Un document d'anthologie digne de la propagande soviétique: Un article écrit par le ministre de la communication Khalid Naciri pour se plaindre de "la dictature de la presse" au maroc
Le Maroc est un Etat qui fonctionne loin de son optimum parce qu'il a trop peu de relais. L'essentiel de l'espace public est squatté par les vociférations du grand orchestre du nihilisme ravageur, dont les membres rivalisent de nuisance, insensibles aux terribles dommages qu'ils font subir à cette nation. Les revues «Tel Quel» et «Nichane» en sont des prototypes avérés. Après avoir traité durant plusieurs semaines d'affilée, les 10 ans de règne, en long, en large et surtout en travers, faisant dans la surenchère et la provocation, ces magazines croient accéder à l'héroïsme suprême, en réalisant et publiant un sondage d'opinion sur la monarchie. Et jouant l'innocence bafouée, croient s'en sortir par une entourloupette puérile, en vertu de laquelle, il n'y a pas de loi sur les sondages, par conséquent, on sonde…sur la monarchie.
Le gouvernement réagit comme le prévoit la Constitution et le Code de la presse : nul n'est autorisé à se jouer de l'institution monarchique, donc le sondage ne peut être autorisé à paraître. Hélas, en face, la classe politique marocaine, l'élite civile et la communauté médiatique, à quelques très rares exceptions près, critiquent dans le pire des cas la réaction du gouvernement, et dans le meilleur des cas, se font porter aux abonnés absents.
Et voilà que grâce à cette alchimie incongrue, le Maroc passe insensiblement, des dérapages des années de plomb, aux dérapages contemporains des médias, c'est-à-dire d'une dictature ampoulée de l'Etat à une dictature nouvelle, celle de la presse nihiliste, qui rase tout sur son passage. Celle-ci qui réclame le droit de bousculer toutes les sacralités, s'auto-propulse elle-même en néo-sacralité, inaccessible et intouchable. Et gare à qui oserait élever la voix pour s'indigner de ses outrances, de ses mensonges, de ses injures, de ses diffamations. Il sera voué aux gémonies. Le terrorisme intellectuel a tué le débat et fait le lit de la médiocrité Le résultat est un incommensurable gâchis. Le Maroc donne l'impression d'être une bizarrerie que la science politique serait bien en peine de décrypter. Le pays se reconstruit mais, bizarrement, avec des acteurs qui paraissent quasiment tous, opposés à tout ce qui se fait ! C'est cette image schizophrénique qui caractérise le Maroc d'aujourd'hui. La raison est d'une extrême simplicité : seule la confrérie des refuzniks s'exprime parce qu'en face, une nouvelle terreur s'est installée, qui empêche les esprits les plus lucides, les plus équilibrés, les plus objectifs de leur apporter la contradiction.
Ils se feraient malmener comme des malpropres. Si ce pays a encore du ressort, il est temps que chacun assume ses responsabilités. Le Maroc est un pays en transition, mais paradoxalement sans débat ! Cela ne peut continuer de la sorte.
C'est ce terrorisme intellectuel, qui a remplacé le débat par l'invective, l'injure et la diffamation. Le plus gros des titres de la presse dite «indépendante» ne fait pas d'analyse, ne s'adresse pas à l'intelligence. Cela est remplacé par des poncifs mal fagotés sur les « néo-makhzéniens »…Par le terrorisme intellectuel, cette déferlante de la médiocrité a fait le vide autour d'elle. Le Maroc mérite mieux que cela. Oui le Maroc a toutes les raisons d'avoir mal, très mal, à sa démocratie balbutiante. Il est normal, les choses étant ce qu'elles sont, que l'espace public marocain soit si pollué, que la société civile et politique soit tellement en déshérence.
Un rayon d'espoir, dans ce tableau grisâtre cependant : le Maroc recèle un potentiel fabuleux, c'est le moment de le mettre en œuvre. Un bon débat franc, loyal, honnête, courageux, sans complaisance ni démagogie est l'instrument idoine de cette indispensable mise à plat.
En ce qui nous concerne, nous invitons les hommes et femmes des médias, y compris les nihilistes sincères, à s'y joindre.
Osons le mot, c'est d'une véritable refondation qu'il s'agit, pour ouvrir une nouvelle page dans le cursus historique de ce pays. Le Maroc vaut bien ça.
http://www.lematin.ma/Actualite/Journal/Article.asp?idr=110&id=117875