4000 ans de monothéismes, histoire archéologique

LES ABLUTIONS.

Le Coran insiste sur le lavage du corps qui obtient le pardon.
Le Christ avait dépassé cet archaïsme*; c'était l'acte de charité qui purifiait et non le lavage :
Luc 11-37-41 : « le Pharisien s’étonna de ce que [Jésus] n’eût pas fait d’abord les ablutions avant le déjeuner. Mais le Seigneur lui dit : « Votre intérieur à vous est plein de rapine et de méchanceté ! ... Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. ».

Le Coran revient à une pratique plus archaïque :
- Se laver purifie avant de prier :

S. 4-43 : « Ho, les croyants ! N’approchez pas de l’Office alors que vous êtes... pollués - sauf ceux qui font route, - jusqu’à ce que vous vous soyez douchés. Et si vous êtes malades ou en voyage, ou si l’un de vous vient des cabinets, ou si vous vous êtes entre-touchés avec des femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, faites alors ablution pulvérale sur une terre propre, et passez les mains sur vos visages et vos mains. ».
La sourate 5 reprend le même descriptif d’ablution obligatoire avant de prier et le met en lien avec le pardon de Dieu. S. 5-6 : « Lorsque vous vous disposez à la prière : lavez vos visages et vos mains, etc..., Dieu ne vous veut pas de gêne, mais Il veut vous purifier, et parfaire sur vous Son bienfait. Peut-être seriez-vous reconnaissants ? »

Il peut sembler étrange que Dieu purifie quelqu'un qui se lave. Le Coran ne signale jamais le désir de repentir, ou de remord du pécheur, mais simplement le lavage comme œuvre de purification spirituelle.

- Cet aspect archaïque se retrouve dans la façon dont les règles des femmes sont considérées. Le Coran fait d'une donnée physiologique un péché.

S. 2-222 : « Et ils t’interrogent sur les menstrues. - Dis : « C’est une souillure. Séparez-vous donc des épouses pendant les menstrues, et n’en approchez qu’elles ne soient purifiées... Oui, Dieu aime ceux qui bien se repentent ; et Il aime ceux qui bien se purifient. » On voit mal pourquoi une femme devrait se repentir d'avoir eu ses règles, phénomène purement physiologique.

- Le rituel magique de lavage s’applique aussi à la manipulation du Coran*; le toucher en pensant qu'il ne vient pas de Dieu, ne semble pas poser de problème, mais il faut s'être lavé ! S. 56-75-79 : « Je jure par les couchers d’étoiles ! –vraiment c’est un serment énorme si vous saviez ! – que ceci est certes oui une noble Lecture, dans un Livre bien gardé, que seuls les purifiés touchent. »

La pratique des ablutions évoque un rituel pointilleux. La Tradition le précisera encore en décrivant l'ordre des ablutions, les soins de la pilosité et l’aspect des vêtements. La prière cinq fois par jour précédée d'ablutions envahit toute la journée du croyant. L'incapacité d'obéir à ce règlement conduit à une culpabilité qu'entretient la peur de châtiment de la part de ce Dieu si redoutable.
La culpabilité devient le lot des personnalités souples, puisque seuls les obsessionnels peuvent accomplir les rituels correctement et se sentir suffisamment respectueux de la loi pour se croire dépositaire de la bonne pratique. Le sentiment d'être élu est réservé aux hommes les plus intransigeants, les plus rigides et les plus inflexibles.


Les autres dissimulent leur échec dans le silence et la culpabilité.
 
LES INTERDITS ALIMENTAIRES.

Ils s'élaborent à partir des coutumes païennes pré-islamiques et puiseront dans les interdits juifs, avant de s'affiner avec l'expérience de Mahomet.

1/ Le Coran s'affranchit des superstitions païennes
dont témoignent la Sourate 6-139. Ces tabous païens interdisaient aux femmes de manger une production du ventre d'une bête vivante (le lait probablement) qui était réservée aux seuls hommes, alors que tous mangeaient l'animal mort.
Les tabous pré-islamiques sont modifiés : on offrait une partie de sa récolte à Dieu (S. 6-136). Puisque tout appartient à Allah, il faut maintenant respecter d'autres lois. La S 6-138 prescrit donc que les bêtes de somme ne peuvent plus être consommées et que l'on doit égorger un animal en invoquant le nom d'Allah.

2/ Les interdits alimentaires des musulmans sont calqués sur ceux des juifs décrits dans le Deutéronome 14-3-21.
La Sourate 5 est tardive (631). Elle fait la synthèse des interdits juifs et des interdits issus du rejet des sacrifices bétyliques. S. 5-3 : « Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui de Dieu, la bête étouffée, etc... qu'on a immolée sur les pierres dressées, ainsi que de procéder au partage par tirage au sort au moyen de flèches. Car cela est perversité. ». La Sourate 5-4 reprend les mêmes interdits, associés à la peur du châtiment : « Et craignez Allah. Car Allah est, certes, prompt dans les comptes. ».

3/ L'interdit de l'alcool est progressif. Comme Allah ne change jamais d'avis (S. 2-106, S. 33-62), on peut penser que Mahomet affine son opinion en fonction de son expérience.
- Au début, le plaisir que procure le vin est reconnu mais craint.
S 2-219 : « Ils t'interrogent sur le vin et le jeu de hasard. - Dis : « Dans les deux il y a grand péché et quelques avantages ; mais le péché y est plus grand que l'utilité ! ».
- Ceux qui se sont présentés ivres à la prière ont manifestement entraîné quelques troubles par leur liberté de parole. On a déjà vu à quel point le Coran ou Mahomet craignent la liberté d'expression. La levée des inhibitions induite par l'alcool est incompatible avec la soumission et le silence imposés par la loi coranique. La tentation de parler se résout habituellement dans la crainte du châtiment que l'alcool fait oublier.
S. 4-43 : « Ho, les croyants ! N’approchez pas de l’Office alors que vous êtes ivres, jusqu’à ce que vous sachiez ce que vous dites. ».
-Puis, l'interdit s'impose :

S. 5-90-91 : « Ho, les croyants ! Oui, le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'ordure, œuvre du Diable. Donc, à écarter. Peut-être serez-vous gagnants ? Oui, le Diable ne veut que jeter parmi vous, dans le vin et le jeu de hasard, inimitié et haine, et vous empêcher du Rappel de Dieu et de l'Office. Eh bien, vous abstiendrez-vous ? ».

L'alcool comme vecteur de querelle, de jeu imprudent et de distraction de la prière est à éviter. Il devient interdit.

Mais on voit qu'il a fallu attendre la toute fin de la révélation pour que ce soit établi. Mahomet a pu consommer de l'alcool jusqu'à l'année avant sa mort, date de la révélation de la sourate 5 et en consommera à nouveau au paradis (S. 47-15).
 
LE PARDON DES PÉCHÉS : L'ISLAM EN ROUTE VERS L'ORTHOPRAXIE.


À l'arrivée à Médine, le pardon est obtenu par l'intercession de Mahomet :
S. 4-64 : « Si, lorsqu'ils se sont manqué à eux-mêmes, ils venaient près de toi et demandaient pardon à Dieu, et que le messager demandât pardon pour eux, certes ils trouveraient Dieu accueillant au repentir, miséricordieux. ».
Mahomet est même prêt à faire preuve d'amabilité et d'attention pour obtenir que ses interlocuteurs arabes fassent appel à son intercession : S. 63-4-5 : « Quand tu les vois, leurs corps t'émerveillent, et s'ils parlent, tu écoutes leur parole. Ils sont comme des bûches habillées ! ... Et quand on leur dit : « Venez ! Le messager de Dieu va implorer pardon pour vous », ils replient leurs têtes, et tu les vois faire de l'obstruction tandis qu'ils s’enflent d'orgueil. » ».

Un don est apprécié avant un entretien avec Mahomet. S. 58-12-13 : « Quand vous avez un tête-à-tête avec le messager, alors faites précéder d'une aumône, votre tête-à-tête : c'est mieux pour vous... Redoutez-vous de faire précéder d'aumônes votre tête-à-tête ? Mais quand vous ne l'avez pas fait et que Dieu a accueilli votre repentir, alors établissez l'Office et acquittez l’impôt, et obéissez à Dieu et à son messager. »

Le Coran revendique pour le seul Mahomet le rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes : S. 17-95-96 : « Dis : « S'il y avait sur terre des anges qui marchent en tranquillité, Nous aurions certes fait descendre sur eux un ange comme messager. » - Dis : « Il suffit de Dieu comme témoin entre moi et vous. ».
Le nombre des croyants augmente, Mahomet ne peut recevoir chacun individuellement. L'islam n'a jamais institué de clergé, même après sa mort, Mahomet reste le seul intermédiaire*; alors un verset mecquois reprend de sa valeur : S.11-114 : « Les bonnes actions font partir les mauvaises. ».

Soit impossibilité matérielle objective, (Mahomet ne peut recevoir tout le monde), soit désir de toute puissance (Mahomet refuse de partager la fonction d'intermédiaire), l'islam vient de passer d'une spiritualité de la grâce divine à une orthopraxie : le salut est obtenu par une conduite droite. Cela se fait sans réflexion théologique : la nécessité commande. Mais, une fois de plus, l'islam quitte la vision chrétienne (où le salut est obtenu par la foi en Jésus Christ) pour la conception des hérésies gnostiques ou des religions issues du paganisme comme le manichéisme.

L'islam va multiplier les pratiques droites, les tabous alimentaires, les règles vestimentaires et les consignes sur l’hygiène. La pratique de l'islam, y compris de nos jours, semble se perdre dans une multiplication d'obligations qui envahissent le quotidien du croyant.
Appartenir à l'oumma, la communauté des croyants, peut faire l’économie de la foi sincère et de la relation à Dieu*: il s'agit de respecter des rituels, d'être bien dirigé (S. 10-108).

Le Coran est peu lu comme si on craignait le défi qu'il représente pour l'intelligence. Finalement, l'orthopraxie permet d'éviter la réflexion personnelle. La cohésion de l'oumma sur la base de la soumission à des rituels permet à la foi musulmane de s'affranchir des dangers de la liberté individuelle.
 
ÉBAUCHES DE LÉGISLATION.

La spiritualité entraîne une morale. Mais le Coran centralise tous les pouvoirs et, à ce titre, il légifère.

L'économie
:
- Les prêts d'argent.

L'exemple des juifs est rejeté car ils prêtent avec intérêt :
S. 4-160-161 : « C’est à cause d’une prévarication de ceux qui sont devenus Juifs que Nous leur avons rendu illicites les excellentes choses, qui leur avait été rendues licites..., - et de ce qu’ils prennent des intérêts, -chose qui leur était interdite, et de ce qu’ils mangent à tort les biens des gens. ».
Le prêt d'argent reste possible, la garantie est obtenue par la signature d'un contrat devant témoins, deux hommes, ou un homme et deux femmes (S. 2-282).
Si aucun contrat ne peut être signé, un gage est donné : S. 2-283 : « Si vous êtes en voyage et ne trouvez pas de scribe : eh bien nantissez-vous d'un gage. ».
- Le commerce :
S. 2-275 : « Dieu a rendu licite le commerce et illicite l'intérêt. »

La justice :
- Le témoignage doit être sincère.

S. 4-135 : « Allons ! Debout, témoins pour Dieu avec justice ! Fût-ce contre vous-même ou contre père et mère ou proches parents, et qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, car Dieu a priorité sur les deux. Ne suivez pas vos passions, afin d’être justes. Si vous louvoyez ou si vous devenez indifférents, alors oui, Dieu demeure bien informé de ce que vous faites. »
- Le Talion reste la base de la justice musulmane, inspiré des coutumes ancestrales issues du code Hammourabi daté du XVIIIe siècle avant JC.
S. 2-178: « On vous a prescrit le talion, au sujet des tués: libre pour libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Contre celui, donc, à qui son frère aura pardonné quelque chose, une poursuite au mieux de la coutume, et un dédommagement de charité... ».
- Le prix du sang règle les conflits.
En cas de crime trop grave, la Géhenne reste néanmoins promise. Se soumettre à la justice humaine pour les crimes de moindre importance, permet donc d'obtenir le pardon d'Allah. Le dépositaire de la justice humaine est donc pourvoyeur du pardon divin. Mahomet ne se prendrait-il pas parfois pour Allah ?
: S. 4-92 : « Un croyant, qu’a-t-il à tuer un croyant, sauf par erreur ? Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave croyant, et remette à ses gens le prix du sang... Mais si le mort appartenait à un peuple ennemi, lui-même étant croyant, qu’on affranchisse alors un esclave croyant. S’il appartenait à un peuple entre lequel et vous il y a un engagement, qu’on verse alors ses gens le prix du sang, et qu’on affranchisse un esclave croyant. Et pour qui ne trouve pas : alors un jeûne de deux mois d’affilée... Quiconque intentionnellement tue un croyant, sa récompense alors est la Géhenne, d’y demeurer éternellement. Et sur lui la colère de Dieu, ainsi que sa malédiction, tandis qu’Il lui a préparé un énorme châtiment. »

Le budget de la théocratie :

S. 9-60
: « Les recettes de l’État sont pour les besogneux et pour les pauvres, et pour ceux qui travaillent, et pour ceux dont les cœur sont à gagner, et pour affranchir des jougs, et pour ceux qui sont lourdement endettés, et dans le sentier de Dieu et pour l'enfant de la route. Arrêté de Dieu. ».

Mahomet en reste le gestionnaire.
 
RUPTURE DOGMATIQUE AVEC LES JUIFS.


La Charte de Yathrib a donné aux deux dernières tribus juives de Médine une place dans l'oumma. Elles sont protégées par leurs alliances avec les tribus arabes et leur foi est respectée.

La position théologique de Mahomet est intenable.[/b] À la Mecque, il était convaincu que les juifs témoigneraient en sa faveur et il l'avait proclamé au nom d'Allah (S. 26-197). À Médine, les juifs le rejettent. Ses affirmations passées l'ont piégé :

- Mahomet affirme depuis la Mecque que les deux révélations sont identiques. Il ne peut pas y revenir. Il persiste donc : S. 2-89 : « Quand leur vint de Dieu un Livre confirmant ce qu'ils avaient déjà... ils mécrurent. ». Or, elles sont radicalement différentes entre Yahvé qui crée le bien et la liberté, et Allah qui crée le bien et le mal.

- Mahomet cherche une échappatoire en proclamant que les juifs de Médine savent qu'ils mentent (S. 2-90 ; S 3-78). Or, la Bible annonce un Dieu diffèrent et cela depuis sa mise par écrit. Les manuscrits de Qumrân le prouvent. Les Juifs de Médine ne peuvent pas être responsables de la supposée falsification de la Bible car elle est bien trop ancienne. Mais Mahomet ne peut l'entendre : S. 3-71 : « O gens du Livre, pourquoi enrobez-vous de faux le vrai et cachez-vous le vrai, alors que vous savez ? » et S. 4-46, S. 3-99.

Mahomet réinvente la révélation biblique : S. 3-81 : « Dieu prit l'engagement des Prophètes - « Chaque fois que Je vous donnerai du Livre et de la sagesse, et qu'ensuite un messager vous viendra confirmant ce que vous avez déjà, vous devrez y croire, certes, et vous devez lui porter secours. ». Les juifs devraient donc le reconnaître et l'aider.

Mais les juifs ne l'aident pas*; ils mettent en danger sa prédication :
- Ils repèrent les failles de son discours et le piègent :S. 5-41 : « O messager ! Que ne t'affligent pas... ceux qui se sont faits Juifs. Ce sont des espions qui n'écoutent que pour le mensonge, espions qui écoutent pour les autres qui ne viennent pas près de toi ; détournant ensuite le mot de ses sens, ils disent : « Si c'est çà qu'on vous a donné, alors, recevez-le ; et si ce n'est pas ça qu'on vous a donné, alors prenez garde ! » ».
- Les juifs font du prosélytisme :S. 3-69 : « Des gens du Livre (les juifs) auraient bien voulu, s'ils avaient pu vous égarer. ».

Mahomet empêche ses adeptes de discuter amicalement avec eux : S. 3-118 : « Ho les croyants, ne prenez pas de confidents au dehors : ils ne failliraient pas de vous perdre. » Mahomet a donc recourt à une technique qui fera le succès des organisations sectaires : le rejet de l’extérieur et de toute voix dissonante.

On sent toute la surprise de Mahomet face à l’entêtement des juifs et son dépit de ne pas être accepté : S. 3-98-101 : « Dis « O gens du Livre, pourquoi, en voulant tortueux le sentier de Dieu, en empêchez-vous celui qui a cru ? Alors que vous êtes témoins !... Et comment pouvez-vous mécroire alors que les versets de Dieu vous sont récités, et qu'au milieu de vous se tient Son messager ? ».

Certains versets vont même jusqu'à les comparer à des singes et à des cochons (S. 5-60, S. 7-166). À la fin, il ne reste donc que l'insulte à Mahomet pour dissimuler ses incohérences théologiques.
 
EN 626, AN 5 DE L’HÉGIRE : LA BATAILLE DU FOSSÉ (AL-KHANDAQ).

À l'initiative des Mecquois, des tribus se coalisent contre Mahomet.
Elles veulent mettre fin à son action.

Selon la Tradition, un perse, Salmān al-fārisīy
, aurait conseillé à Mahomet de creuser un fossé autour de son camp pour repousser la cavalerie des Mecquois. Il aurait eu 10 mètres de large et autant de profondeur. Médine était, semble-t-il, entourée de remparts*; le fossé ne fut creusé que là où ils manquaient. La Tradition raconte que ces remparts étaient gardés par différentes tribus de Médine, dont la tribu juive des Qurayza... mais le Coran n'en parle pas. Nul doute qu'il n'aurait pas omis de le préciser si c'était le cas !
Les mecquois mettent le siège devant Médine. Les hommes de Mahomet se retranchent derrière le mur. Le face-à-face dure 26 jours, sans réel combat. Les mecquois se lassent et retournent à la Mecque. S. 33-25 : « Dieu a renvoyé avec rage ceux qui mécroient, - lesquels jamais n'obtiendront le bien, - Dieu a épargné aux croyants le combat. ». Mahomet triomphe.

Le Coran permet d'élaborer une seconde version de ce statu quo :
S. 33-9-25. Les médinois profitent de l'attaque des Mecquois et s'en prennent à la troupe de Mahomet assiégée (v. 13). Mahomet est pris entre deux feux, sa troupe se débande et chacun rentre chez soi. Certains doutent de la puissance d'Allah (v. 10). Ils sont menacés de châtiment : il ne sert à rien de fuir devant Allah, s'Il a décidé de châtier, le châtiment trouvera sa victime (v. 17).
Le salut vient une fois de plus de troupes célestes invisibles, S. 33-9-15 : « Ho les croyants, Rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous, quand des troupes vinrent sur vous. Nous envoyâmes alors contre elles un vent et des troupes que vous ne vîtes pas ! Cependant que Dieu reste observateur de ce que vous faites. Quand ils nous vinrent d'en haut et d'en bas, et que les regards chaviraient et que les cœurs remontaient aux gorges et que vous pensiez de Dieu toutes sortes de pensées. Les croyants, alors, étaient éprouvés et secoués d'une rude secousse. Et quand les hypocrites disaient et ceux qui ont la maladie au cœur : « Dieu et son messager ne nous ont promis qu'en tromperie » ! De même, quand un groupe d'entre eux dit : « Gens de Yathrib ! Pas de résistance pour vous ! Retournez ! » Partie d'entre eux cependant demandait congé au Prophète en disant : « Oui, nos maisons sont à nu », alors qu'elles n'étaient pas à nu mais qu'ils voulaient juste s'enfuir. » … Tandis qu'auparavant ils avaient certainement passé contrat avec Dieu qu'ils ne tourneraient pas les derrières. Et le pacte de Dieu est chose sur quoi on interrogera. »

Personne ne semble avoir envie de se battre. Les Mecquois rentrent chez eux. Les Médinois ne vont pas jusqu'au bout de leur révolte contre Mahomet. Les croyants de Mahomet se débandent. S. 23-25 : « Allah a épargné le combat aux croyants. »

Seul Mahomet a assez de persévérance et de jugement politique pour tirer profit de cette fausse victoire. Quoique rejeté par ses voisins, il ne cède jamais.

Sa théorie du Dieu des combats, associée à la promesse d'un butin, finira par canaliser, motiver et discipliner ses troupes bédouines.
Et ce butin va être rapidement trouvé.
 
En 627, LA DEUXIÈME TRIBU JUIVE, CELLE DES NADÎR, EST CHASSÉE.

Mahomet les accuse d'avoir fait « schisme d'avec Dieu et Son messager.»
(S. 59-4).
La Charte de Yathrib obligeait les tribus juives à une contribution financière pour soutenir l'effort de guerre de Mahomet. Ont-ils refusé cette aide ?
Cette fois-ci, le Coran va justifier, quoique sommairement, les exactions contre les Nadîr. Les S. 4-155 et S. 5-13 les accusent d’avoir « rompu le pacte de confiance mutuelle» « naqd al-mîthâq »*: il s'agit d'un crime tribal, dont le contenu n'est pas précisé.

Mahomet fait sortir les Nadîr de chez eux. Il s'abrite derrière la décision d'Allah :
S. 59-2-6 : «Il [la divinité] est celui qui a expulsé de leurs demeures ceux qui avaient été ingrats parmi ceux qui avaient reçu l’Écriture, Il les a contraints à sortir pour le premier rassemblement (li awwal hashr).» « Hashr » s’applique au fait de rassembler de force un troupeau ou de rabattre un fauve à la chasse.

Mahomet fait couper leurs palmiers, il s'agit d'un crime tribal. Le palmier était le seul moyen de survie dans les milieux désertiques. Cela interdit définitivement le retour des Nadîr. S. 59-2-5 : « Vous n’eussiez jamais pu croire que l’on parviendrait à les expulser ; et eux ils se croyaient à l’abri de l’action de Dieu dans leurs demeures fortifiées : mais Dieu les a attaqués d’une manière qu’ils n’avaient pas prévue ; il a jeté la terreur dans leurs cœurs, si bien qu’ils en sont venus à détruire eux-mêmes leurs maisons et [à les laisser détruire] par la main des fidèles à Dieu ; considérez donc, ô hommes doués de sens qu’elle leçon doit être tirée de cela. Si ce n’est que Dieu leur avait imposé l'exil, il les aurait soumis aux tourments en ce monde ; mais [n’en doutez pas], ils subiront dans l’autre monde les tourments du feu. Ils ont pris [l’initiative] de rompre (shâqqu : rupture illégitime) avec Dieu et avec son messager ; celui qui [prend l’initiative illégitime] de rompre avec Dieu, Celui-ci lui applique le plus violent des châtiments. Les palmiers que vous avez coupés [vous, les partisans de Mahomet sur les terres des Nadîr] et ceux que vous avez laissés sur pied, c’est avec la permission de Dieu et pour que les pervers soient humiliés. »

Couper des palmiers est une transgression inacceptable, mais le Coran la justifie*: il s'agit d'une décision d'Allah.

Dépassés par le nombre, les alliés arabes des Nadirs renoncent à les aider.
S. 59-11-12 : « N’as-tu pas vu ceux qui sont traîtres à leur alliances (munâfiqûn), disant à leurs alliés, des gens du Livre, qui mécroient : « Si on vous chasse, nous partirons très certainement avec vous, et n’obéirons jamais à personne à votre sujet ; et si on vous combat, très certainement nous vous secourrons » ? Or Dieu atteste qu’en vérité ce sont bien des menteurs. Si ceux-là sont chassés, ceux-ci ne partiront pas avec eux, et s'ils sont combattus, ceux-ci ne les secourront pas ; et quand même ils les secourraient, très certainement ils tourneront les derrières ; puis, ils ne seront pas secourus. »

La tribu des Nadîr, la deuxième tribu juive de Médine, est contrainte par la force de partir de chez elle*: ses maisons et ses terres agricoles sont détruites. Comme il n'y a pas eu de réel combat, Mahomet se les approprie intégralement sans partager avec ses compagnons (S. 59-6).
 
ARGENT ET FEMMES.

Les Nadîr sont chassés. La Sira II, 136,137
: « L'Envoyé d'Allah ordonne de creuser la ruine. On en extrait une partie du trésor des Nadîr. Il demande à Kinanâ où se trouve le reste. Mais il refuse de le dire. L’Envoyé d'Allah ordonne à al-Zubayr de le torturer. Al-Zubayr se mit à brûler sa poitrine avec un briquet jusqu'à ce que Kinanâ soit sur le point de mourir. Puis l'Envoyé d'Allâh le livra à Muhammad ben Maslamah, celui-ci lui coupa le cou, en vengeance de son frère. ».

Safiyya, la veuve de Kinanâ, est une belle juive de 17 ans. La nuit même de l’exécution de son mari, Mahomet consomme son mariage avec elle. Il ne respecte pas le délai de 4 mois 10 jours (S. 2-234).

Mahomet multiplie les unions*: il a jusqu'à 10 épouses. La Tradition a raconté cette vie conjugale, mais le Coran lui même s'en fait l'écho.

Une de ses dernières épouses, une copte, suscitait la jalousie des autres épouses. Elle offrait régulièrement du miel à Mahomet qui aimait ce met. Les autres femmes racontent que l'odeur du miel les incommode. Mahomet promet de ne plus en manger. Puis, une de ses femmes lui raconte que le miel n'est pour rien dans l'affaire et qu'il s'agit de jalousies de femmes frustrées. Comment revenir sur son serment ? Heureusement, Allah vient à son secours :
S. 66-1-4 : « Ho, le Prophète ! Pourquoi, en recherchant l’agrément de tes femmes, interdis-tu ce que Dieu a rendu licite ? Dieu vous impose, certes, de vous libérer de vos serments. ».

Débordé par ses 10 épouses, Mahomet fait appel à la cour céleste :
S. 66-4 : « Si toutes deux ... vous vous soutenez l'une l'autre contre le Prophète, alors son allié-protecteur, c'est Dieu ; et aussi Gabriel et le « Juste » des croyants, et après cela les anges seront son soutien. »

La cour céleste ne suffit pas : il menace de divorcer.
S. 66-5 : « Il se peut que, s’il divorce d’avec vous, son Seigneur vous remplace par des épouses meilleures pour lui, meilleures que vous, soumises à Dieu, croyantes, dévouées, repentantes, adoratrices, itinérantes, -ayant connu mari, ou même vierges. »
La punition de ses femmes est quadruplée (S. 33-30).

Même avec l’aide de l’ange Gabriel, dix épouses à gérer, voilà qui est suffisant :

S. 33-52 : « Dorénavant il ne t’est plus permis de prendre femmes, non plus que de changer d’épouse, même si leur beauté te plaît ; - à l’exception des esclaves que ta main possède. » (Ce verset est forcement postérieur au dernier mariage connu de Mahomet, comment croire qu'il aurait désobéi à la consigne).
Les esclaves sont exclues de la restriction ! Mahomet préserve ses droits mais limite ses devoirs.

Ensuite, le nombre d'épouses sera limité à quatre, toujours sans compter les esclaves (S. 4-3). Mahomet doit donc divorcer de certaines, mais il rend impossible leur remariage :
S. 33-53 : « Et ce n’est pas à vous de faire de la peine au Prophète, - ni de vous marier jamais avec de ses épouses après lui ; ce serait auprès de Dieu, une énormité. »

Soit, elles se conduisent assez bien pour être choisies parmi ses quatre épouses, soit elles restent définitivement seules…

Que penser de l'attention soutenue d'Allah envers les détails de la vie sexuelle de Mahomet, face à Sa concision au sujet des brutalités commises envers les opposants ?
 
627 : EXTERMINATION DE LA TROISIÈME TRIBU JUIVE DE MÉDINE : LES QURAYZA.

Les Qurayza vivent dans des habitations éloignées de Médine.
Lors de la bataille du fossé, ils ne sont pas intervenus. Ils ne gardaient donc pas les remparts, comme la Tradition le prétendra. Auraient-ils dû venir au secours de Mahomet ? Ont-ils pris contact avec les assiégeants mecquois ? Mahomet craint simplement leur trahison sans rien de précis à leur reprocher S. 8-58 : « Si jamais tu crains avec certitude la trahison de la part d'un peuple, désavoue-le, alors, en toute légalité. Dieu n'aime pas les traîtres. »

Mahomet part les assiéger dans leurs hameaux fortifiés de murs en terre. S. 59-14 : « Ils ne vous combattront ensemble que de villes fortifiées ou de derrière des murailles. »

Les arabes médinois et les Qurayza sont regroupés dans un verset. Les « al murâfiqûn » ne sont pas de mauvais musulmans, comme le dira plus tard la Tradition, mais des arabes de Médine indépendants de Mahomet qui protègent les Qurayza selon des accords anciens entérinés par la Charte de Yathrib. S. 33-60-61 : « S’ils ne cessent pas [de s’opposer à toi,], les hypocrites [al munâfiqûn], ceux dont le cœur est malade et ceux qui tremblent de peur à Médine (les juifs probablement). Nous jurons bien que nous te lancerons contre eux, tu ne les auras pas longtemps comme voisins [à Médine]. ».
Le massacre des Qurayza correspond donc à une promesse d'Allah, les hommes de Mahomet n'ont pas à se sentir responsables de cette trahison des règles de solidarité envers une tribu juive de l'oumma, définies par la charte de Yathrib.

Leurs tribus arabes protectrices ne bougent pas. Les hommes Qurayza sont tués, les femmes réduites en esclavage :

S. 33-26 : « [Allâh] a fait descendre de leurs demeures imprenables ceux qui leur ont prêté main-forte parmi les Hommes de l’Écriture (les Qurayza) ; Il a jeté la terreur en leurs cœurs ; une partie d’entre eux, vous les avez tués et une autre vous l’avez rendue captive (ta’sirûn). »
S. 33-61 : « Maudits soient-ils ! Où qu’ils se terrent, ils seront pris et mis en pièces jusqu’au dernier (ukhidhû wa quttilû taqtîlân). » Le verbe employé en arabe suggère une tuerie massive.

La Sira II ; 240, 24 raconte : « Le prophète ordonna de faire descendre de leurs fortins les Banû Qurayza et de les enfermer… ils étaient 600 à 700 hommes... ; et le prophète ne cessa de les égorger jusqu’à leur extermination totale » (traduit par Wahib Attalah)

Les Qurayza n'avaient pas bien accueilli Mahomet, sans doute même ne l’avaient-ils jamais convié chez eux comme le suggère le verset par lequel Mahomet s'approprie leurs biens : S. 33-27 : « Dieu vous a fait héritiers d’une terre sur laquelle vous n’aviez jamais mis le pied. »

Les juifs ne se sont pas défendus : Allah a mis la terreur dans leurs cœurs (S. 33-26, S. 59-2).

Après la destruction de la dernière tribu juive de Médine, Mahomet n'a plus d'opposants, en particulier aucun dont les connaissances bibliques pourraient le prendre en défaut.

« Le Coran décrypté », p. 344, J Chabbi. Fayard.
 
UNE RÉVÉLATION MYSTIQUE COMME INSTRUMENT POLITIQUE : PRATIQUE HABITUELLE EN ARABIE AU VIIe SIÈCLE.


Dans la péninsule arabique à la même époque, existent plusieurs leaders politiques qui revendiquent un statut de prophète : ils se disent inspirés par Dieu. Mahomet, le Prophète, est bien un homme de son temps :

Au Yémen, 'Ayhala al-'Ansî est surnommé « al-Aswad », « Le Noir ». Il devient le prophète politique du peuple yéménite du vivant de Mahomet (Tabarî, Târîkh, I, 1796-1797). La Tradition musulmane racontera que Mahomet l'avait vu en songe, au moment où il voulait justifier l'envoi de troupe conquérante vers le Yémen. 'Ayhala, le Noir, défend les Yéménites de souche contre les descendants des Perses soutenus par Mahomet. L'empire perse s'était retiré sous la pression byzantine. 'Ayhala cherche à redonner aux Yéménites leur autonomie contre les tentatives d'expansion de Mahomet. Il déclare aux envoyés de Mahomet : « Vous qui venez d'ailleurs contre nous, cessez de nous frustrer de nos terres et livrez nous ce que vous avez collecté. C'est à nous plutôt que cela revient de droit. Quant à vous, restez là où vous êtes ! ». Le Noir sera assassiné par les émissaires de Mahomet, aidés des Perses, et les Yéménites seront soumis.

Dans le Nedjd, un prophète-dirigeant était un nommé Tulayha al-Asadî
. Jâhiz (Bayan, I, 359 ; Wâqidi, Ridda, p.87-88) rapporte que « Tulayha était un orateur, un poète, un expert en prose rimée et un généalogiste ». Une révélation prophétique en vers, servant de justification au pouvoir politique était bien une tradition dans l'Arabie du VIIe siècle.

Il existait même une femme prophète, Sajâh, à la tête des Tamîm, fédérant le centre de l'Arabie et les Taghlib au Nord-Est. (EI, VII, 664a-665a, « Musaylima » ; I749b-750 a, « al-Aswad » ; X, 648a-649a, « Tulayha » ; VIII, 759b,760a, « Sadjâh »). Mahomet fera une alliance politique avec elle.

Musaylim Ibn Habîb, en Arabie centrale dans la Yamâma, prophétise du vivant de Mahomet et dirige un mouvement politique, comme lui. Il fédère la tribu des Banû Hanifâ qui assure la protection des caravanes entre l'Arabie et l'Irak. Il était le prophète d'un Dieu unique, « al-Rahmân », le Très Miséricordieux (Jeffey, Foreign (1938), p. 140-141). Un culte à Rahmana, Dieu unique, a laissé des traces dans des gravures au Yémen à partir du IVe siècle. Musaylim recevait des révélations en prose rimée, comme Mahomet, et croyait en la Résurrection et en un Jugement dernier. Il prescrivait le jeûne et l'ascèse ainsi que les prières quotidiennes. En 633, lors du combat d'al-'Aqrabâ' à la frontière du Yamâma, il est tué en luttant contre les troupes de Khâlid, fils d'al'Walîd, envoyé par Abû-Bakr. Le nom de Dieu révélé par Musaylim, « al-Rahmân », est repris dans le Coran. Provient-il du culte yéménite ou de la prédication de Musaylim ?

On le voit, au début du VIIe siècle, la péninsule arabique était riche en prophètes-poètes-dirigeants politiques. La Tradition musulman affirme logiquement que ce sont de faux prophètes*; mais la seule spécificité de Mahomet est d'avoir triomphé d'eux militairement.


« Les fondations de l'Islam, entre écriture et histoire », A.-L. de Prémare, éditions Points.
 
LES JUIFS SONT ACCUSÉS DE POLYTHÉISME.

En 627, il n'y a plus de juifs à Médine.
Le Yémen est soumis à Mahomet, suite à l'assassinat du prophète nommé le Noir, défenseur de l'autonomie yéménite. Le royaume juif yéménite de Himyar qui protégeait les juifs d'Arabie, n'existe plus. Mahomet peut s'attaquer à la riche oasis agricole de Khaybar,
à 150 km au nord de Médine. Elle abrite la dernière tribu juive du Hedjaz. Selon la Tradition, il ne réclame pas sa conversion mais simplement la soumission et le paiement d'un tribut annuel.
Dans la petite théocratie de Mahomet, plus aucun juif ne mettra en doute son inspiration divine.
La S. 62-1-8 relate la conquête de Khaybar. Elle évoque les rabbins qui portent à dos d'âne les rouleaux de la Thora entre les habitats dispersés (verset 6). Mahomet leur reproche uniquement de ne pas avoir cru en lui.

Le Coran ne justifie pas plus la soumission des Khaybar qu'il n'avait justifié l'extermination des deux dernières tribus juives de Médine. La Tradition brodera des siècles plus tard et imaginera des trahisons justifiant l'attaque de Mahomet. Le Coran n'en garde aucune trace.

En revanche, tout au long de la révélation médinoise, le Coran affirme, curieusement, et de plus en plus nettement que les juifs sont polythéistes. S'agit-il de justifier les exactions commises ?
Au début, cela est sous-entendu Sourate 2. Mahomet vient d'arriver à Médine, et le choc théologique avec les juifs a été violent. S. 2-134-135 : « Ils ont dits : « Soyez judéens ou nazaréens, c’est la bonne direction pour vous ! » Réponds-leur : « Non, [il faut suivre comme moi] la voie d’Abraham en homme pur. Lui [Abraham], il n’a pas été de ceux qui associent [une autre divinité à Dieu]. » et S. 3-65-67. Les juifs sont accusées d'être associateurs. On a vu que ce reproche était fait à la Mecque aux compatriotes polythéistes de Mahomet.
Plus tard, les Juifs sont assimilés à des associateurs notoires, du moins aux yeux de l'auteur du Coran : S. 22-17 (103éme révélée) : « Oui, quant aux croyants, et aux Judaïsés et au Sabéens et aux Nazaréens, et aux Mages et à ceux qui donnent des associés, oui , Dieu jugera parmi eux. ».
Puis à la toute fin de sa vie, plus aucun juif ne vivant à Médine et la tribu Khaybar dernière tribu juive vivant dans le Hedjaz ayant été soumise, l'accusation peut se faire plus précise sans être contredite :
S. 9-30 (113e) : « Les Juifs disent : « ‘uzayr est fils de Dieu » les nazaréens disent : « Le Christ est fils de Dieu ». ».

Qui est donc ‘Uzayr ? Nulle part ce nom n’apparaît ailleurs que dans le Coran. Les juifs n'ont jamais donné de fils à Dieu. Ils doutent même du monothéisme des chrétiens pour la seule raison qu'ils affirment que Jésus est « Fils de Dieu ». Ils ne comprennent pas plus la Trinité que ne la comprendront les musulmans.

« Les Juifs disent : « ‘uzayr est fils de Dieu » ». Est-ce une grossière erreur théologique de Mahomet ou simplement de la désinformation pour justifier ses exactions ?

« Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage », nous apprend l'adage.
 
RELATIONS AVEC LES CHRÉTIENS.

Au début, Mahomet a espéré être reconnu par les chrétiens.
Est-ce en lien avec cet espoir que leur victoire de 627 sur les Sassanides a été attribuée à la Providence divine ? S. 30-2-4 (84e révélée) : « Les grecs ont été vaincus sur la terre proche. Mais après cette défaite, ils vaincront dans quelques années... Dieu assiste qui Il veut. ».
Pour le Coran mecquois, les chrétiens accèdent au salut, le contenu de leur foi ne pose aucun problème : S. 2-62 (87e) : « Les Nazaréens... et quiconque a cru en Dieu et au Jour dernier, et fait bonne œuvre, pour ceux-là, leur récompense est auprès de leur Seigneur. ».
Les monastères sont donnés en exemple : S. 57-27, (94e) : « Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie. Nous lui avons donné l’Évangile. Nous avons établi dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion et la vie monastique qu’ils ont instaurée - nous ne la leur avions pas prescrite - uniquement poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu. » et S. 24-35-36.

Puis, Mahomet pense que les chrétiens vont se convertir, contrairement aux juifs :
S. 5-82-85
, (112e), se fait l'écho de cet espoir : « Certes, vous trouverez que ceux qui vouent la plus profonde hostilité à ceux qui croient sont les judéens et les polythéistes ; certes, vous trouverez que ceux qui vouent la plus sincère amitié à ceux qui croient sont ceux qui disent : « Nous sommes nazaréens... Lorsqu’ils [ils] entendent [la Révélation] qui est descendue sur le Messager, tu vois leurs yeux déborder de larmes ; sachant que c’est la vérité... ».

Manifestement, Mahomet ignore que les chrétiens croient en la Trinité. Il pense que le Dieu qu'il annonce et le Dieu des chrétiens et des Juifs est le même (S. 29-46, S. 10-94).

Mahomet n'apprend que très tardivement l'existence du concept de Trinité. S. 5-73 (112e) : « Ils sont infidèles ceux qui disent qu’Allah est le troisième de Trois (thâlith thalâtha). » et S. 4-171. Suite à ces versets, ceux qui ont foi en la Trinité sont infidèles alors qu'ils étaient sauvés quelques années plus tôt ! Mahomet n'a pas compris que l'ensemble des chrétiens croie en la Trinité, depuis que le Christ a affirmé sa divinité : « Moi et le Père nous sommes un. » (Jn 10-30). Le Coran affirme : « Que les gens de l’Évangile jugent d’après ce que Dieu y a fait descendre ! » S. 5-47. C'est ce qu'ils font, sont-ils sauvés ou damnés ? Le Coran hésite.

Est-ce le refus des chrétiens de se convertir, qui a poussé Mahomet à une exploration théologique un peu plus fine ? Le concept de Trinité reste alors inconnu de l'auteur du Coran qui ignore que la Trinité des chrétiens se compose du Père, qui engendre en permanence le Fils, Eux-mêmes réunis par l'Esprit Saint :
S. 5-116 (112e) : « Et quand Dieu dira : « O Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : « Prenez-moi ainsi que ma mère pour deux divinités en dehors de Dieu ? » Pour Mahomet, la Trinité se compose de Dieu, de Jésus et de Marie !

À la fin de sa vie, Mahomet a renoncé à convertir les chrétiens. Son discours sur eux change : les moines sont accusés de rapacité : S. 9-34 (113e) : « Ils mangent le bien des gens pour des choses vaines. »

La théologie du Coran s'adapte aux événements !
 
COMMENT LE CORAN VOIT-IL JÉSUS ?

Le Coran affirme fortement l'humanité de Jésus en l'appelant « le fils de Marie »
(S. 2-253, S. 2-87, S. 4-171, S. 4-157, S. 43-57, S. 23-50).
L'appellation de Messie, al-masîb, n'est connue que tardivement, à Médine (S 4-171, S. 4-172, S. 5-17, S. 5-72, S. 5-5).

Le Coran reconnaît certains attributs à Jésus
:
- Jésus « existait » avant son Incarnation terrestre.
S. 3-45 : « O Marie, voilà que Dieu t'annonce un Verbe de sa part : son nom est l'Oint, Jésus, fils de Marie, illustre ici-bas, comme dans l'au-delà. ». Au moment où Jésus prend chair en Marie, il est déjà connu dans l'au-delà. Jean 1-15 avait déjà signalé que le Christ existait avant son incarnation.

- Jésus est né de l'Esprit de Dieu : S. 66-12 : « De même, Marie, une fille d’Amram. Elle avait préservé son corps; puis nous y avons insufflé de Notre esprit.».
Jésus est né d'une mère vierge et qui le reste après sa conception. Il est conçu par l'esprit de Dieu et non par un rapport sexuel et S. 3-47.

- Jésus est « Parole » de Dieu, « Verbe » de Dieu :
S. 4-171 : « Le Christ Jésus, fils de Marie, n'est jamais qu'un messager de Dieu ; Sa parole qu'Il jeta vers Marie, un Esprit de Sa part. » et S. 3-45. Par ailleurs, Dieu agit par Sa parole (S. 2-117).

- Jésus est à la fois un Esprit issu de Dieu (S. 4-171) et inspiré par l'Esprit[/b] : S. 2-87 : « Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l’avons renforcé du Saint-Esprit.) et S. 2-253.

- Jésus fait des miracles (S. 3-49 : « Je guéris l'aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission de Dieu. Et je vous apprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. » et S. 5-110.

- Jésus a le pouvoir d'alléger la loi de Moïse : S. 3-50 : « Et me voici pour confirmer ce qu'il y a devant moi du fait de la Thora, et pour vous rendre licite partie de ce qui vous était interdit. Et je suis venu à vous avec un signe de votre Seigneur. ».
Si le Coran était un livre logique, il aurait considéré que les allègements du Christ, prophète de l'islam, étaient licites alors que le Coran a alourdi les rituels juifs (ablutions, l'interdit de l'alcool, jeûne).

- Jésus est immortel : S. 4-157-158 : « Car ils ne l'ont certainement pas tué, mais Dieu l'a élevé vers Lui. » et S. 3-55.

Jésus n'a donc pas grand chose d'humain dans le Coran : il est considéré comme une Théophanie, une manifestation de Dieu, mais qui n'est pas Dieu lui-même (S. 5-116, S; 4.171).

Il s'agit d'une ambiguïté du Coran qui affirme l'essence divine du Christ sans admettre sa divinité. La perception coranique du Christ est une entorse à l'unicité de Dieu.
 
COMMENT CERTAINS EXÉGÈTES MUSULMANS ONT-ILS COMPRIS JÉSUS ?


S. 4-171
: « O gens du Livre, n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites de Dieu que la vérité. Le Christ Jésus, fils de Marie, n'est jamais qu'un messager de Dieu ; Sa parole qu'Il jeta vers Marie, un Esprit de Sa part. Croyez donc en Dieu et en Ses messagers. Et ne dites pas « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Dieu est un seul Dieu, rien d'autre. Il aurait un enfant ? Pureté à Lui ! ».

Ce verset est intéressant. Il affirme en même temps que Jésus est Parole de Dieu, qu'il est un Esprit de la part de Dieu, qu'il ne saurait être un enfant engendré sexuellement par Dieu ; et, en même temps, il dit que le Christ est un messager de Dieu et le fils de Marie. Ces propositions sont semblables à la foi chrétienne. L'indignation du Coran à propos du « Trois » marque les limites de la compréhension coranique du concept de Trinité. Pour les chrétiens également, Dieu est Un. Dieu a choisi de se faire homme, mais par nature, Il est le Tout Autre, totalement différent d'un être humain. Il est Unique en Trois Personnes divines, s'engendrant en permanence et s'unissant en permanence.

Des exégètes musulmans se sont penchés sur ce casse-tête. Selon la foi musulmane, seuls des savants musulmans ont le droit et l'aptitude d'interpréter à bon escient le Coran.

Voilà comment Abu A-Sa`ud Mohamed ben Mohamed Al-Ammady
a interprété cet autre verset du Coran :
S. 3-39 : « Voilà que Dieu t’annonce la naissance de Jean (Yahya), qui confirmera la Parole de Dieu. ».
Abu A-Sa`ud Mohamed ben Mohamed Al-Ammady, ابو السعود محمد بن محمد العمادى , p. 233: « Confirmer la Parole de Dieu signifie que cette Parole est Jésus, que la paix soit avec Lui ».
Cet exégète cite un commentateur plus ancien Al-Siddi’s السّدى qui a commenté la rencontre de Marie, mère de Jésus, avec sa cousine, la mère de Yahya (Jean le Baptiste) : « La mère de Yahyia rencontra la mère de Jésus et lui a dit : « j’ai senti l’enfant dans mon ventre adorer l’enfant dans votre ventre.» ».
Jean a donc adoré Jésus alors qu'ils étaient tous les deux in utero. Comme Seul Dieu peut être adoré, on peut conclure légitimement que, pour ces deux commentateurs musulmans autorisés, Jésus est Dieu.
Le Christ est donc le Verbe, la Parole de Dieu.
Il est un Esprit de Dieu... et Dieu lui -Même.

Un autre commentateur sheikh Mohyi Addin Al-Araby الشيخ محى الدين العربى,
« fusus al- hikam/ فصوص الحكم », vol. 2, p. 35 explique que la Parole est Dieu Lui-Même, Dieu qui se révèle sous une autre forme. Mohyi Addin Al-Araby dans son livre dit textuellement : « La Parole est la Divinité ».
La Parole est donc la divinité, et l'islam reconnaît par ailleurs que la Parole est Jésus.
Sheikh Mohyi Addin Al-Araby, dans le même ouvrage « fusus al- hikam », volume 2, p. 13 explique que la Parole de Dieu est l’intelligence de Dieu.

On voit que les exégètes musulmans, confrontés aux versets ambigus du Coran, arrivent par la logique à une compréhension de la personne du Christ proche de celle qu'en ont les chrétiens.

Le Christ est Dieu, Parole de Dieu, Intelligence de Dieu, engendré sans rapport sexuel, Dieu n'est pas Trois mais bien Un.

Le Coran, les exégètes musulmans et ... les chrétiens sont finalement d'accord !!!
Le Christ est Dieu !

Source: interview du Père Zakaria Boutros.
 
DIEU EST PATIENT, DIEU EST BONTÉ, DIEU EST MISÉRICORDE.

Jésus Christ, le bon Pasteur,
a donné sa vie pour l'humanité (Jn 10, Jn 15-13).
Lui le seul Juge (Actes 10-42), il n'est pas venu juger mais sauver le monde (Jn 3-17).
Ceux qui le suivent accèdent, par lui, à la plénitude de la révélation*; ils ne sont plus traités en serviteurs mais en amis (Jn 15-15).
Jésus, Visage de Dieu, manifeste une vision de Dieu qui avait déjà été entrevue par les Prophètes.

Le plus ancien texte mis par écrit de la Bible est le livre d'Osée. Yahvé parle par Son prophète, Osée : « Je conclurai pour eux une alliance en ce jour-là... : l'arc, l'épée, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays, et eux, je les ferai reposer en sécurité. Je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras Yahvé. » (Osée 2-20-22).
Yahvé n'est pas Le Dieu des combats, Il est amour.

Le Coran est traversé par la révélation de la divinité du Christ, nous l'avons vu, même si elle est restée incomprise de l'auteur du Coran. Mais une autre dimension manque profondément au Coran, celle de l'amour de Dieu. Dieu est Père, un Père bon, patient et miséricordieux. Dieu est Fils, le Fils venu sauver l'humanité par la perfection de son amour offert au creux de la souffrance. Dieu est Esprit, le Pur amour de Dieu irriguant l'âme des hommes de bonne volonté.

Le Coran parle d'un Dieu vengeur mais pas de la bonté de Dieu. L'amour de Dieu est pourtant la seule lumière qui permette de comprendre Mahomet, Mahomet, l'adulte combattant et l'enfant orphelin, ballotté entre grand-père et oncles. Comment comprendre qui a été Mahomet si on ne se laisse pas éclairer par un regard de compassion pour cet homme porteur d'une enfance si éprouvante ?

Lire le Coran dans l'ordre de la révélation, en classant les versets par thèmes, permet une compréhension du texte que la lecture canonique habituelle rend difficile. De nombreux versets parlent finalement de Mahomet. Réunis et classés, ils donnent une vision du prophète de l'islam qui peut surprendre. Mahomet, l'homme pécheur (S. 40-55 : « Demande pardon pour ton péché.»), est menacé par un Dieu redoutable (S. 17-73-75 : « Peu s’en est fallu, vraiment, qu’ils ne t’attirent loin de ce que Nous t’avions révélé,... Nous t’aurions certainement fait goûter double de vie et double de mort ; et ensuite tu n’aurais pas trouvé de secoureur contre Nous. »), il trouve le réconfort dans la victoire militaire prédictive du pardon divin (S. 48-1-2 : « Oui, Nous t’avons accordé une éclatante victoire, afin que Dieu te pardonne tes premiers et tes derniers péchés. »).

Il est pourtant le bénéficiaire de la part de Dieu, de la même bonté, de la même patience et de la même miséricorde que l'humanité entière. La lecture rationnelle, la critique froide, l'analyse psychologique du Coran ne doivent pas le faire oublier.

Ceux qui peuvent être peinés de voir réunis et classés les versets du Coran qui nous parlent de Mahomet, n'oublient pas qu'il est un homme aimé de Dieu, y compris pour l'auteur de ces lignes.
 
MAHOMET À LA RECHERCHE DU POUVOIR ABSOLU.

Mahomet a conscience de l'oppression qu'il fait peser sur les siens
, il la justifie en accusant : S. 24-50 : « Doutent-ils ? Ou craignent-ils que Dieu les opprime, ainsi que son messager ? Non, mais c'est eux les prévaricateurs. ». Mahomet sait que ses règles déplaisent aux siens : S. 49-7 : « Sachez qu'en vérité le messager de Dieu est chez vous. S'il vous obéissait, en beaucoup de cas, vous retomberiez dans la perdition. ». Il s'est néanmoins inspiré des désirs d'Omar pour exiger le voile des femmes (Bukhâri Suyûtî, op.cit., I,p.99 (chap 10)).

Mahomet est désigné juge. Cela n’entraîne pas le consensus, S. 24-48 : « Quand on les appelle vers Dieu et Son messager, pour que celui-ci juge parmi eux, voilà que quelques-uns d'entre eux s'esquivent. ». Une révélation coranique, d'ailleurs assez tardive, a été nécessaire pour qu'il soit choisi, son seul talent n'a pas suffi. Quelque temps plus tard, la demande coranique est honorée*: une femme vient lui demander d'arbitrer un différend conjugal (S. 58-1-8).

Il semble bien que la prise de pouvoir moral et juridique de Mahomet n'ait pas été spontanée. Le Coran médinois a dû insister. « Obéir à Dieu et à Son messager ! » est répété à de multiples reprises (S. 8-20, S. 4-59, S. 47-33, S. 24-54, S. 58-13 et S. 3-32... ).

Pourquoi répéter si souvent la même demande, si on n'a pas de difficulté à se faire obéir ? Un verset, a priori inquiétant, semble confirmer cette hypothèse :
S. 5-33 : « Le paiement de ceux qui font la guerre contre Dieu et Son messager et qui s'efforcent au désordre sur la terre, c'est qu’ils soient tués ou crucifiés, ou que leur soient coupés la main et la jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés de la terre : voilà pour eux l'ignominie d'ici-bas ; et dans l’au-delà, il y a pour eux un énorme châtiment. ».
La cruauté des châtiments promis à ceux qui s'opposent, par la guerre mais aussi par le simple désordre, paraissent bien excessifs. Ils n'ont jamais été appliqués, ou exceptionnellement, en terre d'islam. Ils s'inspirent directement du verset mecquois où Pharaon, le roi pécheur, menace les égyptiens (S. 7-124). La formule a dû sembler suffisamment parlante pour être reprise. Mahomet souhaite être obéi ! Voilà qui est manifeste, qu'il l'ait été est moins certain, tant l'excès de ses menaces les rend peu crédibles.

La Tradition rapportera avec complaisance un hadith de nos jours inacceptable. Est-il le reflet du vécu des dynasties musulmanes, ou simplement de la volonté de Mahomet ? Abu Huraira rapporte, vol. 4, livre 52, n° 220 que Mahomet aurait dit : « J’ai été envoyé avec les expressions les plus courtes, portant les significations les plus larges, et j’ai été victorieux par la terreur. ».

La peur, les menaces et le refus de la liberté d'expression sont-ils réellement les seuls moyens qui conduisent à la préservation de l'orthodoxie musulmane ?

Quittons ce schéma. La raison et la réflexion ne peuvent-elles pas servir de base à la lecture objective du Coran ? C'est l'option que nous retiendrons, en nous affranchissant de la peur suscitée par les excès littéraires du Prophète de l'islam.

Nous continuerons donc notre réflexion en recopiant soigneusement le Coran après l'avoir classé par thèmes.
 
MAHOMET GÈRE L'ARGENT DE LA COALITION TRIBALE.


Ce que l'on possède a été donné par Dieu. En restituer une part est une charité équitable
: S. 2-3 : « Les pieux croient à l'invisible et établissent l'Office et font largesses de ce que Nous leur avons attribué. ». La S. 13-22 confirme et ajoute qu'il faut être généreux « en secret et en public. ». Il s'agit là d'un acte de charité qui est conseillé, redonnant pour Dieu ce qui a été reçu de Lui.

Mais il faut aussi donner de l'argent à Mahomet pour lui parler en tête-à-tête et espérer recevoir le pardon d'Allah : S. 58-13 : « Redoutez-vous de faire précéder d'aumônes votre tête-à-tête ? Mais quand vous ne l'avez pas fait et que Dieu a accueilli votre repentir, alors établissez l'Office et acquittez l'impôt, et obéissez à Dieu et à Son messager. ».

Il faut également verser un impôt obligatoire qui deviendra la Zâkat des musulmans :
S. 24-56 : « Et établissez l’Office, et acquittez l’impôt, et obéissez au messager. Peut-être serait-il fait miséricorde ? ». La formule est reprise S. 2-43, S. 5-12, S. 2-83, S. 4-162... et revient comme un leitmotiv à Médine. Les femmes de Mahomet ont même leur verset particulier réclamant leur imposition : S. 33-33. Ce verset étonne puisque l'argent est versé à leur propre mari !

Allah est censé recevoir cet impôt : S. 9-104 : « Ne savent-ils pas que, oui, c'est Dieu qui accueille le repentir de Ses esclaves et qui reçoit les impôts. » Allah reçoit donc l'impôt. Cela Lui permet-Il d'accueillir le repentir des croyants avec plus de miséricorde ?
Néanmoins, il est signifié ailleurs qu'Allah n'a nul besoin des biens matériels des croyants : S. 22-37 : « Ni leurs chairs, ni leurs sangs (des animaux sacrifiés) n'atteignent jamais Dieu, mais c'est votre piété qui L'atteint ! ». Seule la foi atteint Allah. C'est donc clairement Mahomet qui reçoit et gère les sommes d'argent ainsi récoltées.

Le Coran signale qu'on reproche à Mahomet de s'approprier les impôts : S. 9-58 : « Il en est parmi eux qui te blâment au sujet des recettes d'État. ».

Le Coran donne la solution habituelle dans ce cas de figure : on partage pour calmer les jaloux: S. 9-58 : « S'il leur est donné [des recettes d'État], donc les voilà contents ; et s'il ne leur en est pas donné, voilà qu'ils se fâchent. ».

Mahomet conseille aux croyants de se satisfaire de ce qu'il offre spontanément. S. 9-59 : « Si vraiment ils agréaient ce que leur donnent Dieu et Son messager, et disaient : « Dieu nous suffit ! Dieu de par sa grâce va nous donner. Son messager aussi. Oui, vers Dieu vont nos désirs. ».

Les croyants doivent aspirer à la grâce de Dieu, ils doivent désirer Dieu... et laisser Mahomet disposer à sa guise de l'argent de la collectivité.
 
ALLAH, DIEU DES COMBATS : SE SOUMETTRE À LUI CONDUIT À S'ENRICHIR PAR LE BUTIN.

Mahomet détient l'argent de la coalition. Quand on ne s'est pas battu, Mahomet garde la totalité du butin (S. 59-6). Pour s'enrichir, les croyants vont donc devoir se battre.

Allah révèle que la terre des incroyants appartient aux croyants : S. 14-13 : « « Très certainement, Nous allons détruire les prévaricateurs et vous installer sur terre après eux. » ». On voit s'installer le ressort spirituel qui donnera aux croyants la force de partir au combat hors d'Arabie en profitant de la faiblesse des états voisins.

Le combat est prescrit, même s'il est désagréable aux croyants (S. 2-216). Les combattants sont supérieurs à ceux qui restent chez eux (S. 4-95). Se battre pour Dieu sauve de l'enfer et conduit au paradis (S. 4-6), mais permet aussi d'obtenir des biens terrestres. Allah présente cela comme une transaction, un marché. Cela est conforme aux religions pré-islamiques : les sacrifices offerts aux dieux étaient vécus comme une transaction qui permettait d'obtenir des dons matériels : la pluie ou la sécurité de la caravane. S. 61-10-12 : « O, les croyants ! Vous indiquerai-je un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux ? Vous croyez en Allah et en Son messager et vous combattez avec vos biens et vos personnes dans le chemin d´Allah... Il vous pardonnera vos péchés et vous fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux... Voilà l´énorme succès et Il vous accordera d´autres choses encore que vous aimez : un secours venant d´Allah et une victoire prochaine. ».

Dieu s'engage par une promesse solennelle qui aurait déjà été faite dans les Évangiles. Le Dieu des combats est une hypothèse de l'Ancien Testament qui a été récusée par le Christ. Une fois de plus, on voit que l'auteur du Coran n'a pas eu accès aux Évangiles : S. 9-111 : « Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens, en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d´Allah : ils tuent, et ils se font tuer. C'est une promesse authentique qu´Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l´Évangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu´Allah à son engagement ? ».

On pratique la légitime défense (S. 9-36, S. 9-12-14), mais aussi l'attaque pour répandre la foi. Être incroyant justifie qu'on soit attaqué : S. 47-4 : « Lors donc que vous rencontrez ceux qui mécroient, alors frappez aux cols. Puis, quand vous les avez dominés, alors, serrez le garrot. Ensuite, soit libération gratuite, soit rançon, afin que la guerre dépose ses charges. ».

Très rapidement, les croyants sortiront de la péninsule arabique et porteront la guerre en des lieux où personne ne s'était jamais opposé à leur pratique religieuse. La guerre de conquête restera légitimée par la parole divine : S. 110-1-2 : « Lorsque vient le secours de Dieu, ainsi que la victoire, et que tu vois les gens entrer par légions dans la religion de Dieu, alors chante louange... ».

On voit clairement que ce n’est pas la prédication du Coran qui a entraîné les conversions, mais bien la victoire militaire. Mahomet gère le budget tribal. Ses affidés veulent s'enrichir : la guerre obtiendra du butin. Ainsi ils bâtiront un empire sur trois continents et ils répandront l'islam.
 
RELATIONS TRIBALES DE MAHOMET À MÉDINE.

En 622, les clans médinois ont accueilli Mahomet selon le devoir de solidarité tribale,
ils sont appelés « ceux qui prêtent assistance » S. 9-100 et S. 8-74.
Mais la place de Mahomet reste celle d'un inférieur. Ainsi en témoigne une anecdote du début de l'Hégire. Lors d'un déplacement, ses serviteurs essaient de faire boire ses bêtes avant celles d'un notable de Médine. Les serviteurs du notable exigent la prééminence et l'obtiennent. Le Coran garde la trace de leur exigence : S. 63-8 : « Ils disent : « Lorsque nous serons revenus à Médine, l’homme fort (le notable) en chassera l’homme de rien (Mahomet). » Alors qu'à Dieu la puissance et à Son messager et aux croyants ! ».

Mahomet traite de « munâfiqûn », les médinois, opulents et bavards ( S. 63-4-5) qui refusent de demander pardon à Allah par son intermédiaire. Même avec les arabes, son échec spirituel est manifeste ! Ce terme « munâfiqûn » est traduit par la Tradition par « hypocrites ». Dans le Coran, il désigne ceux qui rompent une obligation de soutien due à un allié dans le besoin. Il est appliqué à Satan (S. 14-22 ; S. 59-16 ; S. 25-29 ; S. 4-120).

Mahomet refuse de partager le butin avec les Médinois sous prétexte qu'ils ne se sont pas battus : S. 59-6 : « Vous n’avez fourni ni chevaux, ni montures. » Les dépouilles sont pour ses proches : S. 59-7: « Ce que Dieu a assigné comme butin à son Messager sur les gens des cités, a pour attributaires Dieu, son Messager, ses proches parents, les orphelins, les chefs de famille sans ressources et les voyageurs ; ainsi, le butin ne sera pas accaparé par ceux qui ont suffisance parmi vous. Prenez ce que le Messager vous assigne et renoncez de vous-mêmes à ce qu’il vous refuse. »

Les Médinois doivent même être contents de se sacrifier pour Mahomet qu'ils ont hébergé au temps de sa pauvreté et qui refuse de partager au temps de sa richesse. Ils seront récompensés par Dieu :
S. 59-9 : « Ceux [les Médinois] qui sont restés tranquilles en leur demeure, et dans la foi jurée avant cela, ils aiment ceux qui ont émigré vers eux ; en leurs cœurs, ils ne ressentent nul besoin [de réclamer une part] de ce qui a été attribué [comme butin aux émigrés] ; quand bien même ils seraient dans la gêne, ils choisiraient de faire passer les émigrés avant eux-mêmes ; celui-là qui sait se préserver de l’envie, il sera récompensé [par Dieu]. »

Mais, jusqu'à la fin de sa fin, Mahomet reste soumis aux coutumes tribales. Ainsi, un an avant sa mort, se voit-il obligé présenter ses respects sur la tombe du puissant chef, ‘Abd Allâh, fils de Ubayy, qui lui a toujours été opposé. Le Coran garde la trace du mécontentement de Mahomet obligé de se soumettre à l'hommage tribal
: S. 9-84 : « Dorénavant, tu n’auras plus à aller prier [ou sacrifier], lorsque l’un d’entre aux mourra ; tu n’auras plus à te tenir sur son tombeau [pour lui rendre hommage]. Ils ont été impies envers Dieu et son Messager. [Ils sont morts] en pervers. »

Mahomet, dans une société où la force gouverne, impose sa volonté par la violence mais sait se soumettre à plus fort que lui. Le Coran respecte la logique tribale.
« Le Coran décrypté », p 118,119. Chabbi. Fayard.
 
SALUER CORRECTEMENT MAHOMET EST UNE CONDITION DE LA FOI !

Dieu Lui-Même aurait salué Mahomet avec respect :

S. 33-56 : « Oui, Dieu et Ses anges se penchent sur le Prophète. Ô croyants, penchez-vous sur lui et saluez-le de salutation. ». Cela signifie-t-il qu'Allah se serait incliné devant Mahomet ? Un autre verset confirme que Dieu salue Mahomet. Une fois de plus, Gabriel est absent. Mahomet communique directement avec Allah. S. 58-8: « Et quand ils viennent à toi, ils te saluent d'une façon dont Dieu ne t'a pas salué, et disent en eux-mêmes : « Que Dieu ne nous châtie pas de ce que nous disons ! » Il leur suffira de la Géhenne, où ils tomberont. ». On retrouve ici la rhétorique habituelle du Coran qui prévoit la damnation pour une salutation insolente.

Selon la Tradition, au lieu de dire « Salâm » (paix), des insolents disaient « Sâm » qui signifie mort. Par ailleurs, la magnifique salutation d'Allah est rapportée (imaginée ?) par la Tradition : « Paix sur toi, Ô Prophète, ainsi que la miséricorde de Dieu et Ses bénédictions. ».

Sur le chapitre des salutations, les juifs de Médine semblent, eux, avoir pratiqué un jeu de mot dont Mahomet a fait les frais : S. 4-46 : « Il en est parmi les judaïsés qui détournent le mot de son sens et disent : « Nous avons entendu, mais nous avons désobéi », ou... : « Favorise-nous », en tordant la langue et en attaquant la religion. Si au contraire ils disaient : « Nous avons entendu et nous avons obéi », et « Écoute », et « Regarde-nous », ce serait meilleur pour eux, et plus droit. Mais Dieu les a maudits à cause de leur mécréance. ».
S. 2-104: « Ho les croyants ! Ne dites pas : « Favorise-nous », mais dites : « Regarde-nous » ; et écoutez. Car il y a pour les mécréants un châtiment douloureux. ».

« Favorise-nous » se disait « Rai'na », expression qui est proche du mot hébreu qui signifie « notre méchant » (Note de Hamidullad). Mahomet a besoin d'Allah pour se défendre des calembours. Cela renseigne au passage sur ce que les juifs pensaient de lui. Quant à la « méchanceté » de Mahomet qu'ils présupposaient, ils l'avaient manifestement correctement évaluée. Nous allons voir, maintenant que nous avons analysé les rares versets qui justifient leur massacre, leur spoliation et leur réduction en esclavage, comment le Coran entre dans les détails des règles de courtoisie exigées en faveur de Mahomet.

Mahomet ne souhaite pas être laissé debout, Allah demande qu'on le fasse asseoir. Il est vrai qu'il avait environs 55 ans quand le verset fut récité : S. 63-11 : « Le fait est que quand ils ont l'occasion de faire du commerce ou de s'amuser, ils s'y dispersent et te laissent debout ! ».

Il faut demander congé à Mahomet avant de le quitter, c'est une condition de la foi. S. 24-62 : « Sont croyants ceux qui croient en Dieu et en Son messager, et qui, lorsqu'ils sont en sa compagnie pour une affaire d'intérêt commun, ne s'en vont pas, qu'ils ne lui aient demandé congé. Oui, ceux qui te demandent congé, voilà ceux qui croient en Dieu et en Son messager. ».

Mahomet exige du respect, l'obtient d'Allah mais peu des siens. Incapable d'esprit de répartie, il a recours à la menace de damnation, sa seule arme verbale.
 
PRÉSERVER L’INTIMITÉ DE MAHOMET AU SEIN DE LA FAMILIARITÉ TRIBALE RÉCLAME L'INTERVENTION DIVINE.

Comment se conduire quand on est invité à dîner chez Mahomet ?

S. 33-53 : « Ho les croyants ! N'entrez pas aux demeures du Prophète, - à moins qu'invitation ne vous soit faite à un repas, et encore pas dans le temps de la cuisine. Mais lorsqu'on vous appelle, alors entrez. Puis quand vous aurez mangé, alors dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familier pour causer. Oui, cela fait de la peine au Prophète, mais devant vous il a honte, alors que Dieu n'a pas honte de la vérité. » Il est intéressant de noter que Mahomet éprouve de la honte, à 50 ans passés, pour un point de détail.

C'est après le mariage avec Zaynab que le sourate 33 est récitée. Elle signale que les femmes de Mahomet ne doivent pas être sollicitées directement. Il ne s'agit pas d'éviter de les importuner en leur demandant de trop nombreux services, mais clairement de jalousie sexuelle. La fin du verset le prouve : S. 33-53 : « Et quand vous demandez à ces femmes quelques objets, demandez-leur, alors, de derrière un rideau : c'est, pour vos cœurs et leurs cœurs, plus pur. Et ce n'est pas à vous de faire de la peine au Prophète, - ni de vous marier jamais avec ses épouses après lui, ce serait, auprès de Dieu une énormité. ».

Il ne faut pas crier autour de chez Mahomet : S. 49-4-5 : « Il y en a qui te crient de derrière les cloisons, en vérité ! La plupart d'entre eux ne comprennent pas. Et qu'ils patientent jusqu'à ce que tu sortes à eux, certes ce serait mieux pour eux. Dieu cependant est miséricordieux. ». Mahomet souffre dans son grand âge du bruit de la rue. Le détail des consignes fait un contraste étrange avec le bref verset qui vient juste après : S. 49-6 : « Si un pervers vous apporte une nouvelle, alors, cherchez la preuve, de peur, dans l'ignorance de porter atteinte à un peuple et qu'ensuite vous ayez regret de ce que vous avez fait. ».
La note de M. Hamidullad dit textuellement : « Allusion à Walîd ibn Ocba ibn Abî Moayt que le Prophète cherchait à réformer en le comblant de faveurs. Il le nomma un jour encaisseur des impôts dans le territoire d'une tribu. L'homme n'y alla pas et raconta néanmoins que la tribu s'était rebellée. Le Prophète voulait envoyer contre elle une expédition punitive lorsque ce verset lui fut révélé. ». Mahomet envisage donc une guerre pour un simple refus de payer l'impôt. Il est préoccupé de son propre bien-être (le silence), mais est indifférent à la souffrance d’autrui.

L'intimité familiale de Mahomet doit être respectée (S. 24-58-60) : il ne faut pas entrer chez lui quand il est dévêtu. La situation des esclaves castrés est évoquée : ils ont les mêmes permissions que les garçons pré-pubères (S. 24-31). La castration en elle-même ne fait l'objet d'aucun commentaire, ni d'aucune consigne.

Dans un livre qui va devenir la base législative d'une civilisation, on se penche longuement avec une surabondance de précisions dérisoires et absurdes sur les façons licites de dîner chez son voisin (S 24-61), mais on autorise par de simples sous-entendus la castration (S. 24-31), la pédophilie (S. 65-4) et le viol des esclaves (S. 24-33).

Dans le Coran, les besoins de Mahomet ont plus d'importance que l'avenir législatif de la civilisation musulmane.
 
ALLAH AU SERVICE DE MAHOMET ?

Quand Mahomet parle, on se tait et on écoute :
S 49-2-3: « Ho, les croyants ! N'élevez pas vos voix par dessus la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton avec lui comme vous le haussez les uns avec les autres, de peur que vos œuvres deviennent vaines sans que sous sous en doutiez. Oui, ceux qui auprès du messager de Dieu baissent leurs voix sont ceux dont Dieu a examiné les cœurs en piété. À eux pardon et énorme salaire. ». Quelle récompense pour un simple silence !
On se tait et on ne critique pas : S. 24-63 : « Ne traitez pas l'appel du messager comme vous faîtes, entre vous, de l'appel des uns aux autres. ». Sinon l'habituelle menace de châtiment survient : S. 24-63: « Dieu connaît ceux des vôtres qui s'en vont secrètement en se cachant. Que ceux donc qui s'opposent à son commandement prennent garde qu'une tentation ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux. ».

Mahomet réclame de l'ordre et la discipline pendant les prières mais il n'est pas obéi. Allah intervient : S. 58-11 : « Ho, les croyants ! Quand on vous dit : « Faites de la place, dans les assemblées », alors faites de la place : Dieu vous fera de la place. Et quand on vous dit : « levez-vous » alors levez-vous. ». Allah assure le service d'ordre dans la mosquée de Mahomet ! La récompense est ici à la mesure de l'acte de piété : S. 58-11 (suite) : « Dieu élèvera en grades parmi vous ceux qui croient, et ceux à qui science a été apportée. ». Est-ce cela un savant musulman, quelqu'un qui fait place dans les assemblées et se lève quand on le lui demande ?

La structure grammaticale des interventions d'Allah conduit à s'interroger. Allah parle de Lui à la première personne du singulier en disant « Je » (S. 58-21) ou à la première personne du pluriel en disant « Nous » (S.57-27, S. 56-73, S. 38-46, S. 59-21...) ; mais parfois Allah est évoqué à la troisième personne « Il » (S. 55).
S. 58-21-23 « « Très certainement, Je prédominerai, Moi, ainsi que Mes messagers »... Très certainement dans le cœurs de ceux-ci Il a prescrit la foi et Il les a aidé d'un Esprit de Lui. » Ici, le Coran passe en trois versets du « Je » au « Il » : on ne peut s' empêcher de se poser la question :

Qui parle donc, Dieu ou Mahomet ?

D'autant que certains versets rendent la soumission au seul Mahomet suffisante :
S. 4-80 : « Quiconque obéit au messager obéit alors certainement à Dieu. ».
S. 58-8 : « Ils font un tête-à-tête de péché et de transgression et de désobéissance au Messager. » À qui doit-on obéir, à Mahomet ou à Allah ? D'autant que le suite de ce verset est celui où on raconte comment Allah salue Mahomet avec respect : S. 58-8 (fin): « Et quand ils viennent à toi, ils te saluent d'une façon dont Dieu ne t'a pas salué. ».

La structure du texte coranique éclaire les non musulmans. Le poids des interdits et le respect quasi divin qui entoure le Prophète interdisent aux musulmans de se pencher avec trop d'attention sur leur texte saint. Oser le faire transgresse un tabou.
 
EN 627, NÉGOCIATIONS POUR LE RETOUR DE MAHOMET À LA MECQUE : LA TRÊVE D'AL-HUDAYBIYYA.

Comme le suggère le Coran et comme le raconte la Tradition, Mahomet aurait souhaité retourner à la Mecque suite à la bataille du fossé
(S. 48-25, S. 22-25, S. 8-34, S. 5-2).

Il prend prétexte du pèlerinage, l' 'umra, pour se diriger vers la Mecque avec un troupeau à sacrifier (S. 48-25). L' 'umra est une visite bétylique à la Kaaba avec un sacrifice sur place (S. 22-28-37). Il ne faut pas la confondre avec le Grand Hadjdj qui se déroulait à Minâ à 10 km de la Mecque. Actuellement, le pèlerinage de la Mecque a regroupé les deux pratiques. En période pré islamique, ces pèlerinages avaient lieu à deux périodes différentes de l'année. Le Coran encourage Mahomet en lui promettant le succès S. 48-27 : « Dieu réalisera par la vérité la vision de Son messager : très certainement vous entrerez dans la Sainte Mosquée, si Dieu veut, en sécurité, ayant rasé vos têtes et coupé les cheveux. »

Mahomet est arrêté à proximité de la Mecque, à al-hudaybiyya, « l’Arbre bossu », par les mecquois qui négocient son autorisation d'entrer à la Mecque. La négociation d'al-hudaybiyya est un « fath » (S. 48), c'est à dire une trêve, un don d'Allah. On voit là une caractéristique de la civilisation tribale. Une victoire obtenue par la négociation est encore plus appréciée qu'une victoire obtenue par les armes. La négociation réussie d'al-hudaybiyya manifeste le soutien d'Allah autant que les victoires militaires antérieures.

Ces négociations ont été rapportées par al-Djâjiz mort en 856 : elles commencent par un concours d'insultes à teneur sexuelle.
Ce récit peu choquer la pudeur musulmane contemporaine, mais il appartient à la Tradition musulmane. La pratique bédouine du concours d'insultes a certes disparu de nos jours, mais le Coran garde la trace de cette tradition dont Allah Lui-même ne se prive pas. S. 108-3 : « Inna shâni'a-ka huwa al-abtar » signifie « C'est celui qui t'insulte qui est le châtré ! ». Mahomet n'ayant pas de fils vivant, il était considéré, dans la logique tribale, comme impuissant. Allah s'associe sans pudeur à la croyance qu'un homme sans fils est châtré et pratique sans trouble le renvoi d'insultes.

Les Mecquois insultent Mahomet en lui reprochant d'avoir renoncé à la fierté de ses pères. Toujours selon al-Dâhiz, il se serait entouré de « nègres » (sûdân), d' « impuissants » ('ujara), de « va-nu-pieds sans tribu » (awbâsh an-nâs) . Le futur calife Abû Bahr répond aux mecquois de « retourner sucer la vulve d'al-Lât ». Il s'agit d'une des déesses tutélaires de la Mecque dont parlent les versets dits sataniques du Coran.

Après négociation, Mahomet obtient le droit de venir en pèlerinage à la Mecque en 628, l'année suivante. La S. 22-25-37 raconte le voyage difficile du pèlerin vers la Kaaba. Aucune référence à Abraham ne s'associe à ce pèlerinage.

En 628, la Mecque est toujours sous domination païenne, lieu de culte bétylique polythéiste. Mahomet accomplira les rituels préconisés par cette foi païenne sans gêne particulière. C'est comme si on avait vu Jésus entrer dans un temple à Jupiter pour y accomplir une libation aux dieux sous prétexte que le bâtiment se serait trouvé sur un lieu saint.

« Le Seigneur des tribus », J. Chabbi, p. 238, CNRS éditions.
 
630 : CONQUÊTE DE LA MECQUE : LA BATAILLE DE HUNAYN.

En 628, Mahomet est retourné à la Mecque. Depuis le début de l'Hégire, le Hedjaz, la région de Médine à la Mecque, est le théâtre de multiples conflits. Mahomet a avancé ses pions. Il conclu la paix avec les différentes tribus lors du serment de Baya qui est prêté « sous un arbre » (S. 48-18).

En 630, la puissante tribu des Hawâzin s'apprête à attaquer la Mecque qui est maintenant l'alliée de Mahomet.
Mahomet va à son secours. C'est la bataille de Hunayn, si importante politiquement qu'elle est citée dans le Coran. S 9-25 : « Dieu vous a secourus en maints endroits, ainsi qu'à la journée de Hunayn, quand vous vous êtes complus en votre grand nombre, - ce qui, ensuite, ne vous a pas du tout mis au large ; et la terre, toute vaste qu'elle est, vous fut étroite ; puis, vous tournâtes les talons. ».
Tout belliqueux qu'ils sont, les bédouins ne finissent pas une guerre par la conquête du territoire de l'adversaire. Ils tendent des guet-apens pour s'accaparer le butin ou font des expéditions punitives comme à 'Uhud ou au Fossé, mais ils n'exterminent, ni ne réduisent en esclavage les vaincus : il est vrai qu'ils sont cousins. À Hunayn, personne non plus ne se bat avec beaucoup d'acharnement. Certains fidèles de Mahomet fuient. Mais la victoire revient tout de même à Mahomet, cela prouve que les Hawâzin eux-mêmes sont peu combatifs. Le Coran va attribuer clairement la victoire à Allah. S. 9-26 : « Allah a fait descendre des combattants que vous ne vîtes pas. Il a plongé dans le tourment de la défaite ceux qui avaient été infidèles. ».

Mahomet vient de sauver la Mecque du coup de main des Hawâzin : il s'y installe en maître.
De nouvelles règles vont s'imposer aux Mecquois.
Les impies, ceux qui refusent de se soumettent à la croyance de Mahomet peuvent demander un « djiwâr », un contrat de voisinage comme celui qui avait permis à Mahomet de rester à la Mecque juste avant l'Hégire.
S. 9-6 : « Si un quelconque faiseur de dieux te demande asile, alors donne-lui asile, jusqu'à ce qu'il entende la parole de Dieu, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Ceci, parce que ce sont vraiment des gens qui ne savent pas. ». Ce contrat est précaire, car le Coran lui-même dit qu'on ne saurait être tenu de respecter la parole donnée à un « faiseur de dieux ». S. 9-7 : « Comment pacte y aurait-il, près de Dieu et de Son messager, pour les faiseurs de dieux ? Sauf pour ceux avec qui vous avez conclu un parte près de la Sainte Mosquée. ». Cela restera une idée persistante dans les civilisations musulmanes : les musulmans ne sont pas tenus de respecter leurs alliances prises avec des non musulmans. Ceux-ci devraient peut-être signer leurs contrats près de la Kaaba ? Mais ils ne peuvent s'y rendre.

En effet, très rapidement, ceux qui refusent de se soumettre à la Révélation de Mahomet sont chassés. Ils ont 4 mois pour partir S. 9-1-2 : « Désaveu de la part de Dieu et de Son messager, à l'égard de ceux des faiseurs de dieux avec qui vous aviez conclu un pacte : « Pendant quatre mois, donc, voyagez librement de par la terre ; et sachez que vraiment vous ne réduirez pas Dieu à l'impuissance, c’est Lui qui couvre d'ignominie les mécréants. ».

Qu'en est-il de la sincérité de la foi ?
Mais, la foi du Coran se contente fort bien de n'être qu'une orthopraxie.
 
MAHOMET, MAÎTRE DE LA MECQUE.

Les mecquois restés polythéistes sont pourchassés
: S. 9-5 : « Puis, lorsque les mois sacrés expirent, alors tuez les faiseurs de dieux, où que vous les trouviez ; et capturez-les, et assiégez-les, et tenez-vous tapis pour eux dans tout guet-apens. ». Le Coran leur propose une échappatoire : la conversion : S. 9-5(suite) : « Si ensuite, ils se repentent et établissent l'Office et acquittent l'impôt, alors relâchez leur sentier. ».

Les mecquois ont donc dû se convertir pour rester à la Mecque (S. 9-1-2-3). Les nouveaux convertis doivent rompre avec leur famille restée polythéiste. S. 9-23 : « Ne prenez pas pour amis vos pères et vos frères s'ils préfèrent la mécréance à la croyance. Quiconque les prend pour amis, alors c'est eux les prévaricateurs. ». Les non musulmans ne peuvent plus entrer dans les lieux de prosternation de la nouvelle foi : S. 9-17 : « Qu'ont-ils les faiseurs de dieux, à peupler les mosquées de Dieu, cependant qu'ils témoignent mécréance contre eux-même ?... Que peuplent les mosquées de Dieu ceux qui croient en Dieu et au Jour dernier... ». Même le séjour transitoirement à la Mecque pour le pèlerinage polythéiste antique est interdit à partir de 631. S. 9-28 : « Les faiseurs de dieux sont une impureté : qu'ils ne s'approchent plus de la Sainte Mosquée, après cette présente année. ».

Les ressources économiques autour de la Kaaba provenaient du pèlerinage païen ; cela suscite quelques inquiétudes de ceux qui se sont convertis pour garder leurs biens : « Si vous redoutez une pénurie, eh bien, Dieu bientôt vous mettra au large, s'Il veut, de par Sa grâce. » (S. 9-28). La promesse de rentabilité économique du nouveau culte est précautionneuse : « S'Il veut » ! On doit de toute façon préférer la foi aux biens matériels : S. 9-24 : « Dis : « Si vos pères et vos enfants et vos frères et vos épouses et vos clans et les biens que vous gagnez et le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous agréent vous sont plus chers que Dieu et son messager et la lutte dans le sentier de Dieu, alors attendez que Dieu fasse venir Son commandement. ».

Ceux qui n'ont pas voulu quitter leur ville et leurs biens ont dû se soumettre spirituellement. La sourate 9, l'avant dernière révélée, se fait l'écho du manque enthousiasme des nouveaux convertis. S. 9-8-11 : « Ils vous agréent de bouche, tandis que leurs cœurs refusent ; et la plupart d'entre eux sont des pervers.... Ils ne respectent à l'égard du croyant, ni parenté, ni foi jurée. C'est eux les transgresseurs. Si ensuite, ils se repentent, et établissent l'Office et acquittent l'impôt, alors ils seront vos frères en religion. ». Leur hypocrisie est stigmatisée (S. 9-77). La S. 9-54 suggère qu'ils « ne se rendent à l'Office que paresseux » et qu'ils ne « font largesses qu'à contrecœur. ».

Mahomet n'essaye plus de convertir par la récitation du Coran : S. 9-14 : « Combattez-les, afin que Dieu par vos mains les châtie, et qu'Il les couvre d'ignominie, et qu'Il vous donne secours contre eux, et qu'Il guérisse les cœurs des croyants et qu'Il bannisse de leurs poitrines la rage. Dieu accueille de qui Il veut le repentir. Dieu est savant, sage. ».

Le prix à payer pour rester à la Mecque a été lourd.
 
LES NOUVEAUX CONVERTIS MECQUOIS : LE COMPROMIS.

La sourate 9, l'avant dernière récitée, garde la trace des relations difficiles de Mahomet avec les nouveaux convertis de la Mecque.

Ils refusent de suivre Mahomet au combat.
Le Coran se félicite de leur défection, ils auraient été source de « désordre » (S. 9-47) et n'auraient pensé qu'à sauver leur vie (S. 9-57). Les riches refusent de se battre (S. 9-86), alors que seuls les malades (S. 9-91) et les pauvres (qui ne peuvent acquérir de chevaux pour le combat) en sont exemptés (S. 9-92).
Quels combattants reste-il à Mahomet en dehors de ses premiers compagnons (S. 9-100) ?

Toute une série de versets va donc encourager la lutte au nom de Dieu :S. 9-39: « Si vous ne partez pas en campagne. Il vous châtiera d'un châtiment douloureux. » et S. 9-40, S. 9-41.. Ceux qui refusent de se battre iront en enfer, même si Mahomet les excuse (v. 95) ; à leur mort, Mahomet ne priera pas pour eux (v. 84) ; le paradis est réservé à ceux qui combattent (v. 89) ainsi que le butin (v. 76) ; ceux qui regrettent leur refus ne pourront plus partir au combat une autre fois (v. 83).
Une échappatoire est proposée : plutôt que de partir au combat, certains peuvent rester à étudier la révélation pour être aptes à l'enseigner : S. 9-122 : « Les croyants n'ont pas à sortir tous en expédition. Pourquoi, donc, de chacune de leurs sections, un groupe ne s'en irait-il pas s'instruire de la religion, afin d'avertir le peuple quand ils rentrent chez eux ? ».

Mais les bédouins qui regrettent d'être devenus musulmans, ne peuvent apostasier S. 9-12 : « Si après le pacte, ils violent leurs serments et attaquent la religion, alors combattez les meneurs de la Mécréance. ». La Sourate 2-217 avait annoncé la damnation des apostats et la Sourate 4-89 qu'il fallait les tuer. Maintenant les circonstances sont différentes, Allah se fait plus modéré : certains seront pardonnés : S. 9-66 : « Ne vous excusez-pas : vous avez bel et bien mécru après avoir cru. Si nous pardonnons à une partie des vôtres, Nous en châtierons une partie, car ils sont criminels, vraiment. ».

Les mecquois n'ont pas tellement changé en 10 ans. Ils critiquent Mahomet pour sa gestion financière (S. 9-58), ils lui reprochent d'être crédule (S. 9-61) et le raillent (S. 9-64), ce que Allah ne saurait pardonner même si Mahomet le demande 70 fois (S. 9-79-80). L'argument du Coran repose sur la menace de la Géhenne (S. 9-63) et sur l'annonce d'une révélation surnaturelle : « Les hypocrites craignent qu'on ne fasse descendre contre eux une sourate qui les informe de ce qui est dans leurs cœurs. Dis « raillez ! Oui, Dieu va faire sortir ce que vous craignez. » (S. 9-64). Mais la récitation de versets coraniques ne semble pas apporter la conversion attendue S. 9-127 : « Quand une sourate vient à descendre, ils se regardent les uns les autres : « Quelqu'un vous voit-il donc ? » Puis, ils s'en retournent - que Dieu retourne leurs cœurs ! - parce que vraiment ce sont des gens qui ne comprennent pas. ».

Seules les premières victoires fédéreront les bédouins mecquois et les lanceront à la conquête d'un monde.
 
LE STATU DE DHIMMI PUISE SA LEGITIMITE DANS LE CORAN.


La rupture avec les chrétiens et les juifs est consommée.
Ils sont accusés de polythéisme, les juifs en sacralisant leur rabbins (les docteurs) et les chrétiens en divinisant leurs moines : S 9. 31 : « Ils ont pris leurs docteurs et leurs moines, tout comme le Christ fils de Marie, pour des Seigneurs en dehors de Dieu, alors qu'on ne leur a commandé que d'adorer un Dieu unique. ».

En 631, Mahomet attaque les oasis chrétiennes de Tabouk au nord de l'Arabie. Les mecquois avaient refusé de l'accompagner : S. 9-39 : « Si vous ne partez pas en campagne, Il vous châtiera d'un châtiment douloureux et cherchera un autre peuple à vous substituer, cependant que vous ne saurez en quoi que ce soit Lui nuire. ».

Mahomet n'essaie pas de convertir les chrétiens. Il les soumet et exige d'eux le paiement d'un tribut compensatoire : S. 9-29 : « Combattez (qâtilû) ceux qui ne sont pas fidèles à Allah, qui ne confessent pas la réalité du Jour dernier, qui ne respectent pas ce qu’Allah et son messager ont déclaré interdit et qui ne professent pas la religion vraie, parmi ceux auxquels a été adressée la Révélation [antérieurement]. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils s’acquittent du « tribut compensatoire » [hatta yutû al-djizya] de leur propre main et avec [la plus grande] humilité. » (traduction J. Chabbi).

Cet impôt inaugure le statut de dhimmi, incluant une infériorité définitive, corrélée au paiement d'un impôt spécial.
L'humilité des dhimmi sera exigée tout au long des dynasties musulmanes, par le choix de vêtements spécifiques, de montures plus basses et d'emplois subalternes. Les chrétiens ou les juifs qui s'élèveront dans la société musulmane resteront toujours à la merci d'un rappel, parfois violent, de leur infériorité. Ce n'est qu'en 1856, que l'empire ottoman abolira la dhimma.

Dès la sourate 2, révélée à l'arrivée de Mahomet à Médine en 622, le statut de dhimmi des juifs avait été légitimé par leur rupture d’Alliance sur le mont Sinaï, quand ils se rebellèrent contre la Loi de Moïse. S. 2-61 : « Ils [les juifs] furent frappés d'avilissement et de pauvreté, et s'acquirent de Dieu une colère. . La S. 9-30 renforce leur indignité en leur reprochant d'avoir nommé « Ozair...fils de Dieu ». Les chrétiens, eux, en professant la divinité du Christ cherchent à « éteindre avec leurs bouches la lumière de Dieu. » (S. 9-32).

Les religions incluses dans cette tolérance si particulière sont citées : S. 2-62 : « Oui, ceux qui ont cru et ceux qui se sont judaïsés, et les Nazaréens, et les Sabéens, quiconque a cru en Dieu et au Jour dernier et fait œuvre bonne, pour ceux-là, leur récompense est auprès de leur Seigneur. Sur eux, nulle crainte ; et point ne seront affligés. ». Leur monothéisme est imparfait et même mis en doute par le Coran, mais elles sont tolérées en vertu de ce verset.
Les sabéens ont disparu. Étaient-ils des adeptes du zoroastrisme, des mages adorateurs d'étoiles, des disciples de Jean-le-Baptiste attendant toujours le Messie ? On ne sait. Le Coran, livre achevé, rend la liste des monothéismes licites définitive.

Les monothéismes qui apparaîtront en terre d'islam dans les siècles ultérieurs ne trouveront jamais leur place dans la société musulmane que ce soit les Baha’i en Iran ou les Ahmadis en Inde : ils seront persécutés.
 
LE PÈLERINAGE DE L'ADIEU.

Au début de l'Hégire, sont prescrits deux pèlerinages, « le grand et le petit ».
S. 2-196. Une partie est sacrée : « Quand vous sortez d'A'rafât, alors souvenez-vous de Dieu, près du Monument sacré », mais les activités profanes sont également autorisées (S. 2-198). Cela favorisera le développement technique de l'empire musulman : les découvertes se répandent lors du pèlerinage.

Tardivement, la sourate 22, la 103e révélée, prescrit un pèlerinage. Le pèlerin doit se laver en arrivant et faire « des tours autour de l'Antique Maison. » (S.22-29) puis, à la fin, se désacraliser en se coupant les cheveux. Ces prescriptions sont conformes à celles du pèlerinage païen ancestral (S. 48-27, 111e). Mais maintenant, les croyants viennent à la Mecque pour affirmer leur foi en l'unicité de Dieu, pour témoigner des biens matériels qu'ils ont reçus d'Allah (S. 22-30-31) et espérer des grâces, plus que des biens matériels (S. 2-201).
S 22-27
: « ...qu'ils viennent à toi, ... afin qu'ils témoignant eux-mêmes d'avantages qui sont leurs et qu'ils rappellent le nom de Dieu pendant quelques jours bien connus sur la bête de cheptel qu'Il leur a attribuée en nourriture. » Après avoir sacrifié les animaux, on partage avec le mendiant qui réclame et avec l'indigent qui se tait dignement (verset 36). Les bêtes sacrifiées ne sont pas particulièrement jeunes - les juifs sacrifiaient de jeunes mâles - mais des animaux ayant déjà rendus des services (v. 33). « Vers l'Antique Maison est leur lieu d'immolation » (v. 33), le sacrifice reste prescrit au même endroit qu'avait lieu le sacrifice païen pré-islamique, à la Kaaba.

En 632, Mahomet va accomplir pour le première fois un pèlerinage différent, inspiré du pèlerinage ancestral, mais subtilement modifié : il est nommé le « Pèlerinage de l'Adieu ». Pour la première fois, il aurait sacrifié les animaux au val de Minâ, à 10 km de la Kaaba, et non plus à la Kaaba comme le prescrit la sourate 22. C'est toujours à Minâ que le sacrifice a lieu de nos jours. La sourate 5 aurait été révélée à ce moment, ajoutant l'interdit de la chasse (S. 5-1 : « Ne vous permettez pas la chasse dans le temps que vous êtes sacralisé. ») et l'interdiction de sacrifier devant les bétyles (S. 5-3).

Mahomet tombe malade juste après le Pèlerinage de l'Adieu et décède trois mois après. Il avait probablement 62 ans.

Est-ce en raison du décès de Mahomet que le Coran parle si peu de ce pèlerinage ? Les hadiths combleront le vide et en donneront le récit détaillé avec l'entrée en sacralisation, avec un rite pour ceux qui sacrifient des animaux et un rite pour les autres, avec la description des marches circulaires entre Safâ et Marwah, la lapidation des stèles, le stationnement à A'rafât, les sacrifices au val de Minâ et le rappel du rôle d'Abraham.

Selon le Coran, Abraham se serait tenu debout à la Kaaba (S. 2-125-127, S. 3-97), et l'aurait purifiée (S. 22-26). Jamais il n'est signalé dans le Coran qu'Agar tourne 7 fois autour. Nulle part non plus le Coran ne précise le lieu du sacrifice du fils. La Mecque n'est, ni citée, ni évoquée dans le seul passage qui parle du sacrifice du « garçon patient » (S. 37-99-109), manifestement Isaac, (S. 11-71), né de la femme stérile d'Abraham (S. 51-28-29, S. 11-72).
 
LES ARABES DES TRIBUS SONT DES HOMMES LIBRES.

L'égalité des hommes des tribus.
S. 49-13 : « Ho, les gens. Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle et nous vous avons désignés en nations et en tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Oui, le plus noble des vôtres, auprès de Dieu, c'est le plus pieux des vôtres. ». Muhammad Hamidullah interprète ce verset comme la marque de l'égalité des hommes en terre d'islam. Cela est sans doute partiel, puisqu'il s'agit de l'égalité des hommes des tribus (ni les femmes, ni les esclaves, ni les non musulmans ne sont concernés) et qu'immédiatement les plus pieux sont distingués.

Une mosquée rivale.
Même devenus fidèles à la révélation de Mahomet, certains font preuve d'indépendance. La Sourate 9, l'avant dernière sourate révélée, nous apprend qu'un lieu de prosternation s'était organisé à Médine sans l'accord de Mahomet. Elle est déclarée impie, sans que soit précisé l' aspect déviant de sa doctrine. Le verset suggère qu'elle avait accueilli un ancien opposant de Mahomet. Mais, pendant la Révélation, les arabes n’ayant pas été ses opposants étaient rares. Le prétexte est donc mince. S. 9-107 -108 : « Ceux qui ont fait d'une mosquée une rivale nuisible, un fait de mécréance, une division entre croyants et un guet-apens en faveur de celui qui auparavant mena la guerre contre Dieu et son messager ! Et très certainement ils jurent : « Nous n'avons voulu que la chose la meilleure ! ». Et Dieu témoigne que ce sont bien des menteurs, vraiment ! Ne t'y tiens jamais debout. Car la mosquée qui dès les premiers jours fut fondée sur la piété a plus de droit à ce que tu t'y tiennes debout : il y a là des gens qui aiment à se bien purifier, et Dieu aime ceux qui bien se purifient. »
En dehors du fait que cette mosquée existait hors du contrôle de Mahomet, le Coran lui fait un seul reproche de doctrine : ses membres seraient moins bien purifiés.
Auraient-ils mis en place des rituels moins rigides ?
Ils sont irrémédiablement condamnés : S. 9-110 : « L'édifice qu'ils ont édifié ne cessera pas d'être un doute dans leurs cœurs, jusqu’à ce que leurs cœurs soient brisés en morceaux. ». S'il ne s'agit pas de divergence doctrinale sur les rituels d'ablutions, seul son besoin d'autocratie explique que Mahomet (ou Allah) leur ait refusé de pratiquer la récitation coranique de leur coté.

Les guerres de la Ridda.
En 632, Mahomet meurt de maladie vers 62 ans.
Dès sa mort, les tribus soumises à lui reprennent leur autonomie, conformément au code tribal.
Antérieurement à l'islam, aucune alliance ne survivait à la mort d'un de ses protagonistes. La nature religieuse de leur alliance avec Mahomet n’avait pas effleuré les arabes des tribus. Les guerres de la Ridda commencent, elles ramenèrent par la force les tribus rebelles vers l’islam. Ainsi sera soumise l'oasis de Qatîf dans le Bahreïn. La jurisprudence sur l’apostasie date vraisemblablement de cette époque : Hadith Salik Bukhari, vol 9. I.84, numéro 57, rapporté par Ibn Abbes : « Celui qui change de religion, tuez-le ».

La succession de Mahomet sera assumée par ses compagnons. Ils seront nommés « Calife » soit « lieutenant du Prophète ». Le terme se retrouvera dans le Coran qui n'est pas encore écrit : Adam est calife de Dieu (S. 2-30), ainsi que David (S. 38-26).
 
PREUVES HISTORIQUES DE L’EXISTENCE DE MAHOMET.

Les écrits les plus anciens en arabe qui nomment Mahomet datent du début du VIIIe siècle, Mahomet est mort depuis un siècle :

- un petit papyrus de huit lignes évoque la bataille de Badr. Le nom de Mahomet est cité deux fois.
- un papyrus de vingt pages traite des débuts de Mahomet à Médine, de ses négociations en vue de son arrivée et d'un engagement armé entre Ali et la tribu de Khath'am.

Les trois seuls écrits citant Mahomet au VIIe siècle sont d'origine chrétienne :

- Thomas le Presbyte,
chroniqueur syriaque de Mésopotamie écrit en 640. Il parle des « Arabes de Mhmt » (Tayayê d-Mhmt) qui combattent victorieusement contre les byzantins en 634 près de Gaza. Thomas ne parle pas de « muslim », mais de « Mahgrâyê », qui correspond à l'arabe « muhâjirûn », « celui qui a quitté son pays pour combattre sur le chemin de Dieu ». Les arabes de Mahomet ne se sont pas fait connaitre comme « soumis à Dieu », mais comme des combattants au nom de Dieu. Le Coran n'est pas encore écrit, l'islam est en cours d'élaboration.
Thomas le Presbyte raconte dans La chronique de Zuqnîn, la campagne du général arabe 'Iyâd Ibn Ghann, sa prise d'Édesse, sa conquête de la Palestine et de l'Arménie et comment il obtient par la négociation la reddition de Darâ (Daras-Anastasiopolis).

- Sébéos, dans sa chronique de 660, confirme que Mahomet est marchand : « Il y avait un des enfants d'Ismaël, du nom de Mahomet, un marchand ». (Histoire d'Héraclius, p.95. ) On a vu que Sébéos est l'inventeur du mythe d’Ismaël, père des arabes.

- Jacob d'Édesse, écrit vers 680/690 : « Mhmt alla pour le commerce en terre de Palestine, des 'Arabayâ et de Phénicie des Tyriens » (Traduction A.-L. de Prémare). Mhmt pour Mahomet en syriaque.

Personne, donc, ne peut sérieusement douter de l'existence historique de Mahomet.

À la mort de Mahomet, Abou Barkr, le lieutenant du Prophète d’Allah, le Calife, gouverne de 632 à 634.

Ses troupes se lancent à la conquête du Moyen-Orient. Les populations locales voit arriver « les arabes de Mhmt » sans jamais préciser leur appartenance religieuse.

Le fait qu'ils soient les croyants d'une nouvelle religion n'est pas perceptible. Seule leur appartenance ethnique est remarquée. La Tradition musulmane des IX et Xe siècles raconte que, lors de la conquête arabe, les villes se soumettent pour éviter la destruction. La Tradition fait souvent l'amalgame entre conversion à l'islam et soumission politique. Au VIIe siècle la reddition d'une ville n’entraîne pas sa conversion. Le but de la conquête n'est pas la conversion des peuples, mais la domination politique et l'assujettissement à l’impôt.

L'islam n'est pas encore une religion structurée, c'est une alliance tribale qui devient définitive en raison de son origine supposée divine. Il ne s'agit pas encore d'être soumis à Allah, mais simplement de se battre pour Lui et de gagner du butin pour soi. Les arabes sont alors des « Mahgrâyê » et non des « muslim », des combattants et non des soumis.

« Les fondations de l'Islam, entre écriture et histoire », de Prémare, Points.
 
DÉBUT DU CHAPITRE : DEUX CIVILISATIONS S’AFFRONTENT :

RAPPEL DU SOMMAIRE.

LA CRÉATION :

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ABRAHAM ET LES PATRIARCHES :
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L'EXODE ET L'INSTALLATION DES HÉBREUX EN CANAAN :
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LA ROYAUTÉ HÉBRAÏQUE : DAVID, SALOMON .... :
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LA CROYANCE EN UN DIEU DES COMBATS :
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LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST, HUMANITÉ, DIVINITÉ :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL L'ACCOMPLIT POUR LES JUIFS :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL LA TRANSGRESSE AVEC LES DISCIPLES :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL INSTAURE LA NOUVELLE ALLIANCE POUR L'HUMANITÉ :
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LES DÉBUTS DU CHRISTIANISME :
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LES RELIGIONS PRÉ-ISLAMIQUES :
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MAHOMET À LA MECQUE :
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MAHOMET À MÉDINE :
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DEUX CIVILISATIONS S’AFFRONTENT :
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DEUX VISIONS DE LA SCIENCE :
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POLITIQUE, LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE.
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L'EMPIRE MUSULMAN PROSPÈRE : JUIFS ET CHRÉTIENS RÉAGISSENT DIFFÉREMMENT.

En 634, Theodoros, le frère de l'empereur de Byzance, perd la bataille d'al-Ajnâdaynn près de Jérusalem.


À Noël 634, les chrétiens sont encerclés dans Jérusalem et ne peuvent aller fêter Noël à Bethléem. D'après le sermon du Patriarche Sophronios, ils en sont empêchés par « le glaive barbare et sauvage des Saracènes, dégainé et plein d'une cruauté véritablement diabolique. »

Puis, dans son sermon de la Théophanie (sans doute en 635), Sophronios nous donne un bon aperçu de la conquête arabe vue du coté des vaincus : « D'où vient que les incursions barbares se multiplient et que les phalanges saracènes se sont levées contre nous ? Pourquoi tant de destructions et de pillages ? D'où vient que l'effusion de sang est devenue continuelle et que les cadavres sont la proie des oiseaux du ciel ? Pourquoi les églises détruites et la croix outragée ? ... Abomination de la désolation à nous prédite par le prophète (Daniel 11-31, Mt 24-15), les Saracènes parcourent des contrées qui leur sont interdites, saccagent les villes, dévastent les champs, livrent les villages aux flammes, renversent les saints monastères, tiennent tête aux armées romaines, remportent des trophées à la guerre, ajoutent victoire sur victoire, s'alignant en masse contre nous... et se vantant de dominer le monde entier en imitant leur chef continûment et sans retenue... » (F.-M. Abel, Prise de Jérusalem, (1910-1911), p.120. Trad. A.-L. de Prémare).
Manifestement, la nouvelle religion des conquérants n'est pas perceptible par les vaincus, seul leur désir de conquête semble le moteur de l'invasion.

Si les chrétiens voient dans l’invasion arabe une œuvre diabolique, les Juifs, eux, verront dans l'arrivée les arabes les libérateurs d’Israël face aux chrétiens.

Un écrit juif contemporain de la conquête arabe, au VIIe siècle,
invente une prophétie et fait parler Siméon ben Yohaï, un rabbin du IIe siècle. Le livre des Secrets raconte « Ayant vu le royaume d'Ismaël qui devait venir, [Siméon] se mit à dire « N’était-il pas assez que le méchant royaume d'Édom nous ait été infligé, que nous méritions aussi le Royaume d'Ismaël ? »
Aussitôt Mératon, l'ange supérieur, lui répondit en disant :
« Ne crains pas, fils d'homme ; le Tout-puissant amènera le royaume d'Ismaël en vue de vous délivrer du méchant royaume d'Édom. Surgira un prophète selon sa volonté, qui conquerra pour eux-mêmes la terre »... « Comment sait-on qu'ils sont notre salut ? » Métatron lui dit : « Le prophète Isaïe n'a-t-il pas dit qu'il a vu « un char attelé de deux chevaux, un cavalier sur un âne, un cavalier sur un chameau... »
».

Ce récit inspirera la littérature arabe qui fera venir le calife Omar sur un âne et sur un chameau. Puis, au Xe siècle, Tabarî, s'inspirant de cette fausse prophétie de Siméon écrite au VIIe siècle, prétendra qu'Isaïe avait annoncé Mahomet, (qui monte un chameau) et le Christ (qui monte un âne). En fait, Isaïe avait simplement décrit les montures (au pluriel) et leurs cavaliers venant prendre Babylone !

Is 21-6-8 : La chute de Babylone : « Place un guetteur ! Qu'il annonce ce qu'il voit : il verra de la cavalerie, ces cavaliers deux par deux, des hommes montés sur des ânes et des hommes montés sur des chameaux... Elle est tombée, Babylone, elle est tombée. ».

Ainsi extrapolera la Tradition.
 
CALIFAT D'OMAR: 634-644.


Omar complète la salât en ajoutant la prière du milieu du jour dont le Coran ne parle pas.
La salât est associée à l’aumône et à la « purification » « zakât » (S. 2-43, 83, 110 ; S. 5-55). « Salât » est un mot d’origine syriaque, antérieur au Coran, signifiant prière. Dans le Coran, la prière païenne est aussi nommée salât, elle est faite de « sifflements et de battements de mains, près de la Demeure » (S. 8-35).
Omar confirme l'interdiction du vin mais autorise le moût, vin cuit et réduit du tiers.

En 635, Damas est prise sans combat : la garnison byzantine a fui. La même année, Jérusalem se rend, sans doute au moment des Rameaux. Une légende arabe du VIIIe siècle dira qu'Omar a pris lui-même possession de la ville de Jérusalem ; mais il s'agit sans doute d'un contre-sens entre Ælia (nom romain de Jérusalem, employé par les arabes) et Eilat ( ville sur le golfe de 'Aqaba), qui est occupée par les troupes d'Omar. Ni le nom de Jérusalem, ni celui Ælia ne sont connus du Coran.

En 636, les armées impériales byzantines subissent une défaite définitive dans la vallée du Yarmuk. La Syrie passe sous contrôle arabe. Le moyen-Orient est soumis.
En 639, l’Égypte est conquise.
En 641, Omar déclare que juifs et chrétiens doivent quitter l'Arabie (plus particulièrement le Hedjaz) en raison d'une parole supposée de Mahomet sur son lit de mort : « Qu'il n'y ait pas deux religions en Arabie » (Malik 511:1588). La mise en application de cet ordre sera lente mais durable ; de nos jours encore les non musulmans ne peuvent se rendre dans le Hedjaz.

En 644, le Calife Omar est assassiné par un ancien esclave perse. Avant de mourir, Omar désigne un groupe de 6 hommes parmi lesquels son successeur doit être choisi. Ali en fait partie, ainsi que des membres la famille élargie du Prophète. Leur supériorité sur les autres croyants puise sa légitimité dans le Coran. S. 33-6 : « Pour les croyants, le Prophète a priorité sur eux-mêmes... Et les gens de parenté ont, les uns envers les autres, priorité, selon le Livre de Dieu, sur les croyants et émigrés. ».

À partir de 661, les Omeyyades créeront une inégalité entre les croyants : les arabes dominent. Pour accéder à l'islam, le converti doit trouver une famille arabe qui consent à l'adopter.
Il obtient un statut d’esclave affranchi « mawlâ ». La discrimination se fait selon la pureté de l’appartenance à l'ethnie arabe, les arabes sont supérieurs aux mawani (les convertis adoptés), eux-mêmes supérieurs aux dhimmis (les incroyants). Dans un état pratiquant le concubinage généralisé avec des esclaves étrangères (les prises de guerre), la démographie sera rapidement en défaveur des musulmans arabes de pure souche : ils deviendront minoritaires, y compris au sein de la classe dirigeante.

La dynastie omeyyade régnera de 640 à 750 sur un empire allant de l’Asie centrale à l’Espagne en passant par le Maghreb. Après la conquête fulgurante des arabes, leur empire aurait pu être sans lendemain, comme l'ont été les conquêtes de tant de nomades (d'Attila ou des Mongols). Les Omeyyades, eux, sauront fonder un état solide avec une capitale, une langue, une administration, une monnaie, une législation et des voies de communication.

N'est-ce pas le génie omeyyade, issu du solide bon sens des marchands mecquois qui a permis à l'empire musulman de durer ?
 
LE TROISIÈME CALIFE OTHMÂN (644-656).

'Othmân, un gendre de Mahomet, est choisi comme calife de préférence à Ali, son autre gendre.

En 655, la flotte arabe bat l’armée byzantine qui avait repris Alexandrie. L’empire musulman s'étend en Afrique du nord.
En 656, après un siège de plusieurs jours dans sa propre maison, 'Othmân est poignardé par des opposants qui lui reprochent ses exactions. Les assassins étaient-ils des fidèles d'Ali ?
Une succession difficile s'ouvre alors. Une guerre va déchirer l'Oumma, appelée la « Grande Épreuve », elle dure 5 ans.

La grande œuvre d’'Othmân aurait été d’avoir commandé la mise par écrit du Coran en 653.

Le Coran est initialement un kitab : un récit oral fixé, un texte invariable.
Il est appris par cœur et restitué exactement. Ainsi pratiquaient les nomades allant d’oasis en oasis et transmettant les nouvelles sous forme de récits exactement répétés : l'oralité en garantissait la véracité.
Le Coran garde la trace de cette conception : la vérité ne peut être transmise que sous forme de kitab, une parole non écrite, récitée par cœur. Les juifs sont ainsi mis au défi de réciter par cœur la Thora : S. 3-93 : « Venez-donc avec la Thora et récitez-là, si vous êtes véridiques ! ».
Mahomet accuse les juifs d'avoir falsifié leur Bible et en donne pour preuve qu'ils l'ont écrite. S. 2-79 : « Malheur, donc, à ceux qui écrivent de leurs mains la Révélation puis qui disent que cela vient de Dieu, pour le vendre à vil prix. Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit. ».
L’Inspirateur du kitab coranique ordonne : S . 29- 45 : « Toi, récite ! ». Jamais le Coran ne parle de lire le texte sacré.

Le Coran est un « qur’ân ».
Un qur'ân est une récitation par cœur d'un Kitab, texte invariable de référence. La racine arabe QR’ signifie « redire un message en en reprenant les paroles sans les modifier ni en ajouter ». La Tradition musulmane prétend, elle, que l'étymologie du mot « Coran » est « keryâna », mot syriaque signifiant « lecture des écritures ». Cela suggère une mise par écrit précoce et la Tradition raconte que certaines sourates ont été mises par écrit du vivant de Mahomet. Mais « keryâna » est un mot syriaque. Pourquoi ne pas suivre l’étymologie arabe de la racine QR' ? Le Coran serait donc la récitation d’un kitab et non la lecture d’un texte saint. Voilà la conviction du Pr Chabbi dans « Le Seigneur des tribus, l'islam de Mahomet », CNRS éditions. 1997. Le Pr Chabbi penche ainsi pour une mise par écrit plus tardive.

Des penseurs musulmans contemporains retiennent aussi l’étymologie QR'. Nasr Hamid Abou Zeïd ou Rachid Benzine essaient de retrouver la parole divine révélée, par delà l'écrit coranique. Musulmans convaincus, ils n'ont aucun doute sur l'origine divine de l'inspiration de Mahomet. Mais, ils essaient, par le moyen de la linguistique, des sciences sociales et de l'histoire, de replacer l'écriture de cette parole divine dans l'Arabie du VIIe siècle, pour la purifier de ses scories humaines, de ses archaïsmes et de ses erreurs, apparus lors de la mise par écrit. Pour l'instant, Nasr Hamid Abou Zeïd a été persécuté en Égypte et a dû fuir et Rachid Benzine, d'origine marocaine, vit en France.


Le Coran serait donc un « qur’ân » et non un « keryâna ».
À moins que, dès son origine, le Coran n'ait contenu des mots syriaques...
 
QUE DIT LA TRADITION MUSULMANE DE LA MISE PAR ÉCRIT DU CORAN ?

Du vivant de Mahomet,
Aïcha aurait gardé des « cuirs sur lesquels était le Coran qui fut écrit de la bouche de l’envoyé de Dieu » (Ibn Shabba, Târîkh al-Madîna, III, 997).
Mahomet aurait eu des secrétaires particuliers, Ubbay Ibn Kab et Zayd Ibn Thâbit, un médinois certainement d’origine juive puisqu’il aurait reçu sa formation scolaire à l’école juive de Yathrib. D'autres secrétaires auraient rédigé des codex coraniques du vivant de Mahomet : 'Abd-Allâh Ibn Mas'ûd, Abû-Musa al-Ash'arî et Abdallâh ibn Sad. Ce dernier aurait perdu la foi en l’origine divine du Coran après avoir vu ses propres suggestions reprises par Mahomet pour finir des versets.

Sur ce qui se passe après la mort de Mahomet, la Tradition musulmane donne des versions contradictoires. Zayd Ibn Thâbit avait-il déjà écrit sous la dictée de Mahomet ? Ou bien, après la mort de Mahomet, aurait-il refusé d’obéir à Abu Barhr et à Omar qui lui demandaient de mettre par écrit le Coran : « Feriez-vous donc ce que l’envoyé de Dieu n’a pas fait ? » ( Ibn Hanbal, Musnad, V, 188.10).

Le foisonnement des versions coraniques :

- Abu Barhr et Omar auraient demandé que le Coran soit mis par écrit. Ctte version aurait ensuite été confiée à Hafsa, la fille d’Omar, une des épouses de Mahomet (Ibn Abî-Dâwud, Masâhif, p. 8-10).

- Ali, le fondateur du chiisme, est détenteur d’un Coran autonome collecté dès la mort du Prophète grâce aux écrits d' 'Abd-Allâh Ibn Mas'ûd ( Ibn Abî-Dâwud, Masâhif, p.10., chap. 15,§2).

- Abû-Musa al-Ash'arî rédige une version lue à Basra en Irak. Mais elle n'a pas été conservée. Il était né au Yémen, terre juive et chrétienne où les Psaumes étaient connus. Est-ce en raison de sa participation à la rédaction du Coran que le Psaume 37 est repris sourate 21 ? Ps 37 (36)-29 : « Les justes posséderont la terre, là ils habiteront pour toujours. ». S. 21-105 : « Très certainement, Nous avons écrit, dans le Psautier, après le Rappel : « Oui, ils hériteront la terre, Mes esclaves, gens de bien. » ».
Le Psaume 107(106)-23-30 décrit, lui, les dangers de la navigation et l'aide donnée par Yahvé aux marins. Est-ce le hasard s’il est repris dans la Sourate 10 ? Les arabes détesteront toujours la navigation et n’y auront recours que contraints. L’allusion aux « bateaux qui voguent par excellent vent » dans une sourate réputée mecquoise (S. 10-22) ne peut qu’interroger sur son origine. Mahomet aurait loué la voix d'Abû-Musa al-Ash'arî et l’aurait comparée à celle « des gens de la famille de David lorsqu'ils chantaient les psaumes ».

- Jusqu'au Xe siècle, des procès auront lieu à Bagdad contre ceux qui s'obstinent à réciter des Corans selon Ubbay, Ibn Mas'ûd ou d'autres qui « contrevenaient au consensus » (Yâqût, Udabâ', V, 114-117 (Muhammad Ibn Shanabûdh) ; V, 310-312 (Muhammad Ibn Miqsam)).

'Othâm intervient.

Vers 645, Hudayfa, un juif converti à l’Islam, remarque que les musulmans récitent des Corans différents. Il demande au Calife 'Othmân de fixer le Coran. Selon Bukhari (Sahîh, 66, Fadâ'il al-Qur'ân, 3 Jam' al-Qur'an) Hudayfa aurait dit : « Rattrape cette oumma avant qu’elle ne diverge sur le Livre comme ont divergé les juifs et les chrétiens. ».

A.-L. de Prémare : Les Fondations de l'Islam, p.283 à 305, éd. Points.
 
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