En tous les cas, le Bouteflika aujourd'hui marocain, a qd même en son temps, réussi à tourner la page de la décennie sanglante où les algériens s'entretuaient.
Comment un président héros et modèle se transforme en un vieillard cacochyme et handicapé. Chronique d'une chute pathétique et inexorable.
Par
Tahar Ben Jelloun
Abdelaziz Bouteflika a du mal à parler. Il ne parle plus. Son regard est assez triste. Il lui arrive de lever les yeux pour signifier qu'il n'en peut plus de cette situation et qu'il supplie son entourage de le laisser en paix.
Mais il est devenu une pièce essentielle dans la lutte pour le pouvoir. Il est le président élu mais incapable de gouverner.
En son nom, à son insu, on prend des décisions, on le met en avant, on l'utilise, et personne ne vient à son secours, pas même
son frère qui espère prendre sa place un jour.
"Sa vie passe et repasse devant lui comme un vieux film en noir et blanc.
Quand il était jeune et beau, il faisait régner la terreur autour de lui.
Il a été le plus jeune ministre des Affaires étrangères de son pays, il a fait beaucoup pour imposer l'
Algérie sur la scène internationale. Il a aimé la servir, allant jusqu'à sacrifier sa vie privée. I
l a réussi à maintenir le parti unique du FLN en activité et a su composer avec les militaires. Puis, un jour de 1981, il s'est exilé en
Suisse et a attendu son heure, qui arrivera six ans plus tard.
Après l'horrible décennie de guerre civile entre l'État et les islamistes armés, il se présente aux élections présidentielles et est largement élu en 1999.
Il rétablit la paix et s'installe au pouvoir avec force et détermination.
Il assiste impuissant à la détérioration de son corps et de son esprit
Lui qui est né à Oujda, lui qu'on appelle « Le Marocain », n'hésitera pas une seconde à barrer la route au
Maroc qui venait de récupérer le Sahara occupé à l'époque par l'
Espagne (1975-1976).
Il fera tout pour empêcher que le pays voisin, dit « frère » dans la langue de bois algérienne, achève son intégrité territoriale en créant un mouvement de Sahraouis séparatistes avec drapeau et république. Depuis, Bouteflika est inflexible. Il financera le Polisario et en fera une question de principe et d'honneur.
Tous les efforts marocains seront rejetés et un lobby puissant sera mis en place pour imposer ce mouvement sur la scène internationale.
Entre-temps, les frontières entre les deux pays seront fermées. C'est malheureusement le Maroc qui avait pris la décision de les fermer, soupçonnant Alger d'avoir été derrière un attentat terroriste dans un hôtel à Marrakech (1994).
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