4000 ans de monothéismes, histoire archéologique

À LA MECQUE, LES JUIFS SONT DONNÉS EN EXEMPLE PAR MAHOMET À L’OCCASION DE RÉCITS SUR MOÏSE !

Dans l'ordre chronologique de la révélation :

- Les juifs ont reçu la révélation sous forme orale
. « Nous [Dieu] leur avons envoyé le Kitâb. » (S. 28-52-55). Un Kitâb est un récit oral, fidèlement répété, support des nouvelles échangées entre bédouins. Les juifs sont détenteurs d'une révélation divine orale comme l'est tout Kitâb. À la Mecque, Mahomet ignore que Moïse a reçu les Tables de la Loi écrites par Yahvé.

- Salomon évite d’écraser des fourmis ! (S. 27-7-10). Les histoires de la reine de Saba, de David, de Loth et des Thamûd sont racontées pèle mêle. Dieu apparaît dans un feu que Moïse prend pour un feu de campement (S. 27-7-12). Moïse reçoit des signes de Dieu : son bâton devient serpent et sa main blanchie.

- Puis, Aaron, est nommé pour la première fois S. 37-114-122 sans qu'on signale qu'il est de la famille de Moïse. C'est une sourate eschatologique où sont rappelés les grands prophètes et qui termine par une querelle sur le sexe des anges (S. 37-148-156).

- L'histoire de Moïse se construit et s'amplifie dans deux long récits S. 26-10-65 et S. 28-3-82. Moïse est traité de sorcier (sâhîr), S. 28-36, comme Mahomet verset 48. L'exécution des premiers-nés par Pharaon est évoquée, (S. 28-4), en reprise du récit Exode 1-22. Aaron est enfin le frère de Moïse (S. 28-35).

- Ensuite, le concept de résurrection des corps apparaît à la Sourate 23-45-49. Elle est de double origine mecquoise et médinoise. Aaron est maintenant associé à Moïse régulièrement dans une série de versets plus tardifs (Sourate 37-114, S. 28-34, S. 26-13-48, S. 25-30, S. 21-41, S. 20-30 , S. 14-53, S. 10-75).
- Un prophète anonyme demande à Dieu de détruire son peuple, dans un saisissant appel au secours qui ne peut qu'évoquer Mahomet. S. 23-39-40 : « « Seigneur ! Au secours! Ils me traitent de menteur. » - Et Dieu : « Sous peu, très certainement, ils en viendront aux regrets !»

- Puis Moïse et Aaron reçoivent le furqân, la preuve décisive qui manquera toujours à Mahomet, S. 21-48-50.

- L'histoire du veau d'or est introduite, S. 20-9-99. Les hébreux ont été trompés par un samaritain (al-sâmirî). À la Mecque, les juifs ne peuvent faillir, ils restent la référence de Mahomet. S'ils pêchent, c'est un autre qui est responsable. À Médine, les juifs seront devenus responsables de leur apostasie du veau d'or (S. 2-51, S. 4-153, S. 7-152).

- À la Mecque, Moïse est absent pendant l'adoration du veau d’or ; mais la Sourate 20 ne dit rien de la remise des Tables de la Loi. Elles ne sont évoquées que dans la S. 7-145 qui ne parle pas de Moïse. À la Mecque, Mahomet ignore tout du don de la Loi écrite faite à Moïse. La révélation de Moïse est simplement un Kitab, un récit oral fidèlement répété.

L’événement fondateur du don de la Loi écrite par Dieu au peuple élu lors de Sa rencontre avec Moïse au Sinaï n'est pas connu de Mahomet avant qu'il ne soit confronté aux juifs de Médine !

« Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie », J. Chabbi, Fayard. 2008.
 
MOÏSE EN FIN DE PÉRIODE MECQUOISE : SYNTHÈSE DE MULTIPLES LÉGENDES LOCALES.

Dans le Coran mecquois, Moïse est le personnage principal, utilisé par Mahomet pour justifier sa mission.
Moïse est associé à divers personnages historiques. Mais le Coran adopte systématiquement la version mythologique de leur vie plutôt que le récit historique.

- En premier, la Sourate 19 raconte la naissance de Jésus « fils de Marie » S. 19-51-55. Jésus parle au berceau versets 24 à 34 conformément aux Apocryphes chrétiens tardifs du Moyen-Orient. Abraham est cité, puis Moïse, ensuite, Ismaël. Ismaël ne sera signalé comme le fils d'Abraham qu'à Médine. Au verset 58, ISR’ÎL est cité, c’est la seule occurrence coranique du nom d'Israël, nom donné par les juifs à Jacob.

- Puis, la S. 20-12-14 fait le récit du « Buisson ardent », en s'inspirant de l'Exode 3-5. Dans le vallon sacré, Moïse retire ses sandales et reçoit des instructions concernant Pharaon.

- Ensuite, la S. 18-60-82, « Ceux de la caverne », fait voyager Moïse avec un serviteur de Dieu, nommé khadir, le « verdoyant ». La Tradition musulmane identifiera ce personnage, khidr ou khadir, au Dieu oriental du printemps nommé Tammûz.
Plus loin, le récit sur « Ceux de la caverne » (S. 18-9-22) renvoie à la légende des Sept Dormants d’Éphèse, inventée par l'évêque Jacques de Saroug en 500.

- Une sourate plus tardive, la sourate 17 raconte l'histoire d'Alexandre le grand, surnommé le Biscornu. Ce surnom provient d'un torticolis lié à une anomalie de la motricité oculaire. Son sculpteur officiel, Lysippe, le représentait toujours la tête inclinée.
Dans la S. 17-2-10 ; 17-101-104, la paternité d'une muraille de fer, qui sépare Gog et Magog des hommes, est attribuée à Alexandre. On a déjà vu qu'il s'agit d'une légende du IV e s. écrite par Éthique d'Istrie.

- Les mecquois demandent des preuves. Un Kitâb est une preuve (S. 11-17, 96-99, 110), pour Moïse et donc aussi pour Mahomet. Houd est l'Avertisseur des ‘Ad, qui eux aussi demandent des preuves (S. 11-53). L'existence d'Avertisseurs est une des rares originalités du Coran, mais qui n'est confirmée par aucune autre source.

- Enfin la Sourate 10, « Jonas », l'homme au poisson (S. 21-87, S. 68-48), reprend encore une fois l'histoire de Moïse.
La S. 10-75-92 raconte comment Pharaon reproche à Moïse d’éloigner le peuple de la religion égyptienne. Moïse demande aux croyants de résister v. 87. Pour rester fidèle, Mahomet doit lui-aussi trahir la religion de ses pères. Mahomet s'abrite encore une fois dans l'exemple de Moïse. Le séjour de Jonas dans le ventre du poisson est une légende, un conte écrit dans la Bible 4 siècles après la vie du véritable prophète Jonas. Le Coran, une fois de plus, choisit le récit tardif devenu fantastique plutôt que le récit historique.


Le Coran est une formidable synthèse de tous les mythes païens ou judéo-chrétiens ayant cours dans l'Arabie du VIIe siècle.


« Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie », Jacqueline Chabbi, Fayard. 2008.
 
ABRAHAM VU PAR LE CORAN À LA MECQUE.

Avant que le Coran n’ait parlé d’Abraham, la Mecque était présentée comme une cité sûre, un « haram », « un lieu inviolable » (S. 29-27).
Le culte rendu au « Seigneur du bétyle » (S 106-3-4), logeant dans la Pierre noire, fait du dieu de la première révélation mecquoise un dieu local, gardien du puits et de l’approvisionnement en eau, assurant la survie de ses adorateurs au milieu de multiples dieux locaux. Mahomet s'inscrit ainsi dans la foi de ses ancêtres païens : il croit en la protection assurée par l'espace haram de la Kaaba protégée par ses bétyles.

Lors de la révélation mecquoise, il n'est signalé nulle part qu'Abraham ait fondé la Mecque, mais qu'il y met sa descendance à l’abri. La Mecque est bien « un lieu inviolable » protecteur. S. 14-37 : « Notre Seigneur, s’exclame Abraham, j’ai installé ma descendance dans un val sans culture, près de Ta demeure bien protégée pour qu’ils accomplissent la prière. Fais que le cœur des hommes des tribus locales ait de l’inclinaison pour eux et veuille bien pourvoir à les nourrir des fruits de la terre. »
La forme grammaticale en arabe est formelle : il s'agit de la totalité de sa famille. La Tradition voudra y voir le lieu de séjour des seuls Ismaël et d'Agar. Selon le Coran des débuts, Abraham n'a donc pas fondé la Mecque. Cela sera raconté plus tard. Pour l'instant, Abraham prie pour que ses habitants soient favorables à ses enfants, prouvant ainsi que la bourgade existait avant sa venue (S. 14-37).

Quelle est la descendance d'Abraham ?
À la fin de la période mecquoise, la naissance des enfants d’Abraham est racontée alors que sa femme est ménopausée (S. 51-24-37, S. 15-53). Seule la S. 11-71 mecquoise, nomme les enfants du miracle : « Sa femme était debout. Alors elle rit. Nous lui annonçâmes donc Isaac, et au-delà d'Isaac, Jacob. ».
Ismaël, le Prophète, n'est signalé comme fils d'Abraham que dans un unique verset réputé mecquois(S. 14-39). Et jamais il n'est dit dans le Coran qu'Ismaël a des enfant. Seul Isaac a une descendance (S. 2-130-134). Il engendre Jacob, le père des douze tribus (S. 3-84, S. 7-160). Les prophètes et le Livre viennent d'Isaac (S. 21-72-73, S. 19-49 et S. 29-27), jamais d'Ismaël.

Le sacrifice d'Isaac n'est pas localisé dans le Coran. L'imaginer à la Mecque est une pure extrapolation. Même dans la révélation médinoise, quand le Coran racontera qu'Abraham a fondé la Mecque, il ne sera jamais dit que le sacrifice d'Isaac (S. 37-113) y a eu lieu (S. 37-100-113). Les Juifs le localisent au mont du Temple à Jérusalem.

Pour la Bible, Abraham est le premier a avoir eu l'intuition du monothéisme, ce qui est méconnu du Coran. Moïse est gardien du Livre saint au même titre que lui : S. 87-19 : « Le Très-Haut : ceci se trouve dans les [rouleaux] de parchemin primordiaux, les parchemins d’Abraham et Moïse. » et S. 53-36.

Abraham est donc un personnage secondaire dans la révélation mecquoise qui sert à soutenir la conviction que la Mecque est un « haram », « un lieu inviolable » et que les juifs pourront garantir la révélation de Mahomet en consultant les « parchemin primordiaux , les parchemins d’Abraham et de Moïse ».

« Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie », p 258, Chabbi, Fayard. 2008.
 
MAHOMET À L’ÉCOUTE DU MIDRASH : ABRAHAM DÉTRUIT LES IDOLES.


Abraham cherche Dieu au travers d'expériences personnelles.
S. 6-74-79. Il Le cherche dans les astres : ils disparaissent tour à tour. Abraham finit par adorer le Créateur plutôt que la création. Peut-on y voir la transposition de l'expérience de Mahomet, ou simplement une inspiration du Midrash Bereshit Rabba, texte sacré du judaïsme rédigé au siècle précédent, au VIe siècle ?

Essayons de lire le Midrash en parallèle avec le Coran :
Midrash Bereshit Rabba 38:16 :

« Terah...
(La Genèse 11-27 nomme le père d'Abraham, Térah. Des manuscrits grecs l'ont transformé en « Tharra » puis en « Athar ». Dans le Coran, le père d'Abraham est « Azar » (S.6-74), Mahomet n'a pas accès directement à la Bible ni au Midrash, mais à des relectures grecques véhiculées par la transmission orale, puisqu'il ne lit pas le grec).

... Suite du Midrash : ...Terah était idolâtre. Un jour, il chargea Abraham de la vente [des idoles]. Si un homme venait acheter une statue, [Abraham] lui demandait : « Quel âge as-tu ? » Le client répondait : « Soixante ans ». Abraham disait alors : « Il a soixante ans, et il veut vénérer une statue d'un jour. » Le client se sentait honteux et partait. » Une femme vint un jour, avec un panier de farine. Elle dit : « Voici pour tes dieux. » Abraham prit un bâton, et fracassa toutes les idoles, à l'exception de la plus grande, dans la main de laquelle il mit le bâton. Son père revint et demanda ce qui s'était passé. [Abraham] répondit : « Cacherais-je quoi que ce fût à mon père ? Une femme est venue avec un panier de farine et m'a demandé de les donner à ces dieux. » Lorsque je l'ai offerte, un dieu a dit : « Moi d'abord ! », un autre « Non, moi d'abord ! » Alors, le plus grand s'est levé et a brisé toutes les autres. [Son père] lui dit : « Te moques-tu de moi ? Comment pourraient-elles faire quoi que ce soit ? »...
(L'idée est reprise S. 21-57-58 : « Je ruserai très certainement contre vos idoles dès que vous aurez le derrière tourné ! [Abraham] les mit en miettes, en effet ; sauf la grande. »)

...Suite du Midrash :...Terah emmena [Abraham] chez Nemrod : Nemrod lui dit : « Adorons le feu ».
Abraham lui dit : « En ce cas, adorons l'eau, puisqu'elle éteint le feu. »
Nemrod lui dit : « Adorons l'eau ».
Abraham lui dit : « En ce cas, adorons les nuages, puisqu'ils portent l'eau. »
Nemrod lui dit : « Adorons les nuages. »
Abraham lui dit : « En ce cas, adorons le vent, puisqu'il disperse les nuages. »
Nemrod lui dit : « Adorons le vent. »
Abraham lui dit : « En ce cas, adorons l'homme, puisqu'il résiste au vent. »
...
(La S. 6-76-78 s'inspire directement de ces versets en reprenant ce refus d'adorer des éléments naturels qui disparaissent.)

...Suite du Midrash... Nemrod lui dit : « Ce que tu dis est absurde ; je ne m'incline que devant le feu. Je vais t'y précipiter. Que le Dieu devant lequel tu t'inclines vienne et t'en sauve.» »
(À la suite du Midrash, la S. 37-97 reprend : « Ils dirent : « Qu'on lui construise une construction et qu'on le lance dans cette fournaise. et S 29-24 : « Tuez le ou brûlez-le » Mais Dieu le sauva du feu. »)

L'histoire d'Abraham, briseur d'idoles, est donc directement inspirée d'un texte du Midrash, écrit au VIe siècle et transmis oralement à Mahomet.
 
LE CHRISTIANISME VU DE LA MECQUE.

Le christianisme est beaucoup moins connu que le judaïsme de l'auteur du Coran.
La Sourate 19 raconte la conception et l'enfance de Jésus. Il est précisé que Jésus n'est pas enfant de Dieu (S. 19-35), mais cette dénégation touche uniquement la personne de Jésus. La notion de Trinité est totalement inconnue de la révélation mecquoise. Jésus est qualifié de « fils de Marie » (S. 43-57-67, S. 23-50).

Mais, dès la période mecquoise, Jésus est un homme extraordinaire pour le Coran :


- Sa conception est miraculeuse, il est conçu sans relation charnelle par l'action de Dieu (S. 19-20).
Il est né de Marie, fille d’Amram. Le Coran confond Myriam, sœur de Moïse et d'Aaron (les enfants d'Amram), avec Marie, l'épouse de Joseph, ayant vécu 13 siècles plus tard. À moins qu'il ne s'agisse que de signaler l'appartenance tribale de Marie à la lointaine descendance d'Amram. Le Coran est, en effet, imprégné de la sociologie tribale de l'Arabie. S. 66-12 : « Marie, une fille d’Amram, avait préservé son corps ; puis Nous y avons insufflé de Notre esprit. ». Le Coran mecquois se scandalise d'imaginer Dieu ayant une vie conjugale et des enfants par la chair : S. 72-3 : « Oui, et Lui-même,... n’a adopté ni compagne ni enfant. ». Néanmoins, le Coran raconte que Jésus est conçu par une action mystique de Dieu qui préserve la virginité de Marie !

- Jésus parle au berceau (S. 19-29)
, selon ce qui est raconté dans les apocryphes chrétiens des IIIe au Ve siècles (Évangile du pseudo Thomas, XVIII, Évangile arabe de l'enfance, chap. I).

- Jésus se dit « esclave » et « Prophète » mais aussi « Parole de Vérité » (S. 19-30-34). Il incarne donc la Parole divine dès la révélation mecquoise. Il sera même nommé « Verbe » plus tard à Médine (S. 3-45). Le Coran affirme fortement l'humanité du Christ, ce que ne refuse pas un chrétien, mais le Christ est tout de même plus qu'un homme dans le Coran puisque son identité profonde l'identifie à un concept spirituel surnaturel : Jésus est « Parole de Dieu ».

En période mecquoise, le Christ meurt et ressuscite (S 19-33). Ce n'est qu'à Médine, que le Christ sera élevé aux cieux sans passer par la mort, au moment où le Coran récusera la mort du Christ en Croix (S.4-157).
Il ne sera nommé Messie (al-masîb) qu'à Médine (S. 3-45, S. 4-171 ; S 4-172, S. 5-172, S. 5-17, S. 5-72 et S. 5-75), le mot Messie étant ignoré à la Mecque.

Les chrétiens, initialement, font l'objet de la bienveillance du Coran. Ce ne sera plus le cas à la fin de la vie de Mahomet. Un verset, situé par la Tradition avant l'Hégire, annonce une victoire chrétienne qui surviendra à la fin de la vie de Mahomet, quand les byzantins reprendront Jérusalem aux Perses :
S. 30-2-4 : « Les grecs ont été vaincus sur la terre proche. Mais après cette défaite, ils vaincront dans quelques années. À Dieu est le commandement pour l’avant et pour l’après… Dieu assiste qui Il veut. »

Ce verset est intéressant à analyser. Les Byzantins, dès la mort de Mahomet, iront de défaite en défaite, face aux armées musulmanes, jusqu'à la disparition totale de leur empire à la chute de Constantinople devant les Ottomans. La vision prophétique de Mahomet ne dépasse pas les bornes de sa vie d'homme.
 
COMMENT L'ESPRIT SAINT, LE RÛH, EST-IL CONNU À LA MECQUE ?

Le Coran nomme l'Esprit Saint, le Rûh, en arabe. Le mot provient du mot hébreu ruah, qui est cité 378 fois dans l'Ancien Testament.
Ce mot recouvre 3 concepts différents. Le ruah est, d'abord le vent, puis la force vitale du corps humain, le siège de la connaissance et des sentiments et, finalement, la force de vie de Dieu. Pour les chrétiens, l’Esprit est le Paraclet, le Conseiller, le Consolateur, Troisième Personne de la Trinité descendue sur les chrétiens après l'Ascension du Christ.

Le rûh du Coran a différentes fonctions :
-Il donne vie à l'homme.
L’« homme façonné d’argile » (S. 32-7) par Dieu. S. 32-9 : « Puis Il l'a arrangé et lui a insufflé de Son esprit. ».
-Il met Marie enceinte en préservant sa virginité : S. 21-91 : « Celle-ci qui avait protégé sa virginité ! Nous y insufflâmes donc de Notre esprit. ».
-Il inspire directement Mahomet. S. 42-52 : « C'est ainsi que par Notre ordre, Nous t'avons révélé un esprit. Tu ne savais ni le Livre ni la foi. » et S. 26-193. On a déjà vu que ce n'est pas Gabriel qui inspire Mahomet dans le Coran.
- L'esprit est responsable des contradictions du Coran et non l'homme qui enseigne Mahomet :
S. 16-101-103 : « Quand Nous changeons verset pour verset,- et Dieu sait mieux ce qu’Il fait descendre, - ils disent : « Tu n’es bien qu’un blasphémateur ! » -Non, mais la plupart d’entre eux ne savent pas. – Dis : « C’est l'Esprit de sainteté qui a fait descendre cela avec vérité, de la part de ton Seigneur, afin d’en raffermir ceux qui croient, et aussi comme guidée et bonne annonce aux Soumis. Et Nous savons fort bien ce qu'ils disent : « Oui ! Quelqu'un l'enseigne tout simplement ! » ».

-Le rûh est associé aux anges, dont il partage les missions, mais sans jamais se confondre avec eux.
-Anges et esprit descendent avec la Révélation sur Mahomet (S. 97-4), lors de la « nuit du décret » divin (S. 97-1).
-Ils descendent vers les hommes pour les avertir (S. 16-2, S. 70-4).
Mais, particulièrement, l'esprit est un avertisseur : S. 40-15 : « Il lance, de par son ordre, l’Esprit sur qui Il veut, de Ses esclaves, afin que celui-ci avertisse du jour de la Rencontre. »
-L’esprit est porté par les anges S. 16-2 : « Il fait descendre les anges, avec l'esprit. »

La Tradition musulmane va raconter que le rûh est l'ange Gabriel, pour expliquer la présence du rûh à la conception miraculeuse du Christ, là où le Coran ne nomme jamais Gabriel. Mais un verset coranique interdit d'identifier Gabriel au rûh.
En effet, le rûh ne peut pas être identifié, il reste inconnu même de Mahomet. Dans cette sourate mecquoise, le Coran proclame l'ignorance de Mahomet : S. 17-85 : « Ils te questionnent sur l’Esprit (rûh). Réponds-leur : « l’Esprit est du [seul] ressort de mon seigneur [min amr rabbî] ; il ne vous est donné que peu de science [‘ilm]» ».

Ce verset est à rapproché d'un verset d’Ézéchiel :
Ez 13-2-3 : « Prophétise et dis à ceux qui prophétisent de leur propre chef : Écoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé : Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur propre esprit sans rien voir ! ».

Un prophète authentique, pour l'Ancien comme pour le Nouveau Testament, doit connaître et recevoir l'Esprit de Dieu.
 
ÉVOLUTION DU STATUT DE MAHOMET.

Mahomet, dans les premières sourates mecquoises, fait preuve d'une modestie rendue indispensable par son statut dégradé.

Le Coran affirme avec force que Mahomet est le camarade des Mecquois.(S. 7-184, S. 34-46.
Il est un homme de la tribu comme les autres. « Votre compagnon (sâhibu-kum) », (S. 81-22). Il va au marché et vit comme tout le monde (S. 25-7).

Son statut évolue*; il devient l'avertisseur des siens, toujours en fidélité avec les devoirs tribaux. Avertir les siens d'un danger est une obligation de sauvegarde collective. Mahomet donne un « avertissement » (indhâr) comme en témoignent les sourates les plus anciennes : S. 32-3, S. 28-46, S. 34-44, S. 67-6 : « Je (Mahomet) ne suis [personne d’autre] qu’un avertisseur qui délivre un message clair (‘wa-innamâ anâ nadhîr mubîn) » ».

L'avertisseur Mahomet ne parle pas au monde entier mais simplement à sa tribu : le Coran n'est pas un livre universel. Il est écrit pour les bédouins, dans une langue qui leur est compréhensible, l'arabe (S. 16-103, S. 20-113...). Aucune notion d'universalité dans le Coran, l'islam, en tant que religion universelle, sera élaboré par les générations de conquérants qui succéderont à Mahomet. Initialement, le Coran est une révélation à destination locale. Mahomet ne s'adresse qu' aux hommes de sa tribu : S. 26-214 : « Avertis les hommes de ton lignage » (andhir ’ashîrata-ka al-aqrabîn) ».

Mahomet est est le nadhir : celui qui avertit pour l’avoir été lui-même au préalable. S. 35-24 : « Nous [la divinité] t’avons envoyé [toi, Mahomet] [arsalnâ-kâ] avec la vérité comme annonciateur [bashîr] et avertisseur [nadhîr]. »

Ce n'est qu'à Médine qu'il deviendra messager d'Allah, transmetteur, « rasûl allâh » (S. 63-5, S. 40-78, S. 35-4), au contact de Juifs connaissant l’Ancien Testament.

Finalement il devient « prophète », soit « nabî » en arabe qui reprend le terme hébreu de « nevi ». « Muhammad n’est le père (ab) d’aucun parmi vous, mais il est l’envoyé de Dieu (rasul Allahi) et le sceau des prophètes (khâtam al-nabiyyîn) » (S. 33-40). On a vu la part qu'a pu avoir Mani, le fondateur du manichéisme, dans le choix du terme nabî, prophète, ce qui n'exclut pas une influence juive associée.

À la Mecque, loin de toute influence extérieure, Mahomet n'est qu'un camarade fidèle au devoir tribal et soucieux de ne pas être exclu de son clan !
 
POURQUOI LES HABITANTS DE LA MECQUE REJETTENT-ILS MAHOMET ?

À la Mecque, Mahomet passe pour fou (S. 81-22, S. 54-9 , S. 15-6).
Son discours est si étrange qu'il semble inspiré par les djinns, créatures considérées comme maléfiques.
S. 23-70 : « Ou diront-ils : « Il y a des djinns en lui » ? Au contraire, c’est la vérité qu’il leur a apportée. » !».

Mahomet est un homme de peu d'importance. S. 43-31 : « Ils [les mecquois] disent : « Que n'est descendu cet Écrit donné à réciter sur un homme important d'une des deux cités ? »».
Les deux cités en question seraient la Mecque et at-Tâ'if, citée montagnarde proche de la Mecque et passée sous son contrôle au début du VIIe siècle. Les habitants de la Mecque trouvent Mahomet trop insignifiant pour qu'il soit crédible. On est loin des légendes abbassides de la Tradition musulmane qui ont surnommé Mahomet, Al Amin, l’homme sûr, à qui aurait été confié le déplacement de la Pierre noire de la kaaba lors des travaux de réfection vers 605. Mahomet avait épousé une femme riche qui avait l'âge d'être sa mère. Son mariage lui avait donné une certaine aisance mais ne semble pas avoir augmenté son statut personnel au sein de son clan.

Mahomet est d’autant moins suivi que son message est en rupture avec les croyances de sa tribu. S. 31-21 : « Et quand on leur dit : « Suivez ce que Dieu a fait descendre », ils disent : « Nous suivrons plutôt ce à quoi nous avons trouvé nos ancêtres ! » Quoi ? Même si le Diable les appelait au châtiment de l'Enfer-Saïr ? »».
S. 43-22 : « « Nous avons trouvé nos ancêtres sur un chemin : nous nous guidons sur leurs traces. » ».
Les Mecquois souhaitent rester fidèles à la foi de leurs ancêtres.

Le contraste entre l'insignifiance de Mahomet et l'énormité qu'il exige, à savoir l'abandon des anciens dieux, ne suscite que moquerie.

S. 25-41 : « Et quand ils te voient, ils ne te prennent que pour objet de raillerie : « C’est ça que Dieu a suscité comme messager ? » Peu s’en serait fallu qu’il ne nous égare de nos dieux ! »». «*Allons-nous abandonner nos dieux pour un fou de poète ?*», S. 37-36.

Il est d'autant moins logique de suivre Mahomet, qu'il ne donne aucune preuve de l'origine divine de son inspiration. Le Coran affirme même qu'aucun ange ne descend sur terre, Mahomet est le seul intermédiaire entre Dieu et les hommes (S. 17-95-96). Personne ne peut témoigner pour lui ! Il récite un texte dont il peut parfaitement être l'auteur et ne fait aucun miracle. Son seul argument est une succession de menaces :
S. 45-9 : « Et quand il attrape quelques connaissance de Nos signes, il les prend en raillerie... La Géhenne est à leurs trousses. » et S. 45-33-35...

Mahomet se console dans la contemplation des déboires des prophètes du passé, il est méprisé comme eux. S. 43-52-3 : Moïse est qualifié par Pharaon d'être un « homme de vile condition. » Tous les prophètes ont été raillé, S. 43-7 : « Pas un prophète ne leur venait qu'ils ne s'en raillent. »

Mais les prophètes ont souvent vu les merveilles de Dieu, Mahomet attend toujours un miracle qui ne viendra jamais. Il ne partage que la dérision avec les prophètes de jadis.

Et ce n'est pas suffisant pour convaincre les siens !
 
L'OPPOSITION MECQUOISE, ÉCHANGES D'INSULTES.

Les insultes des mecquois sont sous entendues dans les réponses du Coran :

Mahomet n’est pas poète (shâ’ir) (S. 27-36), ni devin (kâhin) (S. 52-29), ni sorcier (sâhir) (S.51-39), ni fou (S. 81-22, S. 54-9 , S. 15-6, ni menteur (S. 35-25).

Allah appelle Mahomet à la patience, à 14 reprises à la Mecque, pour seulement trois fois à Médine (S. 76-10 ; 74-7 ; 73-10 ; 70-5 ; 68-48 ; 52-48 ; 50-39 ; 46-35 ; 76-24 ; 66-35 ; 40-55,77 ; 38-17 ; 31-17 ; 30-6 ; 20-10 ; 18-28 ; 16-127 ; 11-49 ; 10-109).

S. 68-48
, l'exemple de Jonas lui est donné. Mahomet est prié d'obéir à Dieu sans imiter Jonas qui s'est plaint. Ceux qui l'accusent de mensonge seront puni (S. 68-44), Mahomet ne doit pas être tenté de les suivre (S. 68-7-13).

Les mecquois insultent gravement Mahomet.
S. 108-3 : « Nous t'avons apporté la profusion. Pour ton Seigneur, célèbre donc l'Office et immole. C’est celui qui t’insulte qui est le châtré. ».
La pudeur musulmane a conduit à traduire ce verset de façon édulcorée. Ainsi Hamidullah traduit-il « Oui, celui qui te hait, le voici le sans-trace. ».
J Chabbi dans le « Seigneur des Tribus », reprend la traduction à partir de étymologie : Abtar signifie « châtré » selon un terme qui s'applique aux animaux castrés.
La forme grammaticale est celle d'un renvoi d'insulte. Cela signifie que Mahomet a été traité de châtré, allusion cruelle à sa condition d'homme sans fils. Allah renvoie l'insulte sans complexe ! Mahomet doit se consoler en récitant le Coran donné à « profusion ».

Mahomet prend acte des différences entre sa foi et celle des siens : S. 109-2-3 (18ème sourate révélée) : « Je n'adore pas ce que vous adorez... À vous votre religion et à moi ma religion. ».
Il tente un compromis, en acceptant l'efficacité des déesses mecquoises. Avant correction, la Sourate 53-19-24 (23ème) disait : « Que croyez-vous d’al-lat, d’al-Ozza et de Manat, cette troisième et dernière, ce sont des déesses augustes dont on peut vraiment espérer l’intercession. ».
Ce compromis n'apporte aucune conversion, le Coran multiplie les anathèmes : S. 104-1 (32éme) : « Que le malheur soit sur tous ceux qui calomnient et diffament. ». Dans la S. 77(33ème), « Malheur aux dénégateurs » est répété 10 fois.

Mahomet doute. S. 17-73-75 (50ème) : « Peu s’en est fallu, vraiment, qu’ils ne t’attirent loin de ce que Nous t’avions révélé, dans l’espoir que tu Nous imputerais, en blasphème, autre chose que ceci. Et alors, ils t’auraient pris pour ami. Et si Nous ne t’avions raffermi, tu aurais bien failli t’incliner quelque peu vers eux. ».
Mahomet renonce au compromis :
S. 10-104 (51ème): « Je n'adore pas ceux que vous adorez au lieu de Dieu, mais j'adore le Dieu qui vous achèvera par la mort. ».
Cette rupture d’avec les siens est douloureuse mais indispensable :
S. 40-55 (60ème) : « Sois constant, la promesse de Dieu est vraie. Demande pardon pour ton péché. ».

Mahomet en reste à sa seule révélation et aux menaces qui lui sont associées :
S. 51-10-12 (67éme): « Qu'on tue les supputateurs qui dans la noyade oublient ! Il te demandent : « À quand le jour de la Rétribution ? » Le jour où ils seront éprouvés, au Feu. »
 
LES CINQ PILIERS DE L'ISLAM S’ÉLABORENT À TRAVERS L'OPPOSITION DES MECQUOIS ET ÉVOLUENT ENTRE LA MECQUE ET MÉDINE. PREMIER PILIER : LA CROYANCE EN ALLAH ET EN SON PROPHÈTE MAHOMET.

Les cinq piliers de l'islam ne sont pas proposés de façon structurée dans le Coran. Il s'agit d'une organisation ultérieure qui regroupera des consignes coraniques. Quelle part a eu l'influence du manichéisme dans le choix de ces 5 piliers ?
On a vu que les cinq commandements du manichéisme sont semblables aux cinq piliers de l'islam. D'autres préceptes auraient pu être choisis comme piliers de l'islam, comme les règles alimentaires, la purification ou le djihad, qui sont tellement importants dans la vie des musulmans, mais seuls les éléments semblables aux commandements manichéens ont été retenus.

Le premier pilier : La croyance et le témoignage qu'il n'y a qu'un seul Dieu (Allah) et que Mahomet est son prophète.
Le nom d'Allah n’apparaît qu'en période médinoise. À la Mecque, Dieu est le rabb, le Seigneur de sur-nature logeant dans la Pierre noire, le bétyle (S. 106). À la fin de la période mecquoise, Il est devenu le Créateur Unique de l'univers mais reste un dieu local. S. 27-91 : : « On m'a commandé d'adorer le Seigneur de cette Ville ». Son unicité est affirmé, mais la tentation d'y associer d'autres déesses est toujours présente (S. 53-19-24).

Le Coran mecquois appelle à n'associer personne au rabb. Ce n'est pas une critique de la Trinité chrétienne dont le nom n’apparaît pas encore. Il s'agit de s'opposer aux mecquois qui prétendent que Dieu a des filles. S. 37-151-153 : « Ils disent dans leur calomnie : « Dieu a engendré » mais ce sont des mensonges, certes oui ! Quoi ! Il aurait de préférence à des fils, choisi des filles ? ». Le Coran gardera néanmoins l'idée d’entités célestes féminines gardiennes du domaine de Dieu (S. 37 ; S. 79).
Le Dieu unique de la Mecque n'est donc pas encore Allah, le Dieu médinois dont la transcendance et l’unicité se précisent en se délocalisant de la Mecque.

Mahomet n'est que le camarade (S. 81-22), l'avertisseur de sa tribu (S. 35-24). Ce n'est qu'à Médine, qu'Il deviendra messager (S. 63-5, S. 40-78, S. 35-4) puis prophète (S. 33-40).

Le premier pilier de l'islam n'est donc pas encore d'actualité, ni encore moins formulé à la Mecque.

Ce n'est qu'à Médine que sera exigée une obéissance stricte envers Mahomet et qui sera confondue avec l'obéissance due à Allah
: S. 24-54 : « -Dis : « Obéissez à Dieu, et obéissez au messager. » Si ensuite ils tournent le dos, à lui, alors, ce dont il est chargé; à vous, de même, ce dont vous êtes chargés. Rien d’autre. Et si vous lui obéissez vous vous guiderez. Au messager n’incombe cependant que de transmettre en clair. »

Mahomet n'est pas responsable de son échec apostolique ; et, de plus, le Coran va accroître la valeur spirituelle de la soumission qu'il exige envers Mahomet :
S. 4-80 : « Quiconque obéit au messager obéit alors certainement à Dieu. Et quiconque tourne le dos….eh bien, Nous ne t’avons pas envoyé à eux comme surveillant ! »

Une évolution se fait donc vers l'obéissance absolue due à Mahomet sans laquelle personne ne peut se dire soumis à Allah !

Le premier pilier n'est pas formulé, mais tous les éléments sont présents dans le Coran à la fin de la Révélation médinoise.
 
LES CINQ PILIERS DE L'ISLAM S’ÉLABORENT À TRAVERS L'OPPOSITION DES MECQUOIS : LA PRIÈRE, LA SALÂT, SELON LE RYTHME SOLAIRE.

Les prières pré islamiques ont laissé une trace dans le Coran
: on se prosternait devant les idoles (S. 21-53) ou devant le soleil (S. 2-58). La prière s’exprimait par des sifflements et des battements de mains, S. 8-35 : « Et leur prière , auprès de la Maison, n'est que sifflements et battements de mains ! ». De la prière païenne, seule la prosternation sera conservée.

Au début, Mahomet récite le Coran dès sa révélation S. 75-16-17 : « N'en remue pas pour autant ta langue avec ceci [le Coran], comme pour te hâter : à Nous, oui, son ordonnance et sa récitation. ». Il le récite seul (S. 6-162). Il se voit interdit l'accès à la Kaaba (S. 8-34). Importunait-il les mecquois avec sa récitation intempestive ?
Il le récite en public et ceux qui se prosternent marquent ainsi leur foi : « Eh bien, qu'ont-ils à ne pas croire. Et quand le Coran est récité devant eux, à ne pas se prosterner ? » S. 84-20-21.
À ceux qui refusent de se prosterner est promis « un châtiment douloureux » (S. 84-24). On reconnaît l'habituelle rhétorique coranique basée sur la menace.
La prosternation marque la soumission à Dieu. La vie intérieure du croyant n'est pas évoquée. Dès la Mecque, on s'oriente vers les signes extérieures de la piété. S. 68-43 : « Ils étaient appelés à la prosternation au temps où ils était sains et saufs. ». La prosternation reprend la manifestation préislamique de la foi et symbolise toute la piété du nouveau croyant.

Néanmoins, Mahomet, malgré ses menaces, n'engendre pas la crainte mais le rire : S. 53-59-62 : « Vous vous étonnez de ce récit ? Allez vous en rire et ne pas pleurer, tout en vous enflant d'orgueil ? Mais prosternez-vous devant Dieu et l'adorez ! »
Le Coran est « facile au rappel » mais cela semble insuffisant pour multiplier les croyants. S. 54-40 : « Nous avons rendu le Coran facile au Rappel. Eh bien en est-il un qui se rappelle ? »

Le répartition en 4 prières est réclamée à plusieurs reprises dans le Coran, elle ne sera finalement fixée à 5 prières quotidiennes que par le Calife Omar.
S. 17-78-79 : « Établis les Offices, du déclin du soleil aux ténèbres de la nuit close. Et aussi la Lecture de l'aube, oui, la lecture de l'aube a des témoins. Et la nuit fais vigile, à titre de surérogation de ta part. »
Les prières du couchant et de l'aube sont les seules obligatoires (S. 52-48-49). La prière du milieu du jour n'est pas dans le Coran.

À Médine, le détail de l'organisation de la prière se précise en fonction des possibilités de chacun. Le succès de Mahomet réclame d'adapter la pratique à tous.
S. 73-20 : « Ton Seigneur sait que tu te tiens debout près des deux tiers de la nuit, sa moitié, son tiers ; de même une partie de ceux qui sont avec toi... Récitez-donc du Coran, ce qui sera facile. Il sait qu'il y aura parmi vous des malades et d'autres qui voyageront sur la terre en quête de la grâce de Dieu et d'autres qui combattront dans le sentier de Dieu. Récitez donc ce qui sera facile. »

La prière cinq fois par jour avec récitation du Coran et prosternation est donc une élaboration sur 30 ans entre les débuts de la Révélation et le règne du calife Omar.
 
LES CINQ PILIERS DE L'ISLAM S’ÉLABORENT À TRAVERS L'OPPOSITION DES MECQUOIS ET ÉVOLUENT ENTRE LA MECQUE ET MÉDINE : LA ZAKAT-L'AUMÔNE.

Actuellement, la Zakat est un impôt fixé à 2,5% du revenu annuel et destiné à l'intérêt général et à l'assistance aux pauvres.

Dans le Coran, la charité est orientée vers la famille proche, il s'agit de solidarité tribale
plus que de générosité gratuite. S. 30-38 : « Apporte donc au proche parent son droit, au pauvre aussi et à l'enfant de la route. ».
Les riches s'opposent à Mahomet, ceux qui ne s'intéressent qu'aux transactions commerciales iront à l'enfer-Jahîm (S. 102-1-6). L'amour de l'argent perd : S. 104-1-4 : « Malheur à tout séducteur blâmeur, qui amasse une fortune et la dénombre, espérant que sa fortune l'immortalisera ! Non, non ! Très certainement il sera jeté dans la Hotamah. ».
Mahomet rappelle les devoirs de solidarité tribale et oriente la charité vers ses besoins passés d'orphelin, mais peut-être appelle-t-il aussi à la générosité pour s'opposer aux riches qui le rejettent ?

Le rejet des pauvres est associé à l'incroyance : S. 107-1-3 : « Vois-tu qui traite de mensonge la Rétribution ? Or, c'est celui qui repousse l'orphelin et qui n'incite point à nourrir le pauvre.». À l'opposé, la piété des hommes est associée à la générosité : S. 51-19 : « Dans leurs biens, le mendiant et le déshérité avaient leurs droits. ». La générosité peut être discrète. La Sourate 35-29 recommande de « faire largesse en secret et en public ».

Mahomet ne demande aucun salaire … du moins au début :
Les messagers des autres peuples n'ont pas demandé de salaire S. 36-21 (41ème sourate révélée) : « Ô mon peuple, suivez les messagers : suivez ceux qui ne vous demandent pas de salaire. ».
Mahomet non plus : S. 10-72 (51e) : « Si vous tournez le dos alors que je ne vous demande pas de salaire... ; Mon salaire n’incombe qu'à Dieu. ».
« Dis: « Pour cela, je ne vous demande aucun salaire. » » (S. 38-86 (38ème).
Finalement Mahomet demande bien un salaire, mais c'est pour le bien de la personne qui donne : « Dis : « Ce que je vous demande comme salaire, c’est pour vous-mêmes. Car mon salaire n’incombe qu’à Dieu. » » (S. 34-47, 58ème révélée).

Cela est à rapprocher d'un verset tardif. L'imposition des opposants soumis est présentée comme une bénédiction pour les tributaires :
S. 9-103 (103ème) : « Prends sur leurs biens un impôt par quoi tu les purifies et les purges, et penche-toi sur eux; Oui, ton penchant est leur repos. Et Dieu entend, Il sait. »

Payer l’impôt augmente la grâce divine S. 30-39. L'imposition associée à la récitation du Coran apparaissent en même temps dès la Mecque. La Sourate 27-2-3, mecquoise, parle des « croyants qui établissent l'Office et acquittent l'impôt. ».

Ainsi, dès la Mecque, il ne s'agit pas que de charité envers les pauvres, mais aussi du paiement d'un impôt. À qui était-il versé et qui gérait les sommes reçues ? Aucune mention ! Probablement le peu de crédit obtenu par Mahomet n'a pas rendu nécessaire la précision. À Médine, le partage des dépouilles et des biens sera soigneusement établi. C'est clairement Mahomet qui gérera les biens ; et il n'existera aucune différence entre son argent personnel et le budget de sa coalition tribale.
 
LES CINQ PILIERS DE L'ISLAM : LE JEÛNE DU RAMADAN ET LE PÈLERINAGE.

La révélation mecquoise ne parle ni du jeûne du Ramadan, ni du pèlerinage à la Mecque.
Le jeûne du Ramadan n'est jamais évoqué pendant la révélation mecquoise du Coran. Quant au pèlerinage de la Mecque, il existait avant Mahomet mais il était païen. Le Coran permet d'en retrouver les rituels, centrés sur les sacrifices aux bétyles, pierres sacrées hébergeant des Rabbs et des Rabba, Entités de Surnature, protectrices du lieu. Mahomet le pratiquera jusqu'en 629.

Le Coran raconte que Mahomet a été empêché de se rendre en pèlerinage à la Mecque, après l'hégire, en 628. « les bêtes de sacrifice restent attachées », ne pouvant « atteindre leur lieu d'immolation » (S. 48-25).

Mahomet négocie avec les Mecquois : il pourra accomplir sa visite bétylique l'année d'après, en 629. Cela lui aurait été annoncé par une vision : S. 48-27 : « Dieu, très certainement, réalisera par la vérité la vision de son messager : très certainement vous entrerez dans la ville sacrée. ».

En 629, Mahomet accomplit enfin son pèlerinage à la Mecque restée païenne. Dans le Coran, Mahomet raconte avoir sacrifié au rocher nommé al-Marwa, près de la Kaaba, là où ont toujours eu lieu les sacrifices du culte bétylique païen de la Mecque préislamique. S. 22-33 : « De ces bêtes-là vous tirez des avantages jusqu’à un terme dénommé ; puis vers l’Antique Maison (la Kaaba) est leur lieu d’immolation. »
On voit clairement que Mahomet, en 629, n’avait pas trop de scrupules à accomplir un sacrifice païen dans sa ville natale, là où il avait toujours eu lieu, près de la Kaaba.
À l'époque islamique, le lieu de sacrifice aura changé.

La Mecque se soumet à lui en 630. Elle est restée païenne jusqu'à cette date.
L'interdiction de sacrifier devant les pierres dressées, nusub, attendra encore une année. La Sourate 5 date de 631. S. 5-3-90 : « Vous est interdite la bête... qu'on a immolée sur les pierres dressées » (et S. 5-90).

L’exégèse tardive brodera sur Mahomet renversant les idoles de la Kaaba et effaçant une fresque représentant Jésus, Abraham et Marie…. Il n'existe nulle trace dans le Coran de cette légende qui est détaillée dans le « Livre des idoles » d’Ibn al-Kalbî au IXe siècle. Les idoles de Mahomet ne sont pas Abraham, Marie ou Jésus, mais sont des bétyles. L'islam abbasside, une fois de plus (S. 94), cherche à effacer le paganisme de son Prophète.

En 632, juste avant de mourir, Mahomet accomplit le grand pèlerinage de la Mecque. C'est le pèlerinage dit de « l’adieu ». Le sacrifice d'animaux est fait, pour la première fois, en dehors du périmètre de la Mecque, au val de Minâ, là où il est encore accompli de nos jours.

La purification islamique du site de la Mecque a été progressive. Mais la pratique monothéiste de Mahomet également puisqu'en 629, il rend une dernière visite bétylique et sacrifie dans « l’antique Maison », la Kaaba, S. 22-33, conformément au culte polythéiste antique des bétyles.
 
L’ANNÉE 619 : ANNÉE TRAGIQUE DE DEUIL.

Deux protecteurs de Mahomet décèdent :


-La mort de Khadîdja.

À 25 ans, Mahomet a épousé Khadîdja. Elle a 40 ans et est veuve ; elle donne sept enfants à Mahomet. Parmi eux, seules deux filles se marieront mais seule Fatima aura des enfants. La Tradition racontera que Mahomet pleurera Khadîdja pendant des années.

Néanmoins, un mois après sa mort, Mahomet épouse Saouda, une veuve, et encore un mois après Aïcha, la fille de son ami Abou Bakr. Le mariage est consommé trois ans plus tard, probablement quand Aïcha a 9 ans.
« La petite blondine » est l’épouse préférée du prophète. Probablement trop jeune, elle ne lui donne pas d’enfant.
Mahomet tolère ses caprices. Le verset sur les ablutions est la conséquence de l'un d'eux. Aïcha perd un collier lors d’un voyage et réclame qu'on le cherche longuement, quitte à interdire l’arrivée à un point d’eau avant l’heure de la prière. S. 5-6 : « Lorsque vous vous disposez à la prière : lavez vos visages et vos mains jusqu’aux coudes ; passez vos mains sur vos têtes et sur vos pieds jusqu’aux chevilles… Si vous êtes malade ou en voyage ; si l’un de vous vient du lieu caché ; si vous avez eu commerce avec des femmes et que vous ne trouviez par d’eau, recourez à du bon sable que vous passerez sur vos visages et sur vos mains. »
Mahomet est bienveillant avec ses épouses (S. 30-21), mais, dès la mort de Khadîdja, il va multiplier les unions.

- La mort de l'oncle de Mahomet, Abû Tâlib.
Abû Tâlib dirigeait la Mecque et protégeait Mahomet. Abû Lahab, un autre de ses oncles paternels, lui succède. Il s'oppose à Mahomet et tente de le bannir de la Mecque. Le Coran garde la trace de la souffrance de Mahomet : S. 111-1 : « Que soient tranchées les mains d’Abû Lahab ! Puisse-t-il mourir ». Abû Lahab exclut Mahomet du clan des 'abd Shams. Sa femme l'a-t-elle incité à cette exclusion ? Elle est associée dans l'anathème qui condamne son mari. Le souhait est formulé qu’elle termine sa vie « porteuse de bois,... corde tressée lui enserrant le cou » (S. 111-4-5) comme seule le subit une esclave. Selon le Coran, Allah agit par sa parole (S. 40-68)*; or, le couple n'a pas subit la promesse de la sourate 111. La Sourate 111 n'est donc pas l'annonce d'un Dieu agissant, mais l'expression de la rancune impuissante de Mahomet face au rejet dont il est victime.

Pour l'instant, Mahomet est sous la menace d'être banni.
Il va lutter deux ans pour rester à la Mecque. « Il cherchent à te faire fuir de la terre dont tu es ! » S. 17-76). Le terme employé est celui qui sert quand on débusque un animal à la chasse.

Pendant ces deux années, Mahomet a pu se maintenir à la Mecque grâce à une alliance précaire, un djiwâr. Il s'agit d'une « entrée en voisinage » qui est habituellement offerte à un étranger de passage. Ce contrat lui aurait été offert par al-Mut'im fils de 'Adî, un chef du clan des Nawfal, selon la Biographie du Prophète, dans le Ta'rîkh al-rusul wa-l-mulûl, de Tabarî.

On peut considérer que Mahomet, loin de partir de son plein gré de la Mecque pour aller, triomphant, à la rencontre des Médinois, s'est au contraire efforcé de rester à la Mecque par tous les moyens possibles, quitte à accepter le statut de simple invité-étranger dans sa ville de naissance.
 
DÉBUT DU CHAPITRE : MAHOMET À MÉDINE.

RAPPEL DU SOMMAIRE.

LA CRÉATION :

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ABRAHAM ET LES PATRIARCHES :
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L'EXODE ET L'INSTALLATION DES HÉBREUX EN CANAAN :
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LA ROYAUTÉ HÉBRAÏQUE : DAVID, SALOMON .... :
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LA CROYANCE EN UN DIEU DES COMBATS :
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LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST, HUMANITÉ, DIVINITÉ :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL L'ACCOMPLIT POUR LES JUIFS :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL LA TRANSGRESSE AVEC LES DISCIPLES :
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LE CHRIST ET LA LOI : IL INSTAURE LA NOUVELLE ALLIANCE POUR L'HUMANITÉ :
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LES DÉBUTS DU CHRISTIANISME :
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LES RELIGIONS PRÉ-ISLAMIQUES :
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MAHOMET À LA MECQUE :
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MAHOMET À MÉDINE :
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DEUX CIVILISATIONS S’AFFRONTENT :
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DEUX VISIONS DE LA SCIENCE :
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POLITIQUE, LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE.
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LE 16 JUILLET 622 : LE BANNISSEMENT DE LA MECQUE. L’HÉGIRE COMMENCE.

Abû Lahab finit par obtenir ce qu'il souhaite : Mahomet est chassé de la Mecque.

Mahomet réclamait l'abandon des dieux ancestraux et la soumission à son propre Dieu, mais également, déjà, le paiement d'un impôt (S. 19-55, S. 41-7), dont on peut penser qu'il en assurait la gestion lui-même.

« Il cherchent à te faire fuir de la terre dont tu es ! » ( S. 17-76), dit le Coran à la fin de la période mecquoise. Ses opposants y parviennent. Le 16 juillet 622, Mahomet doit partir avec quelques compagnons pour se réfugier où vit la famille de sa mère, à Yathrib, une ville au nord de la Mecque. Il la rebaptisera Médine quelques années plus tard. C'est l'Hégire. L'ère musulmane commence. Le Coran le décidera quelques années plus tard en choisissant un calendrier qui ignore le rôle du soleil dans la définition d'une année terrestre.
La Sourate 9-40, récitée vers 628, raconte les grâces données par Allah au moment de la fuite :
S. 9-40 : « Allah l'a assisté lorsque les Négateurs l'ont banni, lui et un deuxième [homme de la tribu] : lorsqu'ils étaient tous les deux dans la caverne, il a dit à son compagnon : ne t'attriste point ! Allah est avec nous. Plus tard, Allah a fait descendre sur lui sa quiétude et il lui a prêté appui avec des milices que vous ne vîtes pas ; c'est ainsi que la parole des Négateurs a été la plus faible et que la parole d'Allah a été la plus forte ».

À Médine, Mahomet a renoncé à demander un miracle. Les anges qui apportent la sérénité sont invisibles. À chacune de ses victoires militaires à venir, Mahomet invoquera le soutien de ces légions célestes qui restent invisibles. Quand la victoire lui est acquise, à Medine, Mahomet peut réécrire le passé et affirmer que l'aide d'Allah ne lui a pas fait défaut. La pratique de la prophétie après coup est une caractéristique de la période médinoise (S. 30-2-4). Jamais aucune prophétie du Coran ne dépasse les bornes de la vie de Mahomet.

La Sira, au VIIIe siècle, raconte la « sortie » de Mahomet de la Mecque, dans des termes qui suggèrent une poursuite. Se réfugier dans une « caverne » lui aurait été nécessaire pour échapper à ses poursuivants. Une légende de la Sira raconte, qu'afin de tromper ses poursuivants, une araignée tisse sa toile à l'entrée de la caverne où Mahomet a trouvé refuge. Mahomet a bien fui pour échapper aux mecquois vindicatifs !

La Tradition musulmane du IXe siècle transformera cette fuite d'homme traqué en marche triomphante vers Médine. Après coup, la fuite humiliante de son Prophète semble invraisemblable. Elle raconte que Mahomet a été sollicité pour servir d'arbitre entre des tribus rivales et a été attendu comme un sauveur. La réalité du texte coranique est différente : Mahomet a été chassé de la Mecque... après s'y être désespérément accroché. Selon la traduction d' « ikhrâdj » (S. 60-9, S. 47-13, S. 22-40, S. 3-195, S. 3-185, S. 57-13), Mahomet a été débusqué de La Mecque.

L'arrivée à Médine n'a pas été triomphale et Mahomet mettra des années pour la dominer et, jusqu’à la fin de sa vie, il devra se soumettre aux pratiques tribales (S. 63-8) et aux notables médinois restés païens (S. 9-84).


« Le Seigneur des tribus, l'islam de Mahomet », p.67. Jacqueline Chabbi, CNRS éditions. 1997.
 
DÉBUT DES RAIDS DES AFFIDÉS DE MAHOMET : SOUMISSION AUX LOIS TRIBALES.
Installé en réfugié à Médine, Mahomet se trouve en position d'infériorité, soumis aux chefs tribaux, arabes ou juifs.

Envers la Mecque,
sa stratégie change. Il ne peut plus la convaincre en récitant le Coran. Il lance contre elle des raids surprises. Leur objectif est politique, plus que religieux. Mahomet marque son territoire. La Tradition imagine que Mahomet poursuivait un but spirituel, mais ce n'est pas certain. La religion n'a pas le même sens pour Mahomet que pour les penseurs de la dynastie abbasside. Pour Mahomet, la conversion signifiait entrer dans une alliance avec Dieu, qui donne des biens matériels en échange de la soumission. S. 14-13 : « Alors, aux messagers, leur Seigneur révéla : « Très certainement, Nous allons détruire les prévaricateurs et vous installer sur terre après eux. Voilà pour qui craint Ma présence et craint Ma menace ! » ».

En janvier 623, Mahomet envoie 30 disciples dirigés par son oncle Hamza à Nakhla, sur la route entre la Mecque et sa voisine at-Tâ'if pour razzier les caravanes des Qorayh. Ils tuent un homme et font cinq prisonniers. Ils rapportent un important butin qui permet aux exilés de survivre. Mais l’attaque a eu lieu au cours du mois sacré de rajab, pendant lequel le meurtre est interdit. À Médine, le scandale touche Mahomet, le responsable de l'attaque. La révélation qu'il portait ne l'affranchissait pas des coutumes tribales. Les mois sacrés des païens le sont aussi pour lui. Un verset coranique vient rapidement justifier le sacrilège, tout en confirmant la légitimité de ce tabou païen : S. 2-217 : « Combattre en ce mois est un péché grave ; mais écarter les hommes du chemin de Dieu, être impie envers Lui et la Mosquée sacrée, en chasser ses habitants (Mahomet de la Mecque), tout cela est plus grave encore devant Dieu. »

Trois tribus juives vivent à Médine. Le désir de de Mahomet de convaincre de son inspiration divine en récitant le Coran semble maintenant orienté vers les juifs. Les arabes entrent, eux, en relation avec lui sur la base de coutumes tribales. Leur soumission est politique, plus que spirituelle.

Mahomet s'étonne que les juifs ne le reconnaissent pas comme messager de Dieu ! S. 2-91 : « Si [Mahomet] dit [aux juifs médinois] : « Soyez fidèles à ce qu’Allah a fait descendre [sur Mahomet] », ils répondent : « Nous sommes fidèles à ce qui a été descendu sur nous. » Ils récusent ce qui est venu après, alors que c’est la vérité qui vient confirmer ce qu’ils ont [reçu] antérieurement !
Dis-leur : « Pourquoi avez-vous mis à mort les prophètes d’Allah auparavant si vous êtes fidèles ? »
».
À la Mecque, Mahomet avait désigné les juifs comme au dessus des autres peuples. À Médine les juifs ne le reconnaissent pas. Ils deviennent alors « tueurs de prophètes ».
On a vu que Yahvé crée le bien et la liberté, alors qu'Allah crée le bien et le mal. Malgré ce que dit Mahomet (S. 2-91), le Coran n'est pas la confirmation de la Bible mais une autre révélation. Ni Mahomet, ni le Coran et, à leur suite, pas plus les musulmans ne le comprennent.

Les tribus juives de Médine, structurées et pieuses, ont compris tout de suite que les deux révélations sont différentes. « Les savants des Enfants d'Israël » (S. 26-197) ne le reconnaissent pas !

Le rêve mecquois est resté sans suite.
 
ADAM ET LA LIBERTÉ, ADAM ET LA CONNAISSANCE.

Le Pr Chabbi pense que tous les passages du Coran sur Adam datent de Médine après la rencontre de Mahomet avec les juifs.

Adam est soumis.

La soumission ritualisée par la prosternation marque l'acceptation de son infériorité. Seul Satan refuse de se prosterner devant Adam (S. 20-116). La société musulmane est structurée par un emboîtement de soumissions et d'infériorités, qui puise sa légitimité divine dans son origine coranique. L'homme se soumet à Dieu (S. 39-10-16), les femmes aux hommes (S. 2-228), les enfants aux parents (S. 31-14-15). Adam provient de l'humilité de la glaise (S. 17-61), dépendant d'Allah pour tout (S. 2-31).

Adam est nommé Calife d'Allah S. 2-30 : la récompense de la soumission est l'exercice du pouvoir. Celui qui a appris à se soumettre exercera-t-il son autorité avec plus de mansuétude ? Peut-être. Mais cela peut également renforcer la stabilité de la structure islamique inégalitaire, chaque personne soumise trouvant une consolation dans un plus faible à persécuter et dans l'attente d'un plus jeune à dominer.

Adam n'est pas libre, la Volonté d'Allah s'exerce sur terre.
« Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, » dit le Christ en enseignant le « Notre Père » (Mt 6-9-13). Pour le Christ, la terre est le lieu de la volonté humaine, la volonté du Père s'exprime au ciel. Yahvé choisit d'avoir besoin de la prière des hommes pour exercer sa volonté sur terre.
Dans la Genèse, Adam est créé responsable de la terre (Gn 1-26-27) et libre de choisir le nom des bêtes (Gn 2-19).
Dans le Coran, Allah apprend le nom des êtres vivants à Adam et la volonté d'Allah se trouve dans chaque événement terrestre (S. 2-31).

Adam et la chute, maladresse rédactionnelle du Coran ou incohérence nécessaire ?

Dans la Genèse, le diable trompe Ève en lui promettant la connaissance si elle pèche. C'est le désir de connaissance qui la pousse à manger « le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gn 3-5).
Dans le Coran, Adam vit au paradis S. 2-35 : « Nous dîmes : « O Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse, et rassasiez-vous-en de partout à votre guise. » et S. 7-20. L'homme n'a pas à chercher la connaissance, Allah est le maître du savoir. Le diable pourrait donc tenter Adam en lui proposant d'acquérir une connaissance autonome d'Allah. Cela serait logique. Mais cela aurait rendu l'homme libre de son savoir, ce que le Coran récuse. Alors Satan propose à Adam d'acquérir la vie éternelle au paradis, ce qu'il possède déjà ! C'est une faille du scénario coranique rendue nécessaire par la croyance en la toute puissance d'Allah sur terre : l'homme doit rester esclave, même après la Chute.
S. 20-120 : « – Puis le Diable le tenta en disant : « O Adam, t’indiquerai-je l’arbre d’éternité, et un royaume qui ne vieillit pas ? » ».
Dans le Coran, Adam est donc tenté par quelque chose qu'il a déjà, la vie éternelle au paradis !

Pour l’islam, l’homme est un esclave, juste soucieux de vivre et de manger, là, où, dans la Bible, le couple est créé ensemble, responsable de la terre, assoiffé de connaissances autonomes et libre au point de pécher.
Comment s'étonner que les Juifs n'aient pas reconnu Yahvé en Allah ?
 
DISCUTIONS THÉOLOGIQUES.

Certains se disent « réformateurs » (S. 2-11)
et veulent corriger dans le Coran ce qui ne peut plaire qu'aux sots. S. 2-13 : « Croirons-nous comme ont cru les sots ? ». Mahomet retourne l'insulte (S. 2-13), met au défit de produire une révélation identique (S. 2-23), menace de damnation (S. 2-24) et promet le paradis aux soumis (S. 2-25). À Médine, la rhétorique coranique est bien en place.

Mais Mahomet est confronté à la solidité doctrinale des juifs. Certains des siens sont prêts à les croire : S. 2-109 : « Nombre de gens du Livre aimeraient pouvoir vous rendre mécréants, après que vous avez cru. »

Il est face à un problème majeur : il s'est trompé sur l'orientation des juifs en prière.
Jusqu'en 70, les juifs priaient uniquement au Temple de Jérusalem, et après la destruction du Temple, ils ont prié orientés vers Jérusalem. Or Mahomet, en arrivant à Médine, croit prier dans la même direction que les juifs, et il découvre avec surprise que ce n'est pas le cas. Un verset du Coran le prouve : S. 2-142 : « Les sottes gens vont bientôt dire : « Qui les a détournés de l'orientation à quoi auparavant ils se tenaient ? » ». Quel était donc la direction de la prière de Mahomet en arrivant à Médine ? Le Pr Chabbi, dans « Le Coran décrypté » pose l'hypothèse que Mahomet priait tourné vers le mont Sinaï, lieu de la rencontre de Moïse avec Dieu, le « lieu béni » de prosternation (S. 28-30, S. 28-44-46, S. 79-16). C'est la Tradition qui racontera qu'il priait vers Jérusalem, mais le Coran dit autre chose : Mahomet - ou le Coran - s'est trompé sur l'orientation des juifs en prière !
Mis en face d'une incohérence de sa révélation, Mahomet est perdu : S. 2-144 : « Oui, nous te voyions le visage tourné vers le ciel. ». Le Coran propose rapidement la solution : S.2-144 : « Nous te tournerons certainement vers une orientation qui te complaira. Tourne ton visage, donc, vers la sainte Mosquée (La Kaaba). ». En fait, l'erreur coranique n'est qu'un test pour vérifier la soumission des croyants (S. 2-143).

Les juifs ne sont pas convaincus : S. 2-145: « Viendrais-tu avec n’importe quel signe vers ceux à qui le Livre a été donné, ils ne suivraient pas ton orientation ! ». Ils essaient même de le convertir : S. 2-120 : « Les Juifs ne seront jamais contents de toi, les Nazaréens non plus, jusqu'à ce que tu suives leur religion. - Dis : « La guidée de Dieu, oui voilà la guidée ». ».

Certains versets font penser que Mahomet aurait essayé d'acheter une Bible aux juifs. Ceux-ci auraient refusé en lui demandant un prix exorbitant (S. 2-174, S. 2-79). Les juifs semblent ne pas vouloir donner à Mahomet les moyens de mettre sa révélation en cohérence avec la leur (S. 2-76).
Les juifs se moquent de lui en le mettant au défi de donner un signe comme Élie en avait obtenu un de Dieu (1 Roi 18-19-39). Le sacrifice d’Éli avait été consommé par le feu du ciel, là ou celui des prêtres païens avaient été refusé (S. 3-183). Pour les juifs, Mahomet ne serait-il qu'un païen ?

La confrontation théologique avec les juifs n'a pas tourné à l'avantage de Mahomet.
Il va devoir changer de stratégie :

Les juifs deviennent alors des témoins qui ont trahis (S. 3-99).
 
LA BATAILLE DE BADR EN 623.

Le raid de Nakhla a placé Mahomet en position délicate face aux médinois.
La récitation du verset providentiel (S. 2-217) a pu rassurer ses compagnons mais on voit mal pourquoi il aurait apaisé les médinois. La victoire de Badr va mettre tout le monde d'accord.

Mahomet dirige le raid à Badr, malgré le peu d'enthousiasme des siens : S. 8-5 : « Ton Seigneur t'a fait sortir de ta maison, malgré la répulsion qu'une partie des croyants ressentait. ».
Mahomet pense que les défenseurs de la caravane sont peu nombreux, son erreur de jugement a failli être catastrophique. Elle est justifiée : S. 8-43 : « Quand, en songe, Dieu te les avait montrés peu nombreux ! Car s'Il te les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous sous seriez certainement disputé dans l'affaire. Mais Dieu a sauvé. »
La troupe de Mahomet, sous sa conduite, a été initialement battu, avant un revirement inattendu :
S. 3-121-128 : « Quand un matin, tu t'en fus de ta famille, plaçant les croyants aux postes de combat ! ... Quand deux de vos troupes songèrent à fléchir ! Alors que Dieu est leur chef, car c'est à Dieu que les croyants doivent se fier. Dieu vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humbles... Lorsque tu disais aux croyants : « N'est-il pas suffisant pour que votre Seigneur vous fasse descendre trois milliers d'anges ?... - car il n'y a de victoire que de Dieu, puissant et sage ; afin de tailler en pièces partie de ceux qui ont mécru et de les culbuter et qu'ils s'en retournent perdants. Tu n'es pour rien dans cette affaire, -soit qu'Il accepte leur repentance, soit qu'Il les châtie. »

La caravane mecquoise s'est scindée en deux ; une partie, chargée de biens, s'est sauvée vers la Mecque tandis que l'autre, armée, a protégé sa fuite de l'attaque de Mahomet. S. 8-7 : « Quand Dieu vous promettait l'une des deux bandes – que celle-ci certainement serait à vous,- vous auriez aimé que fût à vous l'autre plutôt que celle qui était hérissée d'épines ! »

Les habitants de la Mecque sortent de la ville au secours de la caravane, ils sont trompés par le Diable qui leur assure qu'ils vont triompher. Dans les évangiles, Satan s'attaque aux croyants (Lc 22-31) ; dans le Coran, Satan s'attaque aux incroyants pour les conduire à la soumission. Le Diable apparaît comme un utile auxiliaire d'Allah : S. 8-47-48 : « Ne soyez pas comme ceux-là qui sortirent de leurs demeures avec jactance et ostentation devant les gens, et qui empêchaient du sentier de Dieu... Quand le Diable leur eut enjolivé leurs œuvres et dit : « Personne au monde ne peut vous dominer aujourd’hui. Et vraiment je suis pour vous un protecteur ! » Puis, lorsque les deux groupes furent en vue l'un de l’autre, il tourna les deux talons et dit : « Oui, je vous désavoue ! Oui, je vois ce que vous ne voyez pas ; je crains Dieu, moi ! » Or Dieu est fort en poursuite. ».

Le Coran dégage plusieurs enseignements spirituels de la victoire de Badr :
- Allah donne la victoire militaire ( et S.110-1-2*).
- Le soutien d'Allah, Son armée d'anges, est invisible (et S. 8-9-10).
- Satan est au service d'Allah, Le maître des enfers (S. 66-6), Créateur du mal (S. 113-2).
- Mahomet est libéré de toute responsabilité. Est-ce là sa dernière justification de la transgression de Nakhla ?
 
CONSÉQUENCES POLITIQUES ET RELIGIEUSES DE LA VICTOIRE DE BADR : PARTAGE DES DÉPOUILLES.

Le Coran puise un argument puissant dans la victoire de Badr pour ordonner le combat :


-Allah permet qu'un petit nombre domine une multitude, c'est un signe et non un miracle car rien de surnaturel n'est visible.
S. 8-65 : « O Prophète, encourage les croyants au combat. S'il y en a vingt d'entre vous à être constants, ils domineront deux cents ; et s'il y en a cent d'entre vous, ils domineront mille de ceux qui mécroient. »

-Allah assume Seul la responsabilité de la mort des vaincus. S. 8-12-17 : « Quant à ceux qui mécroient, Je vais jeter l'effroi dans leurs cœurs : frappez donc au-dessus des cous et frappez-les aux jointures ! Car vraiment, ils ont fait schisme d'avec Dieu et son messager. » Et quiconque fait schisme d'avec Dieu et Son messager... alors Dieu est fort en poursuite... Et quiconque, ce jour-là, leur tournera le derrière, ...alors il s'acquerra de Dieu une colère, et son refuge sera la Géhenne. Ce n'est point vous qui les avez tué : mais c'est Dieu qui les a tué. Et lorsque tu tirais, ce n'est pas toi qui tirais : mais c'est Dieu qui tira. »

-Les hommes morts au combat pour Allah voient leur place au paradis garantie (S. 3-195).

-On attend des vaincus qu'ils se convertissent, S. 8-39 : « Combattez-les jusqu'à ce que ne subsiste plus de tentation et que la religion soit toute à Dieu. »

On voit que, dès 623, ce sont des armes que Mahomet attend la soumission spirituelle à Allah. Allah, Dieu des combats, exige la guerre sainte. Est-ce Son seul argument pour convertir*?

La gestion des dépouilles :

-Le pillage est interdit pendant la bataille.
On sent Allah - ou Mahomet - soucieux d'obtenir un minimum de discipline des troupes bédouines. S. 8-67 : « Il n'est pas d'un prophète de faire des prisonniers avant d'avoir prévalu sur le terrain. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis que Dieu veut l'au-delà. Ce n'est qu'une prescription par laquelle Dieu a pris les devant, un énorme châtiment vous aurait touchés pour ce que vous avez pris. »

-Après la bataille, tirer rançon des prisonniers est conseillé plutôt que de les exécuter. S. 8-70 : « O Prophète, dis à ceux des captifs qui sont en vos mains : « Si Dieu sait un bien dans vos cœurs, Il vous donnera mieux que ce qui vous a été pris, et vous pardonnera. »

-S. 8-1 : « Ils t'interrogent au sujet des dépouilles. Dis : « les dépouilles sont à Dieu et à Son messager. » Craignez Dieu, donc, et réformez vos rapports mutuels, et obéissez à son messager si vous êtes croyants. ».
Dans ce verset récité au moment de la bataille de Badr, on perçoit que Mahomet était aux abois financièrement, puisque c'est l'intégralité du butin qu'il revendique. Ultérieurement, sa part deviendra plus raisonnable, 20% (S. 8-41). Allah est censé ne jamais changer d'avis et le Coran est réputé exister depuis toujours auprès de Dieu, néanmoins il semble que les consignes coraniques évoluent en fonction des besoins de Mahomet.

Le discours eschatologique de la Mecque, centré sur Allah, s'éloigne. À Médine, le Coran semble s'adapter au quotidien de Mahomet.
 
LA CHARTE DE YATHRIB.


Probablement élaborée entre 622 et 627, elle définit les alliances de Mahomet.

La Charte existe en deux versions : celle d'Abu-'Ubayd, mort en 838 et celle d'Ibn Hishâm, mort en 830.
Le vocabulaire et la syntaxe arabe de la charte sont archaïques, ce qui fait penser à une origine plus ancienne que le IXe siècle.
Yathrib y est nommé 3 fois, la Mecque jamais ; ni non plus Médine, surnom tardif de Yathrib. La charte est donc un texte plus ancien que le Coran dans sa version écrite.

La charte est évoquée dans des hadiths. Elle aurait légiférée sur les dettes de sang, les rançons des prisonniers et la solidarité entre les membres de la coalition. Elle aurait instituée Yathrib « enceinte sacrée » comme l'est la Mecque.

Voici l’essentiel, retranscrit dans les écrits du IXe siècle :
- Mahomet sert d'arbitre
: « Ceci est un écrit (kitâb) de Muhammad le prophète... Chaque fois que survient un différent entre vous sur quoi que ce soit, l'affaire sera soumise à Dieu et à Muhammad. ».

- Les adhérents de la charte sont les « mu'min », « ceux qui se portent garants les uns des autres et assurent leur protection mutuelle ». Soit des « affidés » beaucoup plus que des croyants, comme on tend à le traduire actuellement.
- Huit tribus sont affidées sur une base d’égalité et de solidarité dans le combat : banû 'Awf, Banû Sa'ida, Banû l-Hârith, Banû l-Aws...
Les affidés pratiquent le « qitâl », « le combat sur le chemin d'Allâh » et combattent selon le verbe « jihâd ». « un affidé n’établit pas la paix séparément d'un autre affidé lors d'un combat sur le chemin de Dieu, si ce n'est sur une base d'égalité et d'équité entre eux. Les affidés exercent la vengeance les uns au profit des autres lorsque l'un d'entre eux a versé son sang sur le chemin de Dieu. »

- Les ennemis sont nommés Kâfir. Il s'agit de réfractaires politiques beaucoup plus qu’incroyants au sens religieux. La charte ne contient aucun élément théologique. Les Kâfir sont exclus des règles de la vengeance. « Un affidé ne tue pas un autre affidé pour [venger] un réfractaire (kâfir) et il n'assiste pas un réfractaire contre un affidé. ».

Plusieurs clans juifs sont inclus dans la confédération et forme l'oumma avec les affidés arabes sans perdre leur foi juive.
- Ils ne sont pas désignés selon leur nom, qui est connue par la Tradition ultérieure, mais d'après le nom de la tribu arabe à laquelle ils sont rattachés par des alliances antérieures : « Ceux des juifs qui nous suivent ont droit à l'assistance en parité : on ne les lèse pas et on ne s'allie pas contre eux.... Les juifs supportent les dépenses avec les affidés aussi longtemps que ceux-ci font la guerre. ».
- La communauté, l'oumma, englobe les juifs, démontrant que l'oumma des origines avait un sens politique et non religieux : « Les juifs constituent une confédération, une communauté (oumma), avec les affidés. Aux juifs leur loi religieuse et aux affidés leur loi religieuse. »
- La fidélité des juifs est garantie. Celui « qui viole les clauses n'attire la mort que sur lui et sur les gens de sa maison. »


C'est sous la surveillance d'Allah qu'est signée la Charte de Yathrib, c'est la seule concession spirituelle de la charte . « Allah est le meilleur garant de ceci... »

La Charte de Yathrib est une alliance tribale réglant des devoirs entre alliés.
 
623, DÉBUT DE L'ÉLIMINATION DES OPPOSANTS.

La Tradition musulmane a décrit les actions de Mahomet envers ses opposants et les a justifiées. Le Coran, en début de période médinoise, n'y fait que quelques discrètes allusions.

Les juifs.

Mahomet a été mis en échec spirituellement par les juifs : S. 8-59 : « Non, ils ne sauront pas réduire à l'impuissance. ». Il profite de sa victoire de Badr pour reprendre le dessus. « Préparez-leur tout ce que vous pouvez de force, et tenez prêts des chevaux, afin d'effrayer l'ennemi de Dieu et votre ennemi, et d'autres en dehors d’eux, que vous ne connaissez pas mais que Dieu connaît. » (S. 8-60).

Selon la Tradition, les juifs sont répartis en trois tribus, les Qaynuqâ sont forgerons et orfèvres, les Qurayza et les Nadîr agriculteurs et marchands. Dans le Coran, ils sont seulement nommés « ahl al-kitâb » : ceux qui ont reçus la Révélation.

Mahomet accuse les Qaynuqâ : ils sont « mécréants » (S. 3-13). Voilà la seule justification de leur expulsion dans le Coran. Les Qaynuqâ vivaient au cœur de Médine et étaient orfèvres. Selon la Tradition, ils auraient eu trois jours pour partir en laissant 20% de leur biens à Mahomet.
Le Coran est très discret sur cet épisode. Mahomet était-il assez puissant pour revendiquer cette expulsion au nom de Dieu ? Il semble que non. Les versets S. 3-12-13, S. 8-58-60 ou S. 33-26-27 y font sans doute allusion. La Sîra a comblé le vide 150 ans plus tard. La Sîra, II, 47-50 raconte comment des juifs auraient importuné une femme voilée, puis auraient assassiné un musulman se portant à son secours. Abdallah ibn Ubayy, le protecteur arabe de la tribu des Qaynuqâ aurait obtenu qu'ils ne soient pas exécutés en représailles mais simplement expulsés. Pas la moindre allusion à cette histoire n'existe dans le Coran.
Des trois tribus juives de Médine, la première, celle des Qaynuqâ, la plus riche, est expulsée !
(« Le Coran décrypté », p 329, J. Chabbi, Fayard.)

Les poètes arabes :
- La poétesse Açmâ, fille de Marwan, rédigeait des vers qui mettaient en doute l'inspiration divine de Mahomet. La Sira rapporte l'exclamation de Mahomet « Est-ce que personne ne me débarrassera de la fille de Marwân ? ». Elle est assassinée la nuit même et toute sa tribu se soumet immédiatement. Mahomet félicite son meurtrier : « Tu as secouru Allah et son envoyé ».
- Un mois plus tard, Abou Afak, poète centenaire, est tué dans son sommeil, il avait eu le tort de demander en parlant de Mahomet : « Qui me fera justice de cette crapule ? ».
- Baladuri, dans le « Livre des Conquêtes, 41 » raconte l’exécution de chanteuses de Médine en raison de leurs satires sur Mahomet.
- Le poète de mère juive, de la tribu des Nadîr, Ka'b ibn al- Ashraf, excitait les médinois contre Mahomet ; il est assassiné, juste après l’expulsion des Qaynuqâ.

La Tradition n'a-t-elle pas un peu exagéré ? Le Coran est plus concis : S. 26-224 : « Les poètes ? Seuls s'attachent à leurs pas les hommes promis à choir sans retour dans la fosse préparée pour piéger les fauves. » (traduction J. Chabbi).

Dès son arrivée à Médine, Mahomet a été mis cruellement en échec lors d'échanges libres, tant avec les juifs qu'avec les poètes arabes.

Ainsi a-t-il trouvé la solution.
 
ABRAHAM PROMOTEUR DE LA MILLAT, FONDATEUR DE LA KAABA.

À Médine, Moïse s'efface, il était associé aux juifs : leur soutien n'est plus espéré.
Abraham devient le personnage principal :

- Il prescrit la voie à suivre, la « millat ibrâhim ».
La millat est un mot bédouin cité 8 fois : S. 2-130,135, S. 3-95, S. 4-125, S. 6-161, S. 12-38, S. 16-123, S. 22-78. Il s'agit de la bonne route, celle à connaître pour survivre au désert. L'obéissance au guide garantit la survie dans ce milieu si rude. Par analogie, les « biens guidés » deviendront les musulmans. Abraham devient bédouin dans sa culture, promoteur de la millat.

- Mahomet récupère Abraham au service de sa révélation:
- Abraham réclame la venue de Mahomet auprès des arabes : S. 2-129 : « Notre Seigneur, dépêche parmi eux un envoyé de leur race pour réciter Tes signes ! ».
- Puis, S. 3-67, dans un remarquable glissement sémantique, Abraham n’est plus ni juif, ni chrétien mais soumis à Dieu, donc musulman.

- Abraham fonde la Kaaba pour certifier son origine divine. S. 2-125-127 : « Nous avons chargé par contrat Abraham et Ismaël de purifier l’eau du puits. Ma demeure, la Kaaba pour les pèlerins qui s’inclinent et se prosternent... Lorsque Abraham a édifié les fondations de la demeure, et Ismaël, et qu’il s’est écrié : Notre Seigneur, agrée cela de nous. » (Traduction Chabbi).

- Puis la Kaaba devient la plus ancienne Maison : S 3-96 : « La première maison... c'est bien celle de Bakka, bénie pour la guidée des mondes. ».
Les musulmans font de la Bakka l'esplanade où fut construite la Kaaba.
Certains musulmans veulent absolument trouver dans le Psaume 84, rédigé entre les Xe et IVe siècles avant JC, la confirmation de l'existence de la Bakka de la Mecque à la même époque. Le Psaume 84 raconte l'arrivée des pèlerins à Sion, soit Jérusalem (v. 8). Le mot « baca » en hébreu est le nom d'un arbre, un baumier ou un micocoulier. Le « val du baumier » (Ps 84-7) était la dernière étape des pèlerins arrivant à Jérusalem par la porte de Jaffa... et non le nom de l'esplanade de la Mecque qui sera créée 1000 ans plus tard et 1000 km plus au sud. Ce serait comme confondre Aix la Chapelle et Aix en Provence, ou Vienne capitale de l'Autriche et Vienne dans le département de l'Isère en France. L'hébreu et l'arabe sont deux langues sémitiques de racines communes, voilà tout.

Il n'existe aucune preuve archéologique de l’existence de la Mecque à l’époque supposée d’Abraham, soit 2000 ans avant JC. La Mecque est citée pour la première fois dans un texte de Ptolémée au IIe siècle après JC. Sa carte de l’Arabie signale la Mecque par le nom Macoraba, c'était une simple étape caravanière sans habitat permanent.

L’Arabie saoudite n'a jamais publié le résultat des fouilles qu’elle n’a pas dû manquer de réaliser depuis qu’elle dévaste les sous-sols de la Mecque pour y implanter des gratte-ciels. Pour quelques centaines d’euros, les poteries du sous sol le plus profond peuvent être datées par électroluminescence ou les débris organiques par radio carbone.

Si les Saoudiens avaient pu apporter la preuve de l’ancienneté de la Mecque, nul doute que la terre entière en aurait été informée … Et aucun musulman n'aurait trouvé ces fouilles illégales (haram).

Ce silence est très parlant. La Mecque est beaucoup trop récente pour avoir été connue d'Abraham.

Les Saoudiens le savent.
 
En 624 : LA DÉFAITE D' 'UHUD DEVANT MÉDINE.

Les Mecquois Quraychites veulent se venger du raid de Badr.
Ils mènent une opération de représailles devant Médine sur le mont 'Uhud. Les médinois sont défaits. Mahomet est blessé (S. 3-140). Son oncle Hamza, le chef de l'expédition de Nakhla, est tué.

Suite à la bataille de Badr, Mahomet avait fondé les bases théologiques d'un Dieu des combats : Allah montrerait son agrément en donnant la victoire. La défaite d'Uhud met en échec cette construction théologique. Non seulement Allah ne fait aucun miracle pour confirmer l'inspiration divine de Mahomet, mais encore, Il lui refuse la victoire militaire.
La S. 3-138-174 est le reflet du désarroi psychologique de Mahomet qui s’exprime par l'accumulation laborieuse de justifications répétées sans ordre, qui juxtaposent les contradictions et les vérités antinomiques :

- Allah donne la victoire :S. 3-147, S. 3-148, S. 3-150, S. 3-160.
- Mais Allah donne aussi la défaite pour éprouver les croyants : S. 3-140, S. 3-142, S. 3-146, S. 3-152 (fin).

- Allah punit ceux qui fuient : S. 3-149, S. 3-151, S. 3-153.
- Mais Allah pardonne à ceux qui fuient : S. 3-155.

- Les messagers peuvent être blessés ou tués : ils doivent endurer : S. 3-140, S. 3-144. Et endurer jusqu'à la mort : ils auront la vie éternelle S. 3- 157. La seule preuve de l'action de Dieu est donc dans l'au-delà, le « Dieu des combats » est inefficace dans cette vie ! Comment croire encore en Lui ?
- Mais il est essentiel que ses alliés restent courageux au combat. Mahomet précise qu' Allah donne la mort quand Il veut : il ne sert à rien de fuir : S. 3-145, S. 3-154, S. 3-156, S. 3-158.

Tout et son contraire sont également vrais ! Mahomet est perdu.
La sourate 3 est la trace du désarroi psychologique de Mahomet. Son désarroi est théologique et peut-être aussi politique. Accueilli comme un réfugié à Médine, son coup de main de Badr a conduit les mecquois sous les murs de Médine.

Mahomet essaie tout de même de rejeter la responsabilité de l’échec sur les siens. Allah ne saurait faillir, l'échec est de la faute des défenseurs indisciplinés :

S. 3-152 : « Très certainement Dieu a avéré pour vous Sa promesse, quand par Sa permission vous les anéantissiez. Jusqu'au moment où vous avez fléchi, et où vous vous êtes disputés dans le commandement. Et vous avez désobéi après qu'Il vous eut montré l'objet de vos désirs. »

Dans sa retranscription de la bataille d'Uhud, la Tradition musulmane oublie les hésitations théologiques et l'évidence détresse psychologique de Mahomet. C'est le verset désignant des boucs émissaires qui est développé par la Tradition. Elle disserte longuement sur la bataille dans une glose pleine de mouvements de troupes et d'actions chevaleresques de son Prophète. Les médinois auraient refusé le commandement de Mahomet en cours de bataille, seul l'héroïsme et la foi du Prophète les aurait sauvé. (Salih al Boukhari, n° 1032).

En fois de plus, il est intéressant d'analyser les différences qui existent entre le Coran et la Tradition. On ne peut s'empêcher de remarquer que l'interprétation de la Tradition musulmane tend à restituer la cohérence de la foi musulmane en oubliant les faiblesses de Mahomet et ses contradictions théologiques.
 
LE QUATRIÈME PILIER : LE JEÛNE DU RAMADAN.

Au neuvième mois de l'année, est célébré le début de la Révélation. (S. 2-185).
Au moment de son arrivée à Médine, Mahomet révèle : S. 2-183-184 : « Ho les croyants, on vous a prescrit le jeûne... pendant des jours comptés. Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage, alors qu'il compte d'autres jours. Même pour ceux qui pourraient le supporter, il y a une rançon : la nourriture d'un pauvre... mais il est mieux pour vous de jeûner, si vous saviez ! ».

Il ne s'agit pas de jeûner comme les chrétiens, qui mangent des aliments moins savoureux pour faire pénitence. Il s'agit, pour le Coran, de se priver de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles pendant le jour, tout en consommant d'excellents aliments dès que la nuit est noire : S. 2-187 : « Mangez et buvez jusqu'à ce que se distingue, pour vous, du fait de l'aube, le fil blanc du fil noir. Puis, accomplissez le jeûne jusqu'à la nuit. ».

Choisir le moment où on distingue deux fils, pour établir la limite du jour et de la nuit, n'est pas une innovation coranique !

Les juifs de Médine, comme tous les juifs, récitent le « Chemaʿ Yisrā'ël », « Écoute Israël, Éternel est ton Dieu, Éternel est un » (Dt 6-4), au crépuscule, au moment où, selon les Talmud de Jérusalem et de Babylone, « on distingue le blanc du bleu » sur les franges du châle de prière juive.
Les juifs de Médine viennent de jouer un tour étrange à Mahomet : le Coran ne sera plus jamais un livre universel !
Il faut, sous les latitudes tempérées, ajouter 1 h aux levers et couchers du soleil pour que la nuit soit totalement noire, le « fil blanc du fils noir » n'étant plus distincts. Et, près du cercle polaire nord, le Ramadan serait mortel à respecter en juin, puisque la nuit y reste lumineuse. Le Ramadan est une consigne pour ceux qui vivent près de l'équateur, là où le jour tombe rapidement et où la nuit a une durée égale au jour. Ce décalage est dû à l'inclinaison de l'axe de rotation de la terre. Quand le Coran a été écrit, ce phénomène était connu des grecs les plus instruits depuis des siècles, mais il était, à l'évidence, ignoré de l'auteur du Coran.

Et pourtant le Coran affirme son universalité
: il est pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux : S. 25-1 : « Béni soit Celui qui a fait descendre le Discernement sur Son esclave afin qu'il soit aux mondes un avertisseur. » et S. 81-27, S. 7-158.

Néanmoins, le Coran affirme, ailleurs, avoir été donné en arabe pour être compréhensible de ses destinataires. Cela crée une supériorité des arabes sur les non arabes qui sera exploitée par la dynastie omeyyade mais confirme que l'islam n'est pas universel, (S. 12-2 : « Oui, Nous l'avons fait descendre, comme une lecture arabe. Peut-être comprendriez-vous ? » et S. 43-3-4, S. 39-28, S. 41-44.

Si le message de Mahomet est pour les arabes et n'a pas de revendication universelle, la consigne du jeûne est applicable.
Si le Coran est universel, la consigne coranique est inapplicable.

Un verset contemporain de la révélation sur le jeûne du Ramadan affirme :
S. 4-82 : « Ne méditeront-ils donc pas le Coran ? S’il avait été d’un autre que Dieu, ils y auraient trouvé maintes contradictions. ».

Le quatrième pilier de l'islam est un défi à la raison !
 
LE TEMPS : SE SOUMETTRE À L'AUTORITÉ CONDUIT À L’INCOHÉRENCE.

Mahomet justifie ses carences par des contradictions.
Pour expliquer qu'il ne fait pas de miracle, alors que le Christ en a fait, la S. 2-253 proclame : « Parmi les messagers, Nous avons élevé certains au-dessus des autres. » Puis, plus loin, toujours sourate 2, S. 2-285 : « « Nous ne faisons pas de différence entre aucun de Ses messagers ». ».

La soumission fait la synthèse. S. 3-84-85 : « Nous ne faisons pas de différence entre aucun de Ses messagers ; et c'est à Lui que nous sommes Soumis. Et quiconque désire une religion autre que la Soumission, ce ne sera point reçu ! »

Les incohérences du Coran sont là pour tester la soumission du croyant. Mais cela conduit à ignorer les réalités objectives.

Les mois musulmans, comme les mois bédouins, sont basés sur les mois lunaires de 29 jours :
S. 10-5 C’est Lui qui a fait du soleil une clarté, et de la lune une lumière, et Il a déterminé pour elle des mansions afin que vous sachiez le nombre des années. »
La lune sert à établir un calendrier liturgique : S. 2-189 : « Ils t'interrogent sur les nouvelles lunes. - Dis : « Elles servent au comput du temps, pour les gens, et aussi pour le grand pèlerinage. Et ce n’est pas charité que d’entrer chez vous par l’arrière des maisons. Mais c’est charité, oui, que de se comporter en pitié. Entrez donc dans les maisons par leurs portes ; et redoutez Dieu. » ». Les participants au pèlerinage païen promettaient de ne pas revenir à leur domicile avant sa fin. S'ils avaient néanmoins besoin d'y retourner, ils passaient par derrière, le Coran supprime cette hypocrisie et appelle à la sincérité : Allah voit tout.

Les bédouins arabes avaient un calendrier luni-solaire. Après 3 années de 12 mois lunaires (soit 348 jours), ils intercalaient un mois supplémentaire pour rattraper le décalage sur l'année terrestre réelle de 365 jours. Ce choix était le privilège d'une tribu de pasteurs, indépendants des citadins, donc sans lien avec Mahomet.
Le jeûne du Ramadan se trouve le neuvième mois de l'année bédouine. Jusqu'à la fin de la vie de Mahomet, il sera en été (l'année débutait en automne).
Puis une décision arbitraire va rendre inapplicable le Ramadan près de l'arc polaire nord en juin. Allah doit retrouver le contrôle du temps.
S. 9-36-37 : « Oui, le nombre des mois, auprès de Dieu a été de douze mois, dans la prescription de Dieu, au jour où Il créa les cieux et la Terre... Oui, le mois intercalaire n’est qu’un surcroît de mécréance : par là sont égarés ceux qui mécroient : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d’emboîter le pas au nombre des mois que Dieu a faits sacrés. Ainsi font-ils profane ce que Dieu a fait sacrés. » Ainsi en 631, le mois intercalaire est-il supprimé, comme si la durée d'une année terrestre était sans lien avec une réalité objective du mouvement des planètes. L'année musulmane ne correspondra plus au temps qu'il faut à la terre pour faire le tour du soleil.

En se dissociant les saisons, le calendrier musulman vient de devenir impropre à tout usage autre que liturgique, alors que se met en place une organisation de la société centralisée où toutes les activités économiques ou politiques sont soumises au religieux.

Peu importe : l'islam est la religion de la soumission.
 
LA VIE MATRIMONIALE DE MAHOMET ENTRE 622 ET 626.

En arrivant à Médine, Mahomet est l'époux de Saouda depuis 3 ans, et vient juste de consommer son mariage avec Aïcha qui a 9 ans.
En 626, une mésaventure d'Aïcha sera l’occasion de versets (S. 24-12-16) qui exigent le témoignage de 4 hommes pour prouver l'adultère d'une femme et
menacent de 80 coups de fouets les faux témoins (S. 24-4). Le couple adultère est « fouetté de cent coups de lanières. Et que nulle douceur ne vous prenne à son égard » (S. 24-2). Aïcha avait été oubliée en arrière d'une caravane. Elle était si légère que lorsqu’on hissa son palanquin, personne ne vit qu’elle l’avait quitté pour un besoin naturel. Safwan ibn al-Mo’attal as-Solami la trouve et la raccompagne jusqu’à la caravane. Certains plaisantins brodent sur cette escapade à deux. Ali en profite pour suggérer au Prophète de se débarrasser d’Aïcha. Le Coran vient à bout des plaisantins mais l'antagoniste entre Ali et Aïcha se conclura en 656 par la bataille du chameau.

À Médine, les deux premières épouses vivent chacune dans une pièce accolée au mur de la maison de Mahomet. Saouda est délaissée et passe un contrat avec Mahomet qui souhaite divorcer d’elle : « Je ne te demande pas de coucher avec moi. Je cède mon tour à Aïcha. Mais je veux être présente, le jour de la Résurrection, parmi tes épouses. » (Mouslim n° 1463).

La fille d'Omar, Hafsa, veuve de 18 ans, épouse Mahomet. Elle garde des feuillets du Coran à partir desquels le Coran d’Othman (579-656) sera élaboré.

Salamah est la belle veuve d’un soldat tué à la bataille d’'Uhud. Face au souhait de Mahomet de l'épouser, alors qu'elle a déjà refusé deux autres prétendants, elle objecte qu’elle est âgée, 40 ans, et jalouse. Mahomet lui aurait répondu : « Pour l’âge, je suis plus âgé que toi, et pour ta jalousie, Dieu se charge de l’anéantir. » (El Hâkim : (4/16-17-6759)). Elle prendra le parti d'Ali, contre Aïcha, en 656. Elle décédera après 680, dernière des épouses de Mahomet en vie.

Oum Habiba est fille d’un puissant chef de clan opposé à Mahomet. Elle est musulmane et contribue à réconcilier son père avec Mahomet, son mari.

En 626, Mahomet, en visite chez son fils adoptif Zaïd, aperçoit son épouse, Zaynab bint Djahsh, peu vêtue. Mahomet la désire. La Sourate 33 montre combien Allah « s'empresse de plaire » à Mahomet, pour paraphraser Aïcha (Hadith Sahih Boukhari Vol. 7:48). S. 33-37 : « Puis quand Zaïd eut assouvi d'elle son désir, Nous t'avons marié à elle, afin qu'il n'y ait, contre les croyants, aucun empêchement envers les épouses de leurs fils adoptifs quand ceux-ci on assouvi d'elles leur désir ».

Le Coran autorise à Mahomet toutes les femmes consentantes, même de sa famille. Il s'agit d'un privilège qu'il ne partage avec aucun autre croyant : S. 33-50 : « Ho, le Prophète ! Oui, Nous t’avions rendu licites tes épouses, celles aussi des esclaves en ta possession que Dieu t’avait données en butin; de même les filles de ton oncle paternel et les filles de tes tantes paternelles, et les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles - celles qui avaient émigré en ta compagnie, -ainsi que femme croyante qui avait fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète voulût se marier avec elle. Privilège pour toi à l’exclusion des croyants. »
 
DROITS ET DEVOIRS DES FEMMES.

Le Coran médinois montre que Mahomet a réuni suffisamment de fidèles pour avoir besoin d'une législation. Les droits et devoirs des femmes y sont détaillées longuement, de façon souvent fastidieuse et parfois confuse (S. 4). Mais le Coran est une innovation. Le Christ avait refusé de légiférer quel que soit le sujet. Le paganisme qui persistait à la Mecque et à Médine, n'avait pas reconnu aux femmes de personnalité juridique. Elles étaient considérées comme des choses appartenant aux hommes et n'avaient aucun droit.

Le Coran donne des droits aux femmes :
- les nouveau-nées filles ne peuvent pas être tuées : S. 16-58-59.
- un homme doit traiter sa femme comme lui-même : S. 65-7 : « Que celui qui a de grands moyens dépense de ses grands moyens ; et que celui à qui la potion a été mesurée dépense donc de ce que Dieu lui a apporté. ».
- un homme doit s'efforcer à l’équité envers toutes ses femmes : S. 4-129 : « Or vous ne serez jamais capables de faire l’égalité entre les femmes, quand bien même vous le voudriez. Ne laissez pas aller la situation au point que l’une d’entre elles prenne le pas sur les autres. ».
- la femme qui allaite doit être nourrie pendant deux ans même si son mari a divorcé d'elle (S. 65-6, S. 2-233).
- les conditions du divorce sont établies pour préserver le patrimoine des femmes : S. 4-20 : « Si vous voulez substituer épouse à épouse et que vous avez donné à l’une un quintâr, n’en reprenez rien. »
- les filles héritent, même si leur part est la moitié de celle d'un fils : S. 4-11 : « Dieu vous ordonne d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles. ».
- Les femmes disposent de leurs biens si elles n'ont pas commis de faute (S. 4-19).
- l'entretien des veuves est prévu par testament pendant une année après la mort de leur mari ; on ne peut pas les expulser pendant ce délai (S. 2-240).

Le Coran donne des devoirs aux femmes :
- les musulmanes doivent épouser uniquement des musulmans (S. 2-221).
- elles doivent dire qu'elle sont enceintes en cas de divorce (S. 2-228 ).
- leurs maris peuvent divorcer d'elles d'une simple formule (S. 58-3) ; elles, ne peuvent divorcer sans en référer à un juge (S. 58-1).
- elles doivent obéir aux hommes : S. 2-228 : « Quand [aux femmes]... les hommes ont le pas sur elles. ». Cette obéissance est justifiée par leur supposée infériorité intellectuelle : S. 2-282 : « Faites-en témoigner par deux témoins d’entre vos hommes ; et à défaut un homme et deux femmes..., en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puis lui rappeler. » Cette obéissance est justifiée aussi par le pouvoir économique des hommes qui les entretiennent (S. 4-34).
- elles doivent accepter d'être battues si elles désobéissent. À la Mecque, Job était simplement donné en exemple. Job obéit à son serment envers Allah, ce qui est plus important que de ne pas être violent envers sa femme (S. 38-41-44). À Médine, la violence devient légale envers la femme désobéissante : il faut l'enfermer et la battre jusqu'à ce quelle se soumette (S. 4-34).

Le caractère divin du Coran conduira cette législation sur les femmes, avec ses avancées mais aussi ses archaïsmes, à se pérenniser dans les états musulmans jusqu’à nos jours.
 
LÉGISLATION SUR LES FEMMES : LE CORAN DIVINISE LES ARCHAÏSMES DE L'ARABIE DU VIIe SIÈCLE.
Ses pratiques de l'Arabie du VIIe s. sont autant d'entorses aux « Droits de l’homme » admis universellement de nos jours. En les reprenant, le Coran les divinise :

Les enfants pré-pubères peuvent être épousées : cela est officialisé par un verset sur leur possibilité de divorce :
S. 65-4 : « Et quand à celles de vos femmes qui n'espèrent plus de règles : si vous avez du doute leur délai est de trois lunes. De même pour celles qui n'ont pas encore de règles. »
Un hadith confirme : « Aïcha a raconté que le prophète l'a prise pour épouse alors qu'elle n'était âgée que de six ans et qu'il a consommé son mariage avec elle quand elle eut neuf ans. » (Hadith Sahih Boukhari Vol. 7:64)

La polygamie est légale et officialise l’infériorité des femmes. Le nombre d'épouses est limité à quatre (S. 4-3). C'est un progrès indéniable sur les mœurs des contemporains de Mahomet, mais la polygamie reste une pratique perverse. Jamais aucun musulman n'a milité pour que l'égalité des sexes soit obtenue par la polyandrie (le droit pour une femme d'avoir plusieurs maris). Ce sont pourtant des pratiques choquantes au même titre, si on admet l'égalité des sexes.

Le concubinage avec les esclaves est autorisé sans limite de nombre ; cela contourne la restriction à 4 épouses : S. 4-3, S. 4-24, S. 23-6, S. 33-50-52, S. 70-30...
L'esclave violée fait l'objet du pardon divin, comme si elle en était coupable (S. 24-33). Dans toutes les sociétés archaïques, y compris musulmanes, la femme violée, donc victime, s'est ainsi vu transformée en coupable du crime de son violeur.
De plus, l'esclavage se voit ainsi légitimé par le Coran.

Les femmes doivent se dissimuler pour mériter le respect.
L'obligation du voile est davantage qu'une mode vestimentaire, elle induit des préjugés sexistes. Ces préjugés sont moins graves que le mariage des fillettes, la polygamie ou l'esclavage ; mais plus subtils, ils entraînent des comportement déviants persistants de nos jours :

- Les femmes ne sont pas pourvues d'une dignité intrinsèque suffisante pour leur obtenir le respect des hommes : elles doivent porter un vêtement couvrant inconfortable pour mériter le respect.
- Implicitement, les non-musulmanes peuvent être importunées. Cela introduit une des inégalités constitutives de l'islam, qui sera reprise par ailleurs. Les musulmans, ici les musulmanes, sont supérieurs aux non musulmans.
- la femme n'ayant pas de dignité intrinsèque, elle se voit réduite à l'état de gibier sexuel potentiel face à l'homme qui n'est tenu à aucune maîtrise de ses pulsions.

S. 33-59 : « Ho, le Prophète ! Dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. »
et S. 24-31.

Le Coran n'apprend aux hommes ni le respect, ni l'égalité, ni les relations autres que sexuelles avec les femmes.Dans les sociétés occidentales ou même dans les pays musulmans, on voit ainsi certains musulmans se croire autorisés à des pratiques de harcèlement sexuel envers les femmes non voilées comme si elles étaient des prostituées.
Combien de filles se voient contraintes à se voiler, non par conviction religieuse, mais simplement pour avoir la paix !
 
SOCIOLOGIE MUSULMANE : APARTHEID SEXUEL.

Le Coran décrit la structure sociale de l'Arabie du VIIe siècle sans percevoir ce qu'elle a de spécifique. La séparation des hommes et des femmes existe dans l'Arabie pré islamique et elle va être intégrée dans l'islam sans réflexion particulière. Ainsi est-elle simplement sous entendue dans quelques versets.


S. 49-11 : « Ho les croyants ! Qu’un groupe de gens ne se raille pas d’un groupe d’autres : ceux-ci sont peut-être mieux qu’eux. Et que les femmes ne se raillent pas de femmes : celles-ci sont peut-être mieux qu’elles. ». Le Coran n’imagine pas que des femmes puissent railler des hommes ou vice versa !

Hommes et femmes vivent séparés dans l'espace public et ne communiquent pas. Ainsi Mahomet parle-t-il aux hommes (S. 33-40). S. 114-2-3 : « Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes. Souverain des hommes. Dieu des hommes. ». Même quand le Coran légifère sur les règles des femmes, il parle aux hommes en leur signalant l'interdit des relations sexuelles pendant les menstrues (S. 2-222). Un autre verset confirme cette pauvreté de la communication autorisée entre les sexes. Une femme ne semble pas pouvoir plaire à un homme autrement que par son apparence. Un homme regarde une femme, mais ne peut pas entrer en communication avec elle pour apprécier ses facultés, son intelligence ou son caractère :
S. 33-52 : « Dorénavant il ne t’est plus permis de prendre femmes... même si leur beauté te plaît. »
Seule la beauté d'une femme peut donc séduire.
Et les femmes vont devoir se cacher pour mériter le respect.
S. 33-59 : « Ho, le Prophète ! Dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles. ».

La société est structurée sur un apartheid sexuel. Le contact entre les hommes et les femmes n'existe pas en dehors du mariage. Les femmes ne sont pas censées séduire par leur personnalité ; seule leur beauté est susceptible de plaire mais le voile vient dissimuler leurs attraits. De plus, une femme doit maintenant rester confinée chez elle. S. 33-33 : « Tenez-vous dignes, dans vos foyers et ne vous monterez pas de la façon dont on se montrait lors de l’ancienne ignorance. ». Voilà la femme incapable de trouver un mari seule. Elle dépendra uniquement du choix familial et pourra épouser un cousin et renforcer ainsi la stabilité familiale et l'obéissance à son chef. L'absence de brassage génétique qui en a résulté n'a probablement pas été sans conséquences.

Dans la logique islamique, la soumission est associée à un privilège : les épouses de Mahomet sont supérieures aux croyants. S. 33-6 : « Pour les croyants, le Prophète a priorité sur eux-mêmes ; et ses épouses sont leurs mères. Et les gens de parenté ont, les uns envers les autres, priorité, selon le Livre de Dieu, sur les croyants et émigrés. ».

Vient de se mettre en place l’emboîtement des infériorités qui structurera la civilisation musulmane. La famille de Mahomet est supérieure aux autres croyants. Cette supériorité du clan arabe sur les croyants venus de l'extérieur sera établie sous la dynastie omeyyade. La révolution abbasside l'oubliera.

Mais perdurera l’apartheid sexuel de la civilisation musulmane, hérité des archaïsmes de l’Arabie des tribus du VIIe siècle et qui persistera jusqu'à nos jours.
 
LA SOUMISSION ET L'EMBOITEMENT DES INFÉRIORITÉS.

En révélant que Dieu est Père, le Christ signale l'égalité fondamentale des êtres humains, frères du Même Père.

À l'opposé, le Coran va hiérarchiser l'humanité.
La soumission à Allah est le résumé de la foi musulmane :

S. 49-14
: « Les bédouins disent : « Nous croyons. » - Dis : « Vous ne croyez pas. Dites plutôt : « Nous nous soumettons », tandis que la foi n’est point entrée dans vos cœurs. ».

Mais, les musulmans en deviennent supérieurs aux autres. S. 3-110 : «Vous formez la meilleure Communauté suscitée pour les hommes. ».
Parmi les croyants, le Prophète et sa famille dominent. Cela servira de base théologique à la dynastie omeyyade (S. 33-6).
Le priant est supérieur. S. 39-9 : « Est-ce que celui qui, aux heures de la nuit, reste en dévotion, prosterné et debout, ... espérant la miséricorde de son Seigneur... Dis : « Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? » ».

Au sein de l'islam, une hiérarchie secondaire se dessine. :
-Les hommes sont supérieurs aux femmes.
S. 4-34 : « Les hommes sont des directeurs pour les femmes, à cause de l’excellence qu’entre eux Dieu accorde aux uns sur les autres !» et S. 2-228 : « Les hommes ont le pas sur elles. »

-Les aînés dominent les jeunes : S. 31-14-15 : « Nous enjoignons à l'homme au sujet de ses parents... ceci : « Sois-Moi reconnaissant, ainsi qu'à tes parents. » ».

-Les riches dominent les pauvres, ce qui reprend la vision humaine de la hiérarchie sociale : S. 43-32 : « C'est Nous qui distribuons chez eux les vivres, dans la vie présente, et élevons en grade les uns d'entre eux au dessus des autres, de sorte que parmi eux les uns mettent les autres à la corvée. » et S. 39-29.

-Les bien portants sont supérieurs aux malades : S. 16-76 : « Et Dieu frappe l’exemple de deux hommes : l’un d’eux est muet, capable de rien, cependant qu’il est à charge de son patron, - où qu’on envoie, il n’apporte rien de bien : - serait-il l’égal de celui qui commande la justice cependant qu’il est sur le droit chemin. » ; S. 13-16 : « Sont-ils égaux, le voyant de l’aveugle ? » et S. 35-19.

-Les maîtres dominent les esclaves avec la bénédiction d'Allah, légitimant par cela même l'esclavage.
S. 30-28 : « En avez-vous, parmi les esclaves que vos mains possèdent, que vous associiez à ce que Nous vous avons attribué, de sorte que vous en deveniez égaux ? » et S. 16-71.

-Ceux qui se battent pour Allah sont supérieurs aux pacifiques : S. 4-95-96 : « Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent assis à la maison, - sauf ceux qui sont malades, - et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier de Dieu. ».

La structure tribale est confirmée ; l'homme le plus âgé gouverne. Dans le christianisme, l'unité de base de la société est la famille, formée d'un homme, de sa femme et de leurs enfants. Dans l'islam, l'unité de base de la société est la tribu.
L'islam structure sa vision du monde sur un emboîtement d'infériorités et de soumissions qui entretiendra son complexe de supériorité par rapport aux civilisations non musulmanes. Initialement porteur d'un esprit conquérant, ce sentiment induira la conviction qu'aucun peuple non musulman ne peut l'égaler.
 
CONTENU MORAL DE LA RÉVÉLATION CORANIQUE À LA MECQUE.

L'islam n'est pas qu'une religion de la soumission, il propose aussi une morale qui s'élabore au fil de la révélation.

Initialement les consignes coraniques sont présentées comme reposant sur la sagesse et la connaissance :
S. 7-199 : « Accepte ce qu'on t'offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants. ».
Les croyants sont appelés à bien agir et en cas de faute, Allah pardonne :
S. 39-53 : « « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment ! Ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car Il pardonne tous les péchés. Certes, c’est Lui le Pardonneur, le Miséricordieux. » et S. 15-49.

Les exigences d'Allah sont raisonnables. Tant dans la pratique spirituelle : S. 73-20 : « Récitez donc du coran ce qui sera facile. », que dans l'exercice de la charité : S. 25-67 : « Lorsqu'ils font largesses, ils ne sont ni prodigues, ni avares, puisque entre les deux est la droiture.»
La modération est la règle.

La générosité envers les pauvres est une consigne qui traverse le Coran.
-Les orphelins en sont les premiers bénéficiaires ; c'est en lien direct avec l'enfance de Mahomet. S. 93-6-9 : « Ton [Seigneur] ne t'a-t-Il pas trouvé orphelin ?... Puis Il a mis au large ! Quant à l'orphelin, donc, n'opprime pas. ».
Les Sourates 102, S. 92-11, S. 89-17-21, S.74-44 annoncent clairement que l'égoïsme financier conduit en enfer.
-La charité est orientée vers la famille et vers l'étranger. S. 30-38 : « Apporte donc au proche parent son droit, au pauvre aussi et à l'enfant de la route. »

Le respect dû aux parents reste nécessaire, même s'ils sont polythéistes. Cela changera à Médine.
S. 31-14-15 : « Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère... Et si tous deux te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas ; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. ».

La bienveillance des maris envers leurs femmes est recommandée, Mahomet n'est alors l'époux que de Khadîdja : S. 30-21 : « Il est de Ses signes d’avoir créé de vous, pour vous, des épouses, pour que vous habitiez prés d’elles, - et Il assigne entre vous amour et miséricorde. »

Les filles ne peuvent plus être tuées à la naissance :
S. 16-58-59 : « Car quand on annonce à l’un d’eux une fille,... il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé,-doit-il la garder malgré la honte, ou s’il l’enfouira dans la poussière ? Comme est mauvais ce qu’ils jugent, n’est-ce pas ? »

La sourate 6 résume ses consignes avec son sous entendu archaïque : certaines personnes peuvent être tuées avec l'autorisation d'Allah :
S. 6-151 : « Dis : « Venez, je vais vous réciter ce que votre Seigneur vous a interdit ; - ceci : Ne Lui associez quoi que ce soit ; - soyez cependant bienfaisants envers les père et mère ! - Et ne tuez pas vos enfants pour une pénurie de vivres..., n’approchez pas des turpitudes - tant de ce qui en paraît que de ce qui s’en cache. Et, sauf en droit, ne tuez personne que Dieu ait défendu ; - voilà ce que Dieu vous enjoint. ».

À Médine, la morale s'orientera vers un aspect plus législatif et moins spirituel : il s'agira de structurer une communauté.
 
LA MORALE À MÉDINE.

Il ne s'agit plus de rechercher la connaissance, elle est dangereuse :

S. 5-101-102
: « Ô vous qui croyez, n’interrogez pas sur les choses dont le sens, s’il vous était divulgué, pourrait vous causer de la peine. Un peuple avant vous avait réclamé ces choses, mais ensuite il devient infidèle à cause d’elles. ».
Pour interdire ainsi la curiosité intellectuelle, Mahomet aurait-il eu quelque de peine à convaincre de la pertinence de sa révélation ?

La communauté des croyants, l’oumma, se fonde sur le respect des pratiques licites mais aussi sur la fidélité aux liens familiaux : S. 3-110 : «Vous formez la meilleure Communauté suscitée pour les hommes : vous ordonnez ce qui est convenable, vous interdisez ce qui est blâmable, vous croyez en Dieu. ».
S. 47-22 : « Si donc vous êtes investis de pouvoir, se peut-il que vous alliez commettant le désordre sur terre et rompant vos parentés. » Les liens tribaux ne doivent pas être oubliés même après un succès individuel.

Des règles de politesse sont édictées :
- On ne doit pas s'insulter
: S. 49-11 : « Ho les croyants ! Qu’un groupe de gens ne se raille pas d’un groupe d’autres : ceux-ci sont peut-être mieux qu’eux. Et que les femmes ne se raillent pas de femmes : celles-ci sont peut-être mieux qu’elles. Ne vous blâmez pas et ne vous lancez pas mutuellement de sobriquets. Quel vilain mot que « pervers » après qu’on a cru ! Et quiconque ne se repend pas… alors les voilà, les prévaricateurs. ».

- Il ne faut pas trop discuter. Mahomet a expérimenté les dangers de la discussion dans ses relations avec les juifs :
S. 49-12 : « Ho, les croyants ! Évitez de trop conjecturer ; oui, une partie de la conjecture est péché. Et n’épiez pas ; et ne médisez pas les uns des autres, - l’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? Non ! vous en avez horreur ! ».

- Les jeux de hasard et la divination sont interdits. Il sont associés au danger de l'ivresse qui trouble le discernement et conduit à la violence :
S. 5-90-91 : « Ho, les croyants ! Oui, le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'ordure, œuvre du Diable. Donc, à écarter. ...Eh bien, vous abstiendrez-vous ? ».

L'appel à la charité débute à la famille proche et s'étend à l'étranger :
S. 4-36
: « De la bonté envers les père et mère, et les proches et les orphelins et les pauvres et le voisin apparenté et le voisin étranger et le proche compagnon et l'enfant de la route et quiconque est esclave entre vos mains ! ».

La foi s'exprime par des comportements moraux :
La foi des femmes
exige qu'elles ne croient qu'en un seul Dieu, aient une vie chaste et ne tuent pas leurs enfants (S. 60-12). La S. 6-140 confirme l'interdit du meurtre des enfants.
Cette perfection morale est résumée dans un verset poétique qui concerne aussi bien les hommes que les femmes :
S. 33-35 : « Soumis et soumises, croyants et croyantes, dévoués et dévouées, loyaux et loyales, endurants et endurants, craignants et craignantes, bienfaisants et bienfaisantes, jeûneurs et jeûneuses, gardiens de leur sexe et gardiennes, invocateurs de Dieu et invocatrices, Dieu a préparé pour eux pardon et énorme salaire. ».
 
L'ESCLAVAGE : ENTRE MORALE ET PERVERSION.

La bonté envers l’esclave est préconisée ainsi que son affranchissement (S. 4-36), soit par le financement de l'état (S. 9-60), soit par la charité privée (S. 24-33, S. 2-177, S. 90-13).

Mais le Coran n'a pas interdit l'esclavage. En légiférant sur lui, il l'a au contraire légitimé de toute la puissance de sa supposée origine divine.

La domination du maître sur l'esclave est voulue par Allah :

S. 16-71 : « Dieu a donné aux uns d'entre vous excellence sur les autres. Or, ceux à qui excellence a été donnée n'ont point à rendre leur portion aux esclaves au point qu'il en deviennent égaux. » et S. 30-28.

L'esclave reste une monnaie d'échange : l'affranchir permet au croyant :
- de racheter un meurtre (S. 4-92),
- de se remarier avec la même femme après un divorce (S. 58-3),
- d'éviter de respecter un serment hasardeux : S. 5-89 : « Dieu ne s'en prend pas à vous pour la frivolité de vos serments, mais Il s'en prend à vous pour les serments que vous contractez délibérément. L'expiation en sera ... de libérer un esclave. ».

Particulièrement, si on est pauvre, le concubinage avec les esclaves est licite (S. 4-3). Leurs punitions sont allégées, ce qui signifie qu'on ne leur a pas demandé leur consentement*; cela confirme leur place d'objet : S. 4-25 : « Si, une fois engagées dans le mariage, elles commentent une turpitude, sur elles alors la moitié du châtiment qui revient aux femmes libres mariées. ».
Le concubinage avec les esclaves est sans limite de nombre (S. 23-1-6, S. 3-50-52, S. 70-30).

À l'occasion d'un verset sur la circulation dans le gynécée, la castration des esclaves est acceptée implicitement, ce qui est une énormité pour un sujet si grave : S. 24-31 : « Que les croyantes ne montrent leur parures qu'à leur mari … ou aux esclaves mâles qui n'ont pas le désir. ». Cette façon indirecte d'autoriser la castration sera parfaitement comprise par les dynasties musulmanes, puisque des eunuques garderont la Kaaba jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Le viol des filles esclaves et leur prostitution, s'ils ne sont pas recommandés, sont l'objet de la miséricorde divine... On peut même se demander si ce n'est pas la victime qui fait l'objet de la miséricorde divine, plutôt que son violeur ! Pour des crimes si graves, le viol et le proxénétisme, l'absence de châtiment est incompréhensible, surtout comparée à la cruauté des châtiments prescrits pour des choses bien moins graves comme le vol : S. 24-33 : « Ne contraignez pas vos esclaves femmes à la prostitution si elles veulent le mariage. Les contraint-on ? Dieu est alors, quand elles ont été contraintes, pardonneur, miséricordieux, vraiment ! »

Transformer un être humain en chose est la définition de la perversion. Le Coran a légiféré à partir des mœurs archaïques de l'Arabie. Sa prétendue origine divine l'a piégé et a conduit à légitimer la castration et le viol des esclaves, et, finalement, l’esclavage tout court.
Mais aucune loi ne peut rendre l'esclavage acceptable, même adouci par Dieu.

De nos jours, le quasi esclavage de certains travailleurs immigrés dans les pays musulmans riches procède de la légitimation coranique de l'esclavage.
 
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