Pourquoi Mohammed VI a boudé le sommet méditerranéen de Paris
source:
http://www.bladi.net/19249-mohammed-vi-sommet-mediterraneen.html
Cest la fausse note à laquelle Paris ne sattendait pas : labsence du roi du Maroc au sommet de lancement de lUnion pour la Méditerranée. En invoquant pour seul motif de sa défection des raisons de "calendrier", alors que lévènement est prévu depuis de nombreux mois, Mohammed VI a visiblement voulu signifier quil ne sagissait pas de cela...
En réalité, la diplomatie française a fait encore une fois les frais de son incapacité à gérer ses relations avec les deux géants-rivaux du Maghreb, lAlgérie et le Maroc. Paris est en effet parti du principe que la seule défection réellement grave au sud serait celle de lAlgérien Abdelaziz Bouteflika, et pas celle, annoncée, du colonel Kadhafi. Une crainte confortée par des mois de critiques virulentes dans la presse algérienne, particulièrement concernant la possibilité que Rabat puisse abriter lune des instances de lUPM.
On ne compte plus ainsi les ministres français qui sont allés à Alger
Comme à chaque fois quAlger multiplie les gestes de mauvaise humeur, la diplomatie française sest dès lors mobilisée sans compter pour assurer lAlgérie quelle était un partenaire indispensable et un pilier de la future union. On ne compte plus ainsi les ministres français qui se sont succédés ces dernières semaines à Alger. La récente visite de François Fillon aura bouclé cette valse autour dun géant gazier et pétrolier dont le marché est convoité par le monde entier, réserves en devises dépassant les 100 milliards de dollars obligent.
Ces signes de déférence ont été appréciés par Alger puisque dès le retour de François Fillon, Paris considérait "acquise" la venue de Abdelaziz Bouteflika. Quelques jours plus tard, le tête à tête entre Nicolas Sarkozy et son homologue algérien au cours du sommet du G8 au Japon est venu consacrer la priorité et la considération de la France envers lAlgérie.
Nicolas Sarkozy y a en effet annoncé à la fois la venue du chef de lEtat algérien à lUPM, mais aussi son invitation pour un voyage officiel à Paris "en 2009", date qui correspond à la fin de la présidence Bouteflika. Du moins en principe. Car le président algérien entend, en dépit de sa santé défaillante, briguer un troisième mandat ou prolonger le sien de deux ans.
Paris tient le Maroc pour un allié acquis quoiquil arrive
Cette perspective étant loin de faire lunanimité au sein des "décideurs" algériens, le soutien de Paris était ardemment souhaité... et soit dit en passant habituel. Jacques Chirac avait lui aussi "voté" Bouteflika en linvitant à Paris en 2004 en pleine campagne pour son second mandat présidentiel.
Ajouté au peu de goût de Mohammed VI pour les grands messes, ce trop plein dattentions -qui montre que Paris tient le Maroc pour un allié acquis quoiquil arrive- aura provoqué la défection inattendue du souverain chérifien. Dautant que, cerise sur le gâteau, les responsables français ont expliqué aux Marocains la difficulté de prévoir un secrétariat de lUPM à Rabat par le fait que... "les Algériens y sont opposés".