukhrâ de l'Hégire 36, se déclenche la première grande lutte fratricide entre les musulmans : Ali (radhia Allâhou anhou) est à la tête de 20 000 soldats et l'armée de Aïcha (radhia Allâhou anhâ) comprend 10 000 hommes de plus. Le combat qui s'engage est féroce et il y a un très grand nombre de victimes, près 10 000 selon certains rapports (5000 de chaque camps). [7]
Ali (radhia Allâhou anhou) exprimera beaucoup de regret et de tristesse par rapport à cette tragédie. A un moment donné, il à l'occasion de rappeler à Zoubeïr (radhia Allâhou anhou) que, de son vivant, le Prophète Mouhammad (sallallâhou 'alayhi wa sallam) lui avait prédit qu'un jour, il lutterait injustement contre Ali (radhia Allâhou anhou). Zoubeïr (radhia Allâhou anhou), se souvenant de ces propos du Prophète Mouhammad (sallallâhou 'alayhi wa sallam), réalise son erreur : Il abandonne le combat et quitte le champs de bataille; mais, peu de temps après, il est tué par traîtrise alors qu'il est en train de dormir. [8]
Des rapports indiquent que Talha (radhia Allâhou anhou) veut également, à un moment donné, interrompre la lutte : Mais il est blessé par une flèche; on le ramène, suite à sa demande, à Bassorah, où il meurt. [9]
Certains parmi le groupe de Ali (radhia Allâhou anhou) réalisent alors que la présence de la mère des croyants (radhia Allâhou anhâ) sur le champs de bataille a pour effet de galvaniser les troupes adverses : Ils décident alors d'essayer, par tous les moyens, de s'approcher de sa chamelle pour forcer celle-ci à s'asseoir. Plusieurs dizaines de combattants parmi les partisans de Aïcha (radhia Allâhou anhâ) sacrifient alors leur vie pour les empêcher de s'approcher. Finalement, après de violents échanges, la chamelle est touchée : Sa chute a un impact considérable sur le moral des troupes de Aïcha (radhia Allâhou anhâ) Cela va entraîner une désorganisation de leur armée suivie logiquement de la victoire de Ali (radhia Allâhou anhou). [10]
Après l'arrêt des hostilités, le Calife ordonne à ce que Aïcha (radhia Allâhou anhâ) soit traitée avec tout l'égard et le respect qui lui est dû, et l'envoie à Bassorah en compagnie de son frère, Mouhammad ibnou abi bakr (radhia Allâhou anhou). Elle y reste quelques temps, puis, au début du mois de Radjab de l'an 36, elle est renvoyée sous bonne escorte et toujours accompagnée de son frère vers Makkah, où elle accomplit le hadj avant de rentrer à Médine. [11]
[1] Réf: " siyarous sahâba" - Volume 1 / Page 271 et "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 234 et 235
[2] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Page 232
[3] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 232 234
[4] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Page 237
[5] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 236 et 237
[6] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Page 238
[7] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Page 245
[8] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 240 à 242
[9] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Page 248
[10] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 243 à 245
[11] Réf: "al bidâya wan nihâya" Volume 7 / Pages 246 et 247