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Depuis que l’on comprend mieux la formation des étoiles, les scientifiques savent que rien, en théorie, ne fait de notre système solaire un solitaire. Mais il manquait l’observation. Elle fut faite dans un petit coin de France, au cœur de la Provence, à l’Observatoire de Saint-Michel… par une équipe franco-genévoise dirigée par Michel Mayor, avec un modeste télescope en préretraite... mais dôté d'un spectrographe puissant et astucieux.
Ces observations sont délicates. Les planètes ne sont pas détectées elles-mêmes, sauf exception, mais Méthode des transits à travers les minuscules perturbations qu’elles infligent à la lumière de leur étoile. Soit en la décalant légèrement en longueur d’onde lors de leurs passages devant et derrière, vu de la Terre. Soit en diminuant très faiblement leur luminosité en masquant une toute petite partie de l’astre en passant devant. Cette dernière technique d’observation, dite du «transit», est celle utilisée par Kepler et une "détection" consiste à observer trois transits d'une même planète.
Entre 1995 et l’an 2000, les traqueurs d’exoplanètes en ont déniché une cinquantaine. Depuis, ils ont dépassé les 500. De plus en plus diverses par leurs tailles, leurs orbites, les étoiles autour desquelles elles tournent. Avec la mise en œuvre de télescopes terrestres dédiés à cette tâche, la mise en orbite de télescopes - l’européen très français Corot et l’américain Kepler, la traque s’accélère encore.
Sur le site web de Kepler, un compteur de planètes s’affiche. Avec seulement 28 confirmée sur les plus de 2000 détectées...
Le bestiaire planétaire du cosmos dépasse les imaginaires des auteurs de science-fiction. Les mondes ne sont pas seulement innombrables - probablement des milliards dans notre seule Galaxie, la Voie Lactée - mais d’une infinie diversité. Des gazeuses comme Jupiter ou Saturne. Des rocheuses comme la Terre ou Vénus. D’autres qui sont faites surtout de glaces. Des chaudes, voires brûlantes, des froides. Des qui frôlent leur étoile - les six planètes de Kepler bouclent leurs orbites en 10 à 47 jours terrestres. D’autres très éloignées sur des orbites ressemblant à celles de notre système solaire. Des orbites quasi circulaires, d’autres dont l’ellipse s’étire très loin du cercle… Lire ici une note sur un système à une planète mais deux... étoiles, comme la fameuse Tataouine, de Star Wars.
Plus les astrophysiciens auront découvert de planètes, plus ils disposeront de cibles pour passer de la détection à l’étude. Avec comme motivation celle de rechercher dans leurs atmosphères des signes de vie. Plus exactement des traces de processus géochimiques qui, sur Terre, ne peuvent s’expliquer que par la vie, comme une atmosphère riche en oxygène. Seuls des télescopes plus puissants, spatiaux et terrestres, actuellement en projet (lire ici pour l'ELT de l'ESO, voir là pour un projet d'interféromètre spatial), pourront réaliser de telles études, d’ici dix à vingt ans.
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/12/lexoplanète-kepler-2-b-est-habitable-nasa.html