1) Je vais prendre un exemple sur lequel je me suis déjà penché pour que mon propos soit clair.
En 3, 184, les deux transmetteurs d'Ibn ʿĀmir ne s'accordent pas pour rendre la lecture de leur maître : Ibn Dhakwān lit avec deux bi, Hishām avec trois. Tous deux ont appris, récitent et transmettent la lecture d'Ibn ʿĀmir et tous deux se contredisent. C'est là un fait qui, sans être isolé, requiert une explication. Pour compliquer la chose, il faut encore ajouter qu'au début du Xe siècle, Ibn Mujāhid ignore tout de ces divergences.
A propos de ce verset, il ne connaît qu'une seule leçon attribuée à Ibn ʿĀmir : celle avec deux bi. Il précise d'ailleurs que c'est ainsi que cela est écrit dans les manuscrits de Syrie, d'où Ibn ʿĀmir, lecteur damascain, est originaire. Alors je vous pose la question : si Ibn Mujāhid ne connaît pas cette divergence, quand est-elle apparue et à quoi est-elle due ?
2) En tant que tel, il n'y a rien dans le Coran qui affirme que celui-ci est, a été et sera préservé à la lettre. C'est ce que je voulais dire.
1) Le fait que Ibn Mujahid ignore une divergence n'a aucune influence sur l'authenticité de l'information, on peut juste établir qu'il ne la connaît pas.
Le Cas de Ibn Dhakwan et Hichem n'est pas une énigme, aucun n'a jamais disqualifié la lecture de l'autre.
D'ailleurs vous pouvez multiplier ce fait par dix, car chacun des maîtres des dix lectures à deux rapporteurs. Effectivement le terminologie est importante "les 10 différentes lectures" ne signifie pas 10 lectures figées, elles ont toutes deux variantes identifiées par le nom d'un rapporteur.
Dans l'art de la lecture du Coran on dit notamment:
la variante de Dhakawan selon la lecture de ibn 'Amir.
De même nous avons les variantes de Bazzi et Kounboul selon la lecture de ibn Kathir
De même nous avons les variantes de Kaloun et Warsh selon la lecture de Nafi
Et vous pouvez faire ça pour les dix lectures.
La question des deux bi ou des trois bi est un non sens. Vous fixez sur les noms alors qu'ils sont là surtout pour l'identification et la classification, sinon il serait impossible de s'y retrouver. Revoyez les conditions citées au départ, toutes les lectures qui n'ont pas été rapportées de manière notoires ont été éliminées. Supposons que Ibn Mujahid n'est pu établir une de ces variantes, et alors? D'autres l'ont fait! (Je parle sous votre hypothèse que je n'ai pas vérifiée).
Pour ce qui est de l'origine Syrienne d'Ibn Amir et le cas des manuscrits de Syrie, quelque chose vous a échappé, car votre votre réflexion présuppose que la variante de Dhakwan ou Ibn Hicham ne respecte pas la condition de "conformité" à au moins un manuscrit du Coran et que malgré tout elle a été consignée. Ce qui est infondé, puisque les multitudes vérifications le prouvent.
Je vais tout de même faire l'effort in cha Allah de vérifier vos dire dans le livre Ibn Moujahid, et les remarques de ses paires pour investiguer sur votre citation. Bien que Moujahid (r) soit une sommité il reste un homme.