L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE EN TERRE D'ISLAM ?
Au début du XIXe siècle, des voyageurs anglais notent, qu'en Égypte, lespérance de vie d'un homme réduit en esclave est de 6 ans. S'il a eu des enfants, il n'a pas le temps de les élever (Bowring, cité par Buxton : African Slave Trade).
La castration des garçons est généralisée.
En 1813, Burckardt, un suisse, visite des centres de castration d'esclaves noirs, au Darfour et en Égypte, à Zawiyat al-Dayr, un village copte. Deux moines coptes castrent des garçons entre 8 et 12 ans. La mortalité est de 2%, ce qui est considéré comme peu. La profession de « castrateur » est méprisée et réservée aux chrétiens coptes, sujets de seconde zone.
Au XIXe siècle l'historien musulman marocain, Ahmad ibn Khakid al-nasiri (1834-1897), accepte la légitimité de lesclavage mais déplore que des musulmans y soient soumis sous prétexte qu'ils sont noirs. Ils sont « par troupes entières destinées à la vente sur les marchés des villes et des campagnes du Maghreb, où les hommes trafiquent deux comme sils étaient des bêtes et même pis. ».
Une fois arrivés à destination, les esclaves domestiques sont relativement bien traités. Les femmes esclaves, surtout les éthiopiennes, deviennent fréquemment concubines. Leurs enfants sont rarement reconnus mais suffisamment pour que toutes les familles dArabie aient du sang noir. Mais les conditions effroyables du transport (à pied à travers le Sahara), la castration et le travail dans les champs et les mines, expliquent qu'ils n'aient pas laissé de descendants au Maghreb.
Au XIXe siècle, les Britanniques luttent contre l'esclavage :
En 1846, ils demandent au chah dIran Muhammad de réduire la traite des noirs, ce qui est dabord refusé au prétexte quil ne peut interdire ce que lislam autorise. La Royal Navy créera de multiples escarmouches dans locéan Indien et le Golfe Persique pour surveiller l'application de l'accord.
Le consul anglais Drummond Hay demande au sultan du Maroc de réfléchir à l'abolition de l'esclavage. Le 23 mars 1842, le sultan du Maroc répond : « En ce qui concerne la réduction en esclavage et le commerce des esclaves, ils sont confirmés par notre Livre ainsi que par la Sunna de Notre Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui - et il ny a dailleurs pas de controverse entre les Oulémas sur ce sujet, et nul ne peut permettre ce que la loi interdit ni interdire ce quelle permet. ».
Le 23 janvier 1846, Ahmed Ier, bey de Tunis, abolit l'esclavage. Le peuple résiste. En 1890, les français confirmeront cette interdiction en punissant les contrevenants d'amendes et de prison. L'esclavage ne disparaîtra en Tunisie qu'au début du XXe siècle.
En 1857, les Anglais obtiennent des Ottomans un firman qui interdit la traite des noirs, sauf dans le Hedjaz. Des eunuques y gardent depuis des siècles les mosquées de Médine et de la Mecque. Cette particularité est préservée pour son aspect religieux.
En 1962, l'esclavage est aboli au Yémen et en Arabie Saoudite.
La Mauritanie est le dernier pays musulman à l'abroger en 1982.
Mais, de nos jours, la condition de vie des travailleurs immigrés dans les pays du Golfe n'est pas très différente de celle de l'esclavage (confiscation du passeport, horaires de travail illimités, interdiction de la pratique religieuse autre que l'islam, maltraitance, interdiction du syndicalisme).
« Islam », Lewis, Gallimard. 2005.
Au début du XIXe siècle, des voyageurs anglais notent, qu'en Égypte, lespérance de vie d'un homme réduit en esclave est de 6 ans. S'il a eu des enfants, il n'a pas le temps de les élever (Bowring, cité par Buxton : African Slave Trade).
La castration des garçons est généralisée.
En 1813, Burckardt, un suisse, visite des centres de castration d'esclaves noirs, au Darfour et en Égypte, à Zawiyat al-Dayr, un village copte. Deux moines coptes castrent des garçons entre 8 et 12 ans. La mortalité est de 2%, ce qui est considéré comme peu. La profession de « castrateur » est méprisée et réservée aux chrétiens coptes, sujets de seconde zone.
Au XIXe siècle l'historien musulman marocain, Ahmad ibn Khakid al-nasiri (1834-1897), accepte la légitimité de lesclavage mais déplore que des musulmans y soient soumis sous prétexte qu'ils sont noirs. Ils sont « par troupes entières destinées à la vente sur les marchés des villes et des campagnes du Maghreb, où les hommes trafiquent deux comme sils étaient des bêtes et même pis. ».
Une fois arrivés à destination, les esclaves domestiques sont relativement bien traités. Les femmes esclaves, surtout les éthiopiennes, deviennent fréquemment concubines. Leurs enfants sont rarement reconnus mais suffisamment pour que toutes les familles dArabie aient du sang noir. Mais les conditions effroyables du transport (à pied à travers le Sahara), la castration et le travail dans les champs et les mines, expliquent qu'ils n'aient pas laissé de descendants au Maghreb.
Au XIXe siècle, les Britanniques luttent contre l'esclavage :
En 1846, ils demandent au chah dIran Muhammad de réduire la traite des noirs, ce qui est dabord refusé au prétexte quil ne peut interdire ce que lislam autorise. La Royal Navy créera de multiples escarmouches dans locéan Indien et le Golfe Persique pour surveiller l'application de l'accord.
Le consul anglais Drummond Hay demande au sultan du Maroc de réfléchir à l'abolition de l'esclavage. Le 23 mars 1842, le sultan du Maroc répond : « En ce qui concerne la réduction en esclavage et le commerce des esclaves, ils sont confirmés par notre Livre ainsi que par la Sunna de Notre Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui - et il ny a dailleurs pas de controverse entre les Oulémas sur ce sujet, et nul ne peut permettre ce que la loi interdit ni interdire ce quelle permet. ».
Le 23 janvier 1846, Ahmed Ier, bey de Tunis, abolit l'esclavage. Le peuple résiste. En 1890, les français confirmeront cette interdiction en punissant les contrevenants d'amendes et de prison. L'esclavage ne disparaîtra en Tunisie qu'au début du XXe siècle.
En 1857, les Anglais obtiennent des Ottomans un firman qui interdit la traite des noirs, sauf dans le Hedjaz. Des eunuques y gardent depuis des siècles les mosquées de Médine et de la Mecque. Cette particularité est préservée pour son aspect religieux.
En 1962, l'esclavage est aboli au Yémen et en Arabie Saoudite.
La Mauritanie est le dernier pays musulman à l'abroger en 1982.
Mais, de nos jours, la condition de vie des travailleurs immigrés dans les pays du Golfe n'est pas très différente de celle de l'esclavage (confiscation du passeport, horaires de travail illimités, interdiction de la pratique religieuse autre que l'islam, maltraitance, interdiction du syndicalisme).
« Islam », Lewis, Gallimard. 2005.