Les médias

Le pb n’est pas de n’ecouter que la tele car c’est pareil pour les autres medias.
Le pb c’est de n’ecouter que ce qui nous conforte dans nos idées sans esprit critique et rejeter systematiquement sans analyse les choses à contre courant de notre façon de penser.
Nous vivons dans un monde où tout le monde, même des savants des universitaires des experts en tous genres, sont exposés aux mensonges des médias dominants. Certains sont conscients mais trouvent leur confort et leur intérêt dans cet état des choses. Et d'autres savent réfléchir par eux même, soit en lisant, soit en échangeant avec les autres …… et c’est cela précisément qui gêne les trolls et les dictateurs de la pensée !!!
Snowden a dit : "Vous ne réalisez pas à quel point il est difficile d'exposer la vérité dans un monde rempli de gens qui ne sont pas conscients de vivre dans le mensonge".
 

La violente charge de 3 administrateurs de l'AFP contre l'Etat après l'élection de Fries​


LETTRE OUVERTE Trois membres du Conseil d'administration de l'AFP dénoncent vigoureusement le rôle joué par l'Etat lors de l'élection de Fabrice Fries, en remplacement d'Emmanuel Hoog, comme PDG de l'AFP. Voici la lettre qu'ils ont adressée à Françoise Nyssen, la ministre de la Culture.


Madame la Ministre,

Le Conseil d’Administration de l’Agence France Presse qui s’est réuni les 11 et 12 avril 2018 a élu Monsieur Fabrice Fries en tant que nouveau Président Directeur Général.

Nous avons décidé de vous adresser ce courrier pour vous faire part de notre grand étonnement sur la façon dont ce processus s’est déroulé, de façon contraire à toutes les bonnes pratiques de gouvernance qui conviendraient pour une telle entreprise.

Un comité de sélection composé de sept administrateurs de l’agence, dont un représentant de l’Etat, a été créé en janvier pour mener à bien le travail de préparation du choix du futur président de l’AFP. Ce comité a étudié les six candidatures reçues et a auditionné l’ensemble des candidats. A l’issue de ce travail mené avec tout le sérieux nécessaire, deux personnalités – Monsieur Fabrice Fries et Monsieur Emmanuel Hoog – se sont nettement détachées et le comité de sélection a décidé de soumettre ces deux personnalités au vote du Conseil d’Administration en charge de choisir le futur PDG.

A plusieurs reprises, il a été demandé aux représentants de l’Etat siégeant à cette instance de préciser leurs préférences quant au profil du futur PDG et sur la possible reconduction de Monsieur Emmanuel Hoog à la tête de l’AFP. En effet, compte tenu du rôle prépondérant de l’Etat dans la recherche d’un équilibre financier pour l’agence, il est légitime que celui-ci exprime sa position, tout en veillant scrupuleusement à l’indépendance éditoriale de l’Agence à laquelle nous sommes particulièrement attachés. Nous n’avons reçu aucun signal nous permettant de déduire que Monsieur Emmanuel Hoog n’était pas légitime pour candidater à sa propre succession. Nous en voulons pour preuve les votes des représentants de l’Etat approuvant sans défaut depuis 2010 non seulement les budgets et les comptes annuels, y compris lors du conseil du 10 avril dernier statuant sur les comptes de l’exercice 2017, à la veille de la date de l’élection, mais également sa stratégie fondée sur la priorité donnée à la production vidéo qui a connu de vrais succès sur le plan mondial.

Le lendemain de ce conseil, le 11 avril, c’est-à-dire le jour-même de la réunion du Conseil d’Administration ayant pour objet l’élection du Président de l’Agence, Monsieur Emmanuel Hoog a reçu un appel de votre directrice de cabinet pour lui signifier que l’Etat lui retirait son soutien.
 
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Cette façon de procéder est très choquante sur la forme et sur le fond.

Sur la forme, cette démarche très humiliante à quelques heures du vote, a entraîné le retrait immédiat de la candidature du président sortant. Si nous ne jugeons pas ici du bien-fondé de cette décision de retrait, le respect de la fonction et de la personne aurait nécessité une toute autre forme de conversation. Elle aurait également nécessité que cette conversation ait lieu bien plus tôt et que soient explicitées d’abord à l’intéressé, puis au comité de sélection, et enfin à l’ensemble du Conseil d’Administration, les motivations de l’Etat. Cela aurait également permis à l’Etat de témoigner un plus grand respect pour les administrateurs indépendants de l’Agence, qui ont mis toute leur énergie dans ce processus de sélection, et auraient souhaité pouvoir exprimer leur vote en plein de connaissance de cause.

Sur le fond, cette décision a bafoué toutes les prérogatives du Conseil et a créé un biais définitif sur les débats qui s’en sont suivis. Elle est venue déstabiliser – nous osons espérer que ce ne fut pas à dessein – l’ensemble du processus de sélection du futur PDG, l’Etat prenant ainsi un poids bien supérieur à celui de ses trois voix sur les dix-huit que comptent le Conseil.

En effet, compte tenu des défis auxquels l’AFP est confrontée et de l’importance de l’Agence, le choix du Président qui va conduire ses destinées est un acte d’une très grande importance qui mérite tout le soin et la vigilance nécessaires. Or la décision préemptive, soudaine, et communiquée au dernier moment par l’Etat a entraîné de facto l’absence de possibilité de choix pour le Conseil, Monsieur Fries devenant la seule alternative, chose que les autres administrateurs comme nous-mêmes avons découvert au début même de la séance décisive.

Pour le moins, les représentants de l’Etat auraient pu partager leur analyse des projets des deux candidats, et nous expliquer en quoi le projet de Monsieur Fabrice Fries leur semblait meilleur que celui de Monsieur Emmanuel Hoog. Aucune explication ne nous a été donnée, et nous percevons que le choix de la puissance publique a été plus celui d’une sanction vis-à-vis du président sortant, qu’une adhésion à celui du président finalement élu, même si beaucoup ont feint qu’il en soit autrement. Nous ne mettons nullement en cause le sérieux, la probité et le professionnalisme des représentants de l’Etat au Conseil d’Administration, qui semblaient eux-mêmes bien déstabilisés par ce process chaotique et bâclé et nous avons compris qu’ils appliquaient les consignes qui leur avaient été données. Mais les autres administrateurs ont été - d’une certaine façon - pris en otage, puisqu’il a été clairement exprimé que ne pas voter pour le seul candidat en lice – Monsieur Fabrice Fries – revenait de fait à fragiliser l’Agence.

Après deux tours de scrutin non décisifs, puisque l’élection du Président de l’Agence requiert une majorité qualifiée de 13 voix sur 18, nous avons décidé tous les 3 de nous abstenir au troisième tour de scrutin, car il nous a semblé indispensable que cette instance puisse avoir un véritable choix entre au moins deux projets et au moins deux personnalités. Notre vote n’est en aucun cas un signe de défiance envers Monsieur Fabrice Fries, et nous ne contestons ni la justesse du choix de la commission de sélection, ni les qualités de cette candidature. Mais cette victoire à la Pyrrhus, et sur ordre, n’est pas la bonne solution pour fonder une réelle légitimité future vis-à-vis de toutes les parties prenantes de l’agence.

Par ailleurs, nous avons été sensibles à la position du personnel de l’entreprise qui, lors d’une assemblée générale qui s’est déroulée le matin même du troisième tour de l’élection, le 12 avril, a exprimé à l’unanimité son désir de pouvoir étudier à minima deux projets différents, en laissant le soin à ses 3 représentants au Conseil d’Administration d’exprimer en leur nom cette position très claire.

En effet, la procédure telle que définie par les statuts de l’Agence prévoit qu’à la suite de 3 votes infructueux du Conseil d’Administration (moins de 13 voix sur 18), le Conseil Supérieur de l’Agence se saisisse de la procédure, et propose 2 candidats au Conseil d’Administration qui revote cette fois à la majorité simple. Il nous semble que c’est le propre d’une instance de surveillance que d’aider à la résolution d’une situation aussi particulière et grave. Et faire appel au Conseil Supérieur ne revient en rien à priver le Conseil d’Administration de ses prérogatives puisque c’est à ce conseil que revient in-fine la décision finale.
 
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Malheureusement, malgré nos 3 abstentions, une majorité de 13 voix a exprimé son choix en faveur de Monsieur Fabrice Fries, ce qui ne manque pas de nous surprendre à nouveau, tant les faits décrits plus hauts auraient dû démentir cette arithmétique finale. C’est la beauté du secret du vote, permettant revirements, tractations personnelles, et parfois même trahisons.

Nous souhaitons tirer les leçons de cette séquence électorale, dont on est déjà certain qu’elle a durablement traumatisé le personnel de l’entreprise, à un moment où il doit faire corps pour affronter les défis considérables du présent et du futur.

En ce qui concerne la gouvernance de l’Agence, nous ne pouvons malheureusement pas considérer en l’état que la pluralité affichée des quatre collèges présents au Conseil d’Administration – représentants de l’Etat, représentants des clients, représentants du personnel et personnalités qualifiées –, assure une réelle indépendance de l’agence vis-à-vis de l’Etat. En effet, les deux représentants des médias publics étaient au moment du vote directement impliqués dans les processus d’élection en cours dans leurs propres établissements. Encore une fois, il ne s’agit nullement de mettre en cause la probité de ces représentants, mais comment s’exprimer librement dans ces conditions ? Le PDG de Radio France et celui de l’AFP ont été désignés le même jour, on aurait pu souhaiter un calendrier différent. De plus, les trois représentants de la Presse Quotidienne Régionale et les deux représentants de la Presse Quotidienne Nationale sont appelés à se prononcer – comme clients de l’Agence – alors que l’Etat joue un rôle considérable dans les aides à la filière, et c’est tout à son honneur, et que nous sommes aujourd’hui au cœur d’une crise sans précédent de la filière de distribution. Cette ambiguïté et ces évidents conflits d’intérêt doivent être traités, a minima, dans le cadre de la procédure de désignation du Président de l’Agence. Le prochain vote aura lieu dans cinq ans, il est nécessaire qu’une réforme soit menée dans l’intervalle.
 
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En ce qui concerne la direction de l’Agence elle-même, celle-ci se retrouve concomitamment avec un nouveau président et sans directeur général, puisque l’Etat a décidé de nommer Monsieur Fabrice Lacroix, actuel directeur général, à la direction financière du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il est dommageable que rien n’ait été visiblement anticipé pour assurer une continuité a minima dans un temps raisonnable. Il nous semble dans ce contexte que l’Etat doit être spécialement attentif au sort de la directrice de l’information Madame Michèle Léridon, nommée par le président sortant, qui a montré depuis de nombreuses années l’excellence de son travail unanimement reconnue. Le nouveau président devra présenter sans délai, pour échange avec le Conseil et avant toute décision, la vision de son organisation, sur laquelle il s’est montré pour l’instant extrêmement prudent. Les efforts engagés d’amélioration de la gouvernance de l’Agence devront se poursuivre à travers davantage de transparence et d’échange avec son Conseil d’Administration d’abord et avant tout de la part des représentants de l’Etat.

Concernant le futur de l’Agence, sur la base notamment d’une réforme radicale et historique de l’édifice social de l’entreprise, Monsieur Emmanuel HOOG avait entrepris depuis plusieurs mois des démarches auprès des différents services de l’Etat pour envisager une vraie refondation de la situation financière de l’AFP, moyennant un besoin de dotation qu’il avait estimé à 60 millions d’euros. Cette demande a été considérée suffisamment pertinente par les ministres représentés au Conseil d’Administration pour déclencher une étude de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale des affaires culturelles. Nous n’avons jamais pu savoir autrement que par des bruits et des supputations quelle était la position de la puissance publique sur cette demande semble-t-il assez bien étayée et légitime. En tout état de cause, l’Etat ne peut plus se contenter de jouer les pompiers tous les 6 mois, en effectuant des apports financiers certes significatifs mais conjoncturels qui ne règlent rien sur le fond et plongent chaque année l’Agence dans une situation financière incertaine et peu propice à la bonne marche de l’entreprise. Cette politique de l’autruche empêche l’Agence de se transformer en profondeur en décidant de projets stratégiques décisifs pour son avenir. Elle la fragilise également dans la compétition internationale alors qu’émergent au côté des deux agences internationales historiques Associated Press et Reuters de nouveaux concurrents, notamment en Asie. Il ne faudrait pas que l’éviction du Président sortant soit justifiée par ce refus de voir une réalité certes dérangeante, mais incontournable. L’Agence France Presse a une véritable mission d’intérêt général, et cette mission doit être financée par l’Etat davantage qu’elle ne l’est aujourd’hui – ce que lui permettent d’ailleurs ses statuts. Tirer sur le messager ne fait pas avancer la question, et c’est hélas ce que nous pourrions comprendre des derniers jours vécus.

Vous aurez compris, Madame la Ministre, que cette lettre n’a comme unique objet que de vous alerter sur des faits et une situation qui nécessitent toute votre attention. L’AFP est une entreprise très particulière et très compétente, qui joue un rôle essentiel dans la qualité de l’information en France et dans le monde, et qui porte le rayonnement de notre pays sur toute la planète. Elle mérite plus et mieux de la part de l’Etat, et nous souhaitons que les faits très regrettables et inquiétants que nous avons vécus ces derniers jours, servent au moins à créer une réelle prise de conscience de la gravité et de l’urgence de décisions fortes.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre respectueuse considération.

Julia Cagé

Ingrid Deltenre

François Morinière

Personnalités qualifiées au Conseil d’Administration de l’Agence France Presse

 

Fabrice Fries, un spécimen de la noblesse d’État « élu » à la présidence de l’AFP​


Le 12 avril 2018 Fabrice Fries a été élu PDG de l’AFP par son conseil d’administration au terme du troisième tour de scrutin et bien qu’étant le seul candidat en lice suite au retrait, dès avant le premier tour, de l’autre candidat [1], à savoir le PDG sortant Emmanuel Hoog. Selon une lettre ouverte adressée à la ministre de la culture, ce dernier a reçu, « le jour-même de la réunion du Conseil d’Administration ayant pour objet l’élection du Président de l’Agence, [...] un appel de [la] directrice de cabinet [de la ministre de la culture] pour lui signifier que l’Etat lui retirait son soutien. » [2]
Cette « élection » au déroulement vaudevillesque relève ainsi du coup de force et du coup tordu, en plus de propulser à la tête de l’AFP un spécimen emblématique de la noblesse d’État prévoyant de « gérer » l’AFP avec les recettes du privé.

Un héritier sachant hériter​

L’analyse des origines sociales, des titres scolaires, du parcours professionnel et du « projet » de candidature à la présidence de l’AFP de ce dernier permet tout d’abord d’éclairer l’assurance et le sentiment d’impunité avec lesquels les membres de la classe dominante se distribuent entre eux les postes clés dans les médias, en particulier ceux qui contribuent à la structuration de l’espace médiatique.
Si le nom de Fries n’est presque pas connu, celui de Seydoux l’est nettement plus : cette famille représente la pérennité et la « réussite » de la classe dominante tant elle a investi – à tous les sens du termes – les différents secteurs de l’espace du pouvoir [3].
Comme le rapporte un article des Échos, Fabrice Fries s’inscrit dans cette « dynastie » : sa mère est fille de « François Seydoux, qui fut ambassadeur à Berlin sous De Gaulle et Adenauer et, à ce titre, la cheville ouvrière du traité de l’Elysée ». Une ascendance qui le prédisposait à un parcours scolaire des plus ambitieux, comme le décrit encore Les Échos : « [n]ourri au lait des meilleures institutions scolaires de la République - les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, Ulm, Sciences-po, l’ENA [4] dont il est sorti dans la botte –, [Fabrice Fries est] également passé par Berkeley et Harvard ».

 

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Allers-retours public/privé avec « apothéose managériale »​

À sa sortie de l’ENA en 1986, Fabrice Fries opte pour la Cour des comptes où il est auditeur puis conseiller référendaire. En 1990, il devient conseiller au cabinet de Jacques Delors à la présidence de la Commission européenne et cela jusqu’en 1995. Il y travaille successivement sous la responsabilité de directeurs de cabinet nommés Pascal Lamy (laisse d’or de PLPL en juin 2004) et Jean-Pierre Jouyet (qui deviendra notamment secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy puis secrétaire général de l’Elysée sous François Hollande).

De 1995 à 2002 il fait partie des « Jean-Marie Messier Boys ». Au cours de cette période, Jean-Marie Messier et sa « dream team » rebaptisent la Compagnie générale des Eaux (CGE) en Vivendi, tout en pratiquant une fuite en avant d’achats et de fusions qui aboutissent à ce que le 5 mars 2002, le groupe « annonce une perte nette de 13,6 milliards d’euros , la plus importante jamais affichée par un groupe français et une dette de 28,9 milliards d’euros (Vivendi Environnement inclus) ».

Pendant cette « épopée » de pieds nickelés, la presse dominante française se montre d’une stupéfiante complaisance, pour ne pas dire servilité, à l’égard de Jean-Marie Messier – comme le montre le délicieux dossier d’un journal sardonique. Fabrice Fries est alors l’un des participants les plus assidus de cette « aventure », puisqu’il occupe différentes positions de pouvoir au sein du groupe :

- 1995-1997 : chargé de mission auprès de Jean-Marie Messier à la direction générale, puis à la présidence de la CGE ;

- 1997 : directeur adjoint de la CGE ;

- 1997-1998 : directeur de la prospective et du développement d’Havas ;

- 1998 : directeur général adjoint d’Havas, devenu Vivendi Universal Publishing (VUP) en 1998 ;

- 1999-2002 : chargé du pôle presse de VUP ;

- 1999-2001 : vice-président du conseil de surveillance du Groupe Expansion SA ;

- 1999-2000 : président-directeur général de la Comareg.

2002-2003 : il quitte le Titanic Messier et devient brièvement président des groupes Aprovia et Medimédia, regroupant les ex-pôles d’information professionnelle (Le Moniteur, LSA, Usine Nouvelle, France Agricole, Exposium) et médicale (Vidal, les éditions Masson, Le Quotidien du Médecin) de VUP, cédés à des fonds d’investissement.

En 2003 Fabrice Fries réintègre la Cour des comptes et, fort de ses succès dans le-monde-de-l’-entreprise, il devient chargé de mission par la ministre déléguée à l’industrie sur le système de financement du secteur des jeux vidéo, puis par le ministre de la culture et de la communication sur la régulation et le développement du secteur de la vidéo (sous le gouvernement Raffarin en 2003-2004).

Mais l’appel de la liberté d’entreprendre se fait plus fort que les pesanteurs du service public. Fabrice Fries fait dans un premier temps une « pige » pour le groupe de services informatique Atos Origine [5] avant de rejoindre Publicis Groupe. Il se rode dans cette entreprise publicitaire en tant que secrétaire général pendant deux ans avant de donner toute la mesure de son (immense) talent en tant que président de Publicis Consultants France (poste qu’il occupe de 2008 à 2016).

Mais comme Fabrice Fries est aussi pudique qu’« efficace », il faudra attendre Le Canard enchaîné du 18 avril 2018 pour connaître ses exploits à la tête de Publicis Consultant France. Sous sa présidence en effet :

- le chiffre d’affaire est passé de 88,2 à 36,8 millions d’euros, soit une baisse de 58,3 % ;

- l’effectif est passé de 400 à 170 personnes, soit une baisse de 57,5 % ;

- la société enregistre un déficit de 4,5 millions d’euros en 2016.

« Tout travail mérite salaire » : le palmipède nous apprend que Fabrice Fries a touché 360 000 euros au titre d’une transaction de départ, et 180 000 euros lors des 6 derniers mois, alors que son sort était scellé !

En 2017, il s’en retourne à la Cour des comptes rejoignant ainsi le temple de l’orthodoxie budgétaire dont le président prêche régulièrement la rigueur pour la fonction publique.

 
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Son « projet » pour l’AFP : gérer l’agence comme une boîte de pub​

Le « projet » de Fabrice Fries sera un document passionnant pour les historiens du siècle prochain, car s’y trouve condensée une grande partie des slogans managériaux mis au point pour permettre aux dominants de dominer leurs subordonnés dans une administration, une entreprise privée ou une agence de presse aux missions d’intérêt général. Ainsi des quelques « éléments de langage » relevés dans le texte sacré du normalien-business-man et que les dominants appliquent en 2018 aussi bien à la vente de cornichons que de foulards en soie, en passant par cet autre produit appelé « l’information » :

- « Il n’est pas besoin d’être “embedded” au sein de l’AFP pour savoir qu’on peut y trouver des poches de productivité » ;

- « Le bon sens voudrait que l’offre puisse être davantage segmentée » ;

- « Atteindre de nouveaux clients intéressés par du sur-mesure » ;

- « Proposer du sur-mesure à des clients infiniment plus nombreux que les 5000 cibles du plan de relance » ;

- « La culture de l’innovation doit irriguer l’AFP, avec l’objectif de travailler sur une nouvelle génération de produits et de préparer le chiffre d’affaires de demain, en s’inspirant des bonnes pratiques des sociétés les plus innovantes : constitution de trinômes innovation/rédaction/commerce, expérimentation en lien avec les clients, ouverture à l’écosystème de l’innovation média, conduite de projet “agile”, etc. Une direction de l’innovation doit être mise en place. » ;

- « Transformer la direction commerciale et marketing pour en faire la force de frappe qu’elle n’est pas à ce jour » ;

- « Le meilleur plan de relance ne peut rien sans les talents et les outils qui le portent. » ;

- « Proposer aux commerciaux nouvelles méthodes et nouveaux produits, s’inspirer des méthodes des entreprises qui ont la vente comme ADN. » ;

- « Une des questions clés sera de savoir comment rendre cette direction plus agile, au service de l’innovation que l’on veut renforcer, pour raccourcir notamment les temps de développement. » ;

- « L’AFP devra montrer que son plan de transformation la remet sur de bons rails au point qu’un investisseur privé pourrait en théorie être intéressé de monter à son capital. » ;

- « Les salariés de l’agence sont curieux, ouverts, réfléchissent et aiment leur entreprise : il faut les mettre au cœur de la transformation de l’AFP. » ;

- « Structurer une démarche d’écoute permanente du client » ;

- « La mesure du succès, sur 5 ans, sera le retour de la croissance et des profits ainsi que l’émergence d’une nouvelle génération de produits. » ;

- « J’aurai un fil directeur : l’intransigeance sur la qualité et la recherche constante de la valeur ajoutée. Le président de l’AFP doit mentalement se comporter comme le patron d’une industrie du luxe qui serait assiégée par la contrefaçon. »


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Fabrice Fries patron de l’AFP, un scandale ?

La réponse est dans la question. À bien des égards, cette fausse élection fait écho à la nomination de Sibyle Veil à la tête de Radio France, dont le « projet stratégique » partage, avec celui de Fabrice Fries, un amour inconsidéré pour le privé, la novlangue managériale, les méthodes marketing et la rigueur budgétaire. L’arrivée de ces personnages aux postes de direction de deux maisons-clés du secteur médiatique témoigne d’une prise en main inquiétante de l’information par des hérauts du management. Dénués de tout sens de service public comme de tout attachement au journalisme en tant que mission d’intérêt public, ces deux spécimens de l’entreprise accompagnent, par leurs « visions », le délabrement du paysage médiatique et noircissent davantage le devenir de l’information et de ses conditions de production.


Denis Souchon


Post-scriptum
: Un héritier hérité par son héritage ?


Les lois de la reproduction sociale et de l’héritage symbolique ont-elles pesé dans cette nomination ? Le grand-père de Fabrice Fries, François Seydoux Fornier de Clausonne, fut en son temps « membre du conseil supérieur de l’Agence France-Presse »...

 

Fabrice Fries élu PDG de l'AFP à l'arraché​

Magistrat à la Cour des comptes et ex-président de Publicis Consultants, il succède finalement à Emmanuel Hoog.
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Fabrice Fries, 58 ans, nouveau président de l'AFP à son arrivée le 11 avril 2018 au siège de l'agence, place de la Bourse (Photo Thomas SAMSON. AFP)


A l’arraché, Fabrice Fries a été élu ce jeudi PDG de l’AFP pour cinq ans. Magistrat à la Cour des comptes, l’ex-président de Publicis Consultants, 58 ans, a obtenu les 13 voix du conseil d’administration (sur 18) nécessaires pour être intronisé au troisième de tour de scrutin. Aux deux premiers, il n’en avait réuni que 10, puis 12. Sans le treizième suffrage au troisième et dernier tour, l’élection du nouveau patron de l’agence de presse française aurait été renvoyée à plus tard, et remise entre les mains du Conseil supérieur, une autre structure de gouvernance. Fabrice Fries est donc passé dans un trou de souris. Dans l’après-midi, les salariés de l’AFP, inquiets de la tournure du processus de nomination, ont organisé un débrayage pour manifester leur inquiétude. Ils demandaient le report de l’élection.

Dans la dernière ligne droite, le soutien de l'Etat, qui compte trois administrateurs au conseil, a été déterminant. «Il nous fallait quelqu'un de très business. Le parcours de Fabrice Fries est apparu convaincant», raconte une source proche du dossier. L'homme a fait carrière dans le privé, dans des groupes comme Havas et Vivendi. Il succède à Emmanuel Hoog, qui dirigeait l'AFP depuis 2010. Candidat à un troisième mandat, ce dernier, qui se montrait très confiant sur ses chances en privé, s'est retiré de la course mercredi, à la surprise générale. Une décision prise juste après que le ministère de la Culture l'avait informé que l'Etat ne le soutiendrait finalement pas lors du conseil d'administration prévu le jour même, raconte une autre source. «La situation économique de l'AFP, qui vient de connaître trois pertes successives, n'a pas été jugée satisfaisante, explique une source proche de l'exécutif. Le chiffre d'affaires commercial de l'agence est en baisse depuis 2014.»


L’AFP emploie environ 1500 journalistes dans le monde, sur 2400 collaborateurs. Son chiffre d’affaires annuel tourne autour de 300 millions d’euros, dont 100 millions d’aides de l’Etat et 20 millions de contrats avec les pouvoirs publics. C’est dire si le poids de l’Etat dans sa direction est déterminant.

 

Les journaux les plus subventionnés sont ceux appartenant à des milliardaires​

Alors que le bilan 2016 des aides versées à la presse pour 2016 a été rendu public la semaine dernière, Médiapart a calculé que quasiment la moitié de ces subsides étaient allés à des journaux détenus par 7 milliardaires et une banque.
Ainsi, (Le Parisien, Aujourd’hui en France et Les Échos), journaux possédés par Bernard Arnaud, première fortune de France, touche 12,3 millions d’euros, soit 15 % des aides publiques directes à la presse.

Les titres de Patrick Drahi (Libération, le groupe L’Express, BFM-Business, BFT-TV, RMC), ont reçu plus de 7 millions d’euros en 2016. « Les banques [lui] ont prêté près de 50 milliards d’euros pour se lancer dans une folle boulimie d’achat, notamment dans les télécoms », rappelle le journal en ligne.

Autre exemple, Serge Dassault, via principalement Le Figaro, a obtenu 6,3 millions d’euros.

Autre révélation du journaliste de Médiapart, Laurent Mauduit, l’importance croissante des aides versées par les géants de l’internet Google et Facebook, ainsi que de la Fondation Bill et Melinda Gates, à la presse nationale. Parmi les journaux ayant reçu des financements : Valeurs Actuelles, Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos, Les Inrocks, Paris-Match... L’Agence France Presse, France Télévisions, BFM-TV, 20 Minutes et d’autres sont aussi partenaires de Facebook pour la mise en place d’un système de lutte contre les « fake news », présentant le risque de dériver en « police éditoriale », craint Médiapart.

Analysant ensuite les comptes des journaux les plus aidés, (en particulier Le Monde, Libération et Le Figaro), Laurent Mauduit constate que « sans ces aides publiques et privées, ces groupes seraient en situation de faillite ».

Une meilleure répartition des aides publiques serait nécessaire afin de garantir le pluralisme de la presse, estime Médiapart, qui cite à l’appui de sa démonstration la Cour des Comptes : « Il pourrait être opportun de repenser globalement l’action publique en faveur du pluralisme des médias », indique-t-elle dans son rapport annuel.
 

Les journaux les plus subventionnés sont ceux appartenant à des milliardaires​

Alors que le bilan 2016 des aides versées à la presse pour 2016 a été rendu public la semaine dernière, Médiapart a calculé que quasiment la moitié de ces subsides étaient allés à des journaux détenus par 7 milliardaires et une banque.
Ainsi, (Le Parisien, Aujourd’hui en France et Les Échos), journaux possédés par Bernard Arnaud, première fortune de France, touche 12,3 millions d’euros, soit 15 % des aides publiques directes à la presse.

Les titres de Patrick Drahi (Libération, le groupe L’Express, BFM-Business, BFT-TV, RMC), ont reçu plus de 7 millions d’euros en 2016. « Les banques [lui] ont prêté près de 50 milliards d’euros pour se lancer dans une folle boulimie d’achat, notamment dans les télécoms », rappelle le journal en ligne.

Autre exemple, Serge Dassault, via principalement Le Figaro, a obtenu 6,3 millions d’euros.

Autre révélation du journaliste de Médiapart, Laurent Mauduit, l’importance croissante des aides versées par les géants de l’internet Google et Facebook, ainsi que de la Fondation Bill et Melinda Gates, à la presse nationale. Parmi les journaux ayant reçu des financements : Valeurs Actuelles, Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos, Les Inrocks, Paris-Match... L’Agence France Presse, France Télévisions, BFM-TV, 20 Minutes et d’autres sont aussi partenaires de Facebook pour la mise en place d’un système de lutte contre les « fake news », présentant le risque de dériver en « police éditoriale », craint Médiapart.

Analysant ensuite les comptes des journaux les plus aidés, (en particulier Le Monde, Libération et Le Figaro), Laurent Mauduit constate que « sans ces aides publiques et privées, ces groupes seraient en situation de faillite ».

Une meilleure répartition des aides publiques serait nécessaire afin de garantir le pluralisme de la presse, estime Médiapart, qui cite à l’appui de sa démonstration la Cour des Comptes : « Il pourrait être opportun de repenser globalement l’action publique en faveur du pluralisme des médias », indique-t-elle dans son rapport annuel.
La question est : quel média n’appartient il pas aux milliardaires ?
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Les journaux les plus subventionnés sont ceux appartenant à des milliardaires​

Alors que le bilan 2016 des aides versées à la presse pour 2016 a été rendu public la semaine dernière, Médiapart a calculé que quasiment la moitié de ces subsides étaient allés à des journaux détenus par 7 milliardaires et une banque.
Ainsi, (Le Parisien, Aujourd’hui en France et Les Échos), journaux possédés par Bernard Arnaud, première fortune de France, touche 12,3 millions d’euros, soit 15 % des aides publiques directes à la presse.

Les titres de Patrick Drahi (Libération, le groupe L’Express, BFM-Business, BFT-TV, RMC), ont reçu plus de 7 millions d’euros en 2016. « Les banques [lui] ont prêté près de 50 milliards d’euros pour se lancer dans une folle boulimie d’achat, notamment dans les télécoms », rappelle le journal en ligne.

Autre exemple, Serge Dassault, via principalement Le Figaro, a obtenu 6,3 millions d’euros.

Autre révélation du journaliste de Médiapart, Laurent Mauduit, l’importance croissante des aides versées par les géants de l’internet Google et Facebook, ainsi que de la Fondation Bill et Melinda Gates, à la presse nationale. Parmi les journaux ayant reçu des financements : Valeurs Actuelles, Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos, Les Inrocks, Paris-Match... L’Agence France Presse, France Télévisions, BFM-TV, 20 Minutes et d’autres sont aussi partenaires de Facebook pour la mise en place d’un système de lutte contre les « fake news », présentant le risque de dériver en « police éditoriale », craint Médiapart.

Analysant ensuite les comptes des journaux les plus aidés, (en particulier Le Monde, Libération et Le Figaro), Laurent Mauduit constate que « sans ces aides publiques et privées, ces groupes seraient en situation de faillite ».

Une meilleure répartition des aides publiques serait nécessaire afin de garantir le pluralisme de la presse, estime Médiapart, qui cite à l’appui de sa démonstration la Cour des Comptes : « Il pourrait être opportun de repenser globalement l’action publique en faveur du pluralisme des médias », indique-t-elle dans son rapport annuel.
La pire des dictatures: Les esclaves payent avec leurs taxes l'outil avec lequel des milliardaires les dressent.
 
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Ils ont inventé ce truc d'extra terrestre pour que les gens qui découvrent les 3afarit, phénomènes spirituels...aient une autre explications que la Vérité.

Tu penses qu'un jour les gens dans leur globalité vont les voir ? Si cela se produit ce sera vraiment vers la fin des temps. Par contre ces satanistes les connaissent déjà très bien :sournois:
 
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