Erdogan écoute la lettre d'un père à sa fille....
Lettre émouvante d’un père à sa fille, traduite par notre sœur Sayida Ounissi.
Le Dr El Baltagi a perdu sa fille Asmaa, tuée par l’armée égyptienne alors qu’elle participait au sit-in à Rabaa au Caire.
Lettre à ma fille,
A ma chère fille, celle qui m’a tant appris, Asma al Beltaji.
Je te dis pas adieu… je te dis à très bientôt.
Tu as vécu la tête haute, rebelle contre la tyrannie et amoureuse de la liberté. Tu as vécu, en espérant secrètement de nouveaux horizons pour que cette Nation retrouve sa place parmi les grandes civilisations.
Tu ne te souciais pas de ce qui préoccupe habituellement ceux de ton âge et même si les études te semblaient ennuyantes, tu étais toujours la première de ta classe.
Je n’ai pas assez profité de ta précieuse compagnie durant cette courte vie qui a été la tienne, et c’est surtout mes obligations qui m’empêchaient de me réjouir de ta présence. La dernière fois que nous nous sommes assis, ensemble, au parc de Rabaa Al Adawiya, tu m’as dit: « Même quand tu es avec nous, tu es occupé ! » et je t’ai répondu « Il semble que cette vie ne sera pas assez longue pour que l’on puisse profiter l’un de l’autre… alors, je prie Dieu de nous réunir au Paradis afin que l’on rattrape le temps perdu ici ».
Deux nuits avant ton assassinat, j’ai rêvé de toi… tu portais une robe de mariée blanche et tu étais tellement belle. Quand tu es passée près de moi, je t’ai demandé : « Est-ce ton mariage ce soir ? » et tu m’as répondu: « Non, ce sera l’après-midi, pas le soir ».
Mercredi après-midi, quand j’ai appris que tu as été tuée, j’ai compris ce que tu avais voulu me dire alors… et j’ai su que Dieu avait accueilli ton âme.
Cela m’a anéanti de ne pas avoir été à tes côtés quand tu as rendu ton dernier souffle. De ne pas t’avoir vu une dernière fois, de ne pas avoir embrassé ton front ni avoir eu l’honneur de guider ta prière funéraire. Je jure par Dieu, ma chérie, que je ne suis pas venu, non pas par peur pour ma vie ou par crainte de la prison mais je voulais poursuivre ton œuvre, celle pour laquelle tu as sacrifié ton âme, je voulais poursuivre la révolution jusqu’à la réalisation de tous ses objectifs.
Ton âme s’est élevée et tu as gardé la tête haute jusqu’au bout en résistant à ces tyrans. Les balles meurtrières t’ont atteint en pleine poitrine. Quelle âme déterminée et pure que fût la tienne ! Je suis sûre que tu as toujours été honnête avec Dieu et qu’Il t’a octroyé cet honneur en raison de la beauté de ton sacrifice.
Ma chère fille, celle qui m’a tellement appris.
Je ne te dis pas adieu mais je te dis à bientôt. Nous allons nous revoir et nous serons en compagnie de Notre Prophète et de Ses compagnons, au Paradis, là où nous pourrons nous délecter pour toujours de la présence de ceux et celles que nous aimons.
NB: Le Dr Baltaji est un des leaders du mouvement des Frères Musulmans en Egypte.
http://havredesavoir.fr/lettre-emouvante-dun-pere-a-sa-fille/