L'article du 2 janvier du blogue (excellent) d'Abou Djaffar qui mérite attention.
"
Les quelques jours qui viennent de s’écouler ont, bien plus que nombre d’articles savants ou de notes parfaitement renseignées, illustré l’impact de la menace jihadiste sur nos vies. Les drames successifs de Joué-Lès-Tours, Dijon puis Nantes, par leurs caractéristiques comme par le contexte dans lequel ils sont intervenus ont, un instant, fait redouter le pire. Passés les premiers moments de stupeur, et quand les premiers éléments recueillis ont mis en évidence l’absence de liens entre les événements, sont restées des impressions plus que troublantes.
Alors que certains commentateurs irresponsables en étaient déjà à accuser les autorités de mollesse (en oubliant avec quelle magnanimité ils avaient pardonné aux précédentes le stupéfiant naufrage de l’affaire Merah), les pouvoirs publics ont multiplié les annonces, les déclarations rassurantes (ou se voulant telles) et les appels au calme. Au regard de l’examen froid des faits, l’annonce du renforcement – par ailleurs traditionnel – des patrouilles armées dans nos gares a pu paraître un brin exagérée. Ce sont surtout, en réalité, les appels à la vigilance du Président et des membres les plus éminents du gouvernement qui ont retenu l’attention. Pourquoi, en effet, réagir avec une telle énergie alors que, sur les trois drames du week-end, un seul peut être lié au jihad, les deux autres relevant plutôt de la pathologie mentale – comme le montre ce rapide tableau récapitulatif ?" (...)
"A Paris comme à Londres, la question n’est plus de savoir si un attentat majeur va être commis mais quand et où. Très probablement, d’ailleurs, ne sera-t-il pas réalisé par un réseau structuré, espèce devenue excessivement rare et que les policiers tentent d’éradiquer, mais par une poignée de terroristes isolés, réunis au sein d’une cellule ponctuelle. Alors que les responsables sécuritaires sont plus que jamais mobilisés pour empêcher une telle occurrence, les responsables politiques planifient d’ailleurs déjà la réponse politique à une crise qui sera en proportion du choc subi. Les dirigeants britanniques ne cachent plus la vérité à leurs concitoyens, comme ils le faisaient en 2004, quelques mois avant les attentats du mois de juillet 2005. Nos propres gouvernants, fidèles, quant à eux, à la ligne officielle traditionnelle, préfèrent affirmer que l’Etat, omnipotent et intrinsèquement infaillible, ne cèdera pas, comme à Azincourt, comme face au Reich ou au nuage radioactif de Tchernobyl. Les tensions sociales et politiques françaises mériteraient sans doute une autre approche, mais est-elle encore possible ?" (...)
http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2015/01/02/pigeon/