C’est la branche politique de l’Eglise de la Fraternité Saint-Pie X"
, poursuit Manuel Abramowicz, coordinateur du journal RésistanceS. "
Ce mouvement religieux catholique a été fondé en 1970 par monseigneur Marcel Lefebvre. Excommuniée de l’Église par le Vatican en 1988 pour pratiques révolues, cette Eglise poursuit seule sa croisade contre les 'fausses religions' (juive, musulmane et protestante) au sein d’infrastructures développées dans le monde entier, à partir de sa 'capitale'
installée à Écône, dans le Valais suisse", lit-on encore
dans le journal RésistanceS. Cette Eglise est en rupture avec Rome depuis le Concile Vatican II (entre 62-65) que l’Eglise en question considérait comme trop moderniste.
De groupuscule, Civitas évolue et devient un parti politique en 2016. Le mouvement gagne en visibilité en 2012 lors des manifestations contre le mariage pour tous. Et c’est aussi cette année-là qu’Alain Escada, un Belge, cadre du Front Nouveau de Belgique, issu d’une scission avec le Front National de Daniel Féret, en devient le président. "
Il va donner une impulsion à cette formation politique pour essayer de la faire sortir de ce stade groupusculaire"
, décode Benjamin Biard. Cela dit, Civitas est encore très marginal en France.
Quelles valeurs défend Civitas ?
Ses idées se situent clairement à l’extrême droite, avec
la théorie du grand remplacement qui avance que les populations immigrées musulmanes vont "
remplacer" les populations "
blanches et chrétiennes", la volonté de procéder à une re-migration des personnes étrangères. Civitas s’oppose aussi au multiculturalisme.
Des positions anti-immigration et ultra-conservatrices
Il s’agit donc bien d’une organisation d’extrême droite qui prône l’intégrisme religieux. "
Elle est bien ancrée dans la galaxie d’extrême droite. Sur les questions de société, elle est ultra-conservatrice, elle se positionne contre le mariage homosexuel, contre l’adoption par des couples homosexuels, contre l’avortement"
, rappelle Benjamin Biard.
Civitas assène aussi un discours antisystème et utilise la pandémie actuelle pour se positionner. L’Institut Civitas dénonce d’ailleurs la campagne de vaccination. "
Civitas évoque sur son site web le nombre de péchés que consiste l’action de se faire vacciner, il considère que ce serait participer à l’industrialisation du corps humain"
, épingle Benjamin Biard.
En France, Civitas a aussi introduit des recours au Conseil d’Etat par rapport aux mesures de confinement et de couvre-feu pour dénoncer le fait que les fidèles n’aient plus accès aux lieux de culte.
Pourquoi coller ses affiches à Bruxelles ?
Civitas a donc collé des affiches et distribué des dépliants à Bruxelles. D’abord en l’illustrant avec des photos d’hommes et femmes politiques français, puis belges. "
Elle tend à se développer avec des campagnes de communication dans le cadre de cette crise sanitaire", observe Benjamin Biard du CRISP. A étendre son champ d’influences.
Ramener vers l’extrême droite l’électorat conspirationniste
Pour Marie Peltier, historienne et spécialiste du complotisme, "
l’extrême droite a mieux compris que les progressistes qu’il faut convaincre l’opinion. Se montrer dans l’espace public, c’est dans l’espoir d’attirer l’œil du citoyen. L’objectif, c’est de ramener vers l’extrême droite l’électorat 'conspirationniste',
si l’on peut dire. Il fait de l’activisme, tout simplement"
.
Par ailleurs, "
ça peut être un indicateur que de plus en plus, les extrêmes droites se coordonnent, se parlent, se rencontrent. D’autant plus que nous sommes à Bruxelles. Mais ce n’est qu’une hypothèse", avance Marie Peltier. Cette démarche cadrerait avec le contexte : "
C’est un grand changement dans le logiciel de l’extrême droite, ces dernières années. Elle est par essence nationaliste, l’internationalisme n’est pas dans son ADN, mais avec l’impulsion de Steve Bannon, les extrêmes droites ont compris qu’elles avaient un intérêt politique à s’allier. C’est ce que l’on a vu quand le Rassemblement National s’est allié avec l’extrême droite italienne