Que pensez-vous du combat mené par l'association Ni ***** ni soumises ?
Le combat est noble. Mais l'association s'est servie de la mort de Sohane pour exister. Ça a été de la récupération politique. Au départ, l'association s'appelait Femmes des quartiers, elle n'est devenue Ni ***** ni soumises que par la suite. En fait, elle a récupéré le slogan de la manifestation qu'elle avait organisée à Vitry.
Il faut comprendre que nous étions totalement désemparés et seuls. Sans aucun mot de soutien : ni de la part de la mairie, ni du gouvernement, ni de Chirac. C'est moi qui les ai appelés pour leur dire : vous êtes au courant qu'une jeune fille a été immolée sur le territoire français ?
L'association Femmes des quartiers est entrée en contact avec moi par l'intermédiaire d'une journaliste. C'était un soutien inespéré. J'ai vu des rebeus qui me ressemblaient, ils voulaient rendre hommage à ma petite soeur. J'ai foncé.
Fadéla Amara, la présidente de l'association, nous a donné rendez-vous. Mais les caméras étaient déjà là. Il n'y a eu aucun entretien en aparté. Fadéla Amara n'a même pas présenté ses condoléances à mon père, comme le veut pourtant la tradition. Depuis nous n'avons plus aucune nouvelle de Ni ***** ni soumises.
Je peux vous dire que ma soeur, si elle était vivante, ne serait pas une de leurs militantes. Après le procès, peut-être que j'essaierai de monter moi-même quelque chose. Je ferai appel à Zizou, qui bénéficie d'une aura qu'aucun homme politique n'aura jamais. Je n'ai pas la prétention de sauver toutes les filles des cités. Mais peut-être que mon expérience peut servir à quelque chose.