Bonjour
Je réponds :
À ma connaissance, personne n'a réussi à concilier la prescience de Dieu (connaissance du futur) et la liberté humaine. Certains disent que Dieu est hors du temps et qu'il voit tous les temps, même futurs, comme s'ils étaient présents. Cela a l'air savant, mais implique des contradictions sur la causalité. En général, les théologiens mis devant leurs contradictions finissent par avouer que les humains sont pas réellement libres afin de sauver la « grandeur » de Dieu. Alors qu'en réalité, la liberté est infiniment plus importante que la prescience de Dieu. La position religieuse est bien plus menacée par le rejet de la liberté que par le rejet de la prescience de Dieu.
Quant aux deux points suivants, il s'agit de mythes que certains croyants prennent au pied de la lettre et d'autres non. Les scientifiques ne les prennent pas au sérieux. Certains théologiens essaient d'interpréter le message religieux et moral enveloppé dans ces mythes au lieu de les traiter comme factuels.
Quant à ton quatrième point, c'est le plus bizarre de tous. En réalité, tout le monde croit avoir raison en ayant les croyances qu'il a. Sinon, pourquoi les aurait-il? Même les agnostiques ont des croyances et croient avoir raison. Les athées aussi ont des croyances (par exemple ils n'admettent pas la possibilité des miracles et des révélations).
C'est pas un problème de penser avoir raison dans ce qu'on croit. Je suis pas musulman : je crois que l'islam est pas vrai. Mais les musulmans croient que l'islam est vrai. Et donc je crois qu'ils ont tort et eux croient que j'ai tort. C'est comme ça. Le problème est de penser que les croyances sont plus importantes que les droits et la dignité des personnes. Une croyance, si vraie qu'elle nous paraisse, ne peut pas justifier la violence et l'exclusion ou l'oppression. C'est pas comme ça que « Dieu » devrait gagner. Inversement, les athées ne feront pas triompher leur « raison » en opprimant les croyants ou en les diabolisant.
C'est une bonne chose de chercher la vérité et d'argumenter. Mais pas en dérangeant d'autres personnes qui n'ont rien fait de mal et qui n'ont rien demandé. Si tu rencontres un musulman qui est disposé à argumenter, parfait. Tu peux t'expliquer avec lui. Mais sinon, il y a pas à déranger les musulmans dans leur vie ordinaire, du moment qu'ils respectent les lois (comme le font la majorité).
Bref, les « droits de la vérité » (de notre perception de la vérité) s'arrêtent là où commencent les droits des personnes concrètes. Et on ne grandit pas Dieu en faisant du mal aux personnes qu'on perçoit comme ses « ennemis ». Et les athées non plus n'aident pas leur cause en diabolisant et en dénigrant les croyants comme si c'était des arriérés potentiellement dangereux.
Dans la société, il y a le besoin d'un pacte de coexistence où les différents groupes idéologiques renoncent à s'imposer par la violence, la contrainte et la terreur et acceptent de laisser exister les autres afin que les autres non plus ne les menacent pas. Et en même temps, tout le monde accepte d'être lié par certaines règles de vie communes pour préserver les droits individuels, et cela est enseigné dans les écoles. Tout comme l'école est là pour enseigner les acquis de la science indépendamment des croyances des groupes idéologiques (donc on peut croire en privé que la Terre est plate et le dire sur Internet, mais cela est pas admis à l'école). Et en Occident, ce système marche assez bien depuis 200 ans, malgré quelques crises.