«Meilleure garde à vue de ma vie»
Les jours précédant le viol, le collégien errait seul sur un chantier d'où il se photographiait d'un point haut, les jambes dans le vide. Le jeune garçon occupait principalement son temps libre avec des filles, qu’il abordait dans la rue ou sur les réseaux sociaux.
«Il pouvait être en couple plusieurs fois chaque mois. Parfois il sortait avec deux ou trois filles en même temps», explique une amie.
«Il était connu partout en région parisienne parce qu’il a parlé à trop de filles», poursuit-elle. Selon ses dires, le collégien se vantait aussi de regarder du porno et aimait raconter ses expériences sexuelles.
Peu avant les faits, le mineur s’était montré particulièrement actif sur les réseaux sociaux. Samedi 15 juin, le jour du viol, le collégien postait une photo avec la légende
«Meuillieure grdv de ma vie (sic)» (meilleure garde à vue de ma vie, NDLR) suivie d'un smiley qui
«pleure de rire». Le cliché pris par le mineur montre trois autres individus aux visages dissimulés. Visiblement peu impressionnés d'être dans un commissariat, deux font le V de la
«victoire» avec leurs doigts. Pour quels faits et quand le mineur et ses camarades étaient-ils en
«garde à vue» (on parle de
«retenue» pour les mineurs de 10 à 13 ans, NDLR) ? Difficile à dire. La
«garde à vue» en question n'est en tout cas pas liée au viol de Courbevoie puisque les interpellations sont intervenues lundi 17 juin.
Sur d’autres photos postées le même jour, Lorenzo s’immortalise avec des amis sur des toits d’immeubles ou dans des halls. Arborant un look
«baskets-survêtement-sacoche en bandoulière» inspiré des rappeurs qu’ils admirent, ces jeunes semblent se rêver en
«petites frappes». Au lendemain des faits, le mineur a également publié une photo de lui, assis sur une chaise de bureau à roulettes, dans la crèche désaffectée de Courbevoie où le viol a eu lieu. On ignore la date de ce cliché rétrospectivement glaçant.
Désormais, le mis en examen semble avoir disparu des radars.
«Il ne répond plus à personne, plus personne ne veut lui adresser la parole», nous indiquent plusieurs personnes. Depuis les faits, le jeune garçon a reçu de nombreux messages menaçants sur les réseaux sociaux. Les élèves que nous avons interrogés oscillent entre stupéfaction et compassion pour la victime.
«Je n’aurais jamais pu imaginer qu’il puisse faire ça», explique une connaissance.
«Ça aurait pu être ma petite sœur, ça fait peur. Ça me choque qu'il fasse ça à une fille parce qu'elle est juive», poursuit un autre élève
. «Elle est d’origine juive mais ce n’est pas elle qui fait la guerre», conclut une camarade. Lorenzo a été placé sous le statut de témoin assisté concernant les faits de viol. Il est en revanche mis en examen pour agression sexuelle en réunion, tentative d'extorsion, violences en réunion, menaces de mort et injures à raison de la religion.
Deux autres mineurs âgés de 13 ans ont eux été mis en examen pour viol et écroués. Le premier, qui se dit lui aussi converti à l’islam, vivait avec une mère «totalement dépassée» envers laquelle il est suspecté de violences physiques. Un voisin décrit
«une petite frappe mal éduquée qui ne dit ni bonjour ni au revoir». Le second résidait dans un foyer pour jeunes en difficulté.
*Le prénom a été modifié.
EXCLUSIF - Ce mineur scolarisé en 5e avait entamé une «amourette» avec la victime fin mai. Peu assidu en cours, il errait en région parisienne et passait l’essentiel de son temps avec des jeunes filles rencontrées dans la rue ou sur les réseaux sociaux.
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