Voilà, c'est à peu près ça.
@redblueman
Si Dieu n'existe pas, il n'y a aucune garantie objective que nos facultés cognitives soient capables de connaître la vérité. Ce qui fait que l'évolutionnisme athée scierait la branche sur laquelle il est assis, car ces athées croient bien connaître des vérités, ou du moins, en connaître assez pour dire que les religions sont fausses.
Plus exactement, le grand récit athée des origines dit que l'être humain a émergé d'un microbe essentiellement par des mutations aléatoires et la sélection naturelle.
Cela est peut-être vrai, et le but est pas de rejeter l'évolution, ni même la théorie darwinienne, mais de s'interroger sur son interprétation métaphysique.
Je veux dire : la sélection naturelle sélectionne des traits qui sont utiles à la survie et à la reproduction (la « fitness ») et ce, toujours à court terme. Un trait sélectionné doit avoir un bénéfice immédiat, et pas seulement en prévision d'un lointain avenir. Par exemple notre ancêtre le vieux singe a pas été sélectionné en fonction des bénéfices que la science apporterait un jour à ses lointains descendants.
Parmi les traits sélectionnés, il y a les fonctions du cerveau, y compris la logique, le raisonnement causal, les explications anthropomorphiques, les jugements moraux, et ainsi de suite.
L'évolution dans un cadre athée a donc façonné notre cerveau pour lui permettre de survivre et de se reproduire le mieux possible (il faut tenir compte du fait que le cerveau a évolué dans la préhistoire essentiellement et qu'il peut être déphasé par les changements rapides du monde moderne, qui sont culturels et non génétiques).
Or, et c'est là le cœur de l'argument : rien ne garantit que la sélection naturelle va favoriser les cerveaux pour leur capacité à bien raisonner et connaître la vérité en matière de science, de philosophie et de religion.
Les intérêts de la survie et de la reproduction sont différents des intérêts de la vérité. La vérité est pas nécessairement bénéfique, il faut se l'avouer. La vérité peut être contre-productive sur le plan darwinien. Regarde par exemple les moines bouddhistes et chrétiens qui renoncent à la paternité biologique au nom de leur perception de la vérité.
la sélection naturelle dans un cadre athée est amorale: elle peut utiliser la « tromperie » ou l'illusion pour mieux aider le cerveau à survivre et se reproduire. Regarde l'effet placebo par exemple.
On peut imaginer que pour les affaires les plus simples de la vie quotidienne, le cerveau va avoir besoin de la vérité. Par exemple pour reconnaître les aliments comestibles ou encore interpréter les émotions humaines. Mais au-delà de cette sphère, et dans le monde des idées philosophiques, religieuses et scientifiques, on est loin du quotidien et des problèmes pragmatiques pouvant avoir un lien avec notre survie. Par exemple la survie de Stephen Hawking au jour le jour avait rien à voir avec ses grosses théories.
Donc si Dieu n'est pas là pour guider la sélection naturelle (pas nécessairement de façon intrusive, mais la guider quand même), on n'a aucune raison d'avoir confiance en notre cerveau pour guide pour connaître la vérité. Ce qui veut dire que finalement, on ne saura même pas si l'évolution est vraie, puisque la théorie de l'évolution se fonde sur le raisonnement et l'expérience indirecte. Les autres arguments des athées deviendront aussi invalidés dans une sorte de scepticisme universel.
Paradoxalement, l'athéisme pourrait donc miner les bases de la théorie de l'évolution.
donc voilà, selon cette logique, les scientifiques et philosophes ont besoin de Dieu.