T'en as pensé quoi ?
J'ai lu rapidement le synopsis, mais je ne connaissais pas l'histoire.
J'ai trouvé que c'était assez sobre, et pas trop caricatural, ceci dit c'est tiré d'une histoire vraie.
Pas encore visionné, par contre je trouve les commentaires précédents un peu sévères concernant Cogan : Killing Them Softly qui, sans être un grand film, est intéressant par bien des aspects:
D'une part la permutation du cadre du roman de George V. Higgins LArt et la manière (des conséquences du choc pétrolier de 73 à Detroit à l'effondrement d'un système entier via la Nouvelle-Orléans qui plus est sinistrée par l'ouragan Katrina) est pertinente en ceci qu'elle atteste la validité du discours critique du réalisateur sur les idéologies et le pouvoir, d'une manière générale et US en particulier, déjà distillé dans LAssassinat de Jesse James. L'adaptation contextuelle permet de mettre en scène (avec plus ou moins de brio, selon les séquences et les choix techniques du réalisateur cf- ralentis, discours télévisés off etc) l'ultime continuité historique, à savoir les rapports vénaux.
D'autre part le va-et-vient constant (qu'on aurait souhaité plus subtil) entre milieu mafieux et politique suggère la responsabilité et les méthodes des administrations successives (on entend à tour de rôle républicains et démocrates) dans la gestion des affaires du pays en se fondant assez bien dans la trame, surtout si l'on considère cela d'un point de vue interactif (campagne électorale).
Plus réussi encore à mon sens c'est la figuration du déclin américain à travers la destruction de ses icônes. Sur le plan cinématographique A.Dominik subverti les moeurs du film de gangster en faisant d'amateurs en perdition (fruits de leur environnement économique et moral) les protagonistes d'un braquage abouti où la pègre (en place, comme pouvoir établi mais affaibli) devient victime: le braqueur se fait braquer. Non seulement les personnages tombent symboliquement de leur piédestal mais en plus la violence de la chute est parfaitement portée à l'écran car le réalisateur l'inscrit dans la chair de ses comédiens: James Gandolfini (Mickey) est un tueur alcoolique, dépressif, en fin de carrière et risquant la prison, Ray Liotta (Markie), physiquement à peine reconnaissable, le visage vieilli et boursouflé, est un petit patron véreux sans carrure régulièrement passé à tabac. Deux mythes du film de mafia que le réalisateur détériore allègrement.
A propos de la lourdeur de certains dialogues, il faut noter que le film retranscrit le style du roman initial, qui lui était novateur à l'époque de sa sortie dans les années 70 où les scripts des principaux réalisateurs du genre d'H.Hawks à FF.Coppola étaient assez policés en teneur. L'idée est de soumettre au spectateur le parlé de la pègre tel qu'il est et non de le "traduire", c'est donc par souci d'authenticité et de fidélité à la toile de fond sociale que l'argot et les codes des personnages demeurent si marqués dans l'adaptation ciné (en VO en tous cas).
La prestation de Brad Pitt est honorable je trouve même si évidemment l'attente est toujours élevée lorsqu'il est annoncé au casting. Scoot McNairy et Ben Mendelsohn s'en sortent bien. Les autres acteurs, nombreux (à la façon d'un Q.Tarantino) moins centraux, sont bons.
Bon ok, je ne suis pas objectif car accro aux films de braquage.