Une idée reçue tenace
Parmi les avantages que les croyants, même peu pratiquants, prêtent à la religion et mettent souvent en avant, c'est celui du garde fou qu'elle constituerait en matière de morale. "Sans la religion, chacun ferait ce qu'il veut !"
En faisant intervenir une transcendance, une divinité qui voit tout et qui fait le bilan de chaque être humain dans l'au-delà, lors d'un "jugement dernier", la religion manie la carotte et le bâton. Elle s'adresse aux sentiments les plus primitifs que sont la peur et l'espérance d'un bénéfice futur. Elle ne s'adresse ni à l'intelligence humaine qui est apte à comprendre l'intérêt de tel ou tel comportement, ni au sens des responsabilités de chacun envers les autres.
Des parents agnostiques ou athées ainsi que le système d'instruction laïque, si on lui en donne les moyens, sont à même de fournir aux enfants les bases morales nécessaires à la vie en société.
En fait je pense que c'est faux. Les religieux ne disent pas que les athées n'ont pas de morale et sont, par essence, inaptes à en posséder.
La problématique ne se trouve pas là car n'importe quel individu est apte à créer, à détenir une morale qui lui soit propre. Il peu y avoir autant de morales qu'il y a d'individus pour les posséder.
Voilà quel est le réel problème. Sans références Divines, l'humain est inapte à construire une matrice de règles qui soient acceptées par tous (je ne parle même pas du fait qu'elles soient parfaites car c'est essentiellement impossible).
Les humains, lorsqu'ils constituent des communautés trop nombreuses, ne peuvent pas s'accorder pour produire une législation. C'est ainsi qu'ils ont commencé par choisir des chefs qui décidaient, puis ont constitué des assemblées élitistes (car la masse ne peut s'accorder sur des décisions), puis de nouveau des chefs ont pris le pouvoir et les plus forts se sont imposés à la tête d'immenses territoires qui devinrent ensuite des états-nations tels que nous les connaissons actuellement.
C'est ainsi que la morale fut, par le biais des armes, de la force, imposée au plus grand nombre dans les lois qui en sont l'émanation. Seulement, seule la peur du gendarme contraint la majorité des gens à respecter ces règles imparfaites qu'ils désapprouvent pour beaucoup d'entre-elles.
Pourquoi un humain, si ce n'est parce qu'il a peur, voudrait respecter les règles morales d'un autre humain ni plus ni moins honorable/intelligent que lui.
Nous vivons donc dans des sociétés où il n'y a pas d'adhésion volontaire aux règles sociétales, il n'y a qu'une soumission contrainte et forcée à une législation que l'on a trouvée à notre naissance et sur laquelle nous n'avons pas notre mot à dire. La frustration est donc incessamment présente lorsque nous faisons face à une règle à laquelle nous devons nous plier alors que nous la considérons comme mauvaise.
Une fois que le cadenas qui verrouille ces règles montre quelques faiblesses, alors bien des gens s'engouffrent dans la faille et tentent de le briser. Ces systèmes au référent exclusivement humain sont donc des systèmes qui n'ont aucune perspective de pérennité, d'autant plus qu'il est impossible d'imaginer un idéal où la majorité des gens adhéreraient aux règles paiennes mises en place et souhaiteraient donc leur maintien.
Tandis que dans un système religieux où s'appliquerait une législation basée sur une morale religieuse, l'on peut imaginer que les Croyants, qui seraient régis par ce système, pourraient adhérer totalement aux règles émises et les respecter, non pas par peur de l'autorité, mais par amour, par dévotion envers la Divinité qu'ils adorent.
Quand bien même ils seraient en désaccord sur certaines interprétations religieuses, ils pourraient passer outre car les Musulmans (pour prendre leur exemple) possèdent une base commune sur un bon nombre de sujets.
Ceux-ci pourraient souhaiter le maintien perpétuel de ce système et ainsi un système athée n'a aucune possibilité de stabilité et d'émancipation des peuples sur un long terme là où le système religieux le peut (si ses voisins le laisse tranquille).
Enfin, une morale religieuse est intangible, elle ne peut évoluer car déjà parfaite. Or une morale athée est fluctuante, elle évolue suivant les contextes, suivant les personnes. Ce qui est vrai aujourd'hui était peut-être faux hier et inversement. Le vrai n'existe donc pas, pas plus que le faux. Le bien et le mal ne sont que des interprétations qui sont propres à chacun. Le relativisme est la résultante nécessaire d'un référentiel humain.