Concernant l'enquête : en résumé,
- les deux gars morts dans l'explosion de l'appartement de Saint-Denis préparaient apparemment de se faire sauter à la Defense
- les restes de deux gilets explosifs ont été retrouvé dans les gravas de l'appartement
- la cousine Hasna serait morte étouffée dans les gravats
- Abdelhamid Abaaoud (le "cerveau" belge de l'opération) serait retourné dans la nuit du vendredi au samedi sur les lieux des attentats (un bon profil de psychopathe quand même !)
- Salah Abdeslam est passé par Montrouge (où il a jeté son gilet explosif dans une poubelle) avant d'appeler des amis pour se faire exfiltrer vers la Belgique.
Attentats de Paris : Abaaoud visait aussi La Défense
INFOGRAPHIE - Le coordinateur des attaques du 13 novembre est «revenu sur les scènes de crimes» le soir même, notamment à proximité du Bataclan. Il projetait en outre de commettre un attentat dans le quartier d'affaires parisien.
Au terme d'une fulgurante avancée et après avoir établi pas moins de 5339 procès verbaux en onze jours, la plus puissante machine policière jamais mise sur pied en France a enfin cerné les contours de la nébuleuse djihadiste qui a endeuillé le cœur de Paris et les abords du Stade de France le 13 novembre dernier. Comme l'a révélé mardi soir le procureur de la République François Molins, Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé des attentats, et un de ses complices, mort en kamikaze lors du siège mercredi de l'appartement de Saint-Denis par le Raid, avaient prévu de se faire exploser le jour même ou le lendemain dans le quartier d'affaires de la Défense.
Ces deux terroristes sont par ailleurs impliqués dans les fusillades qui ont semé la mort sur les terrasses des Xe et XIe arrondissement, en particulier Abaaoud dont les empreintes ont été relevées sur une kalachnikov, une lampe frontale et divers objets découverts dans la Seat qui a emmené ce commando lors de l'équipée sanglante. Chef opérationnel lors des actions coordonnées, il a aussi appelé à plusieurs reprises Bilal Hadfi entre 20h40 et 21h21 avant que ce dernier ne mène l'une des actions kamikaze au Stade de France. Après les tueries, il dépose sa Seat à Montreuil-sous-Bois, prend le métro en fraudant à la station Croix de Chavaux à 22h14 pour ressort à la station Nation à 22h25.
«J'ai dit qu'il n'y avait pas de matelas, ils m'ont dit «c'est pas grave», ils voulaient juste de l'eau et faire la prière»
Jawad Bendaoud, logeur d'Abaaoud
Avec un glaçant cynisme, Abaaoud est ensuite «revenu sur les scènes de crimes» comme pour se repaître de l'horreur. Plusieurs «bornages» téléphoniques prouvent qu'il est passé entre 22h28 et 0h28 dans les Xe et XIe arrondissements avant de passer à proximité du Bataclan au moment même où la Brigade de recherche et d'intervention (BRI, antigang) venait de lancer l'assaut. Ensuite, pendant 48 heures, il a erré entre la Courneuve et Aubervilliers avant que sa cousine Hasna Aitboulahcen, morte par asphyxie lors de l'assaut du Raid, le prenne en charge. Caché avec un complice derrière des buissons, il a été emmené dans l'appartement «conspiratif» loué par Jawad Bendaoud.
Ce marchand de sommeil, qui a «pris part en toute connaissance de cause» à l'entreprise terroriste, selon François Molins, a été mis en examen notamment pour «participation à une association de malfaiteurs terroristes criminelle». Lors de l'assaut du Raid, le petit caïd au lourd passé judiciaire avait livré une surréaliste interview dans laquelle il racontait qu'un «ami» lui avait «demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours». «J'ai dit qu'il n'y avait pas de matelas, ils m'ont dit «c'est pas grave», ils voulaient juste de l'eau et faire la prière». Avant de rajouter, avec une troublante candeur: «Ils venaient de Belgique».
Lors des raids, Salah Abdeslam, parti quant à lui de la Porte de Clignancourt au volant de la Renault Clio dans laquelle son ADN a été retrouvée, a véhiculé les kamikazes jusqu'au Stade de France avant de repartir dans le XVIII arrondissement de Paris. Là, dans une boutique de la rue Doudeauville, il a acheté une puce téléphonique pour joindre en urgence Mohammed Amri et Hamza Attou, deux «amis» qui l'ont «exfiltré» à sa demande de Paris vers la Belgique le 14 novembre au matin. Le terroriste, très nerveux, ne reste pas en place: son nouveau téléphone émet en effet un signal à Montrouge à 23h17. C'est d'ailleurs dans cette commune, rue Frédéric Chopin, qu'un gilet d'explosif a été découvert lundi après-midi dans un amas d'encombrants par des éboueurs.
«Il est exactement de la même fabrication» selon François Molins que ceux utilisés par les djihadistes qui se sont fait exploser au Bataclan, dans le XIe arrondissement et à Saint-Denis. Au lendemain du carnage, qui se solde par un dernier bilan de 130 morts, le procureur de la République avait souligné que les kamikazes ont tous fait usage d'un «dispositif explosif absolument identique visant à faire le maximum de victimes en se donnant la mort». Lestés de TATP, un explosif primaire très volatile constitué de peroxyde d'azote, ils contenaient chacun les mêmes piles ainsi que le même type de détonateur poussoir. Au Stade de France, les kamikazes avaient rajouté des «boulons pour contribuer à aggraver encore le mécanisme et le souffle de l'explosion».
Mandat d'arrêt international contre un complice d'Abdeslam
Salah Abdeslam devait-il lui aussi se faire exploser dans le XVIIIe arrondissement, cible des attaques selon la revendication de l'État islamique? A-t-il été pris de panique? L'enquête s'emploie à le déterminer. Frère cadet de Brahim Abdeslam qui a mené une action suicide devant le Comptoir Voltaire et théoriquement unique rescapé des commandos de tueurs, Salah Abdeslam, «logisticien» présumé, demeure plus que jamais au cœur d'une traque hors norme menée à travers l'Europe. Mais il n'est plus le seul. Dans la soirée, la justice belge a lancé un mandat d'arrêt international contre un homme de 30 ans, Mohammed Abrini, identifié le 11 novembre en compagnie de Salah Abdeslam comme étant au volant de la Clio qui a servi deux jours plus tard aux attentats de Paris. Filmé vers 19 heures dans une station-service de Ressons (Oise), il est lui aussi décrit comme «dangereux et probablement armé».
À la recherche d'indices, les policiers ont déjà retrouvé un pistolet Browning de calibre 9 mm, éclats de grenades offensives ainsi que deux gilets explosifs dans les décombres du squat de Saint-Denis. Diverses exploitations sont toujours en cours parmi les gravats qui ont été placés sous scellés.
http://www.lefigaro.fr/actualite-fr...TFIG00372-abaaoud-visait-aussi-la-defense.php
edit : j'oubliais, Jawad Bendaoud, le logeur aurait su qu'il hébergeait des terroristes... Ce qui ne l'a donc, pour rappel, pas empêché de donner des interviews juste avant son arrestation à l'AFP et à BFM... Les terros, c'est comme les kons : ça ose tout, d'ailleurs vu les ratées de nos services de surveillance, c'est peut-être à ça qu'on devrait tâcher de les reconnaître...