Poèmes à partager

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Mendiante

Surgie de nul ailleurs, je parcours vos chemins
D'une marche nocturne, orpheline du soleil
Toujours guettant, scrutant sur la face des hommes
La lueur d'un sourire, le fantôme d'un émoi
Hélas, mille hélas, chaque visage sous mes yeux
Est une porte fermée ployant sous le cadenas

Je suis née dans la soif, qui donc l'apaisera ?
J'ai grandi dans la faim, qui donc la comblera ?
Pauvre parmi les pauvres, fille de ma pauvreté
Hélas, mille hélas, seul l'écho me répond
Est ce trop espérer que la miséricorde
De la part de ces êtres qui ne vivent que par elle ?

J'ai jeuné un long jour dans ma quête de Dieu
Lui vouant ma misère comme un humble présent
Car je n'ai d'autre offrande qu'une pieuse privation
A genoux, prosternée, j'ai prié en pleurant
Seigneur, je me prive d'un pain digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de Toi

J'ai quitté les villages, ignoré les hameaux,
M'éloignant à chaque pas de la folie des hommes
Dans un jeune prolongé ciselant ma faiblesse,
Mais toujours répétant cette prière inouïe
Seigneur, je me prive d'un pain digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de Toi

La nature m'a offert ses joyaux bigarrés
Et mainte source pure m'a voulu retenir
"Cueille mes grappes blondes, bois mon eau glacée"
La grappe était féconde et fraiche était l'ondée
Mais j'ai passé ma route, retenant ce refrain
Seigneur je me prive d'un pain digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de Toi

A l'orée de deux mondes, un ange m'est apparu
Fleur de consolation à mon âme défaillante
"Bois ma lumière d'or et goute ma compassion"
La lumière était belle, et douce la compassion
mais j'ai tourné la tête, lui répétant mon voeu
Seigneur, je me prive d'un pain digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de Toi

Aux confins du désert, mirage de la géhenne
Satan longuement m'a brulée d'un sarcasme de fer
"Je te tends une coupe faite d'éclats de basalte
Où bouillonne le sang d'innocents suppliciés"
J'ai vaincu sa harangue en clamant à sa face
Seigneur, je me prive d'un pain digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de Toi

J'ai cessé de marcher pour entrer dans un monde
où l'espace et le temps se pressent à ma rencontre

J'y ai vu le grand Moise, le prophète d'israël
M'apporter une jarre faite d'un monde d'autrefois
La terre sainte et cuivrée de sa Jérusalem
Où les flots du Jourdain chantent un pieux Hosannah

"Vois ce que tu désirais ô toi jeune pèlerin
Vois le breuvage divin qui baptisera tes lèvres
c'est la pureté du dogme dans le vase de la loi"

Les hommes verront le vase, ils ne verront pas l'eau
Quand l'eau sera tarie, quand le vase sera vide
Les hommes prendront la glaise pour couvrir leur péchés
Et leur coeur sera jarre , dure, sèche et sans vie

Voilà Issa, le bel Issa au sourire angélique
Qui m'offre sa coupe faite dans un cèdre d'argent
Où scintille la pourpre des vignobles bénis
Lorsque tintent les cloches de la Nativité

"Prends, mon enfant, ce présent qui est tien
Prends ta part à l'ivresse des naufragés en Dieu
C'est une douceur de lune fiancée à l'amour"

Les hommes boiront le vin et oublieront le vase
La liqueur de l'extase est la mère du blasphème
Les hommes seront ivres et riront du péché
Et leur coeur sera flot, flot de démence éparse

Ma gorge n'est plus et mon âme s'évanouit
Mais j'irai jusqu'au bout de ce voeu prononcé
Seigneur, je me prive d'un pain qui est digne de moi
Daigne seulement m'offrir un breuvage digne de toi

C'est alors qu'apparait, répandant la ferveur
Sous chacun de ses pas qui l'approchent de moi
La lumière de Dunya et de Alakhira
A laquelle est dédié, tel un gage d'amour
L'univers tout entier , reflet d'un diamant pur

Il n'est pas devant moi, mais tout autour de moi
Car il est firmament dans un ciel sans terre
Sa pureté a rempli tout l'espace consentant
D'une blancheur sublime qui m'a ôté la vue

Mais monte à l'horizon, à l'orient de cette sphère
Un soleil plus que d'or, un soleil pure lumière
Fruit tendu par sa main aux allures de nuée
Tandis que s'élève le cantique d'une aurore

"Mange et deviens ce trésor de lumière
Sois enfin ce fruit d'or à la sève lactée
Toute beauté en dehors et Rahma en son coeur
Car c'est là l'ambroisie qui convient au Seigneur".


Maryam - club des poètes du Sénégal
 
L’Amour

Vous demandez si l’amour rend heureuse;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah! pour un jour d’existence amoureuse,
Qui ne mourrait? la vie est dans l’amour.

Quand je vivais tendre et craintive amante,
Avec ses feux je peignais ses douleurs :
Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
Que cette image en paraît moins charmante.

Si le sourire, éclair inattendu,
Brille parfois au milieu de mes larmes,
C’était l’amour; c’était lui, mais sans armes;
C’était le ciel... qu’avec lui j’ai perdu.

Sans lui, le cœur est un foyer sans flamme;
Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez-donc s’il donne le bonheur!

Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse;
Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour;
Souvent enfin la mort est dans l’amour;
Et cependant... oui, l’amour rend heureuse!

Desbordes-Valmore
 
La vie n'est pas toujours facile


Libre de penser, de rire et d'aimer
Profiter des secondes de bonheur,
De paix, de joie et savoir décider,
Sans aucune crainte ni peur,
Dire non, oser et choisir,
Construire, entreprendre, bâtir.

Il suffit de peu de chose,
Un peu de courage si j'ose.
La vie n'est pas toujours facile,
Mais il suffit de redresser la tête,
D'affronter certaines adversités,
Avec beaucoup de sincérité.

Suivre son coeur, ses pensées,
Ses choix et ses propres idées.
C'est alors et seulement ainsi,
Que l'on devient acteur de sa vie.

Il faut dans la vie savoir aussi,
Tendre la main à celui qui en a besoin,
Sans espérer un retour... rien,
Juste se dire que c'était bien.

Alors s'installe l'harmonie avec soi-même,
Et ainsi le monde parait presque parfait !


Maxalexis
 
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux !
Viens ! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,
Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton cœur !

Victor Hugo
 
J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.

Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,
J’ai deviné par lui mon amant et mon maître ;
Et je le reconnus dans tes premiers accents,
Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
Ta voix me fit pâlir, et mes yeux se baissèrent ;
Dans un regard muet nos âmes s’embrassèrent ;
Au fond de ce regard ton nom se révéla,
Et sans le demander j’avais dit : Le voilà !

Dès lors il ressaisit mon oreille étonnée ;
Elle y devint soumise, elle y fut enchaînée.
Comme un timbre vivant, l’écho du souvenir
Appelait par ton nom l’écho de l’avenir.
Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes,
Et je le relisais, et je versais des larmes.1
D’un éloge enchanteur toujours environné,
À mes yeux éblouis il s’offrait couronné.
Je l’écrivais… bientôt je n’osai plus l’écrire,
Et mon timide amour le changeait en sourire.
Il me cherchait la nuit, il berçait mon sommeil ;
Il résonnait encore autour de mon réveil ;
Il errait dans mon souffle, et lorsque je soupire
C’est lui qui me caresse et que mon cœur respire.

Nom chéri ! nom charmant ! oracle de mon sort !
Hélas ! que tu me plais, que ta grâce me touche !
Tu m’annonças la vie, et, mêlé dans la mort,
Comme un dernier baiser tu fermeras ma bouche.

Marceline Desbordes-Valmore
 
Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté !

Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré !
Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous ne serons séparés que pour quelques temps !
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et et la vie continue !

Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je sera là,
Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai !
Quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir,
Absent de mon corps, présent avec Dieu !
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer !

Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit !


N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
Je ne suis pas là, je ne suis pas mort.
 
La Passante

Hier, j’ai vu passer, comme une ombre qu’on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s’en est allée,
Recelant sa fierté sous son masque opalin.

Et rien que d’un regard, par ce soir cristallin,
J’eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son cœur était plein.

Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit

Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l’aimera, nul ne l’aura comprise.


Émile NELLIGAN
 
Why did i laugh tonight ?

Why did i laugh tonight ? No voice will tell :
No God, no Demon of severe response,
Deigns to reply from Heaven or from Hell.
Then to my human heart I turn at once ;
Say, wherefore did i laugh ! O mortal pain !
O Darkness ! Darkness ! ever must i moan,
To question Heaven and Hell and Heart in vain.
Why did i laugh ? I know this being's lease
My fancy to its utmost blisses speads ;
Yet could I on this very midnight cease,
And the world's gaudy ensigns see in shreds.
Verse, Fame, and Beauty are intense indeed,
But Death intenser - Death is Life's high meed.

________________________________________________

Pourquoi ai-je ri ce soir ? Nulle voix ne le dira :
Nul Dieu, nul Démon de répartie sévère,
Ne daigne répondre du Ciel ou de l'Enfer.
Alors vers mon cœur d'homme je me tourne à l'instant.
Mon cœur, nous voici, toi et moi, tristes et solitaires ;
Pourquoi ai-je ri ? dis-le moi. Ô mortelle affliction !
Ô ténèbres ! ténèbres ! Dois je à jamais me lamenter
A questionner le Ciel, l'Enfer, le Cœur en vain.
Pourquoi ai-je ri ? Je sais le temps de mon être compté,
Mon imagination s'étend à ses bonheurs extrêmes ;
Pourtant je voudrais en ce minuit même cesser,
Et voir les bannières criardes du monde en lambeaux ;
Poésie, Gloire et Beauté sont d'un vif éclat il est vrai,
Mais la Mort d'un plus vif encore - la Mort est de la vie la haute récompense.

John KEATS
 
Pages du silence

Absence dans les draps des mots
Crépitement de feu et de maux !
Tu luttes à museler le silence
Sourdement le cœur blessé à distance.

Je feuillète les pages des mots
Je remonte les lignes écrites en flots
Certaines effacées, d’autres bien ridées
Leurs images continuent à vibrer mes idées

A toucher mes sentiments, mon horizon
Leur parfum embaume mes saisons.
Il est temps de sortir de cette hibernation
Le jour se lève, accepte mon invitation

Reviens avec tes sourires dans ma vie
Approche-toi avec tes joies, avec tes cris…
Sors, quitte ces pages du silence
Viens, je t’attends avec impatience

Dans ce jardin printanier en fleurs
Je t’ouvre mes bras et mon cœur ...
Approche-toi, prends ma main...
Aujourd'hui, n'attends pas demain?
de Ait sadden..Ali Elbougrini : Novembre 2014
 

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Pages du silence

Absence dans les draps des mots
Crépitement de feu et de maux !
Tu luttes à museler le silence
Sourdement le cœur blessé à distance.

Je feuillète les pages des mots
Je remonte les lignes écrites en flots
Certaines effacées, d’autres bien ridées
Leurs images continuent à vibrer mes idées

A toucher mes sentiments, mon horizon
Leur parfum embaume mes saisons.
Il est temps de sortir de cette hibernation
Le jour se lève, accepte mon invitation

Reviens avec tes sourires dans ma vie
Approche-toi avec tes joies, avec tes cris…
Sors, quitte ces pages du silence
Viens, je t’attends avec impatience

Dans ce jardin printanier en fleurs
Je t’ouvre mes bras et mon cœur ...
Approche-toi, prends ma main...
Aujourd'hui, n'attends pas demain?
de
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Ait sadden..Ali Elbougrini : Novembre 2014
Salam tharbat
Il est parmi les plus beau poème que je lis a ce jour
en plus du beau portrait
Félicitations de ta plume en or ça doit une vrai Cheulha
Machaa Allah
 
Ma sœur berbère !

Regarde au fond de mes yeux.
Ils sont le reflet de ton âme
Qui m'habite et me charme
Ecoute mes mots silencieux

Entends les battements de mon cœur
Quand le jour passe la main à la nuit
Et que la nuit passe la sienne au jour sans bruit
Nous irons vivre ce temps bucolique du bonheur

Le moment est onirique et sublime
La naissance d'une nouvelle lune
Qui chasse les ombres de la mauvaise fortune
Et qui d'écrit notre nuit d'histoire de sa plume

Nous sommes d'une tribu de lumière
Une tribu qui cultive la joie et l'espoir
Joyeusement, le présent enchante nos mémoires
Nous sommes ciselés à cette ancestrale filière

Ma sœur berbère, écoute les chuchotements de mes mots
Leur nudité psalmodie et leur chanson magique
Entends-tu dans leur voix exotique
Le souffle de mes désirs et de mes soubresauts...?
AitSadden Ali Elbougrini
 
L'AN NEUF DE L'HEGIRE - Victor Hugo 15 janvier 1858

Comme s'il pressentait que son heure était proche,
Grave, il ne faisait plus à personne une reproche ;
Il marchait en rendant aux passants leur salut ;
On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu'il eût
A peine vingt poils blancs à sa barbe encore noire ;
Il s'arrêtait parfois pour voir les chameaux boire,
Se souvenant du temps qu'il était chamelier.
Il semblait avoir vu l'Eden, l'âge d'amour,
Les temps antérieurs, l'ère immémoriale.
Il avait le front haut, la joue impériale,
Le sourcil chauve, l'oeil profond et diligent,
Le cou pareil au col d'une amphore d'argent,
L'air d'un Noé qui sait le secret du déluge.
Si des hommes venaient le consulter, ce juge
Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier,
Ecoutait en silence et parlait le dernier.
Sa bouche était toujours en train d'une prière ;
Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ;
Il s'occupait de lui-même à traire ses brebis ;
Il s'asseyait à terre et cousait ses habits.
Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne,
Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne fût plus jeune.
A soixante-trois ans une fièvre le prit.
Il relut le Coran de sa main même écrit,
Puis il remit au fils de Séid la bannière,
En lui disant : " Je touche à mon aube dernière.
Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui. "
Et son oeil, voilé d'ombre, avait ce morne ennui
D'un vieux aigle forcé d'abandonner son aire.
Il vint à la mosquée à son heure ordinaire,
Appuyé sur Ali le peuple le suivant ;
Et l'étendard sacré se déployait au vent.
Là, pâle, il s'écria, se tournant vers la foule ;
" Peuple, le jour s'éteint, l'homme passe et s'écroule ;
La poussière et la nuit, c'est nous. Dieu seul est grand.
Peuple je suis l'aveugle et suis l'ignorant.
Sans Dieu je serais vil plus que la bête immonde. "
Un cheikh lui dit : " o chef des vrais croyants ! le monde,
Sitôt qu'il t'entendit, en ta parole crut ;
Le jour où tu naquit une étoile apparut,
Et trois tours du palais de Chosroès tombèrent. "
Lui, reprit : " Sur ma mort les Anges délibèrent ;
L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous
Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous
Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe ;
Si j'ai frappé quelqu'un, que celui-là me frappe. "
Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton.
Une vieille, tondant la laine d'un mouton,
Assise sur un seuil, lui cria : " Dieu t'assiste ! "
Il semblait regarder quelque vision triste,
Et songeait ; tout à coup, pensif, il dit : " voilà,
Vous tous, je suis un mot dans la bouche d'Allah ;
Je suis cendre comme homme et feu comme prophète.
J'ai complété d'Issa la lumière imparfaite.
Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.
Le soleil a toujours l'aube pour précurseur.
Jésus m'a précédé, mais il n'est pas la Cause.
Il est né d'une Vierge aspirant une rose.
Moi, comme être vivant, retenez bien ceci,
Je ne suis qu'un limon par les vices noirci ;
J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange ;
Ma chair a plus d'affront qu'un chemin n'a de fange,
Et mon corps par le mal est tout déshonoré ;
O vous tous, je serais bien vite dévoré
Si dans l'obscurité du cercueil solitaire
Chaque faute engendre un ver de terre.
Fils, le damné renaît au fond du froid caveau
Pour être par les vers dévoré de nouveau ;
Toujours sa chair revit, jusqu'à ce que la peine,
Finie ouvre à son vol l'immensité sereine.
Fils, je suis le champ vil des sublimes combats,
Tantôt l'homme d'en haut, tantôt l'homme d'en bas,
Et le mal dans ma bouche avec le bien alterne
Comme dans le désert le sable et la citerne ;
Ce qui n'empêche pas que je n'aie, ô croyants !
Tenu tête dans l'ombre au x Anges effrayants
Qui voudraient replonger l'homme dans les ténèbres ;
J'ai parfois dans mes poings tordu leurs bras funèbres ;
Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas à pas,
Lutté contre quelqu'un que je ne voyais pas ;
Mais les hommes surtout on fait saigner ma vie ;
Ils ont jeté sur moi leur haine et leur envie,
Et, comme je sentais en moi la vérité,
Je les ai combattus, mais sans être irrité,
Et, pendant le combat je criais : " laissez faire !
Je suis le seul, nu, sanglant, blessé ; je le préfère.
Qu'ils frappent sur moi tous ! Que tout leur soit permis !
Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis
Auraient, pour m'attaquer dans cette voie étroite,
Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite,
Ils ne me feraient point reculer ! " C'est ainsi
Qu'après avoir lutté quarante ans, me voici
Arrivé sur le bord de la tombe profonde,
Et j'ai devant moi Allah, derrière moi le monde.
Quant à vous qui m'avez dans l'épreuve suivi,
Comme les grecs Hermès et les hébreux Lévi,
Vous avez bien souffert, mais vous verrez l'aurore.
Après la froide nuit, vous verrez l'aube éclore ;
Peuple, n'en doutez pas ; celui qui prodigua
Les lions aux ravins du Jebbel-Kronnega,
Les perles à la mer et les astres à l'ombre,
Peut bien donner un peu de joie à l'homme sombre. "
Il ajouta ; " Croyez, veillez ; courbez le front.
Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront
Sur le mur qui sépare Eden d'avec l'abîme,
Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ;
Presque personne n'est assez pur de péchés
Pour ne pas mériter un châtiment ; tâchez,
En priant, que vos corps touchent partout la terre ;
L'enfer ne brûlera dans son fatal mystère
Que ce qui n'aura point touché la cendre, et Dieu
A qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ;
Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ;
Là-haut sont les fruits purs dans les arbres augustes,
Les chevaux sellés d'or, et, pour fuir aux sept dieux,
Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ;
Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse,
Habite un pavillon fait d'une perle creuse ;
Le Gehennam attend les réprouvés ; malheur !
Ils auront des souliers de feu dont la chaleur
Fera bouillir leur tête ainsi qu'une chaudière.
La face des élus sera charmante et fière. "
Il s'arrêta donnant audience à l'espoir.
Puis poursuivant sa marche à pas lents, il reprit :
" O vivants ! Je répète à tous que voici l'heure
Où je vais me cacher dans une autre demeure ;
Donc, hâtez-vous. Il faut, le moment est venu,
Que je sois dénoncé par ceux qui m'ont connu,
Et que, si j'ai des torts, on me crache aux visages. "
La foule s'écartait muette à son passage.
Il se lava la barbe au puits d'Aboufléia.
Un homme réclama trois drachmes, qu'il paya,
Disant : " Mieux vaut payer ici que dans la tombe. "
L'oeil du peuple était doux comme un oeil de colombe
En le regardant cet homme auguste, son appui ;
Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentré chez lui,
Beaucoup restèrent là sans fermer la paupière,
Et passèrent la nuit couchés sur une pierre
Le lendemain matin, voyant l'aube arriver ;
" Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever,
Tu vas prendre le livre et faire la prière. "
Et sa femme Aïscha se tenait en arrière ;
Il écoutait pendant qu'Aboubékre lisait,
Et souvent à voix basse achevait le verset ;
Et l'on pleurait pendant qu'il priait de la sorte.
Et l'Ange de la mort vers le soir à la porte
Apparut, demandant qu'on lui permît d'entrer.
" Qu'il entre. " On vit alors son regard s'éclairer
De la même clarté qu'au jour de sa naissance ;
Et l'Ange lui dit : " Dieu désire ta présence.
- Bien ", dit-il. Un frisson sur les tempes courut,
Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut.
 
Les fleurs reviendront

Le printemps est loin, si loin
Les champs sont roses sombres
Dans le fil d’une pensée morbide fluide
Le vieil homme crache, crapote
Comme un cochon il se fera abattre
Le lampadaire tremble dans la nuit effervescente
Les gens crient que c’est la fin du monde
Puis rient car tout n’est pas encore fini
Les fleurs et les odeurs reviendront
C’est sûr
Et on y sera, ou pas

Jules Delavigne, 2010
 
La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir; son haleine différemment l'embue.

Louis Aragon
 
A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Baudelaire
Les Fleurs du mal, 1857
 
Femme tatouée !

Art en couleurs
Mots de douceur
Histoire du passé
Sur le corps amassée

Traces de souffrances
Griffes d’abondances
Au sein des yeux
Brasiers de feu

Femme tatouée
Ô mémoire bouleversée
Murmure angoissé
Voix d’un souvenir froissé

Complainte amoureuse
De la vie douloureuse
Envoûtement d’histoire érotique
Sur le corps dessins magnifiques

Toile vivante et frémissante
Message sur la peau luisante
Histoire de la vie
Affiche à jamais ses soucis

Roses et épines
Dessinées à l’encre de chine
Ô femme tatouée
Ô femme bafouée… !

Ait sadden..Ali Elbougrini
 
@lougloug

L’Etranger


A toi mon autre monde,
Rivages d’ailleurs ou sombres mirages
Je me laisse échouer, à quoi bon résister …
Si éloigné de moi, et étrangement habitée par toi
Que vaut ce monde à présent que ton souffle m’est parvenu ?
Apprends moi ta langue, tes coutumes, fais moi tienne bien que je t’appartienne déjà
Qu’était la vie avant toi ? Tu m’as transcendé, ressuscité d’entre les morts,
Je te suis redevable éternellement. Dis moi seulement comment,
Sois ma Bible, mon Coran. Soumets moi à ta volonté,
Foi de ma vie, tu bruleras toujours en moi
Même au loin, ta douce lumière scintillera
Je te chercherai dans l’horizon
Rêveuse dans cette prison


Makeda
 
ADIEU


Adieu ! je crois qu’en cette vie
Je ne te reverrai jamais.
Dieu passe, il t’appelle et m’oublie ;
En te perdant je sens que je t’aimais.

Pas de pleurs, pas de plainte vaine.
Je sais respecter l’avenir.
Vienne la voile qui t’emmène,
En souriant je la verrai partir.

Tu t’en vas pleine d’espérance,
Avec orgueil tu reviendras ;
Mais ceux qui vont souffrir de ton absence,
Tu ne les reconnaîtras pas.

Adieu ! tu vas faire un beau rêve
Et t’enivrer d’un plaisir dangereux ;
Sur ton chemin l’étoile qui se lève
Longtemps encore éblouira tes yeux.

Un jour tu sentiras peut-être
Le prix d’un coeur qui nous comprend,
Le bien qu’on trouve à le connaître,
Et ce qu’on souffre en le perdant.

Alfred de Musset.
 
J'ai la nostalgie du pain de ma mère,
De son café,
Et de ses caresses.
L'enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J'aurais honte des larmes de ma mère !
Fais de moi, si je reviens un jour,
Un voile pour tes cils,
Recouvre mes os d'herbe
car "le Paradis est sous les pieds des mères"
Rends-moi les étoiles de l'enfance
Pour que je puisse rejoindre
Les petits oiseaux
Sur le chemin du retour
Vers le nid où tu attends.

(Mahmoud Darwich, A ma mère, poème écrit en prison)

 
Un beau poeme de l'imam shaaf3ii


تعلم فليسَ المرءُ يولدُ عالماً __ وَلَيْسَ أخو عِلْمٍ كَمَنْ هُوَ جَاهِلُ

وإنَّ كَبِير الْقَوْمِ لاَ علْمَ عِنْدَهُ __ صَغيرٌ إذا الْتَفَّتْ عَلَيهِ الْجَحَافِلُ

وإنَّ صَغيرَ القَومِ إنْ كانَ عَالِماً __ كَبيرٌ إذَا رُدَّتْ إليهِ المحَافِلُ

اصبر على مرِّ الجفا من معلمٍ __ فإنَّ رسوبَ العلمِ في نفراتهِ

ومنْ لم يذق مرَّ التعلمِ ساعة ً __ تجرَّعَ ذلَّ الجهل طولَ حياته

ومن فاتهُ التَّعليمُ وقتَ شبابهِ __ فكبِّر عليه أربعاً لوفاته

وَذَاتُ الْفَتَى ـ واللَّهِ ـ بالْعِلْمِ وَالتُّقَى __ إذا لم يكونا لا اعتبار لذاتهِ

الامام الشافعي
 
Parfois, tant de blessures nous assaillent!
Parfois, tant de malaises nous habitent et nous dérangent!

Parfois tu aimes rire, parfois tu es triste.
Parfois tu laisses aller le temps.

Parfois tu te sens prisonnier,
malgré tout ce que tu as à ta porté
pour voler là où tu en sens le besoin.

Parfois, tu es relaxé et parfois très angoissé.
Parfois, tu ris aux larmes et parfois, tu te caches pour pleurer.

Parfois, tu aimes le silence et parfois,
Ce silence te fait mal car trop de douleur remonte à la surface.

Parfois si tu oses prendre le temps de t'aimer,
Tu verras que ce temps est merveilleux
Pour corriger les erreurs passées;
Y jouter un peu de douceur sur ta route
Et ainsi, la vie t'apportera le calme et la sérénité.
 
L’Étrangère

Ah ! que le monde est difficile !
Hélas ! il n’est pas fait pour moi.
Ma sœur, en ton obscur asile,
J’étais plus heureuse avec toi.
On m’appelle ici l’étrangère ;
C’est le nom de qui n’a point d’or.
Si je ris, je suis trop légère ;
Si je rêve... on en parle encor.

Si je mêle à ma chevelure
La fleur que j’aimais dans nos bois,
Je suis, dit-on, dans ma parure,
Timide et coquette à la fois ;
Puis-je ne pas la trouver belle ?
Le printemps en a fait mon bien :
Pour me parer je n’avais qu’elle ;
On l’effeuille, et je n’ai plus rien.

Je sors de cet âge paisible,
Où l’on joue avec le malheur :
Je m’éveille, je suis sensible,
Et je l’apprends par la douleur.
Un seul être à moi s’intéresse :
Il n’a rien dit, mais je le voi ;
Et je vois même, à sa tristesse,
Qu’il est étranger comme moi.

Ah ! si son regard plein de charmes
Recèle un doux rayon d’espoir,
Quelle main essuiera les larmes
Qui m’empêchent de l’entrevoir ?
Soumise au monde qui m’observe,
Je dois mourir, jamais pleurer ;
Et je n’use qu’avec réserve
Du triste espoir de soupirer !

Desbordes-Valmore
 
Baudelaire, « Spleen », Les Fleurs du mal, 1857 :

« J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,

De vers, de billets doux, de procès, de romances,

Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,

Cache moins de secrets que mon triste cerveau.

C'est une pyramide, un immense caveau,

Qui contient plus de morts que la fosse commune.

Je suis un cimetière abhorré de la lune,

Où comme des remords se traînent de longs vers

Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.

Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,

Où gît tout un fouillis de modes surannées,

Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,

Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,

Quand sous les lourds flocons des neigeuses années

L'ennui, fruit de la morne incuriosité,

Prend les proportions de l'immortalité.

Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !

Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,

Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux ;

Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,

Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche

Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche. »


Parfois, la mémoire est un fardeau. Il fait bon d'oublier.
 
حب بلا حدود

-1-

يا سيِّدتي:

كنتِ أهم امرأةٍ في تاريخي

قبل رحيل العامْ.

أنتِ الآنَ.. أهمُّ امرأةٍ

بعد ولادة هذا العامْ..

أنتِ امرأةٌ لا أحسبها بالساعاتِ وبالأيَّامْ.

أنتِ امرأةٌ..

صُنعَت من فاكهة الشِّعرِ..

ومن ذهب الأحلامْ..

أنتِ امرأةٌ.. كانت تسكن جسدي

قبل ملايين الأعوامْ..

-2-

يا سيِّدتي:

يالمغزولة من قطنٍ وغمامْ.

يا أمطاراً من ياقوتٍ..

يا أنهاراً من نهوندٍ..

يا غاباتِ رخام..

يا من تسبح كالأسماكِ بماءِ القلبِ..

وتسكنُ في العينينِ كسربِ حمامْ.

لن يتغيرَ شيءٌ في عاطفتي..

في إحساسي..

في وجداني.. في إيماني..

فأنا سوف أَظَلُّ على دين الإسلامْ..

-3-

يا سيِّدتي:

لا تَهتّمي في إيقاع الوقتِ وأسماء السنواتْ.

أنتِ امرأةٌ تبقى امرأةً.. في كلَِ الأوقاتْ.

سوف أحِبُّكِ..

عند دخول القرن الواحد والعشرينَ..

وعند دخول القرن الخامس والعشرينَ..

وعند دخول القرن التاسع والعشرينَ..

و سوفَ أحبُّكِ..

حين تجفُّ مياهُ البَحْرِ..

وتحترقُ الغاباتْ..

-4-

يا سيِّدتي:

أنتِ خلاصةُ كلِّ الشعرِ..

ووردةُ كلِّ الحرياتْ.

يكفي أن أتهجى إسمَكِ..

حتى أصبحَ مَلكَ الشعرِ..

وفرعون الكلماتْ..

يكفي أن تعشقني امرأةٌ مثلكِ..

حتى أدخُلَ في كتب التاريخِ..

وتُرفعَ من أجلي الراياتْ..

-5-

يا سيِّدتي

لا تَضطربي مثلَ الطائرِ في زَمَن الأعيادْ.

لَن يتغيرَ شيءٌ منّي.

لن يتوقّفَ نهرُ الحبِّ عن الجريانْ.

لن يتوقف نَبضُ القلبِ عن الخفقانْ.

لن يتوقف حَجَلُ الشعرِ عن الطيرانْ.

حين يكون الحبُ كبيراً..

والمحبوبة قمراً..

لن يتحول هذا الحُبُّ

لحزمَة قَشٍّ تأكلها النيرانْ...

-6-

يا سيِّدتي:

ليس هنالكَ شيءٌ يملأ عَيني

لا الأضواءُ..

ولا الزيناتُ..

ولا أجراس العيد..

ولا شَجَرُ الميلادْ.

لا يعني لي الشارعُ شيئاً.

لا تعني لي الحانةُ شيئاً.

لا يعنيني أي كلامٍ

يكتبُ فوق بطاقاتِ الأعيادْ.

-7-

يا سيِّدتي:

لا أتذكَّرُ إلا صوتُكِ

حين تدقُّ نواقيس الآحادْ.

لا أتذكرُ إلا عطرُكِ

حين أنام على ورق الأعشابْ.

لا أتذكر إلا وجهُكِ..

حين يهرهر فوق ثيابي الثلجُ..

وأسمعُ طَقْطَقَةَ الأحطابْ..

-8-

ما يُفرِحُني يا سيِّدتي

أن أتكوَّمَ كالعصفور الخائفِ

بين بساتينِ الأهدابْ...

-9-

ما يَبهرني يا سيِّدتي

أن تهديني قلماً من أقلام الحبرِ..

أعانقُهُ..

وأنام سعيداً كالأولادْ...

-10-

يا سيِّدتي:

ما أسعدني في منفاي

أقطِّرُ ماء الشعرِ..

وأشرب من خمر الرهبانْ

ما أقواني..

حين أكونُ صديقاً

للحريةِ.. والإنسانْ...

-11-

يا سيِّدتي:

كم أتمنى لو أحببتُكِ في عصر التَنْويرِ..

وفي عصر التصويرِ..

وفي عصرِ الرُوَّادْ

كم أتمنى لو قابلتُكِ يوماً

في فلورنسَا.

أو قرطبةٍ.

أو في الكوفَةِ

أو في حَلَبٍ.

أو في بيتٍ من حاراتِ الشامْ...

-12-

يا سيِّدتي:

كم أتمنى لو سافرنا

نحو بلادٍ يحكمها الغيتارْ

حيث الحبُّ بلا أسوارْ

والكلمات بلا أسوارْ

والأحلامُ بلا أسوارْ

-13-

يا سيِّدتي:

لا تَنشَغِلي بالمستقبلِ، يا سيدتي

سوف يظلُّ حنيني أقوى مما كانَ..

وأعنفَ مما كانْ..

أنتِ امرأةٌ لا تتكرَّرُ.. في تاريخ الوَردِ..

وفي تاريخِ الشعْرِ..

وفي ذاكرةَ الزنبق والريحانْ...

-14-

يا سيِّدةَ العالَمِ

لا يُشغِلُني إلا حُبُّكِ في آتي الأيامْ

أنتِ امرأتي الأولى.

أمي الأولى

رحمي الأولُ

شَغَفي الأولُ

شَبَقي الأوَّلُ

طوق نجاتي في زَمَن الطوفانْ...

-15-

يا سيِّدتي:

يا سيِّدة الشِعْرِ الأُولى

هاتي يَدَكِ اليُمْنَى كي أتخبَّأ فيها..

هاتي يَدَكِ اليُسْرَى..

كي أستوطنَ فيها..

قولي أيَّ عبارة حُبٍّ

حتى تبتدئَ الأعيادْ

نزار قباني
 
Petit pense-bête sur la liberté de la presse
Retrouvé par Gourio dans la poche du veston de Paul Eluard

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Liberté de la presse


Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Liberté de la presse

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté de la presse
 

" Le vent a rendez-vous avec les feuilles....

Écoute! Entends-tu le souffle des ténèbres ?
Derrière cette fenêtre,
C'est la nuit qui tremble
Et c'est la terre qui s'arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s'inquiète pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains - ces souvenirs ardents -
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera .."

(Forough Farrokhzad(1935-1967)
 

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Tu es
ton présent,
ton fruit :
prends-le
sur ton arbre,
élève-le
sur ta
main,
il brille
comme une étoile,
touche-le,
mords dedans et marche
en sifflotant sur le chemin. (Pablo Neruda, )

 

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Regain

Et mes jours et mes nuits
Teintés de nostalgie
me répétaient le chant
de mon bonheur enfui.

Et mon chant d’aujourd’hui
Comme un regain de vie
s’éveille en fredonnant
Le bonheur au présent.

Esther Granek, De la pensée aux mots, 1997
 
Il pleure dans mon coeur

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison,
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Paul Verlaine
 
Laisse dire la calomnie
Paul Verlaine



Laisse dire la calomnie
Qui ment, dément, nie et renie
Et la médisance bien pire
Qui ne donne que pour reprendre
Et n'emprunte que pour revendre...
Ah ! laisse faire, laisse dire !

Faire et dire lâches et sottes,
Faux gens de bien, feintes mascottes,
Langues d'aspic et de vipère ;
Ils font des gestes hypocrites,
Ils clament, forts de leurs mérites,
Un mal de toi qui m'exaspère.

Moi qui t'estime et te vénère
Au-dessus de tout sur la terre,
T'estime et vénère, ma belle,
De l'amour fou que je te voue,
Toi, bonne et sans par trop de moue,
M'admettant au lit, ma fidèle !

Mais toi, méprise ces menées,
Plus haute que tes destinées,
Grand coeur, glorieuse martyre,
Plane au-dessus de tes rancunes
Contre ces d'aucuns et d'aucunes ;
Bah ! laisse faire et laisse dire !

Bah ! fais ce que tu veux, ma belle
Et bonne, - fidèle, infidèle, -
Comme tu fis toute ta vie,
Mais toujours, partout, belle et bonne,
Et ne craignant rien de personne,
Quoi qu'en aient la haine et l'envie.

Et puis tu m'as, si tu m'accordes
Un peu de ces miséricordes
Qui siéent envers un birbe honnête.
Tu m'as, chère, pour te défendre,
Te plaire, si tu veux m'entendre
Et voir, encor que laid et bête.
 
LE DERVICHE

Je t’ai demandé l’aumône d’un regard,
Et tu as détourné les yeux.


Je t’ai demandé l’aumône d’un sourire,
Et ton visage s’est durci.


Je t’ai demandé l’aumône d’un baiser,
Et tu m’as répondu : Passe ton chemin.


Ô ma perdrix, sans un regard, sans un sourire, sans un baiser, comment puis-je continuer ma route ?
Et à quelle source dois-je m’arrêter si j’ai éternellement soif de toi ?
 
L’odeur des cheveux


Je suis enivré sans arrêt
par le parfum de tes cheveux.

Je suis détruit, à chaque instant,
par tes magiques, traîtres yeux.

Après d’aussi longue patience,
mon Dieu ! verrai-je enfin la nuit

Où j’allumerai ma chandelle
dans l’arcade de tes sourcils ?

Ma clairvoyance est une ardoise
que je chéris matin et soir,

Car elle est comme le miroir
qui reflète ta mouche hindoue.

Si tu veux embellir ce monde
pour autant que l’éternité,

Dis au vent d’écarter ton voile
de ta face, pour un instant.

Si tu veux abolir la loi
qui rend ce monde périssable,

Crève l’écran de tes cheveux :
il s’en répandra mille vies.

Le vent et moi sommes deux gueux,
des vagabonds, des inutiles.

Nous sommes enivrés tous deux
par ton parfum et par tes yeux.



Hâfez Shirazi
 
Laisse les jours faire comme bon leur semblent
Et soit sans amertume devant le décret

Sans être effarouché par les soubresauts nocturnes
Car les soubresauts de ce monde sont passagers

Soit un homme endurant devant les épreuves
D'un caractère indulgent et loyal

Si tes défauts sont nombreux dans les contrées
Et que ton désir est de les cacher

Cache-toi alors derrière la générosité
Car il est dit que la générosité couvre les défauts

Ne sois jamais faible devant tes ennemis
Car les remontrances des ennemis sont une épreuve

Devrais-tu attendre le pardon d'un avare
Car il n'y a pas dans le feu, l'eau qui désaltère

Quant à ton bien, l'attente ne l'amoindrit point
Comme les efforts ne peuvent l'agrandir

Aucune joie, comme aucune peine ne dure
Il en va ainsi pour la pauvreté et la richesse

Si tu n'as pas un coeur contenté
Toi et le possesseur des biens de ce monde êtes pareils

Quiconque reçoit la visite des épreuves
Ni la terre, ni le ciel ne peuvent le protéger

La terre d'Allah est vaste mais
A la tombée des épreuves tout se rétrécit

Laisse les jours s'écouler
Car contre la mort il n'y a pas de remède


(Ash Shafi'i)
 
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