Affaire DSK : les éléments qui étayent la thèse de l'agression
| 06.07.11 | 11h30 • Mis à jour le 06.07.11 | 11h47
C'est dans la suite 2806 de cet hôtel new-yorkais que la plaignante dit s'être fait agresser par Dominique Strauss-Kahn samedi 14 mai.AFP/MONIKA GRAFF
New York, Envoyée spéciale - Susan Xenarios s'en va en vacances en Grèce, le plus loin possible de New York. "Cette affaire me rend folle", nous confie la directrice du Crime Victims Treatment Center (Centre de traitement des victimes de crime, CTVC), à l'hôpital St. Luke's-Roosevelt de Harlem, au nord de Manhattan.
C'est elle qui, la première, a examiné Nafissatou Diallo, conduite par les policiers du NYPD, samedi 14 mai, quelques heures après avoir déposé plainte pour tentative de viol contre Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI. C'est elle qui a recueilli le premier témoignage dela femme de chambre de l'hôtel Sofitel, évoqué par le New York Times, mardi 5 juillet.
"Cela fait plus de quarante ans que je fais ce métier, et je n'ai jamais, jamais, vu une histoire pareille, dit Mme Xenarios : la frénésie médiatique, les fuites dans les journaux, l'enquête elle-même… tout est insensé." Le Centre de traitement des victimes de crime se trouve derrière une petite porte discrète, dans un bâtiment annexe de l'hôpital, sur la 114e rue, à Harlem.
L'intérieur tranche nettement avec le reste de l'immeuble, vieillot, aux escaliers grinçants : les victimes y sont accueillies dans un petit salon cosy couleur crème, avec tapis, fauteuils et cheminées, une affiche de Degas, des estampes, un ours en peluche posé à côté d'une lampe de table. Tout pour mettre à l'aise les personnes brisées qui franchissent le seuil de la salle d'attente. Sur les murs, des prospectus informent sur les cours d'autodéfense, l'art de retrouver la confiance en soi, les numéros d'urgence à appeler.
"MME DIALLO EST ARRIVÉE EN ÉTAT DE CHOC"
"Mme Diallo est arrivée en état de choc, très secouée, très affectée, nous dit Mme Xenarios. Elle ne savait manifestement pas qui était la personne qui l'avait agressée lorsqu'elle est arrivée aux urgences. Elle était capable de parler et se montrait coopérative."
La directrice du CTVC, qui accueille essentiellement des victimes de crimes sexuels et de violences domestiques, refuse de donner plus de précisions, mais ajoute : "Je n'ai pas mis en doute son témoignage. Et notre équipe est constituée de personnes formées et très expérimentées pour écouter les personnes ayant été violentées. Le verdict des procès correspond généralement à nos diagnostics."
A 64 ans, cette femme souriante aux cheveux blancs, fondatrice du centre il y a trente ans et devenue une figure dans le traitement des traumatismes psychologiques, a construit son métier sur une expérience intime et sur la résilience. Elle a été victime d'un viol à l'âge de 28 ans, sur le toit d'un immeuble de Harlem où elle était travailleuse sociale. C'était en 1974, juste avant Thanksgiving. Un homme l'a agrippée dans la cage d'escalier, raconte-t-elle, et l'a entraînée sur le toit en la menaçant d'un couteau.