AL-GHAZÂLÎ (1058-1111) : LES MEDERSA REGROUPENT TOUTES LES SCIENCES ASSUJETTIES À L'APPRENTISSAGE PRÉALABLE DU CORAN.
Les seljoukides ont pris le pouvoir. Les propriétaires terriens ont été dépossédés, les fonctionnaires restent sans emploi et les marchands sont ruinés. LÉgypte, qui n'a pas été conquise par les Seljoukides, reste chiite ismaélienne. Elle attire tous ses mécontents. Sa doctrine se structure dans les Maisons du savoir. Les ismaéliens sont soutenus par la secte des Assassins qui lui sert de bras armé.
Face à eux, les seljoukides exercent le pouvoir politique et laissent le pouvoir religieux du Calife de Bagdad. Cet état de fait aurait pu être une évolution vers la séparation du pouvoir temporel du pouvoir spirituel, mais Al-Ghazâlî va restituer une lecture musulmane de cette séparation. La fonction gouvernementale, la « vilaya », peut être exercée légitimement par le sultan s'il se soumet au Calife (Al-Ghazâlî, Ihya' 'Ulum al-Din, t. II, Le Caire, 1933, p.124.). La fonction califale garde donc sa suprématie sur les autres pouvoirs. Al-Mawardi (975-1058), théoricien politique musulman, avait déjà affirmé que l'oumma doit être gouvernée par un dirigeant qui respecte la loi de Dieu, la charia, et les droits de Dieu. Les droits dits de lhomme, la liberté ou l'égalité, ne sont jamais évoqués. Seule la justice reste une attente légitime du peuple (al-Ghazâlî, Fada 'ih al-Batiniyya, trad. Lewis, Islam, t. I, 159).
Al-Ghazâlî grandit à Bagdad. Il étudie longuement les philosophes antiques pour pouvoir les réfuter. Il s'oppose à Averroès. Pour lui, la philosophie est dans le vrai dans la mesure où elle enseigne les même vérités que le Coran et forcement erronée si elle dit autrement. Ses ouvrages, Les intentions des philosophes et L'incohérence des philosophes écrits en 1095, ont une grande répercussion. De ses travaux date le déclin de la philosophie grecque dans le monde islamique. Mais Al-Ghazâlî est finalement déçu par la Kalam et se réfugie dans la mystique soufie.
Les seldjoukides, sunnites, luttent par les armes contre la secte des Assassins ismaéliens, mais aussi en formant le peuple à la juste doctrine sunnite. Leur ministre Nizam al-Mulk nomme Al-Ghazâlî à la tête d'une medersa. Al-Ghazâlî y tente une synthèse du kalam et du soufisme. L'orthodoxie sunnite est présentée dans toute sa rigueur doctrinale, mais enrichie de la mystique soufie. Toutes les sciences sont maintenant enseignées dans sa medersa : mathématiques, astronomie, médecine. Mais le préalable à toute étude reste l'apprentissage par cur du Coran et l'étude de la Tradition. Les études coraniques cessent d'être réservées à une élite religieuse : le peuple manifeste son enthousiasme et afflue dans les medersa.
Le chiisme se marginalise avec la conquête seldjoukide, le sunnisme se structure et se popularise.
Au moment où la chrétienté redécouvre Aristote dans des traductions de plus en plus fiables et crée des Université indépendantes du magistère de lÉglise, le Dar al-Islâm assujettit officiellement la science à la théologie et rejette Aristote et sa logique.
Il faudra que les Ottomans soient envahis au cur de leur empire pour qu'ils acceptent de réformer leur enseignement. Nous serons alors au XIXe siècle, 700 ans après les premières « libertas academica » européennes.
Les seljoukides ont pris le pouvoir. Les propriétaires terriens ont été dépossédés, les fonctionnaires restent sans emploi et les marchands sont ruinés. LÉgypte, qui n'a pas été conquise par les Seljoukides, reste chiite ismaélienne. Elle attire tous ses mécontents. Sa doctrine se structure dans les Maisons du savoir. Les ismaéliens sont soutenus par la secte des Assassins qui lui sert de bras armé.
Face à eux, les seljoukides exercent le pouvoir politique et laissent le pouvoir religieux du Calife de Bagdad. Cet état de fait aurait pu être une évolution vers la séparation du pouvoir temporel du pouvoir spirituel, mais Al-Ghazâlî va restituer une lecture musulmane de cette séparation. La fonction gouvernementale, la « vilaya », peut être exercée légitimement par le sultan s'il se soumet au Calife (Al-Ghazâlî, Ihya' 'Ulum al-Din, t. II, Le Caire, 1933, p.124.). La fonction califale garde donc sa suprématie sur les autres pouvoirs. Al-Mawardi (975-1058), théoricien politique musulman, avait déjà affirmé que l'oumma doit être gouvernée par un dirigeant qui respecte la loi de Dieu, la charia, et les droits de Dieu. Les droits dits de lhomme, la liberté ou l'égalité, ne sont jamais évoqués. Seule la justice reste une attente légitime du peuple (al-Ghazâlî, Fada 'ih al-Batiniyya, trad. Lewis, Islam, t. I, 159).
Al-Ghazâlî grandit à Bagdad. Il étudie longuement les philosophes antiques pour pouvoir les réfuter. Il s'oppose à Averroès. Pour lui, la philosophie est dans le vrai dans la mesure où elle enseigne les même vérités que le Coran et forcement erronée si elle dit autrement. Ses ouvrages, Les intentions des philosophes et L'incohérence des philosophes écrits en 1095, ont une grande répercussion. De ses travaux date le déclin de la philosophie grecque dans le monde islamique. Mais Al-Ghazâlî est finalement déçu par la Kalam et se réfugie dans la mystique soufie.
Les seldjoukides, sunnites, luttent par les armes contre la secte des Assassins ismaéliens, mais aussi en formant le peuple à la juste doctrine sunnite. Leur ministre Nizam al-Mulk nomme Al-Ghazâlî à la tête d'une medersa. Al-Ghazâlî y tente une synthèse du kalam et du soufisme. L'orthodoxie sunnite est présentée dans toute sa rigueur doctrinale, mais enrichie de la mystique soufie. Toutes les sciences sont maintenant enseignées dans sa medersa : mathématiques, astronomie, médecine. Mais le préalable à toute étude reste l'apprentissage par cur du Coran et l'étude de la Tradition. Les études coraniques cessent d'être réservées à une élite religieuse : le peuple manifeste son enthousiasme et afflue dans les medersa.
Le chiisme se marginalise avec la conquête seldjoukide, le sunnisme se structure et se popularise.
Au moment où la chrétienté redécouvre Aristote dans des traductions de plus en plus fiables et crée des Université indépendantes du magistère de lÉglise, le Dar al-Islâm assujettit officiellement la science à la théologie et rejette Aristote et sa logique.
Il faudra que les Ottomans soient envahis au cur de leur empire pour qu'ils acceptent de réformer leur enseignement. Nous serons alors au XIXe siècle, 700 ans après les premières « libertas academica » européennes.