Dans cette cabale bien structurée, il était aussi important de stigmatiser le public de l’humoriste, en n’oubliant jamais de faire référence aux jeunes de quartiers issus de l’immigration maghrébine et subsaharienne, et de corréler l’homme au front national, rappelant systématiquement que le président d’honneur du parti était, à la demande de l’humoriste, le parrain de sa fille, sans même se demander si ce n’était pas une provocation de plus… Les policiers, pompiers, militaires et personnes lambda sont totalement niés, sans doute parce que les admettre serait admettre que le bon vieux et toujours très utile « diviser pour mieux régner » sera de plus en plus difficile à appliquer aux personnes réveillées, parfaitement conscientes que la désunion organisée des classes sociales, communautaires et religieuses, particulièrement exploitée en période électorale, n’est qu’une manœuvre perfide qui ne sert que ceux qui en sont épargnés.
Jacob Cohen, Gilad Atzom, Noam Chomsky, Shlomo Sand, les Naturei Karta et tant d’autres, tant d’autres juifs antisionistes, considérés en désespoir de cause par leurs opposants comme juifs antisémites, oxymore audacieux, désopilant, mais assumé ! Ces personnes corroborent avec distinction et subtilité (après tout, chacun son métier) les propos et l’engagement de Dieudonné, et vont pour certains jusqu’à lui apporter leur soutien. Et d’un autre côté, il y a les journalistes, habituellement si prompts à respecter leur devoir de neutralité, mais qui dans ce cas ont unanimement condamné l’humoriste, estimant que le débat devait se porter exclusivement sur la liberté d’expression…
Le dernier humoriste subversif pour certains ; l’ennemi public numéro 1 toutes périodes confondues pour d’autres. Éric Dupont-Moretti aurait pu, dit-il, défendre Hitler et Pétain à quelques conditions, mais le simple fait d’évoquer Dieudonné lui donne les spasmes du sanglot accompagnés de tocs verbaux tels que « plus jamais ça », « l’empêcher de nuire », « définitivement », « par tous les moyens »… Syndrome Gilles de la Tourette particulièrement répandu chez nos observateurs, ces derniers temps. Cet engouement de vitupération a donné des ailes à quelques humoristes fastidieux et patentés qui ont eu la mauvaise idée de croire que comme le diable avait été personnifié, une place potentielle était dorénavant disponible ; la course au vedettariat pouvait reprendre, les insolents et dérangeants héritiers de la subversion humoristique, devenus de pâles thuriféraires, passeraient ainsi du côté lumineux de la Force ! Porte et Guillon, virés parce que considérés comme tyran de l’humour, M. Cousin qui dénonçait la mise à l’index du rire quand il touchait les puissants, qui s’agitait avec détermination contre la censure… Après tout, pourquoi ne pas s’acclimater aux loups, hurler avec et comme eux, dans l’espoir de retrouver une place bien confortable et pérenne… manger à la becquée mais avoir le ventre plein, l’ultime réussite des bobos-gauchos-biens-pensants !
Et puis il y a l’indigne héritier, sniffant son éveil intellectuel, s’élançant dans un verbiage efficace mais tellement doux, salissant son patronyme au profit de quelques rires charitables… On me détestera moins, puisque je déteste le plus détesté des détestable, doit-il se dire…
Enfin, il y a ce geste, plus fort qu’une photo explicite d’un ministre posant côte à côte tout sourire avec un néo-nazi, plus forte qu’un président de la République méprisant un peuple étranger estimant qu’il était rare de rentrer en vie de leur terre, plus fort qu’un homme de gauche exerçant comme ministre du Travail et qui trouve intelligent de faire rimer « racaille » avec un nom à consonance étrangère… Un geste qui, parce qu’un petit nombre de dirigeants zélés aux cerveaux sains a imaginé, puis dans le même temps décrété, qu’il s’agissait d’un symbole pornographique destiné aux victimes d’un des plus grands génocides mondiaux, est devenu « illégal », « immoral », « antisémite », en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Une oligarchie saine donc, qui à coup de contrevérités propagandistes a réussi à diaboliser un geste qui n’a d’autre vocation que de contester, protester, broncher contre le Système, le Pouvoir, l’Élite… Cette chasse à l’homme, ce totalitarisme inédit, cette censure abjecte ont renforcé les insubordonnés, mis en lumière la fébrilité d’un État tout entier qui n’a fait que crédibiliser les dénonciations systématiques de l’humoriste à l’égard du Système..........