L’Université al-Azhar du Caire, plus haute référence religieuse du monde musulman, a lancé une fatwa contre les mutilations génitales féminines, qualifiées de «crime contre l’espèce humaine». Une coutume que subissent chaque année deux millions de victimes.
Y compris en Suisse.
Fini de tergiverser. L'excision est «une agression répréhensible» et ceux qui la pratiquent doivent être poursuivis pour «crime contre l'espèce humaine». Cette fatwa sans équivoque vient d'être prononcée fin novembre à l'Université al-Azhar du Caire, la plus haute référence religieuse du monde sunnite. Pour la première fois, l'islam officiel déclare la guerre à l'abominable tradition de la mutilation génitale féminine, qui selon les estimations des ONG touche 90 millions de victimes dans le monde. Et frappe chaque année deux millions de fillettes.
Impossible, désormais, de tolérer la pratique de l'ablation du clitoris sous prétexte que la religion musulmane ne la proscrit pas explicitement. Le grand mufti d'Egypte Ali Goma'a et dix autres figures éminentes du monde musulman ont ensemble tranché la question. L'islam, disent-ils, interdit d'infliger des souffrances aux autres. Or, c'est précisément ce que font les parents qui excisent leurs filles, dans l'espoir que cela les empêchera de mener une vie dissolue. En réalité, c'est surtout une opération qui détruit la sensibilité et provoque souvent des douleurs sans fin.
La fatwa doit maintenant être propagée dans le monde musulman, mais en particulier dans l'Afrique noire, au Soudan et surtout en Egypte, où 97% des femmes ont subi l'excision, selon les estimations de l'Unicef. Une plaie qui toucherait encore une adolescente sur deux dans ce pays.