Explosifs découverts au Printemps Haussmann, les faits
Cinq bâtons de dynamite ont été découverts ce mardi matin au Printemps Haussmann, un grand magasin du centre de Paris. Retour sur ce que lon sait.
Pourquoi la police a-t-elle pu intervenir?
Ce mardi matin, peu avant 9h. Une lettre arrive au siège de lAgence France Presse, elle a été tamponnée au bureau de Paris-Villette lundi à 18h00. Un message concis, laconique: «Nous sommes du Front Révolutionnaire Afghan. Nous avons placé plusieurs bombes dans le magasin printemps homme haussmann, une d'elle se situe au 3e étage dans les toilettes derrière la chasse d'eau, demonter la chasse d eau vous la trouverez (dans le premier toilette en rentrant).» Lire le communiqué en cliquant ici.
Quest-ce qui a été trouvé?
Prévenue, la DNAT, lunité chargée de la lutte antiterroriste, va intervenir vers 11h au magasin du Printemps, situé boulevard Haussmann, dans le 9e arrondissement de Paris. Alors que limmeuble est évacué et un périmètre de sécurité établi, ils filent au 3e étage avec une brigade cynophile et découvrent cinq bâtons de dynamite dans un conduit de chasse deau. Ils sont entourés dun cordon, mais il ny a pas de détonateur ou de système de mise à feu. Ces bâtons, relativement anciens, ne pouvaient donc exploser.
Pourquoi le Printemps?
Le Printemps compte trois magasins près du boulevard Haussmann, en plein centre de Paris: Mode, Beauté-Maison et Homme. Il attire quotidiennement 100.000 clients, dont un quart de touristes. A Noël, les attroupements de badauds sont permanents, il sagit dune cible de choix, particulièrement surveillés par la Place Beauvau. Le 10 décembre 2008, un correspondant anonyme avait déjà appelé l'AFP à 11h42, depuis une cabine téléphonique située au Bourget. Il affirmait qu'une bombe allait exploser au Printemps, sans aucun autre détail. Les magasins avaient alors été évacués par mesure de précaution.
Qui est le Front Révolutionnaire Afghan?
Un groupe inconnu de tous les services de renseignements français, selon la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Même aveu du ministère des Affaires étrangères, qui affirme qu'il faudra «un peu de temps » pour déterminer les auteurs de cet acte. Dans sa revendication, le Front demande de «faire parvenir ce message au chef de l'Etat pour qu'il retire ces troupes de notre pays (l'Afghanistan) avant fin février 2009 sinon nous repasserons à l'action dans vos grands magasins de capitaliste et cette fois-ci sans vous avertir».
Pourquoi lAfghanistan?
Cest lun des deux théâtres dopération les plus chauds de la «nouvelle géographie du terrorisme» avec le Maghreb/Sahel, selon la DGSE et la Direction des affaires stratégiques (DAS). La participation de la France à la guerre en Afghanistan suscite la colère des groupes terroristes fortement implantés dans le pays et au Pakistan.
Le point sur les forces de l'Otan en Afghanistan, en infographie animée, en cliquant ici.
Devenu le terrain le plus difficile militairement pour les Etats-Unis, avant lIrak, lAfghanistan est aussi le lieu clé de la guerre antiterroriste. Les liens avec les cellules du Maghreb sont forts. Le 1er juillet dernier, Abdelmalek Droukdal, le chef dAl-Qaida au Maghreb, expliquait dans une interview au «New York Times» que les pays intervenant sur le sol afghan peuvent être frappés en retour. Le 29 septembre, le chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar revendiquait lembuscade de la vallée dUzebeen où dix soldats français sont morts le 18 août et évoquait dautres représailles à «loccupation». Le 17 novembre, dans une vidéo probablement tournée en août, un chef taliban, Farouq Akhoun Zadeh, menaçait la France dattentats.
Ces menaces sont-elles crédibles?
Interrogé par 20minutes.fr lorsque la vidéo a été diffusée, Stéphane Berthomet, ancien capitaine de police chargé de lutte antiterroriste, estimait que la question n'était pas de savoir «sil y aura un attentat mais plutôt quand et comment il aura lieu». La DGSE est dun «alarmisme récurrent» et ce nest certainement pas un emballement passager, notait le «Canard Enchaîné» le 10 décembre 2008.
Qui est chargé de lenquête?
La police technique et scientifique était à louvrage au Printemps mardi après-midi. La section antiterroriste du parquet de Paris et celle de la Brigade criminelle ont été saisies de l'enquête. Michèle Alliot-Marie estime quil faut «se méfier des indications qui étaient dans la lettre de revendication, qui pourraient orienter les enquêteurs vers de fausses pistes».