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Instabilité, crise de la dette, fuite des talents et des capitaux… Ce cocktail explosif qu’il est urgent d’éviter
Par Agnès Verdier-Molinié
TRIBUNE - Qu’il s’agisse d’une cohabitation, d’une grande coalition, d’un pacte législatif ou même d’un gouvernement technique, il faudra mettre à plat nos comptes publics, alerte la directrice de l’iFrap*. Sinon, ajoute-t-elle, notre économie risque de plonger dans des abîmes insoupçonnés.
Le jour d’après. On y est. On tente de se refaire le film : pourquoi dissoudre dans la situation désastreuse actuelle de nos comptes publics ? Pourquoi sauter sans filet ? Et, alors même que le premier ministre, Gabriel Attal, travaillait activement à un budget 2025 qui fasse enfin les économies dont la France a besoin ? Un refus d’obstacle de la présidence de la République devant les 30 milliards d’euros de baisses de dépenses à faire voter à l’automne prochain ? Le président avait promis de ne pas augmenter les impôts, mais cette promesse ne l’engage plus si un gouvernement non macroniste le décide… Ce sujet a peut-être été beaucoup plus important qu’on ne le croit dans les événements des derniers jours, voire déterminant.
Si la France avait eu une bien meilleure santé budgétaire et si le déficit 2024 n’était pas déjà pour l’État à 113 milliards d’euros à fin mai 2024, le président aurait-il décidé de dissoudre après les européennes ? Il est probable que non. D’autant plus que se profile la date fatidique du 20 septembre, jour où la France devra montrer patte blanche auprès de la Commission européenne pour convaincre de la crédibilité de sa trajectoire en matière de finances publiques sur les sept années à venir.
À la veille de la dissolution, la France était déjà fragile : sa dette publique a bondi de 840 milliards d’euros entre 2017 et 2023. De 98 % de la richesse nationale à 110 %. Une augmentation bien plus importante que dans les pays comparables. Cela saute aux yeux si l’on compare les performances de la France avec celles de nos voisins européens. Si la France s’était endettée à l’aune de ce qu’ont fait en moyenne les pays européens, notre pays aurait au compteur 400 milliards d’euros de dette publique en moins à l’heure qu’il est et acquitterait 8 milliards de moins de charges d’intérêt par an.
Si nous voulons éviter la banqueroute, nous avons besoin aujourd’hui de faire des choix forts sur le long terme. Des choix pile aux antipodes d’un retour à la retraite à 60 ans ou d’allocations portées au niveau du smic et de la gratuité tous azimuts
Certains pays ont même réussi, sur cette période et malgré la crise Covid et ses suites, à baisser leur dette. L’exemple le plus spectaculaire est celui des Pays-Bas, dont la dette a baissé de 10 points quand celle de la France augmentait de 12 points. Depuis 2017, un tiers maximum de la nouvelle dette provient de la crise. Le reste de la dette, soit plus de 550 milliards d’euros, est inhérent à la dérive de nos déficits publics aggravés à l’occasion du « quoi qu’il en coûte ». La charge annuelle de la dette a déjà augmenté de 28 % entre 2017 et 2023. Elle pourrait dépasser les 80 milliards en 2027.
Qui peut croire que Jean-Luc Mélenchon, ses acolytes et leur programme à 220 milliards de dépenses de plus par an seraient crédibles pour redresser la situation économique de la France ? Personne. C’est même les premiers à aller chercher si l’on veut faire flamber les taux sur la dette nationale et se retrouver épinglés par les agences de notation, puis tutorés par le FMI. Si nous voulons éviter la banqueroute, nous avons besoin aujourd’hui de faire des choix forts sur le long terme. Des choix pile aux antipodes d’un retour à la retraite à 60 ans ou d’allocations portées au niveau du smic et de la gratuité tous azimuts.
Par Agnès Verdier-Molinié
TRIBUNE - Qu’il s’agisse d’une cohabitation, d’une grande coalition, d’un pacte législatif ou même d’un gouvernement technique, il faudra mettre à plat nos comptes publics, alerte la directrice de l’iFrap*. Sinon, ajoute-t-elle, notre économie risque de plonger dans des abîmes insoupçonnés.
Le jour d’après. On y est. On tente de se refaire le film : pourquoi dissoudre dans la situation désastreuse actuelle de nos comptes publics ? Pourquoi sauter sans filet ? Et, alors même que le premier ministre, Gabriel Attal, travaillait activement à un budget 2025 qui fasse enfin les économies dont la France a besoin ? Un refus d’obstacle de la présidence de la République devant les 30 milliards d’euros de baisses de dépenses à faire voter à l’automne prochain ? Le président avait promis de ne pas augmenter les impôts, mais cette promesse ne l’engage plus si un gouvernement non macroniste le décide… Ce sujet a peut-être été beaucoup plus important qu’on ne le croit dans les événements des derniers jours, voire déterminant.
Si la France avait eu une bien meilleure santé budgétaire et si le déficit 2024 n’était pas déjà pour l’État à 113 milliards d’euros à fin mai 2024, le président aurait-il décidé de dissoudre après les européennes ? Il est probable que non. D’autant plus que se profile la date fatidique du 20 septembre, jour où la France devra montrer patte blanche auprès de la Commission européenne pour convaincre de la crédibilité de sa trajectoire en matière de finances publiques sur les sept années à venir.
À la veille de la dissolution, la France était déjà fragile : sa dette publique a bondi de 840 milliards d’euros entre 2017 et 2023. De 98 % de la richesse nationale à 110 %. Une augmentation bien plus importante que dans les pays comparables. Cela saute aux yeux si l’on compare les performances de la France avec celles de nos voisins européens. Si la France s’était endettée à l’aune de ce qu’ont fait en moyenne les pays européens, notre pays aurait au compteur 400 milliards d’euros de dette publique en moins à l’heure qu’il est et acquitterait 8 milliards de moins de charges d’intérêt par an.
Si nous voulons éviter la banqueroute, nous avons besoin aujourd’hui de faire des choix forts sur le long terme. Des choix pile aux antipodes d’un retour à la retraite à 60 ans ou d’allocations portées au niveau du smic et de la gratuité tous azimuts
Certains pays ont même réussi, sur cette période et malgré la crise Covid et ses suites, à baisser leur dette. L’exemple le plus spectaculaire est celui des Pays-Bas, dont la dette a baissé de 10 points quand celle de la France augmentait de 12 points. Depuis 2017, un tiers maximum de la nouvelle dette provient de la crise. Le reste de la dette, soit plus de 550 milliards d’euros, est inhérent à la dérive de nos déficits publics aggravés à l’occasion du « quoi qu’il en coûte ». La charge annuelle de la dette a déjà augmenté de 28 % entre 2017 et 2023. Elle pourrait dépasser les 80 milliards en 2027.
Qui peut croire que Jean-Luc Mélenchon, ses acolytes et leur programme à 220 milliards de dépenses de plus par an seraient crédibles pour redresser la situation économique de la France ? Personne. C’est même les premiers à aller chercher si l’on veut faire flamber les taux sur la dette nationale et se retrouver épinglés par les agences de notation, puis tutorés par le FMI. Si nous voulons éviter la banqueroute, nous avons besoin aujourd’hui de faire des choix forts sur le long terme. Des choix pile aux antipodes d’un retour à la retraite à 60 ans ou d’allocations portées au niveau du smic et de la gratuité tous azimuts.