L'UE cherche des moyens de pression sur l'Egypte, les pays du Golfe en profitent
Le Caire, 17 août 2013.
Les ministres des Affaires étrangères européens doivent se réunir mercredi 21 août à Bruxelles pour évoquer d'éventuelles sanctions financières à l'encontre de l'Egypte. L'Union européenne espère ainsi pousser Le Caire à mettre un terme à la violente répression de l'opposition islamiste.
Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères européens, sur l'Egypte, se tiendra mercredi à Bruxelles. Les ambassadeurs des 28 pays membres se sont déjà retrouvés ce lundi 19 août. L'Union européenne cherche la meilleure manière d'utiliser ses liens économiques avec l'Egypte pour faire pression sur Le Caire.
Après les Etats-Unis au début du mois, c'est donc l'Europe qui menace aujourd'hui de suspendre son aide financière de 5 milliards d'euros. Bruxelles menace de geler cette somme promise l'année dernière pour faire entendre raison au Caire. L'enjeu n'est pas des moindres quand on sait que le soutien financier de l'Union européenne représente 60% du budget égyptien.
D'autre part, l'UE pourrait aussi menacer de suspendre un accord d'association remontant à 2001, qui comprend notamment des protocoles de libre-échange sur certains biens industriels et des accords préférentiels sur les transactions agricoles.
L'Egypte sous perfusion
L'Egypte est littéralement dépendante de ses partenaires économiques. Les recettes extérieures par exemple (celles du tourisme, des transferts des expatriés, des ventes d'hydrocarbures...) représentent 15% de son produit intérieur brut (PIB).
Les réserves de change égyptiennes n'étaient plus que de 12 milliards d'euros fin juin. De quoi couvrir à peine plus de trois mois d'importations de biens et services. Or l'Egypte a un besoin absolu d'importations, notamment en céréales. Le pays en est le premier consommateur mondial. L'an dernier, l'Egypte a importé environ 10 millions de tonnes de blé, soit plus de la moitié de sa consommation.
Mi-juillet, Le Caire estimait pouvoir se retrouver à court de céréales dans les deux mois. Elle a donc demandé de l'aide à ses fournisseurs européens, notamment à la France pour qu'elle stocke gratuitement des céréales et qu'elle accorde des facilités de paiement. Mais l'Egypte connaît aussi des pénuries de carburant. Le pays doit 6 milliards d'euros aux compagnies pétrolières opérant sur son territoire, ce qui limite sa capacité d'importation.
Beaucoup de bruit pour rien
Sans donateurs occidentaux, l'Egypte se tourne donc vers ses voisins du Golfe. Le chef de la diplomatie saoudienne a rappelé ce lundi le soutien indéfectible de son pays. « Ceux qui ont annoncé l'arrêt de leur aide à l'Egypte ou menacent de le faire doivent réaliser que la nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n'hésitera pas à apporter son aide à l'Egypte », a déclaré le prince Saoud al-Fayçal.
L'Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis ont déjà annoncé le mois dernier une aide financière de 9 milliards d'euros. La marge de manœuvre européenne reste donc limitée. D'abord, le plan d'aide européen est déjà gelé depuis un moment, faute de réformes démocratiques côté égyptien.
Ensuite, suspendre l'aide financière fait surtout du tort à la société civile, ce qui s'avèrerait contre-productif pour ramener la paix et la stabilité. Enfin, c'est toute la diplomatie occidentale du bâton qui montre ses limites : à force de brandir des menaces, l'Europe et les Etats-Unis perdent du terrain diplomatique au profit des puissances du Golfe.
Source RFI