4000 ans de monothéismes, histoire archéologique

PRÉDICTION MYSTIQUE OU HASARD ? LES CHRÉTIENS FUIENT JÉRUSALEM EN 66, AVANT QUE LE PIÈGE ROMAIN NE SE REFERME.

Le Temple est enfin terminé après plus d'un siècle de travaux.
Des milliers d'ouvriers juifs se retrouvent au chômage. Le paganisme règne dans les cités dirigées par les successeurs d'Hérode. Les Juifs sont toujours tentés par la révolte armée pour restaurer leur souveraineté. La misère ambiante va servir de détonateur. La tentation du Dieu des combats habite toujours le peuple juif.

En 66, la population chrétienne quitte précipitamment Jérusalem pour Pella en Arabie. Est-ce une prophétie, un message divin qui leur a conseillé de fuir ?
Jérusalem est la proie des factions juives qui s’entre-tuent au cœur même du Temple. Cela a-t-il servi de signes d’alerte pour les chrétiens prévenus par l'évangile de Matthieu ? Mt 24-15-14 : « Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation, dont a parlé le Prophète Daniel, installée dans le saint lieu (que le lecteur comprenne !), alors que ceux qui seront en Judée s'enfuient dans les montagnes. » Cette prophétie donnée par le Christ reprend une prophétie de Daniel 9-27 et 11-31 et 12-11.
Eusèbe de Césarée (mort en 339) est un historien reconnu et sérieux. Au IVème siècle, il raconte que les chefs de la communauté chrétienne auraient été incités à fuir par une révélation spirituelle : « Le Christ leur avait dit d'abandonner Jérusalem et de se transférer ailleurs parce que la ville serait assiégée. »

On trouve une trace d'un événement surnaturel en 66 dans un récit historique non chrétien. Dans « La guerre des Juifs, VI ; 299s, Flavius Josèphe raconte qu'en 66, lors des rites de la Pentecôte, les prêtres, à l'entrée de la cour intérieure, entendirent un grondement et perçurent un mouvement et comme un écho plusieurs fois répété : « Partons d'ici ! ».

Est-ce cet événement ou une intuition spirituelle? Toujours est-il que les chrétiens se réfugient à Pella, ville à l'Est du Jourdain. Ils échappent ainsi à la mort qui frappera les rebelles juifs quelques années après.

Le christianisme va se répandre dans tout le Moyen-Orient. Les chrétiens d'origine juifs ont compris le message de paix du Christ et refusent la lutte armée contre Rome. Leur lutte est spirituelle et la victoire doit l’être également.

En 66, Méhahem, fils de Judas le Galiléen, se rebelle. Il rassemble les zélotes ou sicaires, groupes de juifs pieux qui souhaitent libérer par les armes la terre d'Israël. Nous connaissons Méhahem par Flavius Josèphe. Méhahem attaque Massada et prend la forteresse hérodienne aux romains, massacrant blessés et prisonniers.
Puis il se rend à Jérusalem, prétendant être le Messie. Il va rapidement décevoir l'attente du peuple et un complot va le destituer. Il fuit Jérusalem et est exécuté fin 66. Massada, forteresse inexpugnable, est aux mains des rebelles juifs. La révolte est lancée !

Le Dieu des combats dont les victoires militaires ont été récusées par l'archéologie, reste toujours L'aspiration, Le fantasme et Le désir du peuple Juif.
Les Chrétiens l'ont compris, le Dieu des combats n'est pas Celui du Christ :
« DIEU EST AMOUR ! » (1 Jean 4-16).


« Jésus de Nazareth, de l'entrée à Jérusalem à la Résurrection », Benoît XVI, ed du Rocher.

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68 : DESTRUCTION DE QUMRAN.

Les Esséniens forment une communauté connue par Flavius Josèphe (Antiquités juives 13-5-9, 18-1-5, et Guerres juives 2-8) et par Philon d'Alexandrie. Leur communauté apparait au IIe siècle avant JC, probablement au moment de la persécution d'Antiochus IV Epiphane.
Elle aurait été fondée par le grand Prêtre Onias II qui descendait de Sadoc, Grand Prêtre du temps de David. Onias, qui incarnait la légitimité sacerdotale, fut assassiné par Antiochus. C'est probablement lui le « Maître de Justice » qui est vénéré des Esséniens.
Ils vivent séparés du reste du peuple. Leurs rituels de pureté sont rigoureux. Ils tiennent Hérode pour illégitime et ne fréquentent donc pas le Temple. Ils vivent dans plusieurs communautés en Juda, en Égypte en Syrie. Ils y entrent après avoir abandonné tous leurs biens, ils vivent célibataires, pratiquent à la lettre la Loi de Moïse au point de laisser périr leurs bêtes plutôt que de s'en occuper le jour du sabbat. Le message du Christ diverge donc radicalement du leur. Ils ne l'ont pas reconnu comme Messie.
Les Esséniens attendent deux messies.
Un Messie d’Israël, dit l’Élu, descendant de David, qui a des fonctions civiles et militaires. Ce messie doit exterminer leurs ennemis. Et un second, grand prêtre parfait ou « messie d’Aaron » qui doit diriger le peuple.

68 : Les romains ravagent Israël en luttant contre la révolte juive. Ils détruisent Qumrân. Les archives esséniennes seront découvertes en 1947. Les textes sacrés abîmés étaient stockés dans des amphores, placées dans des grottes. Ainsi le veut la coutume juive, les textes saints usagés sont enterrés. 870 livres différents sont retrouvés en plusieurs exemplaires, écrits en araméen, langue choisie au II s. avant JC pour écrire l'hébreu. La datation de ces textes va du IIe siècle avant JC à 68. La vie de la communauté essénienne y est détaillée dans le Manuel de Discipline. L’ancien Testament y est au complet, en plusieurs exemplaires, identiques aux versions recopiées depuis 2000 ans par les scribes. Qumrân prouve que l'Ancien Testament n'a pas été falsifié. Le Christ, Messie des chrétiens et prophète de l'islam, a puisé sa foi juive dans le même Ancien Testament que le notre.
Seul le livre d'Esther manque dans les manuscrits de Qumrân pour que la Bible hébraïque soit au complet. Le livre d'Esther est le seul livre de l'Ancien Testament où le nom de Dieu n'est pas cité. Ceci a suffit pour que les esséniens le récusent.
L’Ancien Testament des catholiques et des orthodoxes reprend la Bible hébraïque et lui ajoute quelques textes écrits après le Ve s. avant JC : les livres de la Sagesse, de Tobie, de Judith, d'Esdras, d’Hénoch, de Baruch, des Macchabées et l’Ecclésiastique. Les protestants s'en sont tenu à la Bible hébraïque fidèle à celle de Qumrân.

On trouve à Qumrân un seul extrait des évangiles, minuscule, forcement antérieur à 68 : « En effet, ils n'avaient rien compris à propos des pains, car leurs cœurs étaient endurcis. Ayant terminé la traversée, ils abordèrent à Générareth. » Il s'agit de Marc 6-52-53 racontant la réaction des disciples après la multiplication des pains.

Combien parfois le cœur de certains peut être endurci quand ils refusent d'admettre que le Nouveau Testament a été écrit avant 70 !


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LA DESTRUCTION DU TEMPLE D’HÉRODE EN 70.

En quelques années, les romains ont repris le contrôle d'Israël. Seules Jérusalem et Massada résistent.
Vespasien est empereur en 69 ; il nomme son fils Titus à la tête de l'armée qui assiège Jérusalem. Vespasien souhaite que le Temple soit préservé, mais la défense acharnée des juifs va en décider autrement.

Flavius Josèphe a raconté ce combat dans La guerre des Juifs. Il est contemporain des événements, c'est un général juif battu par les romains en 67. Après deux ans d'emprisonnement, il accepte de devenir, en 69, intermédiaire entre juifs et romains et se rallie aux vainqueurs.

Lors du siège de Jérusalem, les romains déboisent sur 18 km autour de Jérusalem pour fabriquer leurs engins de guerre et leurs fortifications. Ils triomphent peu à peu des juifs enfermés dans Jérusalem au cours de l'été 70. Ils vont profaner le Temple en sacrifiant à leurs enseignes dans ses murs.
Le 5 août 70, les sacrifices d'animaux sont interrompus. Le culte rendu à Yahvé par des sacrifices sanglants s’interrompt pour toujours. D'après les découvertes archéologiques faites sur le mont Ebal, les Juifs faisaient depuis 1400 ans des sacrifices sanglants à Yahvé. Les Juifs n'ont pas reconnu Jésus comme Messie ; mais 37 ans après sa mort, ce culte, qui, selon les chrétiens, était devenu inutile, s'arrête.

La destruction du Temple a été annoncée par le Christ en Mat 24-1-2, Mc 13-1-4 et Lc 21-5-7. Les évangiles qui rapportent la prophétie, ont été écrits avant la destruction du Temple puisqu'ils ne font jamais allusion à sa réalisation, ni à l'ampleur des destructions.

Les romains ont coupé les arbres sur 18 km autour de Jérusalem. La ville est incendiée. Les archéologues retrouveront les traces des destructions massives dans tous les quartiers de Jérusalem. Le Temple est également incendié lors de sa conquête. Seules trois tours restent debout, ainsi que le mur ouest de soutènement qui est devenu « le mur des lamentations », si important aux cœurs des juifs. Les Juifs sont morts de faim ou lors des combats. Les survivants sont réduits en esclavage. Il ne reste rien, ni de Jérusalem, ni de ses habitants. Les romains massacreront 1 100 000 juifs, selon Flavius Josèphe ou 600 000 selon Tacite.

À Rome, les romains organisent un triomphe à Titus.
Les prisonniers juifs défilent dans les rues avant d'être exécutés lors de jeux du cirque. L'arc de Triomphe de Titus est érigé près du forum à Rome. Il y est toujours. On peut admirer les bas-reliefs qui racontent le pillage du Temple. On voit la menorah (le chandelier à 7 branches) portée par des prisonniers juifs. Le nom de « menorah » provient d'un nom de plante, Moriah, en araméen. Il s'agit aussi du nom du Mont du Temple (2Ch 3-1), et du nom du lieu du sacrifice d'Isaac selon la Bible (Genèse 22-2). C'est toute la foi du peuple juif qui est détruite, ainsi que Jérusalem et ses habitants.

La destruction du Temple est un cataclysme pour le judaïsme dont on mesure mal l'ampleur de nos jours.
Pour un musulman, c'est comme si la Mecque avait été détruite, le pèlerinage interdit et les mosquées fermées ; ou, pour un chrétien, comme si Saint Pierre de Rome et toutes les églises avaient été rayées de la carte.

Et Israël a survécu.

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EN 73, CHUTE DE MASSADA.

La forteresse prise au début de la révolte juive va résister encore 3 ans, nid inexpugnable assiégé par les romains, au milieu d'un pays ravagé. De nos jours, Massada reste le symbole de la persévérance et du sens du sacrifice d’Israël. C'est devenu un mythe fondateur dans l'Israël contemporain.

Les rampes de terre construites par les romains pour investir Massada sont toujours visibles de nos jours.

Plutôt que de se rendre, les derniers résistants se suicident dans leur nid d'aigle. Seule une vieille femme et 5 enfants survivent cachés dans un égout.

L'échec est complet. Israël a perdu tout ancrage matériel avec la destruction du Temple et toute force militaire avec la chute de Massada.

Deux éléments majeurs parlent aux chrétiens pour leur dire la légitimité du peuple élu, mais aussi celle du Christ, Messie incarné, sauveur du monde :

1/ Les sacrifices sanglants du Temple disparaissent peu de temps après la mort du Christ.

Le Christ est mort en 33. Les sacrifices se sont arrêtés en 70. Pour les chrétiens, les sacrifices ne servaient plus à rien depuis la mort et la Résurrection du Christ.[/b] Les sacrifices se sont interrompus en 70 et Dieu n'a rien fait, n'a inspiré personne, pour qu'ils reprennent. En 536 avant JC, Yahvé avait inspiré à Cyrus, le roi Achéménide, d'ordonner la reconstruction du Temple (Esdras 1-1-11) et la reprise des sacrifices. Après la Résurrection du Christ, Dieu n'a rien fait de comparable.
Deux tentatives de restauration auront lieu. Au IIe siècle, l'essai juif pour restaurer les sacrifices à Jérusalem sera à nouveau noyé dans le sang par les romains. Au IVe siècle, Julien l'Apostat voudra reconstruire le Temple, mais la mort l'en empêchera.

2/ Plus jamais Israël ne reconnaîtra de Prophète annonçant le Messie. Les Juifs auront des sages, des spécialistes de la Loi, mais plus jamais de prophètes.
Pour les chrétiens, c'est un signe que la religion juive n'est pas une construction humaine où quelque illuminé se prétend prophète et emporte l'adhésion du peuple. En effet, les prophètes reconnus par les juifs sont les mêmes que ceux reconnus par les chrétiens : le dernier est Daniel en 180 avant JC. Mahomet n'est prophète pour aucun d'eaux.

Les juifs attendent la Venue du Messie ; les chrétiens attendent son Retour. Pour les chrétiens, leur attente et celle des Juifs est la même et prendra fin le même jour, à la fin des Temps.


Même si les chrétiens ont souvent et longtemps contribué à l'antisémitisme, il faut bien reconnaître que Dieu semble s'occuper du peuple élu. Ainsi la venue du Christ a-t-elle modifié le culte juif. Dieu continue à guider son peuple pour qu'il lui rende un culte qui Lui plaise : « Un sacrifice, tu n'en veux pas. Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé. » (Ps 51-18-19).

Le peuple élu bénéficie d'une Alliance éternelle par le respect de la Loi :
Deutéronome 7-7-16 : « Pour avoir écouté ses coutumes, les avoir gardées et mises en pratique, Yahvé ton Dieu te gardera l’alliance et l’amour qu’il a jurés à tes pères…Tu recevras plus de bénédictions que tous les peuples… »

Le peuple juif est un peuple à part, accompagné par Dieu. À lui et à nul autre, le salut est promis par la pratique de la loi.


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LA PREMIÈRE ÉGLISE EST CONSTRUITE.

En 73-74, les chrétiens ont le droit de revenir à Jérusalem.
Siméon, leur chef, le cousin du Christ, a négocié avec les Romains leur retour. Jérusalem est détruite. La maison de Jean l’Évangéliste n'est que ruines. Sur ce terrain, les chrétiens battissent la première église nommée l'« Église des Apôtres ».
Elle a été fouillée en 1951 par Jacob Pinkerfeld.
Son architecture tient de la synagogue avec la niche destinée à contenir la Torah, mais ce n'est pas une synagogue. Elle n'est pas orientée vers le Temple mais vers le tombeau vide du Christ et les murs sont couverts d'inscriptions invoquant Jésus.

Deux textes du Ier s. permettent de connaître le christianisme des origines à partir d'écrits autres que le Nouveau Testament :

- En 96, le troisième successeur de Pierre, le pape Saint Clément Ier de Rome écrit aux Corinthiens.
On y apprend que les chrétiens adorent Jésus, le « Maître de l'univers », qu'ils contemplent intérieurement le Père et obéissent aux motions de l'Esprit. La Trinité est au cœur de leur foi. Ils sont appelés à être pacifiques, à pardonner et à rechercher l'humilité. Les vertus chrétiennes sont celles des Évangiles et des Épitres.

- Vers l'an 100, le premier texte de liturgie, la Didachè, est écrit.
Plusieurs chapitres traitent de la morale, de l'amour du prochain, de la pureté, du pardon des offenses. D'autres ont un contenu plus dogmatique qui est semblable aux Évangiles :

Le chapitre 7 parle du baptême. On baptise au nom du « Père, du Fils et du Saint Esprit ».

Le chapitre 9 traite de l'Eucharistie. Il est précisé qu'elle est réservée aux baptisés.

Le chapitre 11 parle du discernement des faux prophètes :
« Mais si quelqu'un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l'argent ou autre chose, ne l'écoutez pas. Cependant, si c'est pour d'autres personnes qui sont dans l'indigence qu'il a dit de donner, que personne ne le juge.»
L'enrichissement personnel d'un Prophète est la marque qu'il est un faux prophète. Le Christ et à sa suite Saint Paul avaient donné le même critère.
La Didachè au chapitre 11 ajoute un autre critère de discernement : le faux prophète donne des conseils qu'il ne respecte pas lui-même. « Tout prophète qui enseigne la vérité, s'il ne fait pas ce qu'il enseigne, est un faux prophète. »
Le Coran octroie à Mahomet une morale sexuelle particulière, plus permissive ( Sourate 33-50) et Mahomet s'est enrichi personnellement par sa prédication. Il ne remplit donc pas les critères chrétiens qui peuvent faire de lui un authentique prophète.

Le chapitre 15 parle du choix des dirigeants de l’Église :
« Élisez vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux et désintéressés, véridiques et éprouvés, car pour vous ils remplissent, eux aussi, l'office de prophètes et de docteurs.
Ne les méprisez donc pas, car ils doivent être honorés parmi vous en communauté au même titre que les prophètes et les docteurs.
»
La douceur, l'humilité et le désintérêt des postulants est le premier critère de sélection. Ni la richesse, ni la puissance ne comptent.
Mahomet en triomphant par la guerre ne rentre pas dans ces critères.

Ces deux textes sont parvenus jusqu'à nous.


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YOHANAN BEN ZAKKAÏ SAUVE LE JUDAÏSME.

Avant la destruction du Temple, Yohannan Ben Zakkaï était un maître pharisien célèbre regroupant autour de lui des élèves à Jérusalem.

Il va parvenir à s'enfuir de Jérusalem assiégée.
Les combattants juifs interdisaient à tous de quitter la ville. Les élèves de Ben Zakkaï le font passer pour mort. Ils réclament aux combattants juifs l'honneur de pouvoir l'enterrer rapidement, pour qu'il ne connaisse pas la corruption avant sa mise en terre : cela ne peut se faire qu'en dehors de la Ville Sainte. Ils obtiennent le droit de sortir de Jérusalem assiégée en portant le corps de leurs maître... et se rendent au camp romain. Ben Zakkaï reçoit l'accord des Romains pour se réfugier à Yavné en Galilée et fonder une nouvelle école...

Les Sadducéens ont vu le support de leur foi disparaître avec la destruction du Temple.
Les sacrifices sont terminés. Il faut inventer un nouveau judaïsme.
Depuis deux siècles, les pharisiens avaient insisté sur l'étude et l'interprétation de la loi. Cette étude va devenir la clé de voûte du judaïsme.

Il ne s'agit pas d'une hérésie devenue nécessaire pour des raisons politiques. Huit siècles avant Jésus Christ, le prophète Michée avait déjà annoncé un culte sans sacrifice :

Michée 6-7-8 : Dieu « prendra-t-Il plaisir à des milliers de béliers, à des libations d'huile par torrents ? Faudra-t-il que j'offre mon aîné pour prix de mon crime, le fruit de mes entrailles pour mon propre péché ? On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu. »

Yohannan Ben Zakkaï s'installe à Yavné et fonde une école rabbinique qui définira le judaïsme de l'avenir. Sa biographie raconte (Suk. 28a : « [Ben Zakkaï] n'a jamais connu de moment d'inactivité ; il n'a pas fait quatre mètres sans réfléchir sur la Torah et sans phylactères. Il a toujours été le premier dans la Maison du Midrash, il n 'y a jamais dormi et a toujours été le dernier à la quitter ; jamais personne ne l'a trouvé occupé à autre chose qu'à l'étude. »

À sa suite, l’étude des textes sacrées et les rituels personnels deviennent l'expression du judaïsme.
Les règles de pureté rituelle qui étaient réservées au grand prêtre se généralisent et vont concerner tout le peuple juif.
Pendant les trois siècles qui vont suivre, en attendant que l'empire romain ne devienne chrétien, le centre spirituel du judaïsme sera en Galilée autour des successeurs de Ben Zakkaï.

Le titre de rabbin que prendra Ben Zakkaï vient simplement du mot : Monsieur. Ce titre sera ensuite attribué à ceux qui connaissent parfaitement la Thora et sont aptes à l'interpréter.

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NAISSANCE DU RABBINISME : THORA ÉCRITE/THORA ORALE.

Le judaïsme rabbinique croit en une double révélation, soit deux Thoras, selon les pharisiens

La première Thora est la Loi écrite donnée par Dieu à Moïse avec les dix commandements.
Cette révélation est connue de tous. Les Juifs n'y auraient pas été fidèles après s'être établis en Canaan vers -1250, c'est pourquoi ils auraient perdu le pouvoir.
La seconde Thora a été révélée oralement à Moïse. Il l'a communiquée à ses successeurs : Josué, les prophètes, les hommes de la grande assemblée qui dirigeaient le peuple au moment du retour de Babylone, les rabbins.

Quand un rabbin fait une découverte dans l'étude de la Thora, il s'agit donc d'une partie de cette révélation cachée détenue par Moïse. Moïse, détenteur de la Thora cachée, est le parfait modèle pour les Juifs. Il est « Moshe Rabeinû », « Moïse notre Maître ». La Thora est un absolu que suivent les anges, mais également Dieu. Les Juifs considèrent que Dieu obéit donc également à la Thora pour établir ses jugements au ciel.

La Thora parfaite n'est donc pas pour les Juifs celle que l'on trouve dans les 5 premiers livres de la Bible : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. La Thora orale est à enrichir à chaque génération de sages qui étudient la Thora. Avec un glissement de raisonnement intéressant : il ne s'agit pas de redécouvrir un texte qui existerait depuis toujours auprès de Dieu. Cela deviendra la conception du sunnisme avec le Coran qui est censé exister, parfait et immuable auprès de Dieu depuis toujours et incréé. Il s'agit au contraire pour les Juifs d'élaborer un texte, une révélation toujours en devenir à laquelle Dieu, Lui-même se soumettra !
Un célèbre passage du Talmud fait parler Yahvé : « Mes enfants m'ont vaincu, mes enfants m'ont vaincu ! »


L'étude de la Thora n'est donc pas qu'un acte intellectuel, mais une nécessité pour sanctifier le monde. Le spécialiste de la Thora va être considéré dans les siècles à venir, comme supérieur aux Prophètes. En connaissant parfaitement la Thora, il devient lui-même une Thora vivante. Le Messie toujours attendu prendra la figure d'un rabbin spécialiste de la Thora. Des écoles rabbiniques croiront à tour de rôle que leur Maître est le Messie attendu.

L'enseignement oral des rabbins va peu à peu être mis pas écrit. R. Aqiba (mort en 135)
. Son travail sera poursuivi par ses successeurs, jusqu'à l'élaboration, vers 300, de la Mishnah qui signifie enseignement. La Mischnah contient Halakha, la norme légale définissant toutes les activités humaines et religieuses réparties en 6 grandes sections. Un autre recueil la complétera, nommé Tosefa (l'addition).

C'est à partir de ces deux ouvrages que les deux Talmuds, celui de Jérusalem et celui de Babylone, seront écrits jusqu'au Ve siècle.

Les Midrash sont quant à eux des textes commentant l'histoire du peuple élu sous forme d'homélies. Ils continueront à être élaborés au fil des siècles.

L'ère prophétique est bien achevée. Plus personne ne sera inspiré par Dieu pour annoncer le Messie. L'ère des rabbins, porteurs vivants de la Thora, est venue.

« Encyclopédie des religions», Tome I, p 296, Bayard éditions.

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JUDAÏSME, ENTRE PERSÉCUTION ET APOSTOLAT.

En Égypte, les Ptolémée ont permis aux Juifs de ne pas rendre de culte à pharaon.
Souvent enrichie par les métiers des armes et le don de propriété terrienne en fin de carrière, la minorité juive a prospéré. Jalousie plutôt qu’antisémitisme racial, les premières critiques lui reprochant d'être étrangère apparaissent sous Ptolémée IV Philopator, 200 ans avant JC.

Après la conquête romaine, les juifs gardent le droit de ne pas sacrifier aux dieux. Les romains ont besoin de cette élite hellénisée et l’exempte d'impôt. Cela cristallise les jalousies. À Alexandrie en 38, un notable païen, Isidôros, soulève le peuple. Les juifs sont brûlés vifs. Philon d'Alexandrie va à Rome pour défendre ses frères. Il n'est pas reçu par l'empereur Caligula et, à la mort de celui-ci en 41, les juifs d'Alexandrie se vengent en massacrant la population alexandrine. L’empereur Claude, le successeur de Caligula, fait exécuter Isidôros et écrit aux juifs d'Alexandrie : « Je vous dirai donc simplement que, si vous ne mettez pas fin à ces détestables fureurs mutuelles, je serai forcé de vous montrer de quoi est capable un prince bienveillant quand il est pris d'une juste colère. » (Claude, Lettre aux Alexandrins).

49-50 : les Juifs se rebellent à Rome et sont chassés par Claude.
En 66, nouvelle révolte des juifs d'Alexandrie
: ils sont massacrés (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs II, 490-493). La même année débute la révolte juive. Le Temple est détruit et la population juive de Jérusalem disparaît.

En 115, selon Eusèbe de Césarée (265-339), historien chrétien documenté, les juifs d’Égypte se soulèvent à nouveau, jusqu'à leur extermination totale en 117. Les ostraca d'Edfou, retrouvés en 1930, montrent la chute rapide des revenus fiscaux versés par la population juive d’Égypte en 117. Depuis la destruction du Temple, Vespasien avait converti l’impôt annuel, versé par chaque homme juif au Temple, en un impôt versé au temple de Jupiter Capitolin. La comptabilité de cet impôt permet de dénombrer la population. Les ostraca d'Edfou et ceux de la communauté juive agricole de Karanis, dans le Fayoum, prouvent que moins d'un juif sur mille a survécu en Égypte après les massacres de 117 (J. Mélèze-Modrzejewski, professeur d'histoire ancienne de l’université de Paris I).

130, Hadrien reconstruit Jérusalem sous le nom de « Ælia Capitolina ». Un temple à Jupiter remplace le Temple. Le nom de Jérusalem disparaît.
132-135, révolte de Bar Korba contre le blasphème romain et le temple de Jupiter. Il reprend la ville et réussit à restaurer pendant quelques mois les sacrifices.
La révolte échoue. Les juifs sont chassés de la Judée en 135 par Hadrien. Leur diaspora commence...

Le judaïsme s'est répandu par conversion pendant les deux premiers siècles de la conquête romaine, même au sein des élites, ce qui déplaît aux empereurs. Hadrien (117-138) fait interdire la circoncision dans tout l'empire ; elle était également pratiquée par les prêtres égyptiens. Les romains réunissaient dans la même détestation circoncision et castration (Origène, contre Celse, II, 13).

En 138, l'empereur Antonin le Pieux (138-161) permet aux juifs de circoncire leur enfant nouveau-né ; seuls les convertis sont interdits de circoncision.

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L'ÉVANGILE DE JEAN, DATATION ARCHÉOLOGIQUE.

Jean a vécu au 1er siècle.

La ville de Jérusalem qu'il décrit est rigoureusement celle où a vécu le Christ pendant ses 3 années de vie publique de 30 à 33.

Le Christ envoie l'aveugle de naissance se baigner les yeux à la piscine de Siloé (Jean 9-6-7). Flavius Josèph la nomme « fontaine de Siloé » au premier siècle. En 130, cette simple résurgence fut totalement transformée par l'empereur Hadrien qui y construisit un sanctuaire avec 4 portiques dédié aux Nymphes de Jérusalem.

De 41 à 44, Hérode Agrippa 1er modifia le tracé de l'enceinte qui engloba alors le lieu de la crucifixion (le rocher en forme de crane, dit le Golgotha), et le tombeau du Christ à 30 mètres de là. L'évangile de Jean les situe hors de la ville comme ils étaient effectivement au moment de la mort du Christ (Jean 19-20). Dès 44, cette configuration avait changée.

En 70, Jérusalem et le Temple furent détruits par les romains lors de la révolte juive. Ce qui restait de la ville a été rasé après la révolte de 130. Jérusalem a été alors reconstruite sur le plan romain qu'elle a encore de nos jours, avec un cardo principal et un cardo secondaire. Un temple à Jupiter fut construit à la place du Temple juif. Le Golgotha et le tombeau furent recouverts de plusieurs mètres de terre. Une place publique fut construit au dessus, avec un temple à Vénus. Dès 134, il ne restait plus rien de visible du rocher en forme de crâne et du tombeau à banquette où fut enterré le Christ.

Il y a quelques années, on a retrouvé les maisons sacerdotales, celles des grands prêtres exerçant pendant la vie du Christ. La preuve a été faite de leur destruction par le feu en 70.
Elles sont situées en face du Kotel, le mur dit « des lamentations ». Elles sont entourées d'un mur avec un portail qui donnent sur une cour, au delà une grande pièce de réception s'ouvre sur la cour. La maison de Hanne où a été jugé Jésus, a exactement le même plan dans l’Évangile (Jean 18-12-27).


En 325, Hélène, la mère de l'empereur Constantin alla à Jérusalem. Elle fit creuser sous le temple à Vénus et découvrit le Golgotha, et à 30 mètres de là, un tombeau creusé dans la falaise avec une banquette à droite (Marc16-5). Leur description était semblable à celle des évangiles (Jean 19-41). Ils étaient sous terre depuis 200 ans !

Elle fit construire une église, appelée le Saint Sépulcre qui recouvrait ces deux endroits saints. Elle fit découper la roche autour du tombeau pour que les pèlerins puissent en faire le tour.

En 1009, le calife Hakim, fit détruire le saint tombeau creusé dans le rocher. Il n'en reste plus rien...
Mais c'est le lieu précis de la Résurrection du Rédempteur de l'homme.

Toutes les interprétations qui essaient de démonter que l'évangile de Jean et les évangiles en général, sont des écrits tardifs datant des IIe au IVe siècles ne tiennent pas compte de la construction de l'enceinte de 40, ni de la double destruction de Jérusalem de 70 et de 130...
Comment imaginer que l'auteur de l'Évangile de Jean ait peu décrire une ville tant modifiée en 40, 70 et 130.... et cela sans commettre aucune erreur !
Jean a forcement gardé des souvenirs qui remontent à avant l'an 40, date des premières modifications de l'architecture de Jérusalem !

L'évangile de Jean le plus ancien conservé est de la fin du IIe s. : le papyrus 66, collection Bodmer de Genève.
 
LE TALMUD : LA VÉRITÉ NAÎT DU DOUTE.

Suite aux révoltes juives d’Égypte et de Terre Sainte dans l'empire romain, le centre de gravité de la communauté juive se déplace.

Au XXe siècle, Doura-Europos au sud de la Syrie est fouillée.
La synagogue de Doura-Europos date de 245.
Elle est décorée d'un décor de fresques témoignant de la richesse de la communauté juive. La pluralité des cultes s'exprime dans la ville, temple à Mithra, église chrétienne avec baptistère, temple polythéiste, synagogue.
La Syrie est à la limite de l'empire romain et sous sa domination depuis la fin du premier siècle.

C'est maintenant la communauté juive de l'empire rival de Rome qui va se développer. La Perse des Parthes a su accueillir et protéger les Juifs en tant qu'opposants de leur ennemis, les romains. La communauté juive va se développer paisiblement à Babylone et élaborer, dans de multiples écoles, le corpus impressionnant du Talmud de Babylone.

L'étude est au cœur de la pratique juive, l'étude de la Thora, mais aussi du Talmud. Il est recommandé d'étudier toujours avec un contradicteur. Le doute est nécessaire à la recherche de la vérité, car c'est de l'opposition que naît la vérité : telle est la conception du judaïsme rabbinique.
Nous avons vu que, pour le christianisme, la Vérité est le Christ. La vérité n'a donc pas de contenu défini pour les chrétiens, mais touche à la complexité du Messie, vrai homme et vrai Dieu, et à l'infini de la divinité.

Pour les juifs, la vérité n'est pas non plus définie. Elle reste toujours à découvrir, et cela doit se faire dans la confrontation et la pluralité des convictions. Le doute mène à la vérité. Il n'y a pas de monolithisme de la pensée dans le judaïsme. La recherche de la vérité est constante et sanctifie le peuple élu. De cette recherche, naît le Talmud. Puis de l'étude du Talmud, le Midrash s'élabore dans une recherche toujours recommencée.

L'empire Perse est adepte du zoroastrisme. Un million de juifs y vivent au IIe s.. Ils dépendant spirituellement de leurs frères de l'école de Palestine, mais sont riches de lettrés et de sages.

La chute des Parthes et l'avènement de la dynastie des Sassanides en 224 va les fragiliser.
Les Sassanides veulent imposer à tous le culte de Ahura Mazda et d'Anahita, la mère de Mitra, divinités du zoroastrisme.
Samuel, un grand commentateur de la Mishnah, arrive à un compromis avec le roi Shapur Ier (241-272), selon le principe que : « La loi du pays est la loi. ». Il se soumet à toute la législation sur la propriété et les impôts, mais obtient la liberté du culte. Malgré quelques massacres ponctuels, les juifs parviennent à conserver l'amitié de la dynastie régnante et à développer les travaux spirituels qui aboutissent à la rédaction du Talmud de Babylone.

Cette tolérance est relative et évolue selon les souverains :
En 474, les synagogues sont fermées et l'éducation des enfants juifs est confiées au clergé mazdéen.
Sous Kovad Ier (488-531), un prophète, Mazdak, prône la communauté des biens et des femmes. Les juifs se rebellent et luttent pendant 7 ans.
En 499, le Talmud de Babylone est clôt.

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COMMENT LES JUIFS VOIENT-ILS LE CHRISTIANISME AUX PREMIERS SIÈCLES ?

En 85, les nouvelles autorités rabbiniques de Yavné renoncent à la traduction grecque de la Bible, dite La Septante, qui confirme la foi chrétienne. Le texte hébreu d'Isaïe dit que le Messie doit naître d'une jeune fille nubile. La Septante avait traduit en grec que le Messie naîtrait d'une vierge. Isaïe 7-14 : «Voici que la jeune fille nubile [la vierge?] est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel.»
Depuis 85, les juifs restent fidèles à leur Bible en hébreu.

Le Judaïsme va produire des textes de réflexion et de synthèse de la Thora. Le Talmud de Jérusalem et celui de Babylone sont écrits.

Le Talmud (Sanhédrin 43a) parle du Christ :
« La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Yeshu. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant : il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. Ulla dit – Croyez-vous que Yeshu était de ceux dont on recherche ce qui peut être à sa décharge ? C’était un séducteur ! Et la Torah dit : tu ne l’épargneras pas et tu ne l’excuseras pas. »

Pour ce texte, Jésus pratiquait la magie, reconnaissance implicite de ses miracles. Mais, pour le Talmud, les thaumaturges d' Israël, aux premiers siècles, accomplissaient également des tours impressionnants.
Jésus est condamné à êtrelapidé. La lapidation est le symbole de son crime, selon le Deutéronome, c'est le châtiment infligé à ceux qui adorent d'autres dieux.
Le texte dit qu'il est « pendu ». Ainsi est nommée la crucifixion dans l'Ancien Testament.

Ce texte reprend donc l’histoire de Jésus, non dans un récit historique mais à travers le texte du Deutéronome 13-7-11 : « Si ton frère... cherche dans le secret à te séduire en disant : « Allons servir d’autres dieux, » parmi les dieux des peuples proches ou lointains qui vous entourent, tu ne l’écouteras pas, tu ne l’épargneras pas ... Tu le lapideras jusqu’à ce que mort s’ensuive. »

Le Talmud, en infligeant au Christ le châtiment appliqué à ceux qui incitent à adorer d'autres dieux, reconnaît implicitement que le Christ avait affirmé sa divinité.

Un autre texte rabbinique parle de Jésus qu'il nomme Jeshua ben Pentera et suggère que Jésus est le fils d'un soldat romain nommé Panthéra et de Marie.
Étymologie de « Panthéras » viendrait du mot « Vierge » en grec. Façon ironique de douter de la virginité de Marie, qui aurait conçu le Christ avec un soldat de passage. Cette légende est reprise par Celse, platonicien du IIe siècle, qui reproche aux chrétiens de s’être « donné pour Dieu un personnage qui termina une vie infâme par une mort misérable. »

Aucun de ces textes, tant juifs que romains, ne met en doute l’existence historique de Jésus. Ils confirment que le Christ a été exécuté pour s'être dit Dieu. Ils nous apprennent que les chrétiens croient en la divinité du Christ.


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LES CULTES ORIENTAUX, ISIS, CYBÈLE, MITHRA.

Ils introduisent une transcendance qui permet, mieux que le polythéisme, de répondre aux questions métaphysiques.
Ils se répandirent dans l'empire romain.

L'initiation, basée sur des rituels secrets, fait toucher aux croyants les mystères de la vie et de la mort. Elle donne l'impression d'entrer en contact avec les dieux, par le rêve ou la transe, favorisés par des drogues. Plutarque en a témoigné ( de Iside, 80).
Les souffrances physiques purifieraient l'homme. Les adeptes de Cybèle se tatouent avec des aiguilles incandescentes. Au milieu de pratiques acétiques et d’auto flagellation, ils vont jusqu'à se castrer pour s'identifier au dieu Attis, l'amant de la Grande Mère. Hadrien interdira cette pratique..
Le culte à Isis, venu d’Égypte, est très répandu avec des rituels de mort et de renaissance, de culte de la maternité et d'intercession pour la guérison en particulier des yeux. Mais le culte oriental qui a eu le plus de succès est le culte à Mithra, au point d'avoir eu autant d'adeptes que le christianisme au IIIème siècle.
Issu du zoroastrisme, il professe un équilibre entre bien et mal. Venant de Perse au premier siècle, il se répand dans l’empire romain. Des Temples à Mithra ont été retrouvés dans tout l'empire. La démarche individuelle, supposant un acte libre, a fait le succès du culte à Mithra. Sa limite est d'avoir été réservé aux hommes. Il existe sept degrés d'initiation, basés sur l'acceptation de la souffrance, dont la brûlure portée au milieu du front porte témoignage. Au second degré, l'adepte devient l' « épouse » du dieu et vit la chasteté mais sans subir la castration. Au 7ème degré, l'initié se couche au fond d'une cuve, un taureau est égorgé au dessus de lui, l'aspergeant de son sang, il devient ainsi éternel. Ainsi en témoignent de multiples inscriptions, dont celle dite de Sextus Agesilaus, qui affirme être « re-né pour l'éternité ». ((Ant. Van Dale, Dissert. de orac. ethnicorum, Amst., 1683; in-8o, p. 225.)

Ces cultes sont regroupés autour de diverses caractéristiques :
-adhésion libre et individuelle,
-prise en compte des interrogations métaphysiques, apprentissage par initiation d'une vérité cachée sur la création, la vie, la mort, l'éternité.
-salut obtenu par le respect de rituels, indépendamment du bon vouloir d'un dieu. On appelle une orthopraxie, toute religion qui base son salut sur une conduite droite et l'obéissance à des rituels. Ainsi l'empereur Julien, dit l'apostat, exprimait-il sa foi en Mithra : « Observe ses commandements, tu ménageras ainsi à ta vie une amarre et un havre assuré. Et, à l'heure où il te faudra quitter ce monde, tu auras l'heureuse espérance de ce divin guide, qui sera toute bienveillance envers toi. » (banquet des Césars.)

La miséricorde offerte par Dieu, incarné en Jésus, s'oppose à cette vision du salut obtenue par orthopraxie. Ephésiens 2-8-10 : « C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n'y a pas à en tirer orgueil. C'est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre. »

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LA GNOSE,
est une synthèse des cultes orientaux, du christianisme et de la philosophie grecque. La réalité historique du Christ ne l'intéresse. La connaissance révélée apporte le salut, sans dépendre de la grâce de Dieu
. La Gnose inspirera de nombreuses spiritualités, de l'islam jusqu'aux cathares au XIIIe siècle.

Au XXe siècle, des textes ont été retrouvés, permettant d’accéder à la pensée gnostique d'après ses propres écrits. Auparavant, seules les citations des Pères chrétiens, qui la considéraient comme une hérésie multiforme, l'avait fait connaître.
En 1947, à Khénoboskion en Égypte, 45 textes sont trouvés dans une falaise par le paysan Ali, préservés dans une jarre scellée dans la tombe d'un moine du IVe siècle, du monastère copte de Saint-Pacôme. Le livre secret de Jacques, l'Apocalypse de Paul, l'évangile de vérité de Valentin, l'évangile de Philippe, l'évangile de Thomas, et des fragments de l'évangile de Pierre, sont maintenant étudiés au musée copte du Caire.

Les « actes de Thomas » posent les interrogations fondamentales de la gnose « Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? D’où et par quoi, sommes-nous rachetés ? »
L'évangile selon Thomas illustre ce salut obtenu par la connaissance de secrets : « Voilà les paroles secrètes que Jésus le Vivant a dites et qu'a écrites Didyme Jude Thomas, et il a dit : « celui qui trouvera l'interprétation de ces paroles ne connaîtra pas la mort. » »
Le salut est obtenu par une connaissance cachée et des pratiques personnelles qui se passent de la grâce de Dieu. Là est le point de rupture doctrinal absolu avec le christianisme. Le salut repose sur le don gratuit de Dieu dans le christianisme ( Éph 2-8-10) et non dans une connaissance cachée réservée à une élite qui accède au salut par ses propres pratiques, sans dépendre d'un Dieu bienveillant.

Dieu règne sur un monde où bien et mal s'affrontent. Le dieu suprême, bon, crée le démiurge, puissance du mal, créatrice du monde. Le démiurge crée l'univers, ordonné autour de sept cieux, (pour les sept planètes visibles,) ou douze cieux (pour les douze signes du zodiaque). Dieu n'étant pas le créateur du monde, Il ne peut donc pas s'y incarner en Jésus. Jésus, Verbe de Dieu, n'a que l'illusion d'un corps, et n'a pas souffert réellement. Le Dieu créateur des chrétiens et des juifs ne correspond donc pas au dieu hors du monde de la Gnose.
Le corps, créé par le démiurge, est une prison pour l'âme porteuse de lumière divine. Le corps est méprisé, mariage et procréation sont interdits.
La résurrection de la chair promise par l’Église s'oppose à la diabolisation du corps. Pour elle, le corps peut être saint : 1Thes 4-4-5 : «Que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion comme font les païens. »

Basilide, Valentin et Marcion furent chacun les théologiens de leurs courants gnostiques et forcèrent l’Église à leur opposer les ressources de sa philosophie pour lutter contre ce qu'elle considérait comme hérétique.

L'islam y puisera la création en 7 cieux, la dualité divine ( bien /mal), la négation de la Passion du Christ et le salut par orthopraxie.

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150, CANON DE NURATORI. LES APOCRYPHES, TÉMOIGNAGES FIDÈLES OU LÉGENDES POPULAIRES ?


L'idée d'écrire un Nouveau Testament ne date pas de la vie du Christ. Pour les premiers chrétiens, la Bible est celle du peuple juif, la Bible hébraïque, ou dans sa traduction grecque la Septante. Le Christ n'a rien écrit, mais il a demandé à ses disciples de témoigner. C'est ce témoignage qui est véridique pour les chrétiens (Jean 15-26-27).

Au début, les disciples ont cru la fin des Temps proche. Le décès de la première génération de témoins a conduit à écrire les Évangiles. Les lettres des apôtres, envoyées aux communautés pour les aider à résoudre leurs problèmes, ont été reconnues pour leur inspiration divine car elles conduisaient à la pleine compréhension du Christ. Elles ont été associées aux Évangiles et aux actes des Apôtres.

Deux sources différentes nous renseignent. Le « Canon de NURATORI », établi entre 150 et 180, est la première liste connue des textes retenus. Irénée, l'évêque de Lyon, donne la même en 180. Certains Évangiles sont d’emblée dits Apocryphes par le canon de Muratori : Évangile d’André, de Thomas, de Pierre, de Pilate, Proto Évangile de Jacques, ou Évangile de Judas... C'est par eux que nous connaissons le nom des parents de Marie et des détails de la mort de Pierre. Ils n'ont pas été considérés conformes à la vérité de la Révélation, soit qu'ils aient été écrits trop tardivement pour prétendre à la fiabilité, soit qu'ils aient été en contradiction avec des textes plus anciens, soit qu'ils aient contenu des récits magiques incohérents avec la vie du Christ.

Les textes du Nouveau Testament, comme ceux de l'Ancien, ont été écrits par des hommes. Les chrétiens l'ont toujours su. Seul leur degré d'inspiration fait l'objet de controverse parmi eux. Certains les lisent littéralement, comme si chaque virgule était inspirée par Dieu. D'autres sont tentés d'y chercher une vérité spirituelle ; d'autres enfin d'en faire une lecture historique pour discerner ce qui tient d'une adaptation aux mœurs de l'antiquité de ce qui tient de la Parole de Dieu. Le Christ a eu l'originalité, l'intelligence ou, pour un chrétien, la sagesse divine de rendre son message universel. Les épîtres, elles, sont inscrites dans un lieu et une époque puisqu’elles s'adressent aux communautés naissantes. Mais elles portent en elles la sagesse des premiers chrétiens instruits par l'Esprit-Saint pour amener les croyants à la vérité et actualiser la Parole du Christ.

Vatican II l'affirme : « Les livres de l’Écriture enseignent nettement, fidèlement et sans erreur la vérité telle que Dieu, en vue de notre salut, a voulu qu'elle fût consignée dans les Saintes Écritures. » Constitution Dei Verbum de Vatican II (3, 11).
Vatican II est précis : le contenu de la Bible est sûr pour obtenir le salut... pas une thèse en histoire. Ce sont les vérités divines qui sont exactes dans la Bible.

D'autres paroles du Christ, d'autres événements de sa vie auraient pu être rapportés et avec un autre vocabulaire. Jean évoque ce choix éditorialiste à la fin de son évangile (Jean 21-25). Mais les textes choisis sont suffisants pour conduire au salut, telle est la conviction de l’Église.

Pour un chrétien, la Vérité absolue, c'est le Christ !


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LES APOCRYPHES.

Un intérêt passionnel entoure les apocryphes, comme s'ils pouvaient nous renseigner sur le vrai Jésus que l'Église dissimulerait.
Ils n'ont été écrits qu’à partir de la moitié du IIe siècle. Leur datation repose sur l’analyse de leur contenu et par la date des copies retrouvées. Mais ces copies peuvent avoir été réalisées plusieurs siècles après l’écriture des originaux.

Le plus ancien texte apocryphe chrétien parvenu jusqu'à nous date de la fin du second siècle.
Il s’agit du papyrus Egerton 2, gardé au British Museum. En comparaison, l'extrait le plus ancien de l’Évangile de Marc, retrouvé à Qumrân, date d'avant 68 et celui de l’Évangile de Jean a été écrit entre 110 et 120 (manuscrit P52 de la John Rylands University Library de Manchester).

Pour rendre un écrit tardif crédible, il était d'usage de l'attribuer à un Apôtre.
L'analyse de l' Évangile apocryphe de Pierre le date de 140 et le situe en Syrie. Le séjour de Pierre à Rome y est raconté, ainsi que ses miracles et sa mort, crucifié la tête en bas. L'auteur ne peut pas être Pierre, juif galiléen devenu chef de l’Église. En effet, il déteste les juifs et ignore leurs traditions. De plus, Pierre était mort depuis 80 ans quand il a été écrit. Ce texte minore les souffrances du Christ et insiste sur sa divinité plus que sur son humanité. Un exemplaire du IVe siècle a été retrouvé dans la tombe d'un moine en 1886. Mais dès 190, l’Évêque d'Antioche, Sérapion, le dénonça comme hérétique.

Les Apocryphes ont été rejetés dès le IIe siècle car ils n'étaient pas conformes à la doctrine chrétienne.
En les analysant, nous verrons l’émergence de multiples croyances, toutes en contradiction avec le christianisme, mais qui nourriront des mouvement spirituels et reprendront des préjugés humains.

La misogynie en est l'exemple le plus frappant.
L 'évangile de Thomas :118 : « Simon Pierre leur dit : « Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas dignes de la vie ! » Jésus dit : « Voici ; moi, je l'attirerai pour que je la rende mâle afin qu'elle aussi devienne un esprit vivant pareil à vous, les mâles ! Car toute femme qui sera faite mâle entrera dans le Royaume des cieux. »
Dans L'évangile de Philippe, les femmes sont des êtres inférieurs et doivent également devenir homme pour accéder au salut.

Le Christ a toujours manifesté un parfait respect des femmes, au point d'en faire les témoins de toutes les étapes de sa vie. La misogynie des Apocryphes prouve leur inspiration humaine. C'est exact, la force physique des femmes est inférieure à celle des hommes. Mais, il est erroné d'y voir la preuve de leur infériorité globale. Car si l'homme est plus fort, la femme, elle, enfante. Là où la science a remplacé la force par la machine, la médecine moderne n'a pu se substituer à l'utérus. Cette misogynie est d'autant plus erronée que ce qui distingue l'homme de l'animal est l'intelligence dominant la force et la faculté d'avoir des interrogations métaphysiques.

Le Christ a tiré l'humanité pécheresse vers la transcendance divine, les apocryphes la ramènent à son animalité : le culte de la force avec son corollaire, la misogynie.
L'islam, en proclamant infériorité des femmes (Sourate 2-228, Sourate 2-282), s'inscrit dans cette lignée.



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INFLUENCE DES APOCRYPHES JUIFS SUR L'ISLAM À VENIR.

Le judaïsme possède également ses Apocryphes, écrits juifs présentant une doctrine déviante.

Le « Livre des Jubilés »
est un écrit daté entre 130 et 100 avant JC. C’est un apocryphe juif dont douze fragments ont été retrouvés à Qumrân. Sa rédaction se situe en même temps que celle du livre des Chroniques qui est intégré à la Bible et témoigne des discussions et oppositions qui ont présidées à leurs rédactions. L'orthodoxie juive des Chroniques s'oppose au « Livre des Jubilés » dans lequel le Coran va puiser.

Le calendrier.
Le « Livre des Jubilés » décrit longuement le calendrier et opte pour une année solaire de 364 jours. Cette erreur le discréditera.

Le Coran décidera de ne pas suivre le calendrier solaire, mais optera pour le calendrier lunaire. Sur ce point, on ne peut pas dire s'il y a eu une influence nette des « Jubilés » sur le Coran. Le « Livre des Jubilés » se trompe sur la durée de l’année solaire. Le Coran ignore que ce qui rythme le retour régulier des saisons est le temps qu'il faut à la terre pour faire le tour du soleil. Le Coran choisit donc un calendrier lunaire impropre à tout usage humain, tant agricole qu’économique ou industriel, et opte pour le calendrier lunaire, à usage strictement liturgique.

Mais d'autres articles essentiels de la foi musulmane sont directement puisés dans le « Livre des Jubilés » :
La Loi, élaboration humaine, ou texte éternel ?
Dans le livre des Jubilés, la Loi transcende le temps.
Le Livre des Jubilés présente comme indispensable la séparation du peuple juif des non-Juifs impurs. Les juifs hellénisés du IIe s. avant JC étaient prêts à concevoir que la Loi devait être adaptée aux mœurs grecques pour favoriser leur intégration. Les « Jubilés » ont introduit la notion de Loi incréée, gardée par les anges auprès de Dieu et révélée à l'humanité à partir des Patriarches. Cela contredit la position rabbinique, le judaïsme officiel, qui veut que la Loi soit élaborée au fil des siècles pour guider le peuple élu.
La position du « livre des Jubilés », daté du II s. avant JC, est reprise par les musulmans dans leur façon de considérer le Coran, texte incréé existant auprès d'Allah depuis toujours, et la charia, Loi éternelle d'Allah.

Y-a-t-il une langue sacrée parlée au Paradis ?
Les Juifs hellénisés avaient éprouvé le besoin de traduire la Bible hébraïque en grec au deuxième siècle avant JC pour avoir accès au texte sacré dans une langue qu'ils comprenaient. Le judaïsme avant JC avait estimé que la langue d’expression importait peu, pourvu que le sens soit compris. Les Jubilés, en opposition, avait introduit la notion nouvelle de langue sacrée parlée au Paradis. Avec l' émergence du Christianisme, les juifs sont revenus à la version hébraïque de la Bible. La conception virginale du Christ, proclamée par les chrétiens et reconnue par les musulmans, fera regretter aux Juifs l'usage du grec qui avait renforcé la prophétie d' Isaïe 7-14. Depuis, ils sont restés à la version hébraïque de la Bible.

Les musulmans ont conservé cette notion de langue éternelle, divine, parlée au paradis : c'est pour eux l'arabe.

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INFLUENCE DU MIDRASH JUIF SUR L'ISLAM À VENIR.

David Siderski, en 1930 dans « Origines des légendes musulmanes dans le Coran », a retrouvé ces origines dans le Midrash. Écrits entre le premier et le Ve siècle, les Midrasch compilent des commentaires de la Thora et de la jurisprudence.

La vie mythique des Patriarches.
Le Midrasch « Abraham, les idoles de Menrod », par R. Hiyya petit-fils de R.Ada de Yaffo, raconte comment Abraham détruisit les idoles vendues par son père.
Dans le Coran, l'anecdote est reprise : Abraham détruit les idoles de la Mecque… ( Sourate 14-35 S. 37-92-95, S. 21-51-59)
Également le « Livre des Jubilés » inspire le Coran. Il raconte les origines du monde en reprenant la trame de la Genèse, mais en brodant sur la vie des Patriarches. Ainsi, il invente les reproches d’Abraham à son père Tharé resté polythéiste. Plus tard, on retrouve ces reproches dans le Coran. Sourate 43-26-27 : « Et quand Abraham dit à son père ; « Oui, je désavoue tout ce que vous adorez, mais pas Celui qui m'a créé. » ».

Agar, la mère d'Ismaël.
Agar n'est jamais citée dans le Coran.
La découverte par Agar du puits de Zemzem, trouvé après avoir tourné sept fois entre Safa et Marwa, est mythique et postérieure au Coran. Il s'agit d'une légende abbasside du VIIIe ou du IXe s.. L'origine de cette légende abbasside se trouve dans des récits haggadiques et midrashiques (« les Origines des légendes musulmanes dans le Coran et dans les vies des prophètes », Paris, 1933, p. 50-51, D. Sidersky). L'histoire d'Agar est en fait dans la Genèse 21-14. Agar se perd dans le désert Bersabée, 1000 km au nord de la Mecque. Dieu lui montre un puits, sans qu'elle ait besoin de courir en rond.

Moïse.
Sourate 18-60-82
: « la caverne » (al-kahf).
Alors qu’il cherche à atteindre l’extrémité du monde, Moïse est confronté à un serviteur de Dieu, identifié par la Tradition musulmane au personnage le « verdoyant » (khidr ou khadir), avatar du dieu oriental du printemps (Tammûz).
C’est une légende d’origine Haggadique, reprise dans le récit du rabbi Josué ben Lévi au IIIe s. (« Les origines des légendes musulmanes » p 92 de Sidersky).

La démonologie.
Le refus de Satan de se prosterner devant Dieu
est un récit que l'on trouve dans l'Apocryphe syrien nommé le « Trésor » attribué à Barhadh Bechabba Arbaya. On le retrouve dans le Coran. S. 20-116 : « Et quand Nous dîmes aux Anges ; « Prosternez-vous devant Adam » ; Ils se prosternèrent alors, sauf Satan, qui refusa.»
Le « Livre des Jubilés » raconte la lapidation de Satan. Elle sera suggérée dans le Coran (Sourate 67-5) et reprise dans le rite de la lapidation du pèlerinage à la Mecque.

Mahomet et la Tradition musulmane se sont donc largement inspirés des écrits juifs extra bibliques tardifs pour enrichir leurs connaissances des patriarches, des prophètes et des anges.

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LES APOCRYPHES INSPIRATEURS DE MAHOMET ? LA VIE DE MARIE.

Le Coran donne des détails sur Marie qui n'existent pas dans les Évangiles, mais dans plusieurs Apocryphes du IIe au IVe s..

La conception sainte de Marie :
Le Proto-évangile de Jacques raconte l'enfance de Marie. Il est connu par le papyrus « Bodmer 5 » daté de l'an 200. Son auteur est d'origine païenne car il méconnaît les traditions juives. On y trouve la notion de sa consécration dès la naissance. Chapitre IV-1: « Et voici qu'un ange du Seigneur parut, disant : « Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l'on parlera de ta postérité dans la terre entière. » Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. »
Cette consécration est reprise Sourate 3-35-36 : « Quand la femme d'Imran dit : « Seigneur, je T'ai voué en toute exclusivité ce qui est dans mon ventre. Accepte-le donc, de moi. C'est Toi certes l'Audient et l'Omniscient ». Puis, lorsqu'elle en eut accouché, elle dit : « Seigneur, voilà que j'ai accouché d'une fille » ; or Allah savait mieux ce dont elle avait accouché ! Le garçon n'est pas comme la fille. « Je l'ai nommée Marie et je la place, ainsi que sa descendance, sous Ta protection contre le Diable, le banni ».

Marie est nourrie miraculeusement au Temple :
L'enfance consacrée de Marie au Temple est décrite dans le Proto-évangile de Jacques chapitre VII, 2. C'est suite à cet écrit que la Présentation de la Vierge au Temple est fêtée le 21 novembre chez les catholiques.
Aux chapitres VIII et XIII est raconté comment Marie trouvait chaque jour de la nourriture près d'elle. Le pseudo évangile de Mathieu, forme retravaillée du Proto évangile de Jacques au IVe siècle, chapitre VI raconte : « Marie ne cessait de prier jusqu'au moment où l'ange du Seigneur lui apparaissait ; elle recevait sa nourriture de sa main. »
La S. 3-37 reprend : « [Le Seigneur] en confia la garde à Zacharie. Chaque fois que celui-ci entrait auprès d'elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d'elle de la nourriture. Il dit : « Ô Marie, d'où te vient cette nourriture ? » - Elle dit : « Cela me vient d'Allah ». Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter. »

Le protecteur de Marie est tiré au sort :
Le Pseudo évangile de Matthieu Chapitre VIII et IX et l'Évangile arabe de l'enfance raconte :
Pseudo évangile de Matthieu, chapitre 8 : « « Cependant, arrivées à l'âge légal, [les jeunes filles] ont obtenu des hommes en mariage... Seule Marie a trouvé une nouvelle manière d'agir, celle de vivre à l'écart des autres, car elle a fait à Dieu le vœu de rester vierge. Il me semble donc que nous devons chercher à connaître, par notre questionnement et par la réponse de Dieu, à qui elle doit être donnée à garder. »
Toute la synagogue acquiesça à ces paroles, et les prêtres tirèrent au sort entre les douze tribus, et le sort tomba sur la tribu de Juda.
»
Le Coran reprendra cette version du tirage au sort de Joseph, S. 3-44.

On le voit, le Coran puise largement son inspiration dans les textes apocryphes chrétiens du II au IVe s. pour raconter la vie de Marie.

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DES APOCRYPHES INSPIRATEURS DE MAHOMET ? L'ENFANCE DE JÉSUS.

L’Annonciation par un jeune homme inconnu. Marie n'est pas consultée.

Le Pseudo évangile de Mathieu, IX : « Il se présenta à elle un jeune homme dont la beauté ne pouvait être contée. Le voyant, Marie fut prise d'effroi et tressaillit. Et il lui dit: « Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras un roi qui gouverne non seulement sur terre, mais aussi dans les cieux, et qui régnera dans les siècles des siècles. »
Dans La Sourate 19, le Coran ne parle pas de l'ange Gabriel :
S. 19-16-22 : « Nous lui envoyâmes Notre Esprit, qui se présenta à elle sous la forme d'un homme parfait. Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m'approche point].» Il dit : « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils pur ». Elle dit : « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m'a touchée, et je ne suis pas prostituée? » Il dit : « Ainsi sera-t-il ! Cela M'est facile, a dit ton Seigneur!... C'est une affaire déjà décidée ». Elle devient donc enceinte. »
À noter que, ni dans l'Apocryphe, ni dans le Coran, l'envoyé de Dieu ne demande son avis à Marie*; elle semble même craindre qu'il n'abuse d'elle. Dans les Évangiles, l'ange quitte Marie après avoir obtenu son accord.

La Vierge se nourrit de dattes.

L'anecdote provient du Pseudo évangile de Matt., XX : « Alors le petit enfant Jésus dit au palmier : « Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes fruits ! » Et obéissant à ces mots, le palmier inclina aussitôt sa cime pour qu'on y cueillît des fruits... Alors, Jésus lui dit : « Ouvre de tes racines la source cachée au fond de la terre et que des eaux en jaillissent pour notre soif ! » Aussitôt le palmier se redressa, et d'entre ses racines se mirent à jaillir des sources d'eaux très limpides, très fraîches et très douces. »

Sourate 19-23-25 : « Elle dit : « Malheur à moi! Que je fusse morte avant cet instant ! » Alors, il l'appela d'au-dessous d'elle, [lui disant :] « Ne t'afflige pas. Ton Seigneur a placé à tes pieds une source. Secoue vers toi le tronc du palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange donc et bois et que ton œil se réjouisse ! »

Jésus parle au berceau :
S. 19-27-30 : « Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent : « Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse ! »... Elle fit alors un signe vers lui [le bébé]. Ils dirent : « Comment parlerions-nous à un bébé au berceau? » Mais [le bébé] dit : « Je suis vraiment le serviteur d'Allah. Il m'a donné le Livre et m'a désigné Prophète. »
L'évangile du pseudo Thomas, XVIII ou l'Évangile arabe de l'enfance, chap. I raconte comment Jésus parle au berceau.

Dans les Évangiles, le Christ, vrai homme, naît comme un enfant ordinaire. Avant le début de sa vie publique, il n'a accompli aucun miracle. Pour les chrétiens, Dieu est venu réellement partager leur pauvreté humaine. Le sens profond de l'Incarnation dans le Coran est donc radicalement différent de celui des Évangiles.

Dans le Coran, les détails sur l'Incarnation sont donc inspirés des Apocryphes et non des Évangiles.


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APOCRYPHES INSPIRATEURS DE MAHOMET ? LES MIRACLES : TOUTE PUISSANCE DOMINATRICE OU AMOUR HUMBLE DE DIEU ?

Selon des Apocryphes, Jésus aurait fait des miracles dès son enfance. Avec une particularité : ils ne sont pas orientés vers l'amour.
L' Évangile du « Pseudo-Thomas », montre un enfant Jésus arrogant qui humilie son maître Zachée et tue un camarade qui l'a bousculé.
C'est dans cet évangile de Thomas que l'on voit Jésus modeler des oiseaux : II.2-II.4 : « Ayant pris de la terre glaise, il pétrit douze petits moineaux. C'était un jour de sabbat. Un Juif, voyant à quoi s'occupait Jésus ce jour-là, s'empressa de tout rapporter à Joseph son père. « Dis, ton fils est près de la rivière ; il a pris de l'argile et il a façonné douze moineaux. Il se moque du sabbat ! » Joseph se rendit sur les lieux. Dès qu'il aperçut son fils, il le gronda : « Pourquoi te livres-tu à des activités interdites le jour du sabbat ? » Mais Jésus frappa dans ses mains et cria aux moineaux « Partez ! » Les oisillons déployèrent leurs ailes et s'envolèrent en pépiant. »

L’Évangile Arabe de l'enfance reprend chap 36-2 : « Et Jésus avait fait des figurines représentant des oiseaux et des petits moineaux. Il leur ordonna de voler, elles volèrent. »

Le Coran s'est inspiré de cette anecdote S. 3-49 : « Si je viens à vous, c’est avec un signe de la part de votre Seigneur. Oui, pour vous je pétris de glaise une figure d’oiseau, puis je souffle dedans : et par la permission de Dieu, c’est un oiseau. »

Les miracles faits par le Christ dans les Évangiles ont des caractéristiques différentes. Ils ne sont jamais inutiles. Ainsi, aucune trace d'oiseaux en glaise qui s'envolent dans l'Évangile. Les miracles du Christ ne servent jamais à impressionner. Ils sont ordonnés à la charité et rendent un service immédiat à leurs bénéficiaires. Ils sont accomplis à la demande du malade et restent discrets. Le Christ renvoie les miraculés à l'Ancienne Alliance et leur demande de ne pas le suivre, même s'il n'est pas toujours obéi. Les miraculés disparaissent des Évangiles sitôt guéris. Aucun n'est martyrisé pour lui. Le martyr est la grâce d'un homme libre, et non le prix à payer pour quelques années de bonne santé. Le don de Dieu est gratuit.

Cela est une caractéristique essentielle du Christ des Évangiles. Les quatre Évangiles, écrits au 1er siècle, présentent le même Jésus, tout puissant, mais n’exerçant jamais sa puissance miraculeuse à son propre avantage. Toute son action est amour.

La vision des apocryphes, écrits des IIe au IVe siècles, n’est pas conforme à la conception du Dieu des chrétiens. Ils sont marqués de l’humanité de leurs auteurs. Les apocryphes ne parviennent pas à comprendre comment on peut être dépositaire d'une telle puissance sans être tenté de l'exercer à son profit personnel.

Le Christ n'a pas exercé son pouvoir à son profit, car il est plus qu'un homme.
À sa suite, les chrétiens qui accompliront des miracles de guérison, le feront au nom du Christ, Maître de la puissance divine. Ils resteront conscients de leur impuissance personnelle et exprimeront la compassion de Dieu (Ac 9-34).

Une fois de plus, le Coran puise son inspiration dans les Apocryphes et ignore le sens profond de l'humanité et de la divinité du Christ.

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DES APOCRYPHES INSPIRATEURS DE MAHOMET ? LA MORT DE JÉSUS.

Dieu ne peut mourir en Croix ! Voilà la conviction d' hérésies apparues dès la fin du 1er siècle, plusieurs années après la rédaction des Évangiles.


Si le Christ est Dieu, il n’est pas mort en Croix !
En 140, l' Évangile apocryphe de Pierre est écrit en Syrie. Ce texte minore les souffrances du Christ et insiste sur sa divinité. Il a été retrouvé dans la tombe d'un moine en 1886. Dès 190, l’Évêque d'Antioche, Sérapion, le dénonça comme hérétique : elle nourrira le docétisme qui considère comme impossible la mort sur la croix de Jésus.
Les docètes croient que Jésus est Dieu et ils pensent donc que sa mort en Croix n'est qu'une apparence.
Le docétisme est à l'origine des courants gnostiques qui nient tous la mort du Christ en Croix. Ils inventeront sa substitution par un sosie. Au IIe siècle, le gnostique Basilide écrit « Le Christ ne souffrit pas lui-même la Passion, mais un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c'est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié après avoir été métamorphosé par lui pour qu'on le prît pour Jésus...»
Au Ve siècle, le docétisme nourrit le monophysisme qui s'installe au Moyen-Orient et en Égypte. Le monophysisme met la divinité du Christ au dessus de son humanité qui n'est qu'une apparence. Les Coptes d’Égypte sont toujours monophysites. Ils croient donc que le Christ n'a qu'une nature, divine, qui a absorbé son humanité. Cette croyance a été condamné par l’Église en 451 au Concile de Chalcédoine.


Demeure la confusion des textes gnostiques !
L'Évangile de Philippe, retrouvé en 1945 à Nag Hammadi, dit « ceux qui disent que le Seigneur est mort d'abord et qu'il est ressuscité se trompent, car il est ressuscité d'abord et il est mort. Si quelqu'un n'acquiert pas la résurrection d'abord, il ne mourra pas.»

Le Coran hésite sur la mort du Christ. Comme le raconte l’Évangile de Philippe, il aurait été élevé à Dieu sans passer par la mort !
Sourate 3-55 : « Lorsque Dieu dit: « O Jésus, voici que Je vais t’achever et t’élever vers Moi, et te purifier de ceux qui ont mécru, et mettre jusqu’au jour de la Résurrection, ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui mécroient. »

La Sourate 4-156-157 fait la synthèse de toutes ces déviances du christianisme : substitution par un sosie et élévation au ciel sans passer par la mort : « Ils disent [les juifs] : « C’est bien nous qui avons tué le Messie, Jésus fils de Marie, le messager d’Allah ! » Or ils ne l’ont pas tué ! Ils ne l’ont pas crucifié non plus ! Il leur a semblé que c’était lui ! Ceux qui disputent à son sujet sont dans le doute. Ils ne font que supputer faussement à son sujet. Ils ne savent pas ce qui s’est réellement passé ; en réalité, ils ne l’ont pas tué. C’est Allah qui l’a élevé [au ciel] auprès de lui. Allah est puissant et sage. »

Le prophète de l'islam Jésus/Aïssa n'est pas le personnage historique qui est né en -7 de Marie. Le prophète Aïssa de l'islam est un homme à la vie devenue mythique à travers la relecture d' Apocryphes tardifs, écrits par des auteurs dont aucun n'a connu le Jésus historique.

Le Christ a dit en Luc 11-23 : « Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe. »


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PREMIÈRE OCCURRENCE HISTORIQUE DE LA MECQUE.

Claude Ptolémée (100-170), géographe astronome d’Alexandrie, a dressé des cartes du monde connu dans la Syntaxe mathématique, traduite en arabe sous le nom, d'Almageste.
Il a dressé, entre autres, vers 150, une carte de l’Arabie : la Mecque est identifiée par le nom de « Macoraba », c'est une petite étape caravanière.
C'est la première fois que la Mecque est citée par écrit.

Depuis quelques années, l'Arabie Saoudite s'ouvre aux premières explorations archéologiques.


L’Arabie Saoudite possède des vestiges d'habitats qui remontent à 9000 ans. La civilisation dite « al-Maqar » a été découverte en plein cœur de l'Arabie. Elle avait apprivoisé les chevaux, pratiquait le tissage et cultivait des céréales, témoignant de son passage très précoce au néolithique.

Près de l'oasis d'Azraq en Jordanie, des hommes ont aligné des pierres en cercles de 25 à 70 m de diamètre qui datent de - 9000 à - 2000 ans. Des structures identiques existent en l'Irak. On ignore leur usage réel, elles ne peuvent être vues que du ciel.

Dans la région d'Al-jouf, 54 grappes de pierres levées ont été découvertes, datées elles aussi de -9000. Ce pourraient être des repères sur la route caravanière qui allait du Yémen en Mésopotamie.

Les routes caravanières qui ont sillonné l'Arabie sont connues. Hégra, au nord de l'Arabie Saoudite était une étape nabatéenne majeure. On a trouvé en 2010, dans les environ d' Hégra, à Madain Saleh, une inscription portant le cartouche en hiéroglyphe de Ramsès III, daté de 1160 avant JC.
Un axe caravanier part d' Hégra, passe par Dûmat el-Jandal au nord de l'Arabie, puis, plus à l'est, termine à Babylone.
Une autre voie part de Pétra, en Jordanie, pour aller vers le sud rejoindre Hégra, puis Yathrib, la future Médine, jusqu'à Najrân, tout au sud de la péninsule arabique. Cette route laisse Macoraba, ignorée, à trois jours de marche à l'ouest de cet axe. Les vestiges architecturaux de Petra, Hégra, Babylone disent assez la richesse de ces villes aux premiers siècles de notre ère. Yathrib (Médine) possède sans doute dans son sol des traces de sa richesse antique.

Quant à Macoraba, sa seule trace antique est sur la carte de Claude Ptolémée. Aucun des vestiges décrits plus haut n'a été découvert à proximité de la Mecque. Le Coran fait remonter la Kabba à sa fondation par Abraham, il y a 4000 ans, dans une oasis déjà peuplée. Rien pour l'instant ne vient confirmer l'existence de la Mecque avant le IIe siècle après JC.

Peut-être, un jour, les archéologues pourront-ils fouiller la Mecque, apportant la preuve de son origine ?
Pour les musulmans, la vérité est le Coran. On peut comprendre qu'ils n'entreprennent pas de fouilles qui pourraient mettre à mal ses affirmations.
Abraham prie Sourate 14-37 : « Notre Seigneur, j’ai installé ma descendance dans un val sans culture, près de Ta demeure bien protégée [la Ka’ba] pour qu’ils accomplissent la prière. Fais que le cœur des hommes des tribus locales ait de l’inclinaison pour eux et veuille bien pourvoir à les nourrir des fruits de la terre. »


Archéologia, n° 495, janvier 2012, p 49. UMR 8167.
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LE MANICHÉISME.

Au XXe siècle, on a retrouvé des textes fondateurs du Manichéisme, datés du Ve au XIe siècle, en Asie centrale et en Haute-Égypte.

Son fondateur, Mani (216-274),
a vécu en Perse au IIIe siècle. Il est éduqué par les Baptistes judéo-chrétiens de Babylone. Ce groupe, disparu de nos jours, pratiquait toujours le baptême dans l'eau de Jean le Baptiste. À 12 ans, apparaît à Mani un Double mystique, un Jumeau, Ange du Royaume de Lumière qui lui apporte la Révélation. Il le conduit à partir pour le nord de l'Inde où il étudie pendant deux ans la parole de Bouddha dans le Traité de la Grande Vertu de Sagesse, de Nâgârjuna. Son culte de la Lumière se concrétise dans la pratique de la peinture. Il est à l’origine de l’art de la miniature en Perse. Mais, dans les 10 commandements du manichéisme repose l’interdit absolu de représenter Dieu.

Son origine persane lui permet de puiser dans la religion de Zarathoustra. Le zoroastrisme est fondé sur la dualité bien /mal. Le monde de Mani sera également séparé entre deux entités. Le Bien est le domaine de Dieu, de l’âme humaine et de la lumière. Le Mal est le domaine des ténèbres, de Satan et du corps avec ses pulsions.

Sa vision de la création repose sur un mythe primordial
:
À l’origine des temps, bien et mal sont totalement séparés.
Puis survient un cataclysme, les ténèbres se mêlent à la lumière et la création de l’homme en résulte. L’âme humaine appartient au monde de la lumière et le corps humain au monde des ténèbres.
L’homme doit s’affranchir de ses pulsions pour obtenir, qu’après sa mort, son âme se fonde dans la Lumière divine. Hors de cette rédemption qui ne s’accomplit que dans une ascèse absolue, l’homme est condamné à être réincarné jusqu’à ce qu’il soit parvenu au détachement parfait et finalement fondu, après sa mort, dans le Tout divin.
Là est l’aspect emprunté au bouddhisme.


Mani se considère comme le dernier envoyé (rasul) d'une chaîne d'envoyés débutée à Adam, suivi de Seth, Enosh, Sem, Hénoch et Paul. Ces premiers transmetteurs auraient consigné la vérité dans des écrits gardés en dépôt pour le moment de la venue de Mani.
Mani est également le dernier des Prophètes envoyés à l'humanité. C'est en lui que les prophètes antérieurs, Bouddha, Jésus et Zoroastre trouvent leur accomplissement. Il est nécessaire pour lui d'écrire dans une langue claire la révélation reçue pour empêcher ses adeptes de trahir sa révélation par une mise par écrit ultérieure. Zoroastre, Bouddha et Jésus ont laissé le soin de la mise par écrit à leurs disciples, Mani prouve son authenticité en écrivant lui-même. Cette vision de l'écrit qui empêcherait les modifications est tout a fait théorique puisqu'au fil des siècles la biographie de Mani va s'enrichir par une vision de plus en plus mythologique de ses actions.

Al-Bîrûnî (973-1048), le savant musulman, aura en sa possession l'écrit de Mani détaillant sa doctrine : le Kephalaia. Il nous raconte comment Mani s’est proclamé lui même le Sceau des prophètes, le « Père » des croyants et le Paraclet annoncé par Jésus.

« Encyclopédie des religions », Tome I, p 225-230, Michel Tardieu.

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EXPANSION DU MANICHÉISME.

La propagation du manichéisme se fera par l'écrit, ce qui le fera connaître par ses propres sources :

-Le codex manichéen de Cologne est en Grec, il raconte la vie de Mani. Chaque chapitre commence par le nom du disciple qui se porte garant du contenu de la transmission.
-Découverts au XXe siècle, des écrits d’Asie centrale, de Haute-Égypte et de Chine nous parlent des communautés manichéennes de langues turque, chinoise, copte et iranienne qui survécurent jusqu’au XIe siècle.
-Des livres d’hymnes, de paraboles, des formulaires pour la confession des péchés, des homélies, des tables calendaires nous sont parvenus.
-Écrits en copte, les entretiens de Mani avec ses disciples,(Kephalaia), datés du Ve siècle, nous renseignent sur les enseignements de Mani.
Au Xe s., Al-Bîrûnî, savant musulman, lut le Kephalaia, l’Évangile vivant de Mani, composé en suivant les vingt-deux lettres de l’alphabet araméen, et en donna le compte-rendu.

Les adeptes du Manichéisme se divisent entre plusieurs classes :

-La classe des élus renoncent complètement à leurs biens ; ils vivent dans une chasteté absolue, sont végétariens et jeûnent fréquemment. Ils recopient et interprètent l'enseignement de Mani. Ils se confessent publiquement chaque semaine. Lors de la fête de Mani, chaque année en juillet, une confession générale est faite, précédée de 26 jours de jeûne.

-Les autres croyants se nomment « les auditeurs ».
Ils servent les élus. Saint Augustin les connaît bien, puisqu'il fut manichéen avant de se convertir au christianisme. Il note dans ses Confessions, IV, 1,1 : « A ceux qu'on appelait les élus et les saints, nous apportions des aliments avec lesquels, dans l'office de leur panse, ils devaient nous fabriquer dans anges et des dieux pour nous libérer. »
Les auditeurs peuvent se marier mais il leur est recommandé de ne pas avoir d’enfants. Ils sont obligés de se confesser chaque semaine après un jeûne et sont en particulier soumis au jeune annuel de 26 jours. Ils pratiquent l’aumône et les quatre prières quotidiennes. Ils accèdent au salut en servant les élus et en méditant les écrits de Mani.

Protégé par l’empereur perse Shapur Ier, Mani peut prêcher. Sa religion se répand rapidement. Vers l’est, suivant la route de la soie, sa prédication touche la Mongolie. L’empereur mongol, Bögü, se convertit en 762 et impose à la dynastie chinoise Tang de respecter les marchands manichéens. Le manichéisme survivra jusqu’au XXe s. dans certaines régions côtières de Chine. Mani y est nommé le « bouddha de lumière ».

Vers l’ouest, le manichéisme touche l’empire romain. Ses adeptes se heurtent à la persécution romaine en 297, puisqu’ils s’opposent au culte rendu à l’empereur. L’édit de Milan 314/316, qui met fin aux persécutions contre les chrétiens, autorise également le manichéisme. Il se répandra dans tout le Maghreb. Religion à vocation universelle, il aura un succès indéniable, porté par son pacifisme et le sens du sacrifice de ses élus qui portent la Bonne Nouvelle de Mani. En occident, il disparaîtra vers le Xe siècle, suite à la conquête arabe.
Mani sera finalement martyrisé par un successeur de Shapur dans une agonie qui dura 26 jours.

« Encyclopédie des religions », Tome I, p 225-230, Michel Tardieu.

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RELATION DU MANICHÉISME AU CHRISTIANISME.

Les théologiens chrétiens ont repéré très tôt les divergences doctrinales entre le manichéisme et le christianisme.

-Dans le manichéisme, la dualité du Bien et du Mal est incarnée par deux puissances divines rivales.

À la fin de sa jeunesse manichéenne, Saint Augustin est déçu par les Élus et par leur incapacité à répondre à ses questions. Dans ses Confessions (livre VII chapitre 3), il conteste leur vision de Dieu qui s'oppose à sa vision devenue chrétienne. Il explique que Dieu est parfait et au-dessus de tout, immuable, Il ne peut donc entrer en conflit à égalité avec le Diable, nommé Satan ou Baal chez les manichéens. Pour Augustin, le manichéisme est une forme de polythéisme, puisque Dieu, incarnant le Bien est pour eux, en équilibre avec Satan représentant le mal.

La lutte du Bien contre le Mal existe dans le christianisme. Mais le manichéisme lui donne une autre signification.
Quand le Christ dit : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dilapide. » ( Luc 11-23, il vise le comportement moral des hommes qui est perfectible. Pour le Christ, la limite entre le Bien et le Mal passe au cœur de chaque homme, elle ne sépare pas les hommes en bons et mauvais. Tous peuvent accéder au salut. Et c'est dans leur plénitude, corps, âme, intelligence que les hommes sont sauvés.

-Le rejet du corps, comme réceptacle des œuvres sataniques, est incompatible avec la doctrine chrétienne. « Votre corps est un Temple du Saint Esprit » (1Co-19).
Ni mariage ni nourritures ne peuvent être interdits aux hommes. 1 Timothée 4-2 : « Séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience, ces gens-là interdisent le mariage et l’usage d'aliments que Dieu a créés pour être pris avec action de grâces par les croyants. »
Chacun doit combattre ses mauvais penchants, mais le corps n'est pas le domaine du diable : Romains 6-13-14 : « Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché ; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous : vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce. »
De plus, le corps, nommé corps spirituel par Paul, est appelé à la Résurrection (1Co 5-44) à la suite du Christ ressuscité dans son Corps glorieux. Son domaine est donc celui de Dieu.


La place du Christ.
Pour Mani, le Christ est l’incarnation de Dieu. Jésus sert de lien entre l’humanité et la divinité. Mais il reprend la croyance du docétisme : le Christ n'est qu'une apparence, il n'a pas de vrai corps. Pour lui, la souffrance du Christ lors de la Passion n’est qu’une illusion. Ce dernier élément puisé dans le docétisme et le gnosticisme se retrouvera dans l’islam encore à venir.


« Encyclopédie des religions », Tome I, p 225-230, Michel Tardieu.
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INFLUENCE DU MANICHÉISME SUR L'ISLAM.

Les cinq obligations du manichéisme sont parvenues jusqu'à nous dans un texte en vieux turc du Xe siècle.
Ces cinq obligations établies au IIIe siècle par Mani ne peuvent qu'évoquer les cinq piliers de l'Islam :
Trois sont identiques :

-la prière pluriquotidienne,
-l’aumône,
-le jeûne d'un mois tous les ans.
Deux ont des fonctions équivalentes :
-Le résumé de la foi, donné par les 10 commandements manichéens auxquels répond la profession de foi du musulman.
-le pardon des péchés, obtenu par la confession pour le manichéen et le pèlerinage à la Mecque pour le musulman.

Les contenus dogmatiques du manichéisme et de l'islam sont proches : interdiction de représenter Dieu et origine divine du Bien et du Mal. Dans l'islam, Dieu crée le Bien et le Mal. Dans le manichéisme, le Dieu de Lumière et Satan, porteur de ténèbres, sont égaux. Ce point introduit une rupture dogmatique irréconciliable avec le judaïsme et le christianisme pour lesquels Dieu crée le Bien ( et non le Mal) et la Liberté des créatures : hommes et anges.

Mani est l'envoyé, (rasul), offrant au monde entier une révélation en « langue claire d'une révélation antérieurement cachée ». Le Coran revendiquera la même « expression claire » (Sourate 16-103) d'une révélation cachée (Sourate 3-7).

Le premier, Mani introduit la notion de « Sceau des Prophètes ». Mani est le Père des croyants selon la Kephalaia (Ve s.), et le Sceau des Prophètes, soit le dernier prophète authentique.
Mahomet, dans un célèbre verset du Coran, reprendra exactement ces deux épithètes
:
« Muhammad n’est le père (ab) d’aucun parmi vous, mais il est l’envoyé de Dieu (rasul Allahi) et le sceau des prophètes (khâtam al-nabiyyîn) » (Sourate 33-40).

Ce verset du Coran semble difficile à interpréter. En effet, quand il est récité, Mahomet est le père d'une fille adulte, Fatima. Peut-on alors comprendre que Mahomet ne s'adresse pas aux femmes, puisqu'il dit à ses adeptes qu'il n'est le père d'aucun d'entre eux ? La lecture attentive du Coran montre que l'islam s'adresse tout autant aux hommes qu'aux femmes. Ils ont des places différentes, l’infériorité des femmes est officielle dans le Coran (Sourate 4-34), mais nul ne peut nier que l'islam s'adresse également aux femmes (Sourate 33-35).

La connaissance des textes fondateurs du Manichéisme donne un éclairage nouveau à ce verset. Mahomet y répond à Mani. Mani se voulait le Père des croyants et le Sceaux des prophètes. Mahomet refuse d'être nommé le Père des croyants. Il ne renonce pas totalement à ce titre puisqu'il laisse ce privilège à ses épouses, elles sont dites les « Mères des croyants » (Sourate 33-6). C’est la seule concession qu’il fera à la paternité spirituelle.
Mais il revendique hautement le titre de « Sceaux des prophètes » inventé par Mani.

Le manichéisme a disparu totalement en occident au XIe siècle sous la pression arabo-musulmane. La découverte récente des écrits antiques du manichéisme éclaire d’un jour nouveau l’inspiration et les prémisses de l’islam.


« Encyclopédie des religions », Tome I, p 225-230, Michel Tardieu.

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LES PERSÉCUTIONS.

Les empereurs lancent plusieurs persécutions contre les chrétiens pendant trois siècles.

Tertullien (150-220)
, le carthaginois chrétien rapporte le cri païen. « les chrétiens aux lions ».
Le Christ l'avait prophétisé : Jean 16-2 : « L'heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu. »
Le Pasteur d'Hermas, écrit chrétien du IIe s., dit : à « ceux qui ont souffert à cause du Nom [de Jésus-Christ] », « Les coups, la prison, les grandes tribulations, la croix, les fauves. »

Chronologie des persécutions :
65 : Néron accuse les chrétiens de l'incendie de Rome. Pierre est crucifié avec ses frères chrétiens.
93 : Domitien persécute tout ceux qui contestent son pouvoir absolu, stoïciens et chrétiens. Tacite, Histoire, I, 1 : « Penser librement était un crime à ses yeux. »

112, Trajan s'informe sur les chrétiens, auprès de Pline le Jeune. Trajan définit les bases des persécutions pour deux siècles. Il laisse les magistrats locaux choisir comment punir les chrétiens. Les dénonciations ne sont pas suffisantes : il faut des aveux éventuellement obtenus par la torture.
La haine du peuple romain envers les chrétiens semble née du rejet des chrétiens de tout culte païen, y compris les jeux du cirque.


170 : L'empereur Marc Aurèle. Rome est victime de tremblements de terre et d'inondations du Tibre et du Pô. Les Romains réclament un bouc émissaire. Persécutions à Rome, Vienne et Lyon. L'évêque Pothin de Lyon est exécuté. Irénée prend sa suite et meurt martyr en 202, après avoir évangélisé tout son diocèse.
200 : Septime Sévère interdit les conversions au judaïsme et au christianisme.
235 : L'empereur Maximin le Thrace poursuit les chefs de l'Église, particulièrement en Cappadoce (Turquie actuelle). Les habitants, victimes de tremblements de terre, y voient la responsabilité des chrétiens.
249-251: Philippe l'Arabe laisse les chrétiens en paix, au point que l'historien Eusèbe au IIIe siècle pense qu'il était lui-même chrétien.
250 : persécution de Dèce qui a détrôné Philippe l'Arabe. Il persécute les chrétiens.

En 260, l'édit de tolérance de Gallien restitue les biens ecclésiastiques.
276 : Sous Aurélien, toutes les frontières de l'empire sont enfoncées par les barbares.
297 : Dioclétien persécute les manichéens.
303 : Dioclétien persécute les chrétiens. Les églises sont rasées, les textes saints détruits, le clergé arrêté. Les chrétiens ne peuvent postuler à des emplois publics. On les force à sacrifier aux dieux, ils sont torturés et exécutés.
Les chrétiens étant particulièrement nombreux en Orient, la persécution sera féroce au Maghreb.

La persécution s'arrête le 30 avril 411 avec l'édit de tolérance de Galère.
Les évêques qui avaient abjurés seront rejetés par les chrétiens les plus extrémistes. Ils refusent de recevoir les sacrements de ces évêques et fondent le donatisme qui s'opposera à l’Église officielle pendant des siècles au Maghreb. C'est la conquête arabe qui le fera disparaître.

Pendant presque 4 siècles, la hiérarchie de l'Église est persécutée en priorité, laissant le peuple chrétien à peu près en paix. Quelques années de violences sont suivie de plusieurs années de paix relative, permettant aux conversions de répandre la parole du Christ.


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UNE LÉGENDE APOLOGÉTIQUE CHRÉTIENNE QUI CONTAMINERA LE CORAN : LES SEPT DORMANTS D’ÉPHÈSE.

L’Église verra dans la fidélité des martyrs l'accomplissement des Béatitudes du Christ : « Heureux êtes-vous quand on vous insultera, vous persécutera, et quand on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. » (Matthieu 5-11).

L'Église exalte le réel courage des martyrs, mais brouille parfois la vision historique. L’Église a donné une vision magnifiée de ces trois siècles de persécutions.

249-250, persécution par Dèce.
Les Barbares sont aux portes de l'empire. L'empereur Dèce essaie de fédérer le peuple autour du culte traditionnel à l'Empereur. Il persécute les chrétiens qui refusent de sacrifier à l'empereur. Pour la première fois, les chrétiens sont obligés de pratiquer des sacrifices païens pour que leur soit délivré un certificat prouvant leur fidélité. Le pape Fabien est martyrisé en 250. Certains chrétiens cèdent pour survivre. Voici les faits historiques !

La légende des « Sept Dormants d'Éphèse » est connue uniquement pour avoir été racontée par l’évêque Jacques de Saroug de Batnae, évêque d 'Édesse en Syrie, en 500, soit 250 ans après les faits.
Il rédigeait ses sermons en vers, 400 nous sont parvenus. Son lyrisme était si apprécié, qu'il a été surnommé la flûte du Saint-Esprit.

Jacques de Saroug nous raconte comment, à Éphèse, sept officiers chrétiens, profitant de l'absence de Dèce, aident les pauvres en distribuant leurs biens. Ils sont pourchassés et doivent se réfugier dans une caverne.
Ils tombent mystérieusement endormis au moment où l’empereur les rejoint. Ils sont emmurés vivants. Jacques de Saroug nous raconte qu'un ouvrier, qui ouvre la grotte par hasard, les découvre toujours endormis en 418. En 418, l'empereur Théodose gouverne un empire assiégé par les Barbares. Il est chrétien et serait venu constater le miracle.

En 500, Jacques de Saroug raconte, 250 ans après les faits, une légende dans un style fleuri. C'est uniquement par ses écrits qu'est connue cette histoire qui n'a laissé aucune autre trace.

Le Coran reprend cette légende comme authentique Sourate 18-9-22 : « Te rends-tu compte de ce que les gens de la Grotte et d'ar-Raqîm constituaient une merveille d'entre Nos signes ? Quand les jeunes gens se furent réfugiés vers la grotte, ils dirent : « O notre Seigneur apporte-nous de ta part une miséricorde ; et arrange-nous une bonne conduite de notre affaire. Alors, Nous avons assourdi leurs oreilles, dans la grotte pendant de nombreuses années. Ensuite, Nous les avons ressuscités... »
Le récit du Coran se termine par une exhortation à ne pas écouter ceux qui semblent douter de cette histoire : Sourate 18-22 : « Ne creuse donc, à leur sujet, qu'en apparence, et ne demande, à leur sujet, l'avis de personnes parmi ces gens-là, [les chrétiens et juifs qui s'opposent au sujet de cette légende.] »

Effectivement, il s'agit du comte philosophique d'un évêque poète qui illustre, par un sermon en vers, la nécessité d'être fidèle à Dieu.

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L'ESCLAVAGE.

Dans l'Égypte antique,
un esclave pouvait se marier avec la fille de la famille, ce qui le rendait fils adoptif. L'esclavage en Égypte pouvait être provisoire, en attendant le paiement d'une dette. L'esclave gardait une personnalité juridique, il ne perdait donc pas sa place dans l'humanité.

Tout autre est l'esclave romain, réduit à l'état de chose. Seule sa valeur marchande compte. Il ne peut pas se marier. Il transmet sa condition d'esclave à ses descendants.

Les stoïciens, il est vrai, avaient influencé la Rome antique, encourageant le respect de l'esclave. Au IIe s., les esclaves peuvent se constituer un pécule et la loi légifère sur le droit de vie et de mort du maître sur son esclave, limitant le droit du maître. Néanmoins, l'empire romain tenait la vie humaine en piètre estime et particulièrement celle des esclaves. Les jeux du cirque en sont l'exemple le plus marquant.

Chez les juifs, l'esclavage était adouci par le souvenir de l'esclavage en Égypte. Le Deutéronome 5-12-15 explique que le repos du sabbat doit également être respecté par l'esclave. Si un juif est esclave d'un juif, il ne peut travailler que 6 ans pour lui, la septième année il doit être libéré (Dt 15-12-15).

Le christianisme va bousculer cette vision des choses. Le christianisme attire dès ses débuts des esclaves. L’Église a un point de vue original : tous les hommes sont égaux.
Colossien 3-11 : « Il n’est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d’incirconcision, de Barbare, de Scythe, d’esclave, d’homme libre ; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tout. »
Les esclaves accèdent aux sacrements et participent à la liturgie au coté des hommes libres dès les débuts de l' histoire de l’Église :
1Co 12-13 : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit. »

Dans sa lettre à Philémon, Paul exhorte Philémon à accueillir avec douceur un esclave en fuite, à recevoir cet esclave, devenu chrétien, comme un frère très aimé et lui suggère de l'affranchir.

Les esclaves sont appelés à se soumettre à leur maître, non parce que l'esclavage serait légitime mais en raison de l'amour mutuel. La seule vraie libération est spirituelle et obtenue par le pardon du Christ. Les maîtres doivent traiter leurs esclaves comme des frères.

Au IVe siècle, Grégoire de Nysse conteste la théorie d'Aristote pour qui une loi naturelle justifie l'esclavage. Pour la Genèse 1-26-27 et Genèse 2-19, la liberté et le libre arbitre des hommes existent dès la création par Dieu. Grégoire de Nysse reprend ces textes pour affirmer : Sur l'Ecclésiste, 4 : « Lorsque vous condamnez à la servitude un homme qui est par nature libre et maître de lui-même, vous faites une loi contraire à celle de Dieu qui établit l'homme comme maître de la terre pour la commander. »

Athanase, le patriarche d’Alexandrie (298 - 2 mai 373), écrit « Dieu s’est fait homme afin que chaque homme puisse devenir enfant de Dieu. »

Cette infinie dignité a été offerte à tous les hommes, esclaves ou hommes libres, par le christianisme. « DIEU S'EST FAIT HOMME AFIN QUE CHAQUE HOMME PUISSE DEVENIR ENFANT DE DIEU. »

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L'EMPIRE ROMAIN DEVIENT CHRÉTIEN.

Constantin règne de 306 à 337.
Il aurait eu la vision d'une Croix Glorieuse, avant une bataille qu'il devait logiquement perdre : la victoire du Pont Milvius en 313. Il légiférera ensuite en faveur du christianisme :
-L’Édit de Milan donne la liberté de culte en 313.
-Constantin organise des conciles pour formuler la foi chrétienne de façon homogène.
-Il interdit la séparation des familles d'esclaves et favorise leur affranchissement par simple proclamation dans les églises. Le divorce devient plus difficile.
-Le repos du dimanche est instauré.

Néanmoins, il ne s'est pas heurté à la religion officielle de Rome et n'a été baptisé que sur son lit de mort.
En 324, Constantin rebâtit Byzance et l'appelle Constantinople. Pour l'éloigner sa capitale de la menace des germains, il la transfère de Rome à Constantinople.

354 : Le pape Libère christianise deux fêtes païennes.
La fête du Sol Invictus (Soleil invaincu),
officialisée par l'empereur Aurélien (270-275), est célébrée par les soldats romains au moment du solstice d'hiver.
La renaissance de Mithra est fêtée également au solstice. La religion de Mithra avait autant d'adeptes que le christianisme dans l'empire romain.
Le pape Libère choisit donc de célébrer la naissance du Christ, Noël, au solstice d'hiver, le 25 décembre. Les Évangiles ne disent pas à quel moment de l'année le Christ est né. Le Christ est la Lumière du monde pour les chrétiens. Le fêter au moment du retour du soleil est symbolique et convient à leur conception qui cherche l'esprit, plutôt que la lettre, de la vérité.

361-363 : Flavius Claudius Julianus est empereur, il est surnommé Julien l'Apostat par les chrétiens. Élevé dans l'arianisme, il restaure les cultes païens, avec un édit de tolérance qui autorise toutes les religions y compris le judaïsme et le christianisme.
Néanmoins, il interdit aux chrétiens d'enseigner les disciplines dites profanes, la grammaire, la rhétorique et la philosophie. « Qu'ils cessent d'enseigner ce qu'ils ne prennent pas au sérieux ou qu'ils l'enseignent comme la vérité et instruisent les élèves en conséquence. » Il souhaite que les chrétiens prennent conscience par eux-mêmes de leurs erreurs mais il ne les contraint pas. Il écrit un pamphlet, Contre les Galiléens où il critique l'intolérance du christianisme. À sa décharge, sa famille avait été massacrée par des empereurs chrétiens. Pour lui, le judaïsme lui est supérieur, même s'il s'étonne que Dieu soit apparu dans un si petit pays. Il débutera la reconstruction du Temple de Jérusalem. Sa mort interrompt les travaux et un tremblement de terre détruit le peu construit.

La charité et la moralité des chrétiens restent inégalées dans l'antiquité. Julien, pour concurrencer les chrétiens, fonde des institutions charitables et préconise une bonne moralité des prêtres païens. Sa foi va au Dieu Soleil, mais il garde un attachement aux ariens. Ainsi, il condamne le massacre de l'évêque arien Georges d’Alexandrie mais ordonne l'expulsion du patriarche chrétien d’Égypte, Athanase.

C'est le troisième exil du vieil évêque Athanase. Il défendait la divinité du Christ face aux ariens.


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L'ARIANISME, LA DIVINITÉ DU CHRIST.

Arius est prêtre à Alexandrie (256-336).
Il essaie de définir la Trinité dans le langage d'Aristote. Fidèle au monothéisme strict de l'Ancien Testament, il pense que les Personnes au sein de la Trinité ne peuvent pas être égales. Si Dieu est incréé, Il ne peut pas être engendré comme le serait le Christ.

En 325, Constantin tient à donner un contenu homogène à l'expression du christianisme pour qu'il soit le ciment de son empire. Il convoque le Concile de Nicée.
Arius y est désavoué. Il y est convenu que « Jésus Christ est le Fils de Dieu, engendré et non pas fait, consubstantiel au Père. » Ce terme, consubstantiel, pose problème aux théologiens orientaux. Ils souhaitent que les termes définissant le Christ soit pris dans le Nouveau testament. Or, il n'y est pas écrit que le Christ est consubstantiel au Père, ce qui signifie « de même substance, de même métal ».

La croyance des chrétiens en la divinité du Christ date de la Résurrection, nous l'avons vu. La mise en forme dogmatique de cette croyance attendra le IVe siècle.
La Trinité implique la double nature du Christ, vrai homme et vrai Dieu. Arius croit que la nature divine du Père est supérieure à la nature humaine du Fils, il crée un schisme. L’arianisme nie donc la double nature du Christ, humaine et divine. Il sombre dans des divisions incompréhensibles : d'un coté, les anoméens pour lesquels Père et Fils n'ont rien à voir ; de l'autre, la tendance orthodoxe elle-même divisée, entre les Nicéens stricts, pour qui Père et Fils sont consubstantiels, et Nicéens modérés, selon lesquels Père et Fils sont semblables mais non consubstantiels. Les ariens se heurtent à l'humanité de Jésus. Il a pleuré Lazare. Ils puissent dans son humanité la conviction qu'il ne peut être Dieu.

L'arianisme se répandra. Les Vandales se convertiront à l'arianisme avant d'envahir l'empire romain venant de Germanie. Ils arrivent en Espagne et traversent le détroit de Gibraltar pour conquérir le Maghreb, retrouvant les terres d'origine d'Arius. Ils nient la divinité du Christ et feront le lit de l'islam. Fait historique curieux, ces tribus vandales converties à l'arianisme, créèrent des états où les pouvoirs politiques et religieux sont entre les mêmes mains, à l'opposé des états chrétiens.

En 341, les théologiens reprennent 26 citations des Écritures et définissent le Christ comme « le seul Dieu engendré par qui tout a été fait, engendré du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, tout de tout, unique de l'unique, parfait de parfait, roi de roi, seigneur de seigneur, Verbe vivant, sagesse vivante, vraie lumière, voie, vérité, résurrection, pasteur, porte immuable et sans vicissitudes, image adéquate de la divinité, de la substance, de la volonté, de la puissance et de la gloire du Père, premier-né de toute création, qui au commencement était en Dieu, Verbe de Dieu, suivant les Évangiles. »

En 381, le concile de Chalcédoine proclamera que « Jésus-Christ notre Seigneur est une seule personne en deux natures,[divine et humaine] qui subsistent sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. »

Pendant que les théologiens travaillent à l'expression du dogme de la Trinité, le peuple, depuis des siècles, vénère la Vierge Marie sous le vocable de THEOTOKOS : la Mère de Dieu.

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LA FIN DES PERSÉCUTIONS : LE MONACHISME.

La fin des persécutions pousse les chrétiens à rechercher dans l'ascèse les grâces de renoncement qu'ils ne peuvent plus obtenir par le martyr.

Antoine (251-356) quitte les terres cultivées pour s'isoler sur une montagne désertique égyptienne.
Le mot « moine » vient de monos, solitaire. Au début les moines vivent en ermites, puis ils se regroupent autour d'un maître ou d'un abbé.
Pacôme (292-348), païen converti par l'exemple de la charité chrétienne, se retire dans le désert égyptien avec quelques compagnon et organise le premier monastère. Sa sœur dirige un monastère féminin à coté.
Le monachisme se répand d'Égypte vers la Palestine vers 330. Des communautés de moines, d' hommes comme de femmes, s'installent sur les lieux consacrés par la vie du Christ. Des aristocrates romains fondent des monastères et assurent leur financement. Mélanie l'Ancienne, Paule et Pinien fondent et suivent eux-mêmes la voie monacale.

Ces regroupements d'hommes ou de femmes vont se structurer grâce à des règles de fonctionnement élaborées par Saint Benoît de Nurcie (480-547) en Italie. Elles restent toujours la base de la vie monastique.

Les moines travailleront à la copie de la Bible,
puis à celle des manuscrits antiques, préservant l’héritage grec. Ils s'appliqueront à la charité, développant le savoir médical et les soins hospitaliers. Ils prieront selon les heures canoniques, élaborant la musique grégorienne, base de la musique classique. Ils éduqueront des générations d'hommes et de femmes, tant spirituellement qu'intellectuellement.

Le Coran signale l’excellence de la vie acétique des moines isolés dans leurs monastères.
Sourate 24-35-36 : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre ! Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe…Cette lampe se trouve dans les maisons que Dieu a permis d’élever, où son nom est invoqué, où les hommes célèbrent ses louanges à l’aube et au crépuscules. »
S. 5-82 : « Et tu trouveras à coup sûr les amis les plus proches des croyants dans ceux qui dirent : « en vérité, nous sommes Nazaréens. » C'est qu'il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil. »
Sourate 57-27 : « Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie. Nous lui avons donné l’Évangile. Nous avons établie dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion et la vie monastique qu’ils ont instaurée- nous ne la leur avions pas prescrite- uniquement poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu. »

Les prêtres qui guident la communauté des croyants ne sont pas des moines. Ce n'est qu'au XIIe siècle qu'ils seront appelés au célibat. Avant le XIIe siècle, seuls les moines et les moniales vivaient la vie consacrée sans conjoint.
Calixte, pape de 217-222, réforma les lois de l’Église. Il autorisa le remariage des veufs et permit même qu'ils accèdent au sacerdoce. Auparavant, un prêtre ne pouvait avoir connu qu'un seul mariage.
Puis, le pape Innocent II (411-417) rappelle à l'Évêque Victrice de Rouen les règles sur le mariage des prêtres. Ils ne peuvent pas se remarier après veuvage.

De nos jours, des moines et des moniales vivent toujours, partout dans le monde, la vie de renoncement et de prière.

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INTOLÉRANCE CHRÉTIENNE... INVASIONS DES BARBARES, PLURALITÉ DE CULTE.

Les chrétiens ne sont pas semblables au Christ. Ils vont abuser de leur pouvoir.
-301, conversion au christianisme du roi d’Arménie : Tiridate.
L’Arménie est le premier état chrétien.
-356, interdiction des sacrifices et fermetures des temples païens dans l'empire romain.
-391, édit de Théodose. Le christianisme est religion d'état. Les cultes païens sont interdits en public, que ce soient les célébrations de fêtes civiques ou les sacrifices d'animaux.

Les moines sont les bras armés de cette lutte contre le paganisme dans tout l'empire, et en particulier au Moyen-Orient.
Ainsi, Marcel, évêque d'Apamée, fit détruire le temple de Bel dans sa ville, avant d'être tué par des paysans qui défendaient leur temple rural.
À Pétra, à Hélioupolis au Liban, à Raphia en Palestine, des païens se rebellent contre la destruction de leurs temples.
L’évêque de Gaza, Porphyre (396-420), obtient l'aide de l'impératrice Eudoxie qui envoie la troupe pour détruire les temples de Gaza.
Des temples furent transformés en églises. Ainsi à Damas, le temple principal à Zeus Damacène devient l’église Saint Jean Baptiste. Les musulmans ont transformé plus tard cette église en mosquée.

Théodose interdit ensuite aux païens les cultes domestiques (dans les maisons privées), et les emplois publics.

En Égypte, la Bibliothèque du Sérapéion à Alexandrie est détruite.
La mémoire de l'Antiquité, ses chefs-d’œuvres littéraires et scientifiques disparaissent. Selon ibn Khaldoum, le calife Omar a fait disparaître ce qui en restait en VIIe siècle.
La pratique de la momification s'arrête. Des temples sont réaménagés en églises, ce qui les conservera. Quelques prêtres polythéistes se réfugient au sud du pays dans l'île de Philae.

En 410, Les Wisigoths, conduits par Alaric, pillent Rome.


-429, le royaume vandale arien s'installe en Afrique du Nord. Des évêques nord-africains fuient et s'implantent en Corse, fondant les premiers évêchés.
-451, Constantinople devient la nouvelle Rome. Face à l'affaiblissement de l'empire d'Occident sous la pression les Germains, l'empire d'Orient prend la relève. L'empire romain chrétien est devenu byzantin.
-455, prise de Rome par les Vandales.
-4 septembre 476, le dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, rend ses insignes à Odoacre, roi d'une tribu germanique.

En 525, à Rome, le moine Denys le Petit calcule la date à laquelle Jésus a pu naître et établit le calendrier chrétien. Il se trompe de 7 ans. Jésus-Christ est donc né en -7.
Ce calendrier, qui débute à la naissance du Christ, ne se généralise que vers l'an mille. Avant, on compte selon les années de règne des souverains.

En 529, les païens de l'empire byzantin sont obligés de recevoir le baptême.

537, la nouvelle cathédrale Sainte-Sophie est consacrée. La précédente avait été incendiée lors d'un soulèvement contre Justinien (révolte de Nika).

537, l'Empereur byzantin, Justinien, fait fermer le dernier temple égyptien qui s'était maintenu clandestinement dans la lointaine Philae (au sud de l’Égypte). Quelques prêtres y avaient maintenu le culte d'Amon, d'Horus, d'Isis... et entretenu la connaissance des hiéroglyphes.

Il faudra attendre Champollion, en 1820, pour qu'ils soient à nouveau compris.


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JUDAÏSME ET CHRISTIANISME SONT EN LUTTE.

Dans l'empire romain, juifs et chrétiens s'opposent. Il ne s'agit pas là d'antisémitisme comme en connaîtra le Moyen-âge en occident après l'an 1000. Il s’agit d'une opposition religieuse au sein de peuples issus des mêmes pères.

Par exemple, en 352, les juifs se révoltent contre César Gallus. Il prennent Sepphosis-Diocésarée (Zippori près de Nazareth) et massacrent les chrétiens et les samaritains qui y vivent. Les romains répriment la révolte.

Dans l'empire romain, les juifs gardent une place officielle. Leur chef, le Patriarche, est installé à Tibériade. C'est pourquoi, aujourd'hui, Tibériade a été sacralisée par l’État d'Israël, qui en a chassé tous les arabes, musulmans ou chrétiens.
Le Patriarche possède un statut officiel dans l'empire. Le patriarcat est héréditaire dans la famille de Hillel, et l'est resté jusqu'à la mort de son dernier représentant en 429. Le patriarche est à la tête des 70 membres du Sanhédrin qui nomme les responsables des synagogues et recueille l'impôt juif de « l'or coronaire ».
Julien l'Apostat, l’empereur qui règne de 331 à 363, est favorable aux juifs.

Mais, peu à peu, les lois impériales restreignent les droits des juifs. Ils ne peuvent plus posséder d'esclaves non-juifs, ni épouser de non-juifs. L'accès à l'administration leur est interdit.

Les synagogues restent néanmoins protégées à l'heure où les temples païens sont détruits. Théodose, qui légifère contre les cultes païens, interdit de détruire les synagogues.
En 388, la synagogue de Callinicum sur les bords de l'Euphrate est détruite par des moines. Théodose exige qu'elle soit reconstruite au frais des coupables. L'évêque de Milan, Ambroise (339-397) s'y oppose au nom du service de la véritable religion. Dans cette décision contestable d'Ambroise, on voit apparaître cette séparation des pouvoirs spirituels et temporels qui surgit dès que l'empire romain devient chrétien officiellement.

Cette indépendance de l'évêque Ambroise se manifeste encore lorsque l’empereur fait massacrer des innocents même païens.
En 390, quand le christianisme devient religion d'état, une révolte païenne survient à Thessalonique. Théodose feint d’organiser des jeux du cirque pour attirer les païens, seuls intéressés par ce spectacle. L'armée enferme alors les spectateurs, plusieurs milliers d'adultes et d'enfants , et les massacre. Ambroise exigera et obtiendra de l’empereur une pénitence publique.

Ambroise s'oppose toute sa vie aux empereurs successifs dès qu'ils tentent de réintroduire des pratiques païennes. Lettre 20, 8 : « Si l’empereur me demandait ce qui est à moi, mes terres, mon argent, je ne lui opposerais aucun refus, encore que tous mes biens soient aux pauvres. Mais les choses divines ne sont point sous la dépendance de l’empereur ! »

Avec Saint Ambroise, dès que l'empire devient chrétien par son empereur, on voit apparaître la séparation entre pouvoir temporel et spirituel. Cette séparation est la marque du christianisme et la source de la séparation des pouvoirs démocratiques.

395 : partage de l'empire romain, en empire d'orient à Constantinople et d'occident à Rome. Ils resteront séparés même s'ils sont l'un et l'autre chrétiens. Les juifs y garderont une place : le temps de l'antisémitisme n'est pas encore venu.


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LE MARIAGE CHRÉTIEN, ÉGALITÉ DES CONJOINTS.

Le mariage monogame est le choix du Christ. (Mc 10-5-7)
Des tentatives d'interprétation des évangiles
ont voulu voir dans la parabole des 10 vierges, une autorisation de la polygamie (Mat 25-1-13). Le Christ raconte une Parabole ! Il prévient qu'il ne faut pas vivre dans la frivolité, mais se préparer à la rencontre avec Dieu, qui est « l’Époux » de la Parabole. Il ne s’agit pas de polygamie mais de vie éternelle !

La monogamie a été, historiquement, la seule interprétation de la parole du Christ.
Tertullien (150-220), le théologien, parle de son mariage.
« À ma femme, II, 9 » (traduction Geroude) : « Douce et sainte alliance que celle de deux fidèles portant le même joug, réunis dans une même espérance, dans une même discipline ! Tous deux, ils sont frères, tous deux serviteurs du même maître..., ne forment qu'une seule chair, qu'un seul esprit. Ils prient ensemble, ils jeûnent ensemble, s'enseignant l'un l'autre, se supportant l'un l'autre. Vous les rencontrez de compagnie à l'église. Ils partagent également la pauvreté et l'abondance, la fureur des persécutions ou les rafraîchissements de la paix. Nuls secrets à se dérober ; confiance inviolable, empressements réciproques ; jamais d'ennui, jamais de dégoûts. Ils n'ont pas à se cacher l'un de l'autre pour visiter les malades ; leur aumône est sans disputes, leurs sacrifices sans scrupules, leurs saintes pratiques de tous les jours sans entraves. Chez eux point de signes de croix furtifs, point de timides félicitations, point de muettes actions de grâces. De leurs bouches, libres comme leurs cœurs, s'élancent les hymnes pieux et les saints cantiques. Leur unique rivalité, c'est à qui célébrera le mieux les louanges du Seigneur. »

Le sacrement de mariage, tel qu'il existe dans l’Église catholique, n'a été défini qu'au XIIe siècle.
Auparavant, la mariage était sacré et définitif dès qu'il était consommé et célébré selon les rites civils du pays. Le mariage dans l'empire romain qui demandait l'accord de la femme et de l'homme convenait à l’Église, pour qui la liberté de choix des époux est primordiale.

Calixte, pape de 217-222, autorise le mariage entre un esclave et une femme libre. La démographie des chrétiens, avec de nombreuses conversions de femmes libres et d’esclaves, rendait cruelle la condition des laïcs incapables de trouver un conjoint autorisé par la loi romaine.

Ambrosiaster, théologien qui écrit de 366 à 384, s'oppose à l'avortement et à toutes méthodes de contraception. Le mariage est un état de sanctification voulu par Dieu qui doit être orienté vers la procréation.

Le pape Innocent II (411-417), dans une lettre à l'Évêque Victrice de Rouen, rappelle que le mariage est un état voulu par Dieu et bénit par Lui dans la Genèse 2 et le texte des Proverbes 19-14 : « C'est Dieu qui prépare une épouse pour l'homme. »
Innocent II cite 1 Co 7 pour affirmer l'égalité des conjoints dans le mariage et leur devoir de fidélité commune. Il déplore que la société soit plus exigeante envers les femmes. Pour lui, les deux conjoints sont appelés avec la même exigence à la fidélité.

Histoire vécue du Peuple chrétien, Tome I, p 112-113, Pietri, sous le direction de J Delumeau, ed Privat, 1979.
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